"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 3 mai 2009

Chronique de Saint Séraphim de Sarov (suite 1)


Преподобный Серафим Саровский

Après sa naissance au Royaume, saint Séraphim était toujours là. Il apparaissait, il consolait, il guérissait. Il poursuivait son labeur ainsi que l’a magnifiquement dit l’archimandrite Lazare Moore . « Le bienheureux staretz a fermé ses yeux dans la prière, mais après son départ de ce monde corrompu pour le Royaume de la lumière et de la gloire éternelle, il ne s’est pas reposé de ses exploits ascétiques . La guérison des malades, le réconfort des affligés, les conseils spirituels à ceux qui étaient dans la confusion, continuèrent à sourdre de lui comme d’un courant constant. » 

Il est vrai que très peu de temps après sa naissance au ciel, les chroniques de Sarov rapportent déjà les interventions du saint auprès de ceux qui font appel à lui avec foi et crainte de Dieu.
En 1834, le capitaine Toplov se rend en pèlerinage à Sarov avec son épouse et ses enfants. Une de ses filles âgée de trois ans a une maladie qui fait qu’elle ne peut marcher. Une pannikhide est faite sur la tombe du saint, puis tout le monde se rend à l’ermitage et à la source miraculeuse . On retourne vers le monastère pour y faire célébrer un office de bénédiction des eaux pour elle, mais en chemin, elle insiste pour être posée à terre. On tente de la dissuader, mais elle insiste tellement qu’on la pose enfin et elle se met à courir aussitôt.

En 1848, Maria, fille d’Evdokia Otchkina était devenue aveugle à la suite d’un accident. Ses paupières étaient comme collées et les médecins ne purent rien faire pour lui rendre la vue. Un jour tandis que sa fille jouait maladroitement auprès d’elle, la mère se mit à prier ainsi en pleurant: « Père Séraphim ! Prie le Seigneur pour que les yeux de ma fille soient ouverts. J’irai en pèlerinage à pied jusques à Sarov. » Immédiatement après ces paroles, la petite fille se leva d’un bond et se mit à courir dans la pièce. Elle avait recouvré la vue !

En 1857, N… propriétaire terrien de la région de Tambov vint en pèlerinage à Sarov. Il souffrait de maux de tête continuels. Il arriva au monastère le jour de la Dormition de la Toute Pure Mère de Dieu. Il voulait aller à la source du saint avant la Liturgie, mais sachant que son épouse l’attendait, il y renonça et en retournant vers elle, il se perdit et se trouva près de la source du saint. Il avait des douleurs terribles à la tête et n’osait pas même l’oindre de cette eau. De plus il pleuvait fort et il faisait très froid Arrivé au bord de la source, il glissa sur l’argile des berges et tomba la tête sous le filet d’eau qui coulait. Il fut trempé sans le vouloir par l’eau miraculeuse. Plus confiant, il se leva et se versa de l’eau sur la tête. Et les douleurs disparurent aussitôt.

Sur le chemin du retour, il rencontra un paysan qui lui annonça que saint Séraphim l’avait guéri le matin. Son bras était lourd, enflé et il ne pouvait plus le bouger. Il le baigna deux fois dans l’eau et fut délivré de son mal.
Les miracles de guérison impressionnent toujours, et c’est tout à fait légitime, mais les miracles les plus impressionnants devraient être ceux qui simplement donnent le courage de poursuivre le chemin du ciel dans les difficultés de la terre.

L’illustre Staretz de Sarov, comme il l’avait promis à ses moniales, continua son œuvre sur la terre des vivants pendant la terrible persécution qui s’abattit sur l’Eglise du Christ en Russie. De même que de son vivant, il s’était montré soucieux du salut et du bien être spirituel de ceux qui venaient le consulter, après sa naissance au ciel, il intervint pour protéger les fidèles, les encourager ou les prévenir de dangers. Il ne fut absent ni des camps où le pouvoir soviétique tentait de faire disparaître la foi en éliminant les pasteurs et les croyants, ni de la vie de tous les jours où sa silhouette frêle apparaissait pour montrer aux séides de l’étoile sanglante que l’on avait certes fait disparaître ses reliques, mais qu’il était toujours là, avec son sourire et sa joie!

Le staretz Samson, qui adolescent venant de l’anglicanisme s’intéressa à l’orthodoxie et se convertit, vécut dans la persécution pendant une grande partie de sa vie. Mais il traversa ces persécutions sans que son âme n’en soit affectée, car il eut, avant le déchaînement de ces terribles difficultés, dans son sommeil, une apparition de Saint Séraphim de Sarov qui vint en quelque sorte le préparer aux lourdes épreuves qu’il allait subir ensuite. Et quelles épreuves, celles du goulag ! Et quelle préparation, une préparation qui fit qu’il resta ferme dans sa foi et qu’il ne faillit jamais, combattant en athlète victorieux jusques au terme le bon combat du Christ. La force de prière de saint Séraphim était grande de son vivant. Son passage à la Vie éternelle donna encore plus de puissance à cette intercession bénie. Les saints nous entourent et nous protègent quand nous faisons appel à eux, mais ils sont là à d’autres moments avec leur même sollicitude, sans que l’on ait fait appel à eux. L’aventure spirituelle du staretz Samson avec le saint de Sarov le montre éloquemment…

Le staretz Samson a raconté cette vision dans ses souvenirs.

« [...] Je me souviens que je dormais dans ma cellule lorsque je vis saint Séraphim de Sarov. Il vint vers moi vêtu de la soutane blanche durant mon sommeil, il se pencha vers moi et lut lentement " O Très Miséricordieuse..." et je sentis ses larmes sur mon front. Au matin, je sautai du lit et j'écrivis cette prière:

O ma Très Miséricordieuse, Dame Souveraine,
Très Sainte, Très Pure Vierge,
Theotokos Marie, Mère de Dieu,
Ma seule et indubitable espérance:
Ne me dédaigne pas, ne me rejette pas,
Ne m'abandonne pas,
Aide-moi, intercède pour moi, écoute-moi
Et pose Ton regard sur moi,
O Souveraine, aide-moi
Pardonne-moi
Pardonne-moi,
Toi Qui es Pure.

Trois heures plus tard j'étais arrêté. La Très Miséricordieuse me conduisit et veilla sur moi pendant dix-huit ans dans les camps de concentration. »

Claude Lopez-Ginisty
(Chronique parue dans la revue
de la Fraternité de Tous les Saints de Belgique
Diakonia)

Bibliographie sommaire:
Julia de Beausobre,
Flame in the Snow,
Collins 1979
Archimandrite Lazarus Moore,
Saint Seraphim of Sarov : a Spiritual Biography,
New Sarov Press USA ,1994

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