Icône miraculeuse de la Famille Impériale
En ces temps-là, la vérité sur le martyre du tzar et de sa famille venait tout juste de sortir. Oui, il y a eu des livres publiés à l'étranger, et quelques-uns de l'ancienne génération de chrétiens orthodoxes russes avaient raconté ce qui s'était passé et ces récits, aussi rares qu'ils fussent, ont été la source de ce que nous avons pu glaner à propos des nouveaux martyrs de Russie. A cette époque, des arguments tout à fait violents faisaient rage sur le sort de Nicolas II et de sa famille. Plusieurs personnes que j'ai beaucoup respectées étaient plutôt sceptiques quant à l'idée d'élever la famille impériale au rang des saints. L'un de ces sceptiques fut le magnifique archiprêtre Nicolas métropolite de Nijni-Novgorod, qui était également professeur à l'Académie Spirituelle de Moscou, Alexis Ilitch Osipov. Je n'avais rien à répondre malgré les objections de ces personnes très dignes. Sauf une chose: je savais que le tzar Nicolas et sa famille avait fini comme des saints. Ceci s'est passé près de deux ans après que j'ai fait connaissance de l'évêque, au cours de l'un des moments les plus difficiles de ma vie. Je n'était encore qu'un novice, et j'étais dans un état d'esprit peu enviable quand je me promenais dans le monastère Donskoï pour aller sur la tombe du patriarche Tikhon. Je l'ai fait pour l'anniversaire de l'assassinat de la famille impériale. En cette année des services commémoratifs étaient dits pour lui, mais pour la première fois pas en secret. Et du fond de mon cœur, j'ai commencé à prier pour ces martyrs impériaux, en leur demandant, s'ils avaient atteint la sainteté devant Dieu de m'aider.
Le service commémoratif prit fin. J'ai quitté l'église toujours dans un état désespéré et assez lourd de dépression. Aux portes de l'église, j'ai rencontré un prêtre que je n'avais pas vu depuis plusieurs années. Sans aucune conversation ou questions de mon côté il a immédiatement commencé à parler du sujet et a immédiatement résolu tous mes doutes. Il m'a calmement et clairement dit exactement ce que je devais faire. Cela a, sans exagération, à bien des égards influencé mon sort ultérieur. Et la question de savoir si ou comment la famille impériale devait être vénérée, elle n'a plus jamais été soulevée dans mon cœur, quel que soit ce que l'on me disait par la suite sur les défauts indéniables, les erreurs, les faiblesses et les péchés du dernier empereur russe.
Bien sûr, notre propre expérience religieuse signifie relativement peu si elle n'a pas été confirmée par l'Eglise. Mais heureusement pour moi, le fait de la canonisation par l'Eglise orthodoxe russe du tzar martyr Nicolas II et de sa famille me donne le droit de reconnaître que ma propre petite expérience personnelle fut vraie.
Parmi mes connaissances, personne n'a jamais douté que pour la Russie la monarchie est la forme de gouvernement la plus organique et la plus naturelle. Cela est vrai même si nous étions plus que sceptiques à propos des divers mouvements monarchistes actifs et dispersés de l'époque.
Un jour où je travaillais pour le Métropolite Pitirim, des gens sérieux habillés en uniformes d'officiers d'avant la Révolution sont entrés dans le service d'édition où je travaillai. Sur leurs uniformes des médailles et ordres impériaux brillaient, y compris des croix de Saint-Georges-la plus haute des distinctions honorifiques taristes.
Je fus très surpris et je demandai: "Qu'est-ce qui vous a décidé porter ces médailles? Après tout, elles étaient toujours remises pour bravoure extrême sur le champ de bataille. "
Mes invités m'ont assuré qu'ils avaient bien gagné ces médailles honnêtement sur le champ de bataille. Ils ont dit qu'ils voulaient parler immédiatementau Métropolite. Le Metropolite, à ma grande surprise, les accueillit, et écouta attention ce qu'ils avaient à dire avec beaucoup de curiosité pendant une heure et demie. Le thème de leur visite était presque sans controverse: ces invités exigèrent que le Métropolite leur donne toutes sortes d'assistance en matière de restauration immédiate de la monarchie. Mais quand le Métropolite Pitirim les raccompagna à la sortie, il dit: "Si on vous donne un nouveau tzar maintenant, vous le fusillerez à nouveau dans une semaine... "
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon
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