Hiéromoine Grégoire du Mont Athos, La divine liturgie de saint Jean Chrysostome, Traduit du grec par Bernard Le Caro, Éditions des Syrtes, Genève, 2015, 304 p.
Ce livre, dès sa première publication Grèce il y a plus de quarante ans, a été considéré comme un ouvrage de référence. Il a été amélioré au cours de ses éditions successives, et il est heureux que nous en disposions maintenant en français grâce à l’excellent travail de Bernard Le Caro, bien connu notamment comme traducteur de textes liturgiques.
Son auteur, le hiéromoine Grégoire (Chatziemmanouil) est né à Mytilène en 1936. Après des études de théologie à l’université d’Athènes, il s’est spécialisé en patristique à l’université de Strasbourg. Devenu moine et ordonné prêtre à Mytilène en 1966, il est allé s’installer la même année à la skite d’Iviron au Mont-Athos. En 1968, il aide son ami l’archimandrite Basile, avec le soutien de leur père spirituel saint Païssios, à restaurer la vie cénobitique au monastère athonite de Stavronikita, et à faire de ce monastère un centre spirituel qui attire très rapidement de nombreux intellectuels orthodoxes de Grèce et de toute l’Europe. Depuis 1980, il vit avec sa petite communauté monastique dans le kellion Saint-Jean-le-Théologien du monastère athonite de Koutloumoussiou.
Le projet du père Grégoire est de commenter ici la liturgie de saint Jean Chrysostome, la plus souvent célébrée parmi les quatre (si l’on compte la liturgie de saint Jacques) qui sont en usage dans l’Église orthodoxe.
Il le fait à la lumière de quelques considérations historiques – sur la construction de la liturgie, l’origine des textes utilisés, et les parties qui se sont ajoutées au cours des siècles –, mais aussi et surtout de ce qu’en ont dit les Pères de l’Église. Saint Jean Chrysostome qui est pour une part importante l’auteur de cette liturgie est très souvent cité. Mais parce qu’elle a des racines anciennes, des Pères antérieurs comme saint Cyrille de Jérusalem sont invoqués. Et parce qu’elle a continué à être développée et commentée dans les siècles suivants, l’auteur fait appel à saint Maxime le Confesseur, saint Germain de Constantinople, saint Grégoire Palamas, saint Nicolas Cabasilas, saint Syméon de Thessalonique, saint Nicodème l’Hagiorite et jusqu’à des moines athonites contemporains. Il voit dans leurs commentaires moins des réflexions abstraites de liturgistes que des expressions de leur propre expérience liturgique, qui n’est rien d’autre, fait-il remarquer, qu’une expérience de la présence du Christ.
Il le fait aussi à la lumière de sa propre expérience de célébrant et des réflexions qu’il a par ailleurs développées, puisqu’il est l’auteur d’une vingtaine d’autres livres sur des thèmes liturgiques.
L’ouvrage n’est pas – et ne se veut pas – exhaustif : il se centre sur le texte et l’usage grecs athonites (qui présentent quelques variantes avec le texte et l’usage russe), et n’entre pas dans tous les détails du texte ni des rites. Suivant le déroulement chronologique de la liturgie, il découpe le texte de celle-ci en des citations encadrées qui donnent lieu ensuite à des petits chapitres thématiques qui en sont non seulement des commentaires, mais des méditations allant bien au-delà, pour montrer les présupposés ou les implications théologiques et spirituelles des différents contenus.
Le but est d’amener le lecteur à une meilleure intelligence de la liturgie – comme le souhaitait saint Jean Chrysostome dont cette affirmation est mise en exergue : « Il est nécessaire de comprendre le miracle des Mystères ; ce qu’il est, pourquoi il a été donné, et quelle est son utilité » –, et par là à une plus profonde participation à celle-ci. Dans son introduction, l’auteur résume ainsi l’esprit de son approche : « Puisque la divine liturgie est le Christ avec nous, tout commentaire à son sujet est en fait une homélie sur le Christ. »
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