Nous sommes tellement habitués à être sceptiques à l'égard de nos contemporains que parfois nous ne pensons pas un seul instant que des gens vivant selon les Commandements du Seigneur puissent être parmi nous. Mais, comme c'est généralement le cas de ces personnes, elles ne font pas preuve de leurs bonnes œuvres. Ce n'est pas une coïncidence que l'Evangile proclame : Mais quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite (Matthieu 6:3). Néanmoins, nous sommes désireux de mieux connaître ces bons Samaritains afin de devenir le plus possible comme eux, bien que nous nous rendions compte que ce sont ces mêmes lampes...mises sous un boisseau, ou sous un lit (Marc 4:21). Cependant, voyant notre faiblesse, Dieu nous les révèle parfois.
Un médecin
Il y a une femme médecin extraordinaire dans un des hôpitaux spécialisés de Moscou. J'avais l'habitude de lire des choses à propos de ces médecins dans les livres - non seulement ce sont de bons spécialistes, mais ce sont aussi des gens merveilleux.
Chaque mois, la veille du jour du salaire (et j'espère qu'elle gagne un bon salaire puisqu'elle travaille dans l'un des hôpitaux les plus célèbres et les plus recherchés du pays), cette jolie jeune femme (entre 20 et 30 ans) choisit soigneusement des cathéters de différentes tailles, des comprimés, des broches et des appareils orthopédiques (en bref, tout ce qu'elle prescrit à ses patients) sur divers sites Web médicaux. Puis elle rencontre le livreur avec ses infirmières médicales et lui donne les instructions à voix basse : "Vinogradov, salle n° 7-14 cathéters ; Filimonov, salle n°. 3 - immobilisateurs de cheville amovibles...", et ainsi de suite.
Fixant son visage intensément, je n'y voyais rien de remarquable ou de perceptible. C'est une jolie jeune femme, facteur qui la rend discrète parmi des milliers de femmes comme elle. Mais elle est toujours très spéciale. Et lorsque vous la connaissez de plus près, vous découvrez qu'elle vous tient à l'écart. Pas de manières de copain-copain, en quelque sorte. Et elle ne parle que de business. Dans mon imagination, elle a un mari ou un père riche, et j'espère que j'ai raison. Mais ses vêtements modestes, son comportement, sa capacité à aller à la racine des problèmes des patients du premier coup révèlent quelqu'un qui a une connaissance de première main de la pauvreté. En la regardant, vous voyez saint Luc de Crimée, saint Eugène Botkine ou Nicholas Pirogov [1]... Et vous avez l'impression que tout ira bien, puisque le Seigneur a daigné nous envoyer un médecin si merveilleux pour notre guérison.
Elle est absolument heureuse de son ministère, est toujours de bonne humeur et trouve toujours les paroles adéquates, même pour les patients en phase terminale et pour leurs proches. Soit dit en passant, les guérisons dans ce département sont courantes, même avec des pronostics défavorables pour les maladies. Remarquablement, lorsque vous communiquez avec ce jeune médecin, vous voulez remercier Dieu encore et encore. On ne peut s'empêcher de répéter :
"Gloire à Toi, Seigneur !"
Un diacre
Un jeune diacre sert dans une église près de Moscou. Comme il vit un peu loin (à la frontière d'une autre région), le diacre doit partir de bonne heure, à quatre heures du matin, pour la Liturgie. Pour être plus précis, c'est ce qu'il a fait jusqu'à récemment, et maintenant il part encore plus tôt. Et il a une raison sérieuse pour ce faire. Une femme âgée en fauteuil roulant vit à côté de cette église. Elle a un grand désir d'assister régulièrement aux offices religieux, de participer aux sacrements de l'Église et de vivre une vie liturgique. Ainsi, chaque fois, le diacre emmène la femme handicapée à l'église à bord de sa vieille voiture Moskvitch. Il déplie et plie son fauteuil roulant lui-même, le soulève dans et hors de la voiture, le pousse de haut en bas des marches. C'est une bonne chose mais en fait : le mari, le fils et la fille de ce paroissien handicapé conduisent leur propre voiture qui est beaucoup plus récente que la guimbarde du diacre, et ils ont beaucoup de temps à leur disposition... Mais ils comptent toujours sur l'aide du diacre. "Telle est la coutume". Ainsi, cet homme complète régulièrement le "réceptacle de ses actes de miséricorde" avec le temps et l'énergie qu'il consacre à cette paroissienne handicapé. Et il ne se plaint jamais de ça.
Mamie Lyusya
Le Seigneur se tient à la porte du cœur de chacun et frappe. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe (Apocalypse 3:20). Certaines personnes réagissent au tout premier coup sur la porte de leur cœur et transforment ainsi à jamais leur vie et celle de leur prochain. L'une d'entre elles est grand-mère Lyusya [une forme diminutive du nom Ludmila]. À l'âge de quatre-vingt-six ans, elle nourrissait tous les jours les chats et les chiens sans abri près du chauffage principal. Elle appelait tous ses amis et connaissances, essayant de trouver un nouveau foyer pour ses amis à quatre pattes, en priant parce que c'était "plus sûr". Un jour où les propriétaires potentiels se sont présentés, Mamie Lyusya a appelé son vétérinaire et en cas de besoin a payé pour le traitement des animaux, les gardant en quarantaine à la maison jusqu'à leur guérison. Elle disait que puisqu'elle avait promis de rétablir la santé des animaux avant de les donner, il fallait qu'il en soit ainsi ! Et pas de "chats dans le sac"[l'idiome russe équivalent à "une anguille sous roche", dénotant une surprise désagréable] ! Certes, il y avait des chats, mais dans des boîtes propres....
Mamie Lyusya tenait même un carnet où elle notait le sort des vingt-sept premiers animaux de compagnie : "Musya a été emmené à Istra, Bobik à Kolomna, Touzik à Kalouga, Rex à Düsseldorf..." Auparavant, les chats et les chiens avaient été vaccinés plusieurs fois et mis en quarantaine. Quand un mot de remerciement est venu d'Allemagne, grand-mère Lyusya a demandé à sa petite-fille de le lire et de répondre correctement à la lettre, comme il sied aux gens polis. Une correspondance animée a surgi, qui a finalement été suivie d'un mariage et de la naissance de l'arrière-petit-fils de grand-mère Lyusya... Avec le temps, les employés d'un foyer local pour chiens et chats se sont intéressés aux amis à quatre pattes et maintenant ils accomplissent la tâche de grand-mère Lyusya pour les reloger... Quant à cette bonne Samaritaine, de temps à autre, on la voit marcher avec son bâton, compter ses perles de prière [sur son chapelet] et murmurer quelque chose. Elle répond à toutes les questions avec sagesse : Le juste prend soin de son bétail (Prov. 12:10)...
Le Tout-Puissant aide toujours les gens dans leurs bonnes oeuvres. Selon le hiéromoine Basile (Roslyakov), un des nouveaux martyrs du monastère d'Optina : "Les merveilles de la miséricorde de Dieu sont nombreuses, mais nous devons Lui apporter tout ce que nous avons."
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
[1] Nicolas (Nikolay) Ivanovitch Pirogov (1810-1881) fut l'un des plus grands chirurgiens de l'histoire de la Russie, médecin, scientifique, pédagogue et personnalité publique. Il fut le premier chirurgien européen à utiliser l'anesthésie pour les opérations chirurgicales, inventa des techniques chirurgicales révolutionnaires et développa sa technique d'utilisation de plâtres pour traiter les fractures des os.
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