Entretien avec Camille, jeune bénévole :
« Revenir du Kosovo et témoigner de la persécution
des Chrétiens en Europe »
La
première fois qu’elle entendait parler de Solidarité Kosovo c’était « sur les
bancs de la fac». Trois ans après, c’est une bénévole aguerrie qui revient de
son premier convoi humanitaire. Entretien avec Camille, jeune lyonnaise de 22
ans, étudiante en droit et bénévole chez Solidarité Kosovo.
Solidarité
Kosovo : Camille, il y a trois semaines de cela, tu distribuais de l’aide
humanitaire dans les enclaves chrétiennes du Kosovo-Métochie. Comment as-tu
vécu cette première mission sur le terrain?
Camille
: Lorsque j’ai appris que je faisais partie de l’équipe des huit
bénévoles du convoi de Noël 2013, j’ai d’abord vécu cette nouvelle comme une
récompense. Partir avec Solidarité Kosovo sur le terrain cela signifiait
rencontrer les Serbes du Kosovo en faveur desquels j’avais dédié une bonne
partie de mon temps libre depuis trois ans.
Je me
rappelle qu’à la veille du départ, j’étais très impatiente et en même temps je
ressentais une certaine appréhension. Étais-je suffisamment préparée? Avec le
recul, je sais aujourd’hui que la réponse est définitivement «non». Plonger
dans la réalité du quotidien des Chrétiens du Kosovo, ce fut un véritable choc.
L’ostracisme
forcé des familles serbes condamnées à vivre dans un dénuement total et dans
l’attente angoissante des prochaines persécutions qu’elles subiront … ici
ce ne sont que des mots, là-bas c’est toute la réalité de leurs vies !
Ce qui
m’a beaucoup ému c’est le contraste qu’il existe entre une detresse palpable et
la dignité dont ces familles font preuve. J’ai fait de nombreuses rencontres
dans les douze enclaves serbes visitées. Au cours de nos distributions
humanitaires, nous avons entendu les temoignages de mères de famille, de jeunes
garçons, d’aînés… tous ont enduré beaucoup de souffrances pour être
restés au Kosovo et pour avoir été fidèles à leur foi. Malgré leurs conditions
de vie lugubres, les Chrétiens du Kosovo sont dignes. Seul l’espoir n’a pas pu
leur être pris.
Finalement
moi qui au départ vivais ce convoi humanitaire comme l’aboutissement d’un
travail de bénévolat, je suis revenue en France avec encore plus d’ardeur ! Les
besoins restent immenses pour ceux qui, en plein cœur de l’Europe, sont
persécutés pour leur foi.
Camille remet un cadeau à une petite fille de l'enclave de Banja
- Convoi de Noël 2013
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Solidarité Kosovo :
Justement, quels ont été les premiers moteurs de ton engagement ?
Camille : Je
suis issue d’une famille russe de la première émigration. Le monde slave a
toujours fait partie de mes centres d’intérêts. Connaissant mon attachement
pour ce domaine, une amie m’a parlé de l’exposition de dessins d’enfants Serbes
du Kosovo qui avait eu lieu en 2008 au Centre Culturel russe de Paris. Cette
exposition avait été rendue possible grâce au dévouement d’une association
française : Solidarité Kosovo. Intriguée, je me suis intéressée à son activité
humanitaire et j’ai découvert avec effroi que le Kosovo-Métochie était devenu
le foyer de la persécution des Chrétiens en Europe. Une persécution occultée
par le monde occidental qui les a abandonnés à leur sort. Émue par leurs
conditions de vie, j’ai voulu faire partie de ces Français qui ne les ont pas
oubliés.
Au monastère de Draganac, Camille et les bénévoles de Solidarité
Kosovo ont été reçus par le Père Ilarion - Convoi de Noël 2013
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Solidarité
Kosovo: Tu as évoqué l’espoir des Serbes du Kosovo, comment se manifeste-t-il
sur place ?
Camille
: Par la foi particulièrement. Au Kosovo, l’Église est une
institution pilier dans la vie des Serbes. Je garde en mémoire ces
prêtres que nous avons rencontrés et qui portent sur leurs épaules le poids de
la souffrance de leur population opprimée, qui connaissent chaque personne de
chaque famille et dont les yeux débordent d’amour et de prières. Notre passage
dans les monastères de Draganac et Visoki Decani a également été une expérience
spirituelle bouleversante. Là-bas, l’austérité régnait sous la chape paisible
d’une prière continue et intense, comme si ces moines étaient les derniers
gardiens de ces martyrs, implorant le Seigneur jour et nuit de les protéger.
L’Église de par son organisation, sa connaissance des besoins et son
rayonnement est un partenaire de choix dans la réalisation de projets
humanitaires engagés par Solidarité Kosovo. Le succès des précédents chantiers
l’illustre bien.
Dans l'enclave de Banja - Convoi de Noël 2013
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Solidarité
Kosovo : Pour conclure, as-tu une anecdote à raconter au sujet du convoi
humanitaire de cet hiver?
Camille
: Oui, peut-être une situation un peu plus « légère » et totalement
inattendue.
Même
si la Russie et la Serbie sont liées par des relations que leurs peuples
qualifient de fraternelles, je ne m’attendais tout de même pas à faire la
rencontre d’une journaliste russe au cours de mon séjour au Kosovo.
Imaginez,
c’était le 31 décembre 2013, j’étais aux côtés de sept autres bénévoles de
Solidarité Kosovo en train de décharger au pied d’une église en Métochie une
partie des 30m3 d’aide convoyée, lorsque je fus interviewée pour le site
orthodoxe «Pravoslavie.ru» au sujet de notre action
humanitaire et tout ceci en russe !
C’était
une rencontre de bon augure qui réalisera, je l’espère, mon vœu pour 2014 :
revenir au Kosovo-Métochie en 2014 les bras chargés d’une aide humanitaire
encore plus volumineuse!
En Métochie, bénévoles et enfants de l'enclave posent ensemble à
l'issue de la distribution humanitaire. En haut à gauche, Camille.
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Contact presse: Ivana GAJIC - 06 65 51 10 31 - contact@solidarite-kosovo.org
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