Papa-Dimitri par Père Aimilianos de l'Athos (Simonos Petra)
[...] Il y a certains Psaumes de David qui portent le titre inscription sur colonne (Psaume XV, Στηλογραφία τῷ Δαυΐδ dans la version des Septante). Ils étaient supposés rester profondément inscrits sur des colonnes, avant tout dans le cœur, afin que les gens n'oublient pas le miracle spécifique de Dieu. Ils étaient là pour demeurer comme une louange à Dieu. Une telle inscription sur colonne nous a été laissée à nous aussi. Le lieu où Papa-Dimitri repose, attendant le son des trompettes, est une hymne à notre Dieu, parce qu'il recouvre un saint.
A l'ensevelissement de ses précieuse reliques, durant la procession, des gens ont dit: " Il est comme saint Nectaire!" Eh bien, pas comme saint Nectaire seulement! Il est comme tous les saints!
"Quand je trouverai une place là-bas [au paradis], avait-il l'habitude de dire, je viendrai vous aider. Je ne puis oublier mes enfants spirituels!"
Pendant les derniers jours de sa vie, dans ses souffrances intolérables, il essaya de rester calme, concentré, abandonné à Dieu. On pensait qu'il dormait, et quand les visiteurs venaient, ils le bousculaient pour le réveiller. Comme il était triste alors! Il expliquait alors à quelques personnes seulement:" Quelles choses, quelles hymnes c'était là! Un peu comme ce que j'avais entendu une fois, mais infiniment supérieur... Des choses superbes!..."
Eh, Papa-Dimitri! Tu fixais alors l'Eternité; maintenant regarde vers nous! Ecoute ce que dit l'Ecriture: "A moi Galaad, à moi Manassé!" (Psaume 108:8). Tu es Sien. Hâte pour nous le moment où nous serons Siens. Tu te souviens? Cette nuit, audoxasticon des Laudes, quand tu pris la main de celui qui célébrait avec toi et que tu ordonnas aux chantres, de chanter au lieu du Théotokion, le doxasticon du saint dont le jour de commémoration était passé?"(*)
Que le jour de ta commémoration passe à présent. Le doxasticon est chanté par les anges, il est chanté dans nos cœurs aussi.
Au Saint Monastère de Simonos Pétra
le 26 février 1975, Higoumène Aimilianos (Vafidis)
(*) Père Aimilianos fait ici allusion à une anecdote que Papa-Dimitri raconta lui même... Un jour, il alla servir la Divine Liturgie avec Père Aimilianos au Monastère de Dousiko. Voici ce qu'il dit:" Nous nous sommes levés à deux heures du matin. Cependant, avant d'entrer dans la Liturgie, je demandai aux chantres de chanter le doxasticon de saint Bessarion. Ils me dirent que sa fête n'était pas en ce jour. Quelques jours étaient passés depuis. "Ça ne fait rien," dis-je, dites-le!". Quand ils commencèrent à chanter, une ineffable fragrance se manifesta et nous vîmes un hiérarque passer devant l'Autel Saint. Je fis un mouvement pour aller le vénérer, mais le staretz Aimilianos me retint. Le hiérarque disparut. C'était saint Bessarion qui était venu nous remercier parce que nous avions chanté son doxasticon. Nous avons reçu notre récompense! Les mots sont impuissants à décrire cette expérience.
Un pieux mensonge de Papa-Dimitri
Un de ses fils spirituels a raconté l'anecdote suivante...
Un matin, en février 1973, j'ai rencontré fortuitement Papa-Dimitri sur la place centrale de Trikala. J'étais dans une situation difficile, et sa présence m'a donné beaucoup de joie et de courage. Après qu'il m'ait donné un conseil, je lui ai demandé s'il avait un problème, car il paraissait quelque peu préoccupé. Il me dit: " Avec l'aide de Dieu, j'ai arrangé quelque chose selon la volonté de Dieu. Les Saints Archanges [icône de son église vers laquelle il allait souvent] m'ont en cela grandement aidé; je leur dois ma vie-même! Je veux donc, moi le petit prêtre ignorant, le berger du village, faire quelque chose pour eux pour manifester ma gratitude. J'ai pensé à beaucoup de choses, mais je ne suis pas digne de donner quelque chose pour l'intérieur de l'église; je suis aussi pécheur, et je ne puis me le permettre non plus. J'ai parlé de ce problème avec Père Aimilianos et j'ai décidé de faire faire une cloche.
La cloche sonnera et rassemblera le brebis dans l'église, et quand, finalement le berger ira dans la tombe, la cloche sonnera et son âme sera réjouie. J'ai l'argent pour cela, bien que personne ne le sache. Ce que je veux, c'est que personne ne découvre de mon vivant que c'est moi qui ai fait faire la cloche.
La première raison, c'est que certains pourraient s'opposer à ce plan que j'ai; la seconde raison, c'est que je veux éviter les louanges; et la troisième raison est que je désire qu'il en soit ainsi... C'est pourquoi je veux te demander que je paie pour la cloche, mais que nous fassions un reçu formel en ton nom, indiquant que tu es le donateur, afin que personne ne puisse faire d'objection..."
Je lui ai dit que j'étais à sa disposition. Nous sommes allés chez un forgeron de Trikala et nous avons tout de suite commandé la cloche. Je lui ai demandé si je pouvais contribuer financièrement aussi à cet achat, afin d'avoir une part active dans toute l'affaire et de ne pas être totalement étranger à ce pieux mensonge. Il accepta avec joie et amour. Quand je lui ai rendu visite après quelques mois, il sonna continuellement la cloche comme s'il accueillait un Patriarche.
Il me dit alors: Tu vois comme ta cloche sonne bien? Cette cloche cache un grand secret!"
Papa Dimitri et les créatures de Dieu
Un jour, je travaillais dans le champ. Toute la journée, je portais de l'eau dans un tonneau, et un tuyau qui en sortait la distribuait au champ. A chaque fois que je vidais l'eau dans le tonneau, je disais: " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!"
Le soir, je fis les Complies, et après je chantai plusieurs hymnes.
J'entendis alors une grenouille qui croassait, comme si elle appelait les autres, et quelle merveille! Toutes les grenouilles du lieu se rassemblèrent autour de moi, à deux mètres à peu près, et elles écoutèrent attentivement les hymnes que je chantais.
L'une d'entre elles, vint même plus près pour écouter.
Quand j'eus fini les hymnes, elles chantèrent aussi, et comme si elles étaient des êtres humains, elles partirent.
Je me dis alors: " Papa-Dimitri, puisque tu n'es pas digne de prêcher aux gens, tu prêches aux grenouilles!"
En mai 1920, après avoir laissé le troupeau de moutons (Papa-Dimitri enfant était alors berger) à midi, je rentrai à la maison, mangeai un morceau de pain et je fis un somme. Pendant que je dormais, à côté de mon jeune frère Jean, un vieil homme vint me dire dans mon sommeil: "Lève-toi vite, sors immédiatement en courant, la maison est sur le point de s'écrouler, et vous serez tués!" Je me levai, mais je ne vis rien. Je réveillai immédiatement mon frère et nous nous précipitâmes hors de la maison.
Dès que nous fûmes sortis, étant alors à environ cinquante mètres, le toit s'effondra complètement. Si ce vieil homme n'était pas venu me réveiller, nous aurions péri.
Pendant les années d'occupation italienne, un dimanche en février 1942, à la fin de la Divine Liturgie, l'armée italienne vint dans mon village et demanda à tous ceux qui avaient des armes de les donner. J'avais déjà ramassé toutes les armes et les avait données à ceux qui étaient chargés de les collecter. Il eut un second appel pour donner les armes. Entre temps, ils arrêtèrent vingt-quatre hommes et se préparèrent à les exécuter.
Le village fut saisi de panique avec cette calamité imminente. Il n'y avait nul espoir de salut. Il ne nous restait que l'aide de Dieu. Je courus immédiatement à l'église des Archanges, endroit où ils ont accompli d'innombrables miracles.
Je tombai à genoux et je les implorai avec des larmes du fond de mon cœur de faire un miracle tout de suite, et de sauver les vingt-quatre hommes. je ne puis me souvenir de ce que j'ai dit dans ma prière. J'ai seulement senti l'assurance des saints Archanges selon laquelle tout serait sous leur protection.
Je courus vers l'officier italien, tandis que la file de ceux qui avaient été arrêtés se dirigeait vers son Golgotha, et je lui dis: " Je déclare en toute responsabilité qu'ils n'ont pas d'armes!" L'officier s'arrêta aussitôt qu'il me vit. Il me salua et dit: " Nous ferons ce que veut le pasteur!". Je lui dis: " S'il vous plaît, si cela est possible, laissez aller ces vingt-quatre hommes, ils sont innocents!". Il accepta. "Grâce à votre pasteur, j'épargne votre vie!"
Leur joie et la mienne sont au-delà de toute description... Voyez-vous le pouvoir qu'a la prière? Le Seigneur a dit: Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez, et l'on vous ouvrira." (Matthieu 7:7)
Deux miracles
En mai 1920, après avoir laissé le troupeau de moutons (Papa-Dimitri enfant était alors berger) à midi, je rentrai à la maison, mangeai un morceau de pain et je fis un somme. Pendant que je dormais, à côté de mon jeune frère Jean, un vieil homme vint me dire dans mon sommeil: "Lève-toi vite, sors immédiatement en courant, la maison est sur le point de s'écrouler, et vous serez tués!" Je me levai, mais je ne vis rien. Je réveillai immédiatement mon frère et nous nous précipitâmes hors de la maison.
Dès que nous fûmes sortis, étant alors à environ cinquante mètres, le toit s'effondra complètement. Si ce vieil homme n'était pas venu me réveiller, nous aurions péri.
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Pendant les années d'occupation italienne, un dimanche en février 1942, à la fin de la Divine Liturgie, l'armée italienne vint dans mon village et demanda à tous ceux qui avaient des armes de les donner. J'avais déjà ramassé toutes les armes et les avait données à ceux qui étaient chargés de les collecter. Il eut un second appel pour donner les armes. Entre temps, ils arrêtèrent vingt-quatre hommes et se préparèrent à les exécuter.
Le village fut saisi de panique avec cette calamité imminente. Il n'y avait nul espoir de salut. Il ne nous restait que l'aide de Dieu. Je courus immédiatement à l'église des Archanges, endroit où ils ont accompli d'innombrables miracles.
Je tombai à genoux et je les implorai avec des larmes du fond de mon cœur de faire un miracle tout de suite, et de sauver les vingt-quatre hommes. je ne puis me souvenir de ce que j'ai dit dans ma prière. J'ai seulement senti l'assurance des saints Archanges selon laquelle tout serait sous leur protection.
Je courus vers l'officier italien, tandis que la file de ceux qui avaient été arrêtés se dirigeait vers son Golgotha, et je lui dis: " Je déclare en toute responsabilité qu'ils n'ont pas d'armes!" L'officier s'arrêta aussitôt qu'il me vit. Il me salua et dit: " Nous ferons ce que veut le pasteur!". Je lui dis: " S'il vous plaît, si cela est possible, laissez aller ces vingt-quatre hommes, ils sont innocents!". Il accepta. "Grâce à votre pasteur, j'épargne votre vie!"
Leur joie et la mienne sont au-delà de toute description... Voyez-vous le pouvoir qu'a la prière? Le Seigneur a dit: Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez, et l'on vous ouvrira." (Matthieu 7:7)
Papa-Dimitri et l'amour des ennemis
(Ceci s'est passé pendant la guerre civile grecque entre les communistes et les nationalistes. Condamné à mort par les communistes et par son propre évêque (!), Papa-Dimitri échappa à plusieurs reprises à la mort et garda toujours une attitude chrétienne authentique qui recommande l'amour des ennemis.)
Un jour, une patrouille nationaliste du village a capturé quatre maquisards et les a préparés pour les exécuter. L'un d'eux, qui avait signé ma condamnation à mort, demanda à me rendre visite dans ma maison. Les soldats l'y autorisèrent, sachant que j'étais un ennemi avoué du communisme. Il vint chez moi quand nous venions de mettre la table. Je l'ai invité à manger avec nous. Il m'a demandé de l'aider parce qu'il était en danger. Que pouvais-je faire? Je me suis levé, j'ai prié Dieu de m'aider. Je l'ai conduit hors du village, loin de l'armée et je lui ai dit: " Va-t'en, je prendrai ta place!"
Je suis allé vers le commandant, et je lui ai dit: " Je l'ai aidé à s'échapper...S'il te plaît, supporte que je t'explique. Je suis prêtre et père spirituel. J'ai seulement accompli mon devoir. J'ai écouté la voix du Seigneur: " Je donne ma vie pour les brebis" (Cf. Jean 10:11). Tu sais que je suis le plus grand ennemi du communisme et que j'ai beaucoup souffert pour cela. Cependant, Dieu dit que nous devons aimer nos ennemis et faire du bien à ceux qui nous font du mal (Cf Matthieu 5:44). Il m'a dit: "Que puis-je te faire maintenant pasteur? Il a eu de la chance de vivre!"
J'ai rendu grâce à Dieu car il m'avait seulement éprouvé.
Père Amphilochios de Patmos par Papa-Dimitri
En été 1971, je suis allé en grand pèlerinage à Patmos, au Monastère de Saint Jean le Théologien. J'ai aussi visité le Saint Monastère de l'Annonciation. Le Père Amphilochios, homme saint, y avait vécu. Je l'avais connu par correspondance pendant plusieurs années, mais je ne fus pas jugé digne de le rencontrer en personne. On m'a informé du fait qu'il avait prévu sa mort trois jours avant. Il avait demandé à saint Jean de prolonger un peu sa vie, parce que Pâques approchait, mais il entendit une voix qui lui dit: " Le Seigneur t'appelle pour célébrer Pâques dans la Jérusalem Céleste!"
Un des ordres qu'il laissa à la communauté de moniales, était que je devais venir célébrer un office commémoratif sur sa tombe: c'était là son désir personnel. Dans cet office le troisième mois, au commencement de la Divine Liturgie, un oiseau inconnu vint et se tint près des collybes. Il prit sa place sur le banc comme un être humain, et assista à la Liturgie.
L'higoumène le prit dans ses mains, et il resta là sans s'envoler. Après, il s'envola vers la tombe du staretz et se tint au-dessus d'elle.
Le staretz Amphilochios aimait beaucoup les oiseaux et il avait l'habitude de les nourrir. Il leur avait également construit un abri où ils pouvaient se rassembler l'hiver: Une des recommandations qu'il laissa, était de continuer à nourrir les oiseaux...
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Papa-Dimitri ( Gagastathis) The Man of God (1902-1975)
"Orthodoxos Kypseli" Publications
Thessaloniki 1997
Photo: Papa-Dimitri
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