"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 29 septembre 2010

Le martyr Abdallah de Lattaquié

La version originale en arabe, par le Père. Touma Bitar, peut être trouvée ICI

Le martyr Abdallah ( en arabe le serviteur de Dieu) de Lattaquié.A Lattaquié, en Syrie certaines personnes, en particulier les personnes âgées, récitent encore ces vers, tirés d'un poème dans le dialecte local:
(Allahu akbar, Hayya 'ala al-Salat, Hayya' ala al-Falah
Dieu est grand. Venez à la prière. Venez à la délivrance!)
J'ai été prêtre, célébrant la Liturgie du matin
Je portais le corps de mon Seigneur et je mettais en garde le peuple
Lorsque l'armée du Tentateur est entrée dans ma tête, j'ai transgressé Tes paroles, mon Seigneur
Allahu akbar, Hayya 'ala al-Salat, Hayya' ala al-Falah


Ô mon âme, sois triste, et pleure pour tes manquements
Et regrette, mon âme, mes excuses, jusques à ma mort
Ô mon âme, sois triste, et lamente-toi comme quelqu'un d'abattu 
Allahu akbar, Hayya 'ala al-Salat, Hayya' ala al-Falah

Ô mon âme, tu es mauvaise, la pire parmi le peuple
Ensevelis-toi parmi les impurs
Ta demeure est là, après avoir échangé le joyau de la foi pour l'enfer des flammes
Le passage du temps a effacé les détails concernant celui qui a écrit ce poème [...] Cependant, l'Archimandrite Arsenios Hanouk a enquêté sur ce qui reste dans la mémoire d'un grand nombre, et a constaté que l'information nous donne une image du prêtre mentionné dans le poème ci-dessus et il m'a donné cette information à moi, l'Archimandrite Bitar Touma en Juillet 1990 et nous la publions ici à l'intention des fidèles.
Les noms de ceux qui savaient quelque chose de l'histoire du prêtre Abdallah sont nombreux, tous venant de la communauté orthodoxe de Lattaquié et en plus de ce qui reste dans la mémoire de quelques fidèles, nous avons ce qui est raconté dans le livre " Athar al-Hiqab Ladhiqiyya fi al-arab" par Elias Salih, sur la base du manuscrit 438 du Patriarcat d'Antioche, avec un manuscrit du poème entier que le martyr Abdallah récitait. Ceci a été pris d'un manuscrit trouvé dans le monastère patriarcal de Seidnayya (Notre Dame). Le poème donné ci-dessus comme il était chanté à Lattaquié, est pris directement à partir du manuscrit de Seidnayya. Cela a été composé d'après les lettres de l'alphabet (acrostiche) et il comporte 58 vers.
Après avoir recueilli les informations à notre disposition et mis les morceaux ensemble, il se dégage une image approximative du martyr Abdallah, comme suit:
Il arriva, quand Artemios était évêque de Lattaquié, en 1844, que le prêtre, Abdallah l'un des prêtres orthodoxes Roum de Lattaquié, annonce qu'il s'était converti à l'islam. La raison pour cela était que, dans Lattaquié il y avait un agent du consul grec nommé Dimitri. Il s'était marié dans son pays natal, et il vint à Lattaquié et affirma que sa femme était morte et il chercha à épouser une des filles de la région nommée Katrine, fille du prêtre Mikhail al-Nahhal. Le Métropolite Artemios ne donna pas son autorisation pour cela. Il lui dit de produire un papier du Métropolite de sa ville attestant du fait que sa femme était morte. Il arriva que le Métropolite soit absent de la ville pendant un certain temps, et ainsi Dimitri put convaincre le prêtre Abdallah de célébrer la cérémonie du mariage avec Katrine. Nous ne savons pas comment le prêtre fut convaincu de prendre cette mesure sans la permission de son Métropolite. Quoi qu'il en soit, le couronnement eut lieu et Dimitri prit Katrine à son domicile. Seulement quelques jours plus tard, le fils de Dimitri de sa première épouse est venu et a été surpris de constater que son père s'était marié, parce que sa mère vivait encore. Lorsque le Métropolite revint de son voyage et apprit cela, il excommunia Dimitri, Katrine, le prêtre Abdallah, et tous ceux parmi les fidèles qui leur étaient associés, leur parlaient, ou les recevaient dans leur maison. Le prêtre alla vers tout le monde, grands et petits, en leur demandant d'intercéder pour lui auprès du Métropolite. Il ne se trouva que déception, car tout le monde tournait son visage loin de lui et refusait de lui parler. Il est resté comme ça pendant des jours, jusques au moment au cela devint trop pour lui et qu'il ne put plus le supporter. Il alla aux autorités musulmanes et leur annonça qu'il s'était converti à l'islam. Ils le reçurent à bras ouverts et firent une fête pour lui. Puis, quelques jours après sa conversion à l'islam, ils défilèrent avec lui autour de la ville un dimanche dans une grande foule, en raison de sa circoncision, avce des instruments de musique, des battements de tambours, et des tirs de fusils.
Là s'arrêtent les informations sur le prêtre Abdallah dans le livre "Athar al-Hiqab ...." Ce qui reste dans les mémoires de certains, après cela, est que le prêtre, après avoir été musulman, se repentit et regretta, et il tenta de revenir à sa foi précédente, mais il ne trouva pas moyen de le faire. Chaque jour il se tenait en face de la cathédrale Saint-Georges et disait: "Ô Eglise du Seigneur, ton amour est dans mon coeur." En raison de l'intensité de ses sentiments, il  composa un poème et commença à chanter, car il avait une belle voix. Les musulmans l'entendirent le réciter pendant que l'appel à la prière du soir était fait dans la mosquée centrale, et ils le jetèrent du haut de la mosquée et il mourut. Les chrétiens le prirent et l'enterrèrent dans l'église de Saint-Sabbas. Là, certains rapportent que de la lumière a été vue sur sa tombe. La guérison de nombreux malades lui est attribuée, comme la fin de la fièvre et des convulsions. Il est à noter que l'église de Saint-Sabbas n'existe plus à Lattaquié, car une école secondaire orthodoxe a été construite sur le site, et les tombes ont été déplacées vers le cimetière d'al-Faros.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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