"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 27 septembre 2010

Père Goeffrey Korz: Laissez l'Eglise pour grand-mère



Image of Inside of orthodox church in Moscow, Moscow, Russia

Dans un monde affairé, l'Église est-elle seulement pour les personnes âgées?


On dit parfois que, dans les nations fidèles du passé, les grands-mères avaient l'habitude d'assister aux offices religieux régulièrement - même plusieurs fois par semaine - parce qu'elles étaient à la retraite, et s'inquiétaient de la proximité de la mort. Grand-mère priait pour les morts, parce qu'elle les connaissait, alors que les plus jeunes priaient pour ceux qui étaient encore en vie.

Dans les nations orthodoxes (à l'époque, comme aujourd'hui) les églises ont été et sont remplies le dimanche. En dépit de son caractère courant, l'idée de la religion en tant qu'activité féminine est beaucoup plus une réalité en Amérique du Nord protestante, puisque les hommes ont toujours participé plus que les femmes à la vie de l'Église orthodoxe. 

Même les Soviétiques qui ont grandement voulu anéantir la vie spirituelle orthodoxe, eurent du mal à décourager la participation à l'Église par les jeunes, ayant pour cela recours à des menaces de perte d'emploi, ou aux limitations imposées à la poursuite des études pour maintenir les jeunes gens hors des lieux saints. 

Avec la fin de l'empire communiste, les églises se sont rapidement remplies de jeunes gens, avides d'une nourriture spirituelle qu'ils connaissaient à peine, mais à laquelle ils aspiraient en tout cas.

Ce que le totalitarisme athée n'a pas réussi à faire, la démocratie matérialiste a réussi à l'accomplir. Alors que beaucoup se plaignent de l'impact d'une culture obsédée par les loisirs sur les jeunes, la multiplicité des possibilités de loisirs a eu un impact sur les grands-mères d'une manière qui ne pouvait guère être imaginée il y a une génération. 

Juste au moment où la vie de famille nucléaire a déconnecté les grand-mères de leur influence traditionnelle sur l'éducation morale et spirituelle des petits-enfants, une foule de distractions allant des sports, aux voyages, aux médias électroniques, ont rattrapé leur retard dans l'ennui de ces porteuses de la Foi. Comme un prêtre canadien l'a déploré dans une discussion sur la perte des jeunes de l'Église, " La grand-mère, aussi est concernée."

En Russie, il est dit que les grands-mères ont préservé l'Eglise à travers sept décennies d'athéisme. L'influence aimante et fidèle d'un nombre sans cesse décroissant de grands-mères fidèles est nécessaire, aujourd'hui plus que jamais, non seulement dans leur propre famille, mais parmi ceux qui travaillent pour récupérer la foi orthodoxe qui a été beaucoup perdue sur les rivages de l'Amérique du Nord.

Pour les grands-mères fidèles, cela signifie la recherche de petits-enfants adoptifs, ceux qui ont le désir d'apprendre leur foi, mais qui n'ont personne pour leur enseigner la cuisson des prosphores, la préparation des collybes  pour commémorer le départ des êtres chers, les pratiques de la prière à la maison, l'allumage d'un petit encensoir à anse devant une icône du Christ, et les prières tard dans la nuit pour de nombreuses âmes perdues.

Pour les jeunes, il faut entreprendre une tâche inattendue et inhabituelle: la recherche et la capture de l'affection des grands-mères fidèles. Bien sûr, cela prend du temps, pour partager ensemble la nourriture et les souvenirs, et apprendre une foi vécue par l'expérience, et non par les manuels scolaires. Cela peut vouloir dire repenser son horaire hebdomadaire pour avoir du temps avec un ou deux de ces  vivants porteurs de la sainte Tradition, en coupant dans les heures de travail, et  pour intégrer ces grands-mères adoptives dans l'emploi du temps de la famille.

Les années passent vite pour le reste des saintes grands-mères, et pour nous qui hériterons de leur héritage, et à moins que nous ne l'apprenions d'elles alors que nous en avons encore  la chance, nous serons laissés avec la tâche ardue de le retrouver par nous-mêmes cet héritage, tâche qui ne peut être accomplie de notre vivant.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ORTHODOX CANADA
A Journal of Orthodox Christianity
Vol 4/Number 1/Pascha 2009

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