"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 16 février 2012

Notre sœur Théodora a rejoint au Ciel son époux l'hypodiacre René-Anastase ( Chabrier)


René-Anastase
sur les chemins
de la Sainte Montagne de l'Athos
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Théodora, l'épouse de René-Anastase est née au Ciel aujourd'hui, elle a rejoint son époux pour la Fête de l'Hypapante. Nous les rencontrions souvent tous deux chez notre Père Placide au monastère Saint-Antoine, et quelquefois en Suisse. Ils étaient inséparables et nous les aimions d'un même amour fraternel. Ils sont réunis à présent dans la Maison du Père. 
Hypodiacre René-Anastase et servante de Dieu Théodora, que votre mémoire soit éternelle!
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Souvenirs de Réné-Anastase
Il est parti doucement, il y a de nombreuses années, après avoir courageusement lutté contre la maladie avec les armes de la prière et d'une foi ardente. Le Père Dorothée d'Andros qu'il aimait beaucoup, avait dit en apprenant sa naissance au Ciel: "J'ai demandé à la Mère de Dieu de le prendre doucement auprès d'elle."

Au monastère de Père Placide, l'office avant son ensevelissement fut beau. Il y avait là plusieurs prêtres et plusieurs juridictions. Nous étions là avec Vladika Ambroise de Vevey. Notre frère était là, au milieu de l'église dans de beaux habits liturgiques, immobile et serein. A la fin du service, nous avons porté son cercueil jusques au petit cimetière du monastère saint Antoine et il était lourd, mais plus lourde était notre peine.

Longtemps avant de devenir orthodoxe, il resta sur le porche de l'Eglise, s'interrogeant, posant aux Pères les questions essentielles qui allaient lui donner la réponse du Christ et mettre la Vie dans chaque instant de son existence. C'est vrai qu'il mit longtemps à venir vers l'Arche du Salut de l'Eglise, mais lorsqu'il franchit le seuil du Havre Salvifique, il ne regarda plus en arrière. Et son épouse fit ce même cheminement lumineux.

Lorsqu'il devint lecteur puis hypodiacre, il revêtit la soutane avec une grande dignité. Homme de grande foi, il était sérieux et scrupuleux à l'extrême, tout en gardant un sens de l'humour bien agréable, en un temps ou le dilettantisme et l'ironie cinglante tiennent lieu d'esprit à beaucoup, même parmi les clercs. Il a cheminé parmi nous et il a embelli notre vie de son amitié et de sa gentillesse.

Il allait souvent au Mont Athos. Il fit un jour l'ascension du sommet de la sainte Montagne, et il m'en ramena une pierre ramassée la-haut. Une pierre blanche... Pour marquer notre amitié en Christ.

Ses photos sont devant moi lorsque j'écris à mon bureau. Il est au milieu d'un sentier athonite, vagabond céleste, pèlerin de la vieille France, jubilant intérieurement d'être sur ce sol béni où toutes les routes ne mènent que vers des monastères et vers la prière. L'Athos était notre Jérusalem proche, notre machine à remonter le temps liturgique pour aller boire l'eau vivifiante de la Tradition.

Nous nous rencontrions souvent au monastère de Père Placide en Vercors. C'était alors un autre Athos, accessible à tous, une halte dans la trépidation insensée du monde, une occasion par de longues discussions entre deux offices, de le refaire ce monde, avec une auréole de Lumière Orthodoxe et la conviction ferme que notre vie n'était vraie que par son enracinement au Ciel dans la louange pérenne de l'Eglise. Que de beaux souvenirs d'agrypnies durant les nuits estivales. Nous entrions dans l'office dans la petite chapelle de Saint Antoine, et nous visitions le Paradis, participant à la louange du Christ, de la Mère de Dieu Très Pure et des saints innombrables d'Orient et d'Occident. Au matin, nous étions joyeux comme les myrrhophores revenant du Jardin, et les montagnes autour du monastère ressemblaient à celles représentées sur les icônes.

Nous étions lui et moi sotaïniki, et ce terme russe recouvre bien la relation que nous avions, partageant le même secret, le même amour de l'Orthodoxie, de toute l'Orthodoxie, d'une orthodoxie pure et belle comme cette perle de grand prix dont parle le Christ. Chaque blessure que recevait l'Eglise, nous était intolérable, douloureuse, inacceptable.

Il nous manque sur la terre des vivants, mais il est dans la Vie, celle qui est inextinguible.

Que Dieu soit loué de nous avoir fait rencontrer en cette vie l'hypodiacre René-Anastase de bienheureuse mémoire!


René-Anastase à Simonos-Pétra

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