"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 28 octobre 2009

Un saint Fol-en-Christ au cœur d'Athènes (7)


Qui était le fou finalement? Lui, ou nous?

"Pandelis, je vais vous dire une chose: après avoir lu la lettre, je me suis demandé qui était fou - lui, ou nous tous? Nous allons parler du reste, le moment venu, ne vous inquiétez pas", a dit Monsieur Anastase. Mais les nouvelles au sujet de la lettre se propagèrent de bouche en bouche, dans tout le quartier. Et comme il fallait s'y attendre, elle avait soulevé la curiosité de tout un chacun.

Ainsi, le samedi matin, le temple sacré de la paroisse fut rempli d'une telle foule nombreuse que le prêtre était perplexe. "C'est la première fois que je vois tant de gens à un service commémoratif" a-t-il dit à l'oreille du sacristain. Mais ce dernier répondit:

"Le fou - Jean le Fou - les a rassemblés, Père!"

"Mais je peux voir aussi des étrangers dans la foule. Ils doivent avoir été ses parents," se dit-il, comme il se dirigeait vers l'autel saint.

Père Vassily avait été en poste dans cette paroisse pendant 28 ans et il connaissait très bien la plupart des paroissiens. Le jeune Dimitri qui aidait dans le sanctuaire avec son frère Paul, dit au père Vassily que Monsieur Anastase demandait son autorisation (si cela était possible) de dire quelques mots après le trisaghion.

"Volontiers, avec plaisir, mon petit Dimitri. Laisse Monsieur Anastase parler," dit-il en hochant la tête affirmativement, en regardant vers le podium où Monsieur Anastase était debout. Comme il l'avoua lui-même plus tard à Monsieur Anastase, il était aussi curieux de connaître la raison pour laquelle l'Église était remplie comme si c'était un dimanche.

Ainsi, vers la fin, et avant les prières de clôture, le père Vassily servit le trisaghion. La congrégation entière pleurait à l'énoncé des paroles "Seigneur, donne le repos à l'âme de ton serviteur défunt Jean..." que Père Vassily chantait. Puis il fit un signe à Monsieur Anastase d'approcher et de dire ce qu'il voulait.

Celui-ci se tint près de l'entrée du sanctuaire et dit:

"Révérend père Vassily, vous devez vous demander quelle était la raison de ce rassemblement béni. Vous devez vous demander pourquoi tout le quartier, mais aussi d'autres chrétiens, qui ne sont pas d'ici, sont venus pour honorer la mémoire de notre frère Jean, qui était connu de nous tous comme "Jean le Fou". Même les propriétaires de magasins ont laissé leurs boutiques fermées, afin de venir à l'église depuis tôt ce matin, pour participer au service divin, et pas seulement pour le service commémoratif du trisaghion - comme beaucoup de gens ont l'habitude de le faire à tort...

Aujourd'hui, Père Vassily, nous nous sommes réunis ici pour honorer un saint, un homme humble que le Seigneur avait abondamment béni d'un esprit saint. Un homme tout comme nous, qui cachait sous l'apparence d'un fou toutes les vertus que le Christ lui avait offertes. Jean était "un Fol-en- Christ", qui prenait soin de son prochain jour et nuit, de façon désintéressée. Il abordait chaque personne avec amour. Il a supervisé le quartier comme un évêque et un gardien de notre orthodoxie et a ramené les âmes - avec sa folie supposée - à notre Seigneur Jésus-Christ presque complètement oublié aujourd'hui.

Beaucoup d'entre nous ont de la chance, parce que nous avons été bénis assez indignement de rencontrer et d'apprendre à connaître un saint de Dieu dans notre vie quotidienne. Mes mots sont trop pauvres pour décrire correctement la vie de notre frère Jean. En fait, je me considère comme indigne, après avoir lu la lettre qui avait été envoyée par le défunt, et que j'ai reçue le lendemain de sa mort, .

Comme il l'a mentionné dans sa lettre, Jean avait été informé d'un événement miraculeux par le Baptiste Bienheureux une semaine avant son décès, afin de se préparer à sa sortie de ce monde. Pour autant que je sache, il n'était atteint d'aucune maladie, et personne n'avait non plus rien soupçonné dans ses comportements. Au contraire, dans les derniers jours de sa vie, il a pris ses dispositions pour laisser un bien important pour notre quartier. Il a pris des dispositions pour nous tous.

Dans sa lettre, Jean donne des conseils et des exhortations à chacune et à chacun de nous par son nom, personnellement,nous disant que nous devons rester fidèles au Christ et étudier la justice de Dieu. Je vais vous lire la lettre dans le détail ", a déclaré Monsieur Anastase, et il tira la lettre de la poche de son manteau. Toutefois, il fut accablé par ses larmes et incapable de dire un mot. Les larmes vinrent également aux yeux de tout le monde.

Père Vassily est alors intervenu en disant:

"Chers chrétiens. Je connais le défunt depuis plus de quarante ans. Mais, peut-être à cause de mon péché, je n'ai pas été en mesure de voir la sainteté de Jean. En entendant Monsieur Anastase plus tôt, certains événements me sont venus à l'esprit, avec Jean le Fou comme personnage principal. Ce n'est que maintenant que je comprends ces événements et que je peux les percevoir comme des actes miraculeux.

Je me souviens qu'un dimanche matin au lever du jour quand j'ai ouvert le temple j'ai trouvé Jean le Fou agenouillé devant l'icône du Christ.

"Comment es-tu entré, espèce de fou?" Lui ai-je demandé.

"Eh bien, cher Père, hier soir, pendant les vêpres j'ai complètement perdu la notion du temps et le sacristain m'a enfermé à l'intérieur!"

"Et quel était le soliloque que tu murmurais devant l'icône du Christ?" lui ai-je demandé.

"Père, je chantais juste une chanson, pour passer le temps," répondit-il.

"Sois plus prudent, car la prochaine fois je vais appeler la police." Je dois avouer que je l'ai réprimandé sévèrement... "Mon Dieu, pardonne-moi ..." a murmuré Père Vassily. "Je réalise seulement pourquoi son visage brillait comme le .... soleil. Et il alla prendre sa place habituelle à côté de l'entrée principale de l'église comme il le faisait toujours, s'asseyant et priant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Aucun commentaire: