33 — Des labeurs ascétiques ("podvigs")
On ne doit pas entreprendre des labeurs ascétiques qui dépasse la mesure, mais on doit s’efforcer de faire que notre amie — la chair — soit fidèle et capable d’accomplir des œuvres vertueuses.
Il faut choisir une voie médiane : “Ne te détourne ni à droite, ni à gauche” (Pr 4, 27) et on doit donner à l’esprit ce qui est spirituel et au corps ce qui est corporel. Pour maintenir la vie temporelle du corps, il faut accorder ce qui est nécessaire et pour la vie en société ce qui est demandé légitimement par celle-ci, selon les paroles de l’Ecriture : “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu” (Mt 22, 21).
On doit condescendre aux infirmités de l’âme et à ses imperfections et supporter ses défauts comme on supporte ceux des autres ; on ne doit cependant pas devenir paresseux mais se pousser sans cesse à faire mieux.
Peut-être que tu as trop mangé ou fait quelque chose de semblable à cela, ce qui est naturel à l’humaine faiblesse — n’en sois pas perturbé et n’ajoute pas une blessure à celle qui existe déjà. Il faut t’engager courageusement à te corriger et, en même temps, t’efforcer de préserver la paix de l’âme, selon la parole de l’Apôtre : “Heureux celui qui ne se condamne point en ce qu’il éprouve” (Rm 14, 22).
Si le corps a été épuisé par les labeurs ascétiques ou la maladie, on doit le fortifier par le sommeil, la boisson, la nourriture avec modération, sans tenir compte des moments qui leur sont impartis. Après avoir ressuscité la fille de Jaïre, Jésus-Christ ordonna immédiatement : “Donnez-lui à manger” (Lc 8, 55).
Si, en suivant notre propre volonté, nous épuisons notre corps jusqu’à ce que l’esprit soit également épuisé, un tel accablement est insensé, même si tout cela est fait afin d’atteindre la vertu.
Jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, c’est-à-dire jusqu’au milieu de notre vie terrestre, c’est une grande lutte spirituelle pour l’homme que de se préserver et, durant ces années, nombreux sont ceux qui ne persévèrent pas dans la vertu, mais se détournent du droit chemin pour aller vers leurs désirs propres. C’est ce dont témoigne saint Basile dans son homélie sur le commencement des Proverbes : "Nombreux sont ceux qui ont beaucoup amassé dans leur jeunesse, mais étant au milieu de leur vie, alors que les épreuves des esprits malins les assaillaient, ils ne purent en supporter le trouble. et ils furent privés de tout ce qu’ils avaient amassé".
Ainsi, afin de ne pas connaître une telle métamorphose, on doit se placer comme sur une balance de justice et faire un examen de soi attentif, selon les enseignements de saint Isaac le Syrien : comme sur une balance il est approprié que chacun pèse sa vie.
Nous devons attribuer le succès en toutes choses au Seigneur et dire avec le Prophète : “Non pas à nous Seigneur, non pas à nous, mais à ton Nom, donne Gloire” (Psaume 113, 9).
Version française Claude Lopez-Ginisty
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