"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 5 décembre 2011

Hiéromoine Damascène: il ne faut pas mesurer son progrès spirituel


Icône de la Transfiguration (Théophane le Grec)
Les pères saints nous conseillent de ne pas essayer de mesurer nos progrès spirituels. Essayer de mesurer nos progrès peut conduire à l'orgueil d'une part, et au désespoir de l'autre. Si l'on pense, "Je fais de grands progrès, je deviens sainte", nous pouvons être sûrs que nous ne faisons pas de progrès, parce que nous sommes orgueilleux, et l'orgueil nous sépare de Dieu. D'autre part, si nous désespérons de ce qui semble être notre manque de progrès, ce désespoir aussi nous sépare de Dieu. Donc, laissons Dieu mesurer nos progrès. Que Dieu soit le juge, à la fois de nous et des autres. Benjamin Franklin avait la pratique de compter et d'enregistrer toutes les bonnes actions qu'il faisait tous les jours. Du point de vue du monde, cela peut sembler être une bonne pratique, mais ce n'est pas ce que nous devons faire en tant que chrétiens orthodoxes. Nous ne sommes pas censés compter nos vertus et les bonnes actions et ensuite nous en féliciter, car le Christ a dit, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite (Matthieu 6:3). En fait, nous sommes censés faire le contraire: nous devons regarder nos propres péchés."Accorde-moi de voir mes propres péchés, et de ne pas juger mon frère", comme on le dit dans la prière de saint Ephrem. Nous avons besoin de nous accuser de nos péchés, mais nous ne devrions pas nous juger dans le sens du passage à une peine de con-demnation. C'est une distinction importante. La pieuse auto-accusation conduit à prendre la responsabilité de nos péchés afin que nous puissions nous repentir d'eux, faire amende honorable, si nécessaire, et finalement nous libérer d'eux. L'auto-condamnation, d'autre part, conduit au désespoir, parce que en portant son jugement final sur nous-mêmes, nous jouons à Dieu tout aussi sûrement que si nous passons un jugement définitif sur notre prochain.La transformation spirituelle, [...], ne peut se produire sans la grâce de l'Esprit Saint. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit, mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va: il est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit (Jean 3:8).La transformation par la grâce de Dieu est imperceptible à l'époque que elle se produit. Nous sommes changés, mais nous ne le savons pas. Par conséquent, nous ne devrions pas essayer l'expérience des états ou des moments de transformation. Une telle tentative ne peut, après tout, que conduire à l'orgueil et à l'illusion. Il nous revient seulement de laisser derrière nous  tout ce qui nous sépare de Dieu, de nous tourner vers Dieu avec tout notre être, et de laisser Dieu faire le reste.
La transformation spirituelle est seulement perceptible avec le recul. Un jour, nous pourrons regarder en arrière et examiner comment les choses sont devenues différentes. Peut-être que nous remarquerons que nous ne sommes plus asservis à une passion particulière, qui autrefois nous tenait fermement. Peut-être, bien que les circonstances de notre vie pourraient être encore plus difficiles qu'elles ne l'étaient dans le passé, nous remarquerons que nous n'a avons pas réagi négativement comme d'habitude, et que nous avons un plus grand sentiment de confiance que nos vies sont dans les mains de Dieu. 
Si nous remarquons de telles choses, nous rendons grâce à Dieu et ne nous  en accordant pas le crédit à nous-mêmes, nous rappelant les paroles du Saint-Diadoque: "Seul le Saint-Esprit peut purifier le nous [mental, esprit]. Puis, poursuivant la pratique de la vigilance intérieure, penchons-nous plus profondément en nous-mêmes, pour y découvrir les passions les plus cachées et subtiles, que nous devons aussi mettre à mort sur l'autel du sacrifice pour l'amour du Christ. 
C'est un chemin difficile, ce chemin de re-création permanente à la ressemblance du Christ, ce chemin de sacrifice qui mène à la déification. Notre Seigneur nous a dit: Etroite est la porte, et difficile est le chemin qui mène à la Vie (Matthieu 7:14). Mais c'est la seule voie que nous pouvons suivre afin de remplir la finalité véritable de notre existence. Par conséquent, suivant l'exhortation de l'Apôtre Paul, nous ne devons pas être conformes à cet âge, ne suivons pas la mode de ce monde, ne nous laissons pas façonner en fonction de nos passions. Au contraire, soyons transformés, transfigurés en de nouveaux êtres par le repentance, par la guérison et la purification de notre nousGrâce à cette transformation, puissions-nous en venir à véritablement aimer Dieu et notre prochain, puissions-nous être unis à Dieu par Sa Grâce, et puissions-nous  demeurer à jamais dans le parfait Amour avec le Christ et Ses saints. Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ORTHODOX WORD
(N° 242-243)
St Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, 
USA
2009

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