"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 26 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (14)



Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver


Patriarch Alexiy II and Bishop Basil (Rodzyanko)
Vladyka Basile avec le Patriarche Alexis II

De quoi puis-je encore me souvenir à propos de l'évêque? D'une certaine manière, chacune de ses visites coïncidait toujours avec un événement extraordinaire: l'anniversaire de mille ans de la conversion de la Russie au christianisme, la venue du Feu Sacré de Jérusalem en Russie pour la première fois, le premier office commémoratif pour la famille impériale martyrisée, le premier programme religieux sur la chaîne de télévision centrale. Mais, comme l'évêque lui-même se plaisait à le dire: "Dès que je cesse de prier, les coïncidences étonnantes cessent d'arriver"
La visite de l'évêque de Moscou durant l'été de 1991 n'a pas fait exception. Il était venu dans le cadre d'une importante délégation des États-Unis assister à la première réunion mondiale des communautés russophones. Les représentants de la communauté émigrée russe de nombreux pays et de toutes obédiences politiques différentes avaient été officiellement invités à Moscou pour la première fois. Le gouvernement avait prévu cette rencontre pour marquer une nouvelle étape dans le développement de la Russie post-communiste.
Un grand nombre de personnes arrivèrent. Il y avait divers émigrés qui avaient toujours décidé de ne rien avoir du tout à voir avec l'Union soviétique. Il y avait des soi-disant «gardes blancs» qui ne croyaient jamais que quoi que ce soit de bon, serait susceptible de sortir de la terre des Soviétiques, et il y avait même certains représentants de l'armée russe de libération de Vlassov, célèbre pour s'être allié avec Hitler contre l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale, et impitoyablement punis pour cela après la guerre. Comment quelqu'un avait convaincu ces gens d'assister à cette rencontre, reste un mystère pour moi! Peut-être que, malgré tout, leur patrie leur manquait vraiment.
L'Hôtel Intourist était complet à craquer. Diverses émigrés et leurs familles erraient autour de Moscou, en regardant la ville et les visages des gens. Ils étaient tous dans l'étonnement de voir comment tout le monde était intéressé à les rencontrer. Ce qui les étonnait encore plus étaient les grands espoirs, dans certains cas, ceux-ci s'élevant au niveau de fantasmes débridés, avec lesquels ils étaient reçus. A l'époque il n'y avait pas de pénurie d'âmes de bonnes intentions qui croyaient vraiment dans le mythe que "nous serons aidés de l'étranger." Sur ce point, je tiens à dire que si quelqu'un, au nom de la communauté émigrée russe a vraiment contribué à la renaissance spirituelle de Russie, non seulement en paroles mais en actes, c'est Basile l'évêque en retraite toujours modeste, ainsi que plusieurs ouvriers de la communauté des émigrés infatigables -évêques, prêtres et laïcs.
L'événement principal de la première réunion mondiale des communautés russophones fut la Divine Liturgie dans la cathédrale de la Dormition au Kremlin de Moscou. Après de longues décennies où l'office de la Divine Liturgie dans les cathédrales du Kremlin avait été interdit, un service fut organisé et présidé par Sa Sainteté le Patriarche Alexis II. Vladyka Basile assista également le patriarche lors de ces services. Malheureusement, une semaine avant de s'envoler pour Moscou, il s'était cassé la jambe dans sa maison de Washington. Mais il ne pouvait pas manquer un tel événement, et ainsi, avec sa jambe dans le plâtre, et sautillant bizarrement sur des béquilles, il tint debout pendant l'ensemble du service, ainsi que durant tous les événements, à peine capable de rattraper la foule d'émigrés russes qui se déplaçait d'un endroit à l'autre.
Puis, tôt le matin du 19 Août 1991, jour de la Transfiguration de Notre-Seigneur, les autobus bondés de plusieurs dizaines d'émigrés russes de tous les continents partirent de l'Hôtel Intourist. Ces bus amenaient les touristes à la Tour Kutafyev du Kremlin. Avec des larmes dans les yeux, croyant à peine ce qui se passait, ils traversèrent les portes du Kremlin pour aller à la cathédrale de la Dormition, où Sa Sainteté le Patriarche Alexis II avec tous ses évêques (y compris l'évêque Basile, clopinant sur des béquilles) commença la Divine Liturgie.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

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