(+ 24 octobre/6 novembre 1890)
Comme
c’était quelqu'un qui pratiquait la prière avec ferveur et secrètement, la bienheureuse
Evdokia se préparait toujours à la Sainte Communion en temps opportun;
et le jour où elle recevait les Saints Mystères du Christ, son visage qui était
toujours agréable et manifestait la spiritualité, brillait d’une joie
surnaturelle. L’higoumène la traitait d’une manière protectrice, et la
bienheureuse était toujours respectueuse envers elle, et lors de la fête
onomastique de l’higoumène, elle la félicitait toujours en lui apportant une
prosphore. Mais quand l’higoumène voulait lui donnait des vêtements, elle ne les
prenait pas.
Elle
se distinguait toujours par un esprit de non-possession extraordinaire. Si
quelquefois, dans un esprit de consolation, elle prenait quelques unes des
choses qui lui étaient données, alors elle les redonnait rapidement à quelqu’un
d’autre. Elle prenait seulement, quelquefois, un peu de gruau d’avoine cru,
dont elle se nourrissait. Pour elle-même, elle ne prenait rien et donnait des
aumônes aux autres. Une moniale voulut lui donner une soutane (padraznik). La bienheureuse dit qu’elle
viendrait bientôt la chercher. Un peu plus tard, elle envoya vers la moniale
une pauvre pèlerine qui avait besoin de vêtement, et la soutane lui fut
donnée.Quand on lui apporta une couverture qui lui avait été laissée par une
certaine moniale qui était morte, Evdokia leur demanda de la lui reprendre et de la donner à
quelqu’un qui en avait besoin, disant: Pourquoi me l’apportez-vous?
Suis-je immortelle?
Dans
sa cellule, il n’y avait que des icônes, une petite table et un petit banc, de
vieux vêtements, et une pauvre vaisselle dans laquelle, de temps en temps, elle
prenait un peu de nourriture du réfectoire. Elle n’allait jamais prendre un
bain chaud (sauna); très souvent, elle se frottait avec de la neige. A de
nombreuses reprises, pour la prière, elle allait seule en haut de sa cellule,
là où il y avait aussi son cercueil.
Par
le truchement de tels labeurs ascétiques du jeûne et de l’épuisement physique,
la bienheureuse mettait sa chair sous le joug de l’esprit, se purifiait de toute
passion, et gagnait de la force pour le combat contre les esprits malins. Elle
endurait un fort combat, mais elle causait la défaite des démons par la
puissance du Nom de Jésus et par le jeûne.
La
miséricorde de Dieu était sur elle, et même durant sa vie, le Seigneur lui
accorda les dons de clairvoyance et de discernement spirituel. Elle prédit que
beaucoup mourraient bientôt, et elle les exhortait à se repentir de leurs
péchés. Quand elle voyait un cœur bon, prêt à recevoir son conseil spirituel,
alors, très inspirée, et cela pendant de nombreuses heures, elle parlait avec
sagesse du salut.
Quand
les gens se tournait vers elle pour leur guidance spirituelle et qu’ils
suivaient son conseil, la réussite suivait. Quand ils ne suivaient pas son
conseil, il leur arrivait malheur. Une marchande qui vendait de la dentelle recevait toujours sa
bénédiction pour ses voyages, et elle lui obéissait ; et elle avait
toujours du succès dans ses entreprises. Cependant, un jour la bienheureuse lui
conseilla d’aller avec ses marchandises dans la ville de Mtsenk, et de là à
Optino vers le Père Ambroise. Elle n’obéit pas; elle partit de Mtsenk, où
elle avait seulement vendu la moitié de ses marchandises, et elle alla dans une
autre ville où elle perdit même ce qu’elle avait gagné auparavant, et elle n’y
vendit rien.
Par
ses conseils la bienheureuse évitait les malheurs qui les attendait, les
affermissait pour supporter les afflictions, les faisait se souvenir de
transgressions oubliées, et les exhortaient à vivre pieusement. Parmi ceux qui
la respectaient, il y avait à la fois des moniales et des gens qui vivaient
dans le monde. Au monastère, on se transmettait plusieurs récits de la
clairvoyance de la bienheureuse.
Elle
supportait un nombre peu négligeable d’épreuves, d’offenses et d’insultes et
entreprenait de nombreux labeurs ascétiques de mépris de soi. Un jour, pendant
un voyage, elle fut blessée par un cheval ; une autre fois, elle se brûla
gravement le dos. Dans sa vieillesse, à cause du froid et des longues stations
debout dans la prière, ses jambes devinrent très douloureuses, enflées et
noires; et bientôt, avant sa mort, plusieurs de ses orteils tombèrent.
Mais elle supporta tout. De même, elle supporta sans se plaindre les maladies
graves qui l’affligèrent avant sa mort.
Avant
sa mort, elle se confessa à de nombreuses reprises et communia aux Saints
Mystères du Christ. Elle dit adieu à tout le monde ; elle ordonna que
toutes ses misérables possessions soient partagées entre les moniales, et elle
naquit paisiblement au Ciel dans la 61ème année de sa vie, le 24 octobre/6
novembre 1890.
Elle
fut enterrée près de l’autel dans la partie Sud-Est de l’Eglise de la
Protection de la Mère de Dieu (Pokrov) et des pannikhides sont souvent faites
sur sa tombe. Il est très difficile d’amener les possédés à sa tombe ou à sa
cellule (id est les démons résistent !)
La
veille du 40ème jour après sa mort, la bienheureuse Evdokia apparut
dans son sommeil à une moniale et lui dit qu’elle avait trouvé grâce auprès du
Seigneur. Elle était entièrement et merveilleusement belle, et son visage brillait
d’une joie céleste. Quand la moniale lui demanda ses prières, la bienheureuse
dit: "Parce que tu as agi après ma mort comme une mère, je ne t’abandonnerai
pas." Et elle ajouta, "Toi, efforce-toi de lutter. Dans l’église,
tiens-toi toujours avec crainte, souviens-toi que c’est là la maison de Dieu;
et la nuit, lève-toi pour prier!"
Sainte staritza Evdokia, prie Dieu pour nous!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Ascetic Strugglers of Piety
Volume II
(original Russian Strugglers for Piety
of the 18th and 19th centuries
October Volume, Moscou 1909 [en russe])
Saint Païsius Orthodox Women Monastery
Safford, Arizona
USA
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