"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 28 novembre 2018

Père Ted Bobosh: Conseils pour la confession




Celui qui possède la connaissance et connaît la vérité se confesse à Dieu non pas en se rappelant ce qu'il a fait, mais en endurant patiemment ce qui lui arrive. (Saint Marc le moine, Conseils sur la vie spirituelle)

Alors que nous entrons dans le jeûne de la Nativité (NdT Mercredi 15/28 novembre), c'est un bon moment pour nous d'examiner notre conscience pour voir ce qu'il y a dans nos cœurs, et de savoir ce dont nous avons besoin pour nous repentir afin de suivre le Christ. Car la repentance est fondamentalement l'élimination de tous ces obstacles de nos cœurs et de nos vies qui nous empêchent d'être de fidèles disciples du Christ. La confession ne se produit pas seulement quand nous allons au sacrement, mais tous les jours quand nous admettons nos fautes et nos échecs devant notre Seigneur. Comme le note saint Marc le moine ci-dessus, la confession se produit chaque jour quand nous réalisons qu'une grande partie de ce qui nous arrive est le résultat de nos propres choix et parce que nous vivons dans un monde déchu. Quand nous reconnaissons les effets de la chute sur notre vie quotidienne, nous admettons que le pouvoir du péché dans le monde est perceptible - tant dans notre comportement que dans celui des autres envers nous. Le fait que la vie n'est pas juste, que le péché abonde, nous dit que c'est le monde de la chute. Il y a une réalité : la seule personne que nous pouvons changer dans le monde, c'est nous-mêmes. (Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas travailler pour la justice. Cela signifie que nous ne devons jamais cesser de lutter contre le péché qui est dans nos cœurs.)

Saint Basile le Grand a rejeté toute idée de prédestination ou de prédétermination basée sur le pouvoir inéluctable du péché originel. Si tout est prédéterminé par le péché originel ou par la constitution génétique, alors même les efforts pour la justice, la correction et la réforme n'ont aucune valeur, car nous ne ferions que nous battre contre un destin tout-puissant que nous ne pourrons jamais vaincre. Nous devons lutter avec les parties de notre moi sur lesquelles nous avons réellement le contrôle - les seuls péchés que nous commettons se produisent dans les choses sur lesquelles nous avons le contrôle. Certains, à l'ère patristique, pensaient que même faire quelque chose ne constituait pas un péché. C'est le péché seulement si nous répétons l'action en sachant que c'est mal - le faire une fois est une erreur, le répéter est un péché. Comme le fait remarquer Saint-Basile, il ne sert à rien que les législateurs adoptent des lois interdisant quelque chose, chose sur laquelle une personne n'a de toute façon aucun contrôle. Saint Basile parle en termes de rhétorique, car il croit que les gens font des choix, du moins certains. Tout ce que nous faisons n'est pas prédéterminé en nous.

"Si l'origine de nos vertus et de nos vices n'est pas en nous-mêmes, mais dans la conséquence fatale de notre naissance, il est inutile que les législateurs nous prescrivent ce que nous devons faire et ce que nous devons éviter ; il est inutile que les juges honorent la vertu et punissent le vice. La culpabilité n'est pas dans le voleur, ni dans l'assassin : elle était voulue pour lui ; poussé au mal par nécessité inévitable, il lui était impossible de retenir sa main. Ceux qui cultivent laborieusement les arts sont les plus fous des gens. L'ouvrier fera une moisson abondante sans semer de graines et sans aiguiser sa faucille. Qu'il le veuille ou non, le marchand fera fortune et sera inondé de richesses par le destin. Quant à nous, chrétiens, nous verrons disparaître nos grands espoirs, car à partir du moment où l'on n'agit pas avec liberté, il n'y a ni récompense pour la justice, ni punition pour le péché. Sous le règne de la nécessité et du destin, il n'y a pas de place pour le mérite, condition première de tout jugement juste." (in Un trésor patristique : Sagesse de l'Église primitive pour aujourd'hui)

Pour saint Basile, l'échec de la pensée prédestinée est qu'elle ne nous dit rien d'important. Si non seulement nous sommes incapables de résister au péché, mais nous sommes aussi incapables de changer, alors la repentance est impossible. La prédestination signifie que même la bonté et le succès n'arriveront que par le destin, donc pas la peine d'essayer de faire le bien non plus. Inutile de planter des cultures ou de travailler dur car le destin détermine tout, y compris s'il y a de la nourriture à manger. Autant s'asseoir et attendre de voir ce qui se passe. Mais à ce stade, même de nombreux croyants en la prédestination peuvent voir qu'il est important si vous essayez - il y a de la nourriture à manger seulement parce que les gens travaillent dur pour la faire ainsi. Il y a des routes, des ponts, des magasins, Internet et l'électricité seulement parce que les gens font l'effort de le faire. Tout ne s'explique pas seulement par le destin, les gens prennent des décisions et agissent en conséquence. Ce que nous faisons est important et change le cours de l'histoire de l'humanité. Il en va de même pour notre comportement, bon et mauvais.

C'est parce que notre comportement est important et qu'il affecte aussi bien les autres que nous-mêmes, que l'examen de conscience et la confession des péchés sont importants. Nous sommes par nature des êtres relationnels, nous devons considérer comment notre comportement, nos pensées et même notre attitude sont le reflet du fait que nous sommes guidés ou non par le commandement évangélique de nous aimer les uns les autres comme le Christ nous aime (Jean 13:34). Admettre nos péchés, nos fautes et nos faiblesses n'est pas un échec, mais plutôt la façon dont nous montrons que nous reconnaissons la souveraineté du Christ sur notre vie quotidienne. La confession est la reconnaissance de la réalité, de ce qui est dans nos cœurs, aussi honteuse qu'elle puisse être.

Ne cachez pas votre péché à cause de l'idée que vous ne devez pas scandaliser votre prochain. Bien entendu, cette injonction ne doit pas être respectée aveuglément. Cela dépendra de la nature de son péché." ( in Saint Jean Climaque, Trente pas vers le ciel : L'échelle de l'ascension divine pour toutes les marches de la vie)

Saint Jean Climaque reconnaît que l'admission de ses péchés est une bonne chose, et pourtant elle doit être pratiquée avec sagesse et discrétion. La seule peur de scandaliser les autres n'est pas en soi une justification pour cacher son péché (notez qu'il a dit péché, il n'a pas dit chaque pensée qui entre dans votre tête, seulement vos péchés. Le péché comportemental peut être évident pour les autres, mais nous n'avons pas besoin de discuter avec tout le monde de toutes les idées erronées qui nous traversent l'esprit). Cependant, comme il le fait aussi remarquer, il n'est pas en train de mettre en place une règle inviolable - il faut faire preuve de sagesse pour savoir quand admettre ouvertement ses péchés. Il y a certaines choses que nous faisons qu'il n'est pas sage de dire à tout le monde. Nous devons les confesser à nos pères confesseurs, à ceux qui sont mieux préparés à traiter les humains comme des pécheurs déchus. Si nous sommes honnêtes envers nous-mêmes au sujet de nos péchés, nous reconnaissons aussi l'impact de nos péchés sur notre vie et celle de ceux qui nous entourent - en particulier ceux que nous aimons. Au lieu de devenir amers pour le péché ou de blâmer les autres pour le péché, lorsque nous reconnaissons son pouvoir dans notre vie, nous pouvons faire un effort pour le corriger et trouver la meilleure façon d'aimer les autres ou au moins de le reconnaître et de nous repentir de ce péché.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


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