Il y a quelques années, avant la crise économique actuelle, j'eus l'occasion de visiter le monastère de Vatopédi du Mont Athos. Là, j'ai eu la chance de rendre visite au staretz spirituel et ascétique Joseph, qui avait été précédemment higoumène du troupeau de moines de ce monastère, et qui était un membre de la famille spirituelle dont le père était le grand staretz Joseph l'Hésychaste l'Athonite, décédé à la fin de sa lutte spirituelle, le 15 août 1959.
Alors parlons de Joseph-Joseph, à qui j'ai été honoré de rendre visite par la bénédiction du Seigneur Jésus, Joseph le Mineur. Il avait dépassé les quatre-vingts ans et c'était un combattant spirituel sans égal, même si je pense qu'il était d'une stature un peu moindre que son père spirituel. Son cœur physique fonctionnait à moins de dix pour cent, mais son cœur spirituel était à cent pour cent, par la grâce de Dieu, et il n'était pas en retard pour ses longues prières nocturnes, comme s'il était encore dans sa prime jeunesse.
Il nous a permis, nous étions trois, de le rencontrer pendant un quart d'heure. Il reposa en Dieu en 2009, et dans la mort un sourire magnifique se forma sur son visage.
Pendant cette brève rencontre il répondit volontairement, sans que nous en fassions la demande, à une question que peut-être qu'il considérait comme évidente, et il pensait que nous devrions l'avoir posée! Il dit:
"Il ne faudra pas longtemps avant que la famine ne commence dans le monde, provoquée en tout lieu par des événements douloureux et malheureux."
Je ne sais pas s'il voulait dire que les derniers jours sont devant nous, mais c'est exactement ce qui s'est passé pour nous tandis qu'il parlait!
L'année après qu'il ait dit cela, la crise économique mondiale a commencé et il est apparu que dans le monde, la richesse délirante - sauf pour une infime minorité - avait vu ses derniers jours et que le temps de disette était peut-être venu, conduisant à la misère et aux difficultés, et aboutissant à un état de stupeur, puis de famine.
Depuis lors, les crises à tous les niveaux se sont succédées à un rythme inhabituel, à part les rémissions limitées dont on entend parler ici et là, peut-être dues à l'excédent qui a été abondant avant le déclin actuel dans le monde entier. Le mouvement qui est observé est généralement fait de violence et d'impudicité, que ce soit entre personnes ou dans l'environnement. C'est comme si nous n'avons pas de sortie claire de la récession et qu'il n'existe aucune preuve d'une fin de celle-ci dans un avenir prévisible.
Le nombre de pauvres augmente alors que les nantis se dissipent dans des entreprises d'investissements risqués. Les autres restent emplis de crainte pour leurs biens.
Entre l'impuissance des nécessiteux et la prudence de ceux qui sont fortunés, après ce qui a été laissé par la crise économique mondiale et ce qui en résulte, les pertes énormes, les dettes oppressives, les faillites tragiques, et par conséquent les licenciements généraux des employés et des travailleurs, et le chômage massif, les freins ont été tirés sur la voiture économique et elle a été largement empêchée de se déplacer. Pendant tout cela, l'ordre naturel a été de plus en plus ébranlé, provoquant des catastrophes dont l'équivalent n'a pas existé depuis longtemps. L'avarice de l'homme a corrompu l'équilibre de la terre, de la mer et de l'air à un degré significatif. Maintenant l'esprit d'avarice demeure, même s'il est comme une bête dormant dans les âmes de beaucoup, et la terre et les cieux réagissent apparemment presque spontanément. Et après?
L'égoïsme de l'homme et la philautie [l'amour de soi] ont précédé son amour de l'argent. L'amour de l'argent a progressivement évolué vers un système de consommation, et le système de consommation a rendu l'homme prisonnier de la logique du profit.
La logique du profit a transformé les ressources de la terre en calculs financiers et les calculs financiers ont desserré les rênes des passions de l'âme et du corps. Les passions de l'âme et du corps deviennent une prostituée incontrôlable et en l'absence de contraintes internes dans l'âme des gens, l'échelle des valeurs traditionnelles et les restrictions morales se sont effondrées et la valeur et la morale en sont venues à être centrées sur la prétendue liberté individuelle et le culte de l'homme pour lui-même.
Puis la liberté individuelle et le culte de soi ont fait que les aspirations des gens sont devenues plus grandes que la capacité de leur environnement à pomper le capital vital en eux, et ainsi le ciel et la terre ne purent plus correspondre aux envies sauvages des gens. Leurs greniers ont commencé à être épuisés et leur équilibre a été mis à mal. L'environnement est devenu malade à cause de la maladie du cœur de l'homme, et du déchaînement de ses passions au-delà de toute limite.
Et maintenant que reste-t-il? Les âmes sont devenues dépendantes de la consommation. L'homme est devenu un instrument de consommation! L'identité mondaine de l'homme d'aujourd'hui est dans ce qu'il consomme! Les volontés sont devenues débiles et les âmes sont devenus faibles!
L'homme a goûté à ces nombreuses variétés de liberté égoïste et de culte de soi. Il ne désire plus se repentir, ou n'est plus capable de repentance - qui est un changement de mentalité et de comportement. Pour lui, la repentance est identique à la mort. Pour cette raison, il commence à vivre de ses fantasmes, de ses rêves, de son estime de soi, de ses réalisations et de ses envies jusques à la mort. Il voit qu'il s'approche d'un précipice instable et il est incapable de s'arrêter devant lui, et il ne s'en soucie pas! Il est devenu dépendant de lui-même comme d'une drogue, et la mort est devenue moins douloureuse que de résister à son addiction. En lâchant ses passions, sa volonté de vivre commence à mourir. La mort devient vie pour lui, et il n'a pas d'autre vie!
Je connais un ami qui est devenu dépendant de la boisson et son foie était atteint. Sa femme s'est agenouillée devant lui, en pleurant, " Arrête pour moi et pour le bien de tes enfants! Tu mourras. "Les médecins ont dit: " Cela ne vous fait rien"" Laissez-moi mourir ", a-t-il dit, "Je ne veux plus vivre. La vie pour moi c'est de boire." Et il est mort!
L'addiction aux passions est une toile d'araignée. On est coupé de l'amour. L'amour devient un bien de consommation qui encourage et approfondit la dépendance. Les proches meurent à nos yeux à moins que l'on ne s'humilie, que l'on ne devienne sobre, que l'on ne pleure et que l'on ne se repente. À ce point, on ne s'en sort naturellement pas par sa propre puissance, mais par la puissance du Très-Haut! Cependant, le danger est que pris dans la dépendance et la faiblesse de l'âme, on s'abandonne au désespoir. Le péché chuchote toujours, dans notre être, qu'il n'a pas de salut en notre Dieu! Si le Seigneur Dieu désire le salut pour nous, alors il n'y aura rien de ce qui nous aiderait qui ne nous fasse peur, comme Pierre qui s'écrie tandis qu'il coule sur le lac, "Seigneur sauve-moi!" (Matthieu 14:30).
Le Seigneur Lui-même donne librement à celui qui demande, et non pas à celui qui ne demande pas!
Si l'humanité ne se repent pas, avec la repentance de Ninive, elle sera sujette aux désastres qu'elle a causés et aux guerres qu'elle a elle-même fomentées. Peut-elle continuer dans sa transgression, jusques au point de l'illusion complète et du désespoir, ou va-t-elle se repentir? Nous ne savons pas comment seront les grands jours de tribulation. Celui qui a bu profondément le plaisir des passions se moque généralement d'une vie chaste appréciant les passions ordonnées. Sa conscience est inversée. Pour lui, la vie devient la mort et la vie la mort!
C'est là ce que le péché fait à l'homme! Le danger du péché pour celui qui persiste de plus en plus dans ses filets, est de provoquer la désespérance de la vie dans son âme. Pour lui, la vie sans péché devient la mort, sans saveur.
Cette persistance dans le culte de soi change le ciel et la terre et Dieu et Ses serviteurs, en biens de consommation que l'homme annihile pour satisfaire sa vanité et de réaliser ses désirs.
La dernière chose que l'homme consomme, c'est lui-même et son désir, comme s'il aspire au néant! Tu es poussière, ô homme, et tu retourneras en poussière. Le péché est un mouvement vers le néant dans l'existence. Ainsi, par sa persistance dans le péché du néant dans l'existence, l'homme est transporté dans un vide existentiel noir. Ceci est la seconde mort dont parle le Livre de l'Apocalypse. C'est l'enfer.
L'enfer n'est pas créé par Dieu. Il est la création de l'homme. Le résultat final des choix humains n'est pas une punition divine!
La terre est limitée, mais le péché ne s'arrête à aucune limite. Il doit arriver un moment où cela s'effondre, aujourd'hui ou demain!
"Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle: car le premier ciel et la première terre disparurent, et il n'y avait pas plus de mer" (Apocalypse 21:1)!
Version française Claude lopez-Ginisty
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