Village de Kalogrea, fresque du Jugement Dernier
Avant l'occupation turque
Après
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Article du Washington Post
"Les objets religieux sur l'île divisée de Chypre sont en grand danger", selon un document étasunien de la Commission Helsinki qui sera publié mardi après-midi.
Des milliers d'icônes orthodoxes, des manuscrits, des fresques et des mosaïques ont été pillés dans des églises, des chapelles et des monastères dans le nord de Chypre, pour se retrouver dans des ventes aux enchères, dit le document, résultat d'une longue enquête de la Commission d'Helsinki et intitulé «Destruction du patrimoine culturel de la partie nord de Chypre et violations du droit international. "
Une copie du document de 50 pages a été fournie au Washington Times avant sa sortie et le point de presse mardi et la table ronde à Capitol Hill.
Les invités comprendront Haralampos Tchotzakoglou, professeur d'art byzantin et d'archéologie à la Hellenic Open University, à Patras, en Grèce, l'historien d'art allemand Klaus Gallas, qui est un spécialiste international de la contrebande des objets d'art, et Michael Jansen, auteur de "Guerre et patrimoine culturel: Chypre après l'invasion turque de 1974."
La plupart des objets endommagés appartiennent à l'Eglise orthodoxe de Chypre, l'un des plus vieilles parmi les églises nationales orthodoxes du monde, le reste appartenant à des catholiques, à des orthodoxes arméniens, à des maronites et à des groupes juifs.
Trente-cinq ans d'occupation du nord de Chypre par les forces turques ont dévasté "une multitude de sites archéologiques et religieux», dit le rapport, qui ajoute que l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) documente la destruction depuis 1984.
Selon le rapport:
• 500 églises ou chapelles orthodoxes ont été pillées, détruites ou saccagées.
• 133 églises, chapelles et monastères ont été profanés.
•15.000 peintures ont disparu.
• 77 églises ont été transformées en mosquées, 28 sont utilisés par les militaires turcs comme hôpitaux ou comme camps, et 13 ont été transformées en étables.
Un membre du personnel de la Commission Helsinki a déclaré qu'une copie du rapport a été envoyée à l'ambassade de Turquie à Washington, mais un porte-parole de l'ambassade a dit qu'elle n'avait pas été reçue.
"C'est une présentation d'un seul côté des choses", a déclaré le porte-parole de l'ambassade, qui a demandé à rester non identifié, car il n'était pas autorisé à faire des remarques sur le dossier.
"Il n'y a pas de contribution de la partie turque. Ce n'est pas par hasard si le rapport sort cette semaine parce que c'est le 35e anniversaire de l'intervention de la Turquie. La Turquie respecte tous les patrimoines culturels", a déclaré le porte-parole.
Le porte-parole de l'ambassade de Turquie a signalé que le 28 novembre 2001, une lettre de Tahsin Ertuğruloğlu, ministre des Affaires Etrangères de la "République turque de Chypre-Nord" autoproclamée, a déclaré que les Chypriotes grecs avaient détruits des sanctuaires musulmans et des mosquées dans 103 villages entre 1963 et 1974.
Le rapport de la Commission Helsinki des États-Unis, qui veille au respect des accords entre les membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a inclus cette affirmation de la Turquie. Mais le rapport a également ajouté que Chypre, qui exerce un contrôle effectif sur les deux-tiers sud de l'île, a dépensé environ 600.000 dollars depuis l'année 2000 pour rénover 17 mosquées historiques.
Selon le rapport, les 77 églises transformées en mosquées ont des textes du Coran inscrits là où il y avait jadis des icônes et des peintures; le monastère de Sainte-Anastasie est aujourd'hui un hôtel avec une piscine et un casino, et le monastère de l'époque byzantine d'Antiphonitis a vu ses icônes et peintures murales enlevées et vendues à des marchands d'œuvres d'art.
Jerome Bowers, professeur d'histoire à la Northern Illinois University qui vient de rentrer d'un séjour d'étude à Chypre, a déclaré dans un courriel que si les objets grecs orthodoxes à Chypre-Nord ont été endommagés, les biens volés ont été sortis clandestinement de Chypre, principalement par l'intermédiaire de la partie sud de l'île.
"On ne peut nier le fait que la destruction des objets culturels religieux dans le sud du pays a également eu lieu», écrit-il. "A Paphos, par exemple, la Camii cedit [mosquée] a été non seulement détruite, mais elle a été remplacée par un parc de stationnement, et la place entourant le lieu est maintenant appelé Place du 9 Mars, date de la destruction de la mosquée."
L'église chrétienne a des racines anciennes à Chypre. Visitée en l'an 45 par l'apôtre Paul avec ses collaborateurs Barnabé et Marc (cf Actes 13:4-12), elle a été administrée par les empereurs byzantins pendant des centaines d'années. C'est à cette époque que la grande majorité des églises ont été construites dans la région et décorés avec des fresques aux couleurs vives et des mosaïques.
En 1571, l'île tomba sous le contrôle des Turcs ottomans, et en 1878, les Britanniques les ont remplacés. Les autochtones chypriotes sont divisés en deux camps: 80 pour cent sont de langue grecque et 18 pour cent sont des Turcs, avec les 2 pour cent répartis entre les Arméniens, les Maronites et les catholiques de rite latin.
Selon le rapport, le gouvernement grec, avec l'aide des forces armées chypriotes, a destitué l'archevêque Makarios, premier président démocratiquement élu de l'île, le 15 Juillet, 1974.
La Turquie a envahi l'île cinq jours plus tard, en prenant plus de 37 pour cent du nord de Chypre, officiellement pour protéger les habitants de langue turque. Plusieurs années plus tard, la République turque de Chypre-Nord a été créée, même si aucun pays dans le monde, à part la Turquie ne la reconnaît. La République de Chypre gouvernée par les Chypriotes grecs déclare être l'unique gouvernement légitime de l'ensemble de l'île, revendication que tous les pays du monde acceptent à l'exception de la Turquie .
Le rapport dit qu'il y a 660.000 Chypriotes grecs qui vivent dans la partie sud de l'île, 89.000 locuteurs turcs dans le nord et 43.000 soldats turcs agissant comme une force d'occupation.
Hilmi Akil, le représentant à Washington pour la République turque de Chypre-Nord, a rejeté le rapport de la Commission d'Helsinki comme "un exercice de propagande", ajoutant que les Chypriotes turcs et les dirigeants chypriotes grecs ont récemment convenu de mettre en place un comité conjoint sur les questions de patrimoine culturel.
"Le vol d'objets d'art a lieu partout, y compris dans le sud de Chypre", a-t-il dit. "Ce à quoi que nous nous opposons est la destruction, ce qui s'est passé des deux côtés de l'île, et qui est présenté comme quelque chose que seuls les Chypriotes turcs ont fait."
Source: The Washington Post 21 Juillet 2009
Version française Claude Lopez-Ginisty
( Merci à Philippe C. de m'avoir signalé cet article!)
Un autre aspect des choses mérite toute notre attention: nous reprenons avec quelques corrections stylistiques le texte du comité grec en charge des personnes disparues à Chypre:
Le texte est fourni par le Comité Panchypriote des parents et des parents des prisonniers de guerre non déclarés et des personnes portées disparues.
En été 1974, les troupes militaires Turques ont envahi et ont occupé plus d'un tiers du territoire de la République de la Chypre. Depuis, ceux qui ont vécu la destruction de leur vie et de leurs maisons et autres biens, ont commencé le douloureux processus de reconstruction de leurs vies brisées. Mais pour nous, les pères, les mères, les frères, les soeurs et les enfants des disparus, le passage du temps a agrandi, plutôt que guéri, les blessures ouvertes par l'invasion Turque.
Il y a aujourd'hui 1619 personnes disparues, nos parents. Ce nombre inclut non seulement des soldats, mais également un grand nombre de civils et parmi eux les femmes et les enfants, qui ont disparu suite aux conséquences de l'invasion Turque en Chypre, en 1974. Ces Chypriotes grecs, portés disparus, ont été arrêtés par l'armée Turque et/ou par les Turco-Chypriotes sous les ordres et le commandement des forces armées de la Turquie. Un certain nombre parmi eux, et ultérieurement à leur arrestation, ont été transportés en Turquie et ils sont gardés comme prisonniers de droit commun dans les prisons Turques. Depuis 1974, en dépit de nos appels au gouvernement Turc et à d'autres organismes internationaux, et contrairement aux conventions du droit international et des droits de l'homme, la Turquie refuse de nous fournir des informations sur le destin de nos proches et au contraire il insiste sur le fait qu'il ignore tout à propos des disparus et nie l'existence des prisonniers en déclarant, en outre, qu'aucune personne chypriote grecque n'est tenue prisonnière.
Cependant, ces contestations de la Turquie ne sont pas fondées sur des faits. Lors des discussions en présence des représentants des nations Unies et de la Croix Rouge Internationale et ceci aux rares occasions de voir la Turquie contrainte de recevoir la visite inattendue sur place de ces représentants, où conformément aux informations des Chypriotes grecs, plusieurs chypriotes grecs sont trouvés prisonniers dans la zone occupée par les turcs. Les personnes suivantes ont été trouvées après cette visite, le 20 novembre 1974.
(a) George Kaiser de Kyrenia
(b) Michael Frangopoulos de Bellapais
(c) Michael Ponticou de Morphou
(d) Cleanthis Charalambous de Lakatamia
(e) Andreas Katsouris de Stylli, Famagusta
Dans des circonstances similaires, ont été trouvés le 7 août 1975, Charalambos Moschovias d'Achna et de Stelios Gregorakis de Aghia-Trias. Enfin, le 25 octobre 1976, Lambros Plitsis de Larissa (Grèce ), a été également trouvé.
Sans aucun doute, il est d'une évidence indiscutable que les personnes disparues étaient vivantes et en bonne forme au moment de leur arrestation par l'armée turque. Cette évidence se fonde sur les faits suivants:
Les témoins oculaires à l'appui des témoignages sous serment déclarent qu'un grand nombre de personnes aujourd'hui encore portées disparues ont été arrêtées par l'armée turque après la cessation des hostilités, et qu'on peut les voir en captivité dans les prisons turques du continent ou dans d'autres centres de rétention dans la région occupée de Chypre.
Des photos de la presse turque, d'une évidence incontestable, montrent des personnes disparues, clairement identifiées, sous la garde de Turcs aussi bien dans les prisons turques à Chypre et sur le continent en Turquie.
En 1975, Amnestie Internationale, organisation de Droits de l'Homme, s'est présentée au gouvernement turc avec une liste de 40 personnes disparues au sujet desquelles elle a soutenu l'évidence de leur présence dans des prisons Turques sur le continent. Aucune réponse aux demandes de l'Amnestie Internationale que le gouvernement turc a toujours reçu, n'a été enregistrée. La Turquie rejette constamment les efforts des organisations humanitaires, et des tentatives en bloc de la communauté internationale pour effectuer des recherches sur le sort des disparus. Bien qu'un comité pour les personnes disparues ait été installé sous les auspices des Nations Unies en 1981, le gouvernement turc n'y est pas représenté et ne participe pas à ces démarches. Il n'est pas étonnant donc, que ce Comité, après tant d'années d'investigations, n'a même pas réussi à déterminer le sort d'une seule personne disparue et donc d'en informer la famille concernée en conséquence.
Celles-ci ont été prises en compte par le secrétaire général des Nations Unies, qui dans un effort de rendre le Comité efficace, suggère aux deux parties de lui soumettre tous les cas recensés afin de les grouper et de continuer des investigations d'une façon bien plus systématique. Il a été également nécessaire de poursuivre des consultations de pression pour la prise en compte des critères de consensus de façon à ce que des décisions soient prises après les investigations.
Ces suggestions font partie du compte rendu S/26777 du Conseil de sécurité de novembre. Les parents des disparus apprécient et soutiennent chaleureusement l'initiative du secrétaire général. Par ailleurs ils espèrent que des progrès seront bientôt réalisés, et que l'information nécessaire de persuasion sera présentée, pour permettre la pleine détermination du destin de toutes les personnes disparues à Chypre.
Il serait en effet très décevant que le côté turc ne réponde pas à cette initiative importante du secrétaire général avec un nouvel esprit, et n'abandonne pas sa stratégie qui consiste à ignorer les éléments présentés au sujet du destin des disparus, niant au contraire, par un exercice de dissimulation, basé sur des démarches présumées récapitulatives.
Le gouvernement Turc dans son refus de reconnaître ses obligations de rendre des comptes sur le destin de Chypriotes grecs maintenus an captivité est coupable d'un de plus odieux crimes contre l'humanité, celui de la disparition forcée ; un tel crime est reconnu au niveau international et il n'est pas assujetti aux limites du temps. Le rapport Verde, qui a été soumis en Septembre 1984 à l'assemblée parlémentaire du Conseil de l'Europe statue :
"Enforced disappearance is one of the most serious violations of the human rights safeguarded by international instruments: it infringes virtually on all the victims' personal rights and many of the rights of their families. The violations... cannot be justified by special circumstances, whether armed conflict, state of emergency or internal unrest or tension."
[L'enlèvement par la force est une des plus sérieuses violations des droits humains protégés par les instances internationales: elle interfère virtuellement tous les droits personnels des victimes et de nombreux droits de leurs familles. Les violations...ne peuvent pas être justifiées par des circonstances extradordinaires, qu'il s'agisse de conflit armé, d'état d'urgence ou de trouble ou tension internes]
Ce crime qui est en cours, est une atteinte à la réputation internationale de la Turquie. Plus encore, c'est un crime qui perpétue les souffrances des disparus et de leur familles., un crime qui constitue la violation la plus flagrante des droits les plus fondamentaux des disparus et de leur familles.
La dernière manifestation de l'intérêt porté en ce sens par le Congrès américain concernant les personnes disparues depuis 1974, est la bienvenue. Le président Clinton en octobre 1994 a signé sous la référence P.L.103-372 de la législation du Congrès, une loi qui "mandate l'administration pour mener une enquête... à propos de cinq citoyens américains disparus á Chypre depuis 1974." L'exécution rapide et efficace de cette loi est due uniquement à ce qui est arrivé aux cinq Chypriotes de nationalité américaine et qui s'est terminé par leur retour dans leur famille, "y compris le retour des ossements de ceux qui n'étaient plus en vie." De plus, " ... la législation exige que toute information, apprise ou découverte, concernant d'autres disparus à Chypre, doit être rapportée.
Notre seule et unique demande est une demande profondément humaine. C'est la simple demande de restauration du respect sur la base des droits fondamentaux, ceux des personnes portés disparues et les nôtres. EST-CE TROP DEMANDER ?
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