Tropaire: Ton 5
Ô fidèles, honorons le martyr du Christ,
Le prêtre de l'Eglise d'Antioche,
Qui a baptisé la terre, les églises,
et le peuple de la Syrie,
Dans la parole du Seigneur,
Dans son sang et dans
le sang de ses compagnons.
Etant baptisé, depuis sa jeunesse,
par la lumière de l'Evangile,
Il a travaillé, enseigné
Et gardé l'Église du Christ avec ses brebis.
C'est pourquoi, ô Joseph Damascène,
Sois notre exemple et notre protecteur
Et notre fervent intercesseur auprès du Sauveur
Introduction
Le nom du hiéromartyr est Joseph, fils de Moïse, fils de George Mouhana Al-Haddad, connu comme le Père Joseph Mouhana Al-Haddad. D'habitude, il prend plaisir à se présenter comme une personne dont l'origine est de Beyrouth, mais sa patrie est Damas, et sa foi est orthodoxe. Son père a quitté Beyrouth dans le dernier quart du 18e siècle, il s'est établi à Damas, où il travaillait le tissage, se maria et engendra trois fils: Moïse, Abraham et Joseph. L'origine de sa famille remonte aux Ghassanides - ses ancêtres sont partis vers le village libanais d'Al-Firzul au 16ème siècle, et de là à Biskinta, au Mont-Liban, puis à Beyrouth.
Ses biographes décrivent Joseph comme un prêtre de taille moyenne, au teint blanc, d'apparence digne, avec un grand front, des yeux vifs et intelligents, et une barbe touffue, dans laquelle les poils gris se sont éparpillés en lignes, jusqu'à ce qu'ils ressemblent aux rayons du soleil au lever du jour.
Sa naissance et sa jeunesse
Il est né en mai 1793, dans une famille pauvre mais pieuse. À un âge précoce, il a obtenu une certaine éducation, donc il avait une certaine connaissance de l'arabe, et d'un peu de grec. N'ayant pas les moyens de payer sa scolarité, son père a décidé de mettre un terme à ses études pour le mettre à travailler dans l'industrie de la soie. Son désir de savoir, cependant, n'a pas été éteint par la pauvreté et la misère, il a donc décidé de trouver une solution. Il a commencé à travailler toute la journée et de s'éduquer dans la nuit - la nécessité en fit une personne qui se fit toute seule. Très probablement, Moïse, son frère aîné, qui était un écrivain bien instruit et une personne connaissant bien la langue arabe, le poussa à un tel désir vers la connaissance. Moïse avait une petite bibliothèque à la maison, avec laquelle Joseph entreprit l'étude, mais, malheureusement, Moïse quitta cette vie à l'âge de 25 ans, il est dit qu'il est mort parce qu'il se surmena dans l'étude. Cette épreuve a eu un impact ambivalent sur les parents de Joseph concernant le désir ardent de Joseph [d'étudier avec] des livres. Le flambeau de la connaissance, cependant, a continué à brûler dans le cœur de Joseph.
Atteignant l'âge de 14 ans, le jeune homme a commencé à lire les livres de son frère, mais il était frustré parce qu'il ne pouvait comprendre seulement une petite partie de ce qu'il lisait. N'y parvenant pas, il ne se découragea pas, et sa détermination augmenta considérablement. Sa question était: "L'auteur de ces livres n'était-ce pas un être humain comme moi, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à les comprendre?! Je devrais en saisir le sens."
Puis, il a étudié avec un vieillard musulman damascène, Mouhamad Al-Attar, qui fut l'un des plus grands érudits de son époque, il apprit de lui l'arabe, la logique, l'art du débat et le raisonnement droit. Il a alors interrompu ses études, cependant, parce que le coût de l'écolage et des livres étaient un fardeau trop pesant pour son père, il fut obligé de revenir à son style de vie ancien: travailler toute la journée, et s'éduquer lui-même pendant la nuit.
À ce stade, il est important de mentionner que la scolarité était alors associée à la spiritualité et la théologie. Nous ne devons pas oublier que la Bible était le livre le plus important. Joseph consacrait sa soirée de tout coeur à étudier la Torah, les Psaumes et le Nouveau Testament, en comparant le texte grec de la Septante à la traduction en arabe, jusqu'à ce qu'il atteigne le maîtrise de la traduction de et vers le grec. Ses connaissances ne se limitaient pas à la langue grecque, mais il fut capable de mémoriser une très grande partie de la Bible. Il persista, avec grande avidité, à saisir toutes les occasions possibles pour avoir plus d'éducation. Joseph étudia la théologie et l'histoire sous M. George Sabagh Chahadeh. Il a ensuite commencé à enseigner à son domicile, il a appris l'hébreu avec l'un de ses étudiants juifs.
Son effort tenace suscita la crainte de ses parents, alors ils essayèrent de le dissuader de l'apprentissage et de l'enseignement, de peur qu'il subisse le même sort de son frère. Ayant échoué dans leurs efforts, ils essayèrent une autre stratégie: On le donna en mariage à une jeune femme damascène dont le nom était Mariam Al-Kourshi, alors qu'il n'était encore âgé que de 19 ans (1812). Le mariage, cependant, ne put le détourner de sa quête de connaissance; sa biographie nous apprend que, même la nuit de ses noces, il continua à lire et étudier.
Joseph comme archiprêtre
Prenant conscience de sa réputation honorable, la paroisse demanda au Patriarche Séraphin (1813-1823) de Damas de l'ordonner pour qu'il soit leur pasteur. Comme le patriarche avait une grande admiration pour lui, il l'ordonna diacre, puis prêtre en une semaine alors qu'il n'avait encore que 24 ans (1817). Lorsque son successeur, le patriarche Méthodios (1824-1850), fit la connaissance de sa ferveur, de sa piété, de ses connaissances et de son intrépidité, il l'éleva au rang d'archiprêtre, et lui donna le titre de Grand Économe. Prenant un grand intérêt à la prédication pendant de nombreuses années à la chaire de la cathédrale patriarcale (Al-Mariameih), il obtint d'excellents résultats dans sa prédication. Certaines personnes le considéraient comme le successeur de saint Jean Chrysostome: Naaman Kasatly fit son éloge dans son livre Le Jardin Luxuriant, comme un prédicateur créatif.
À la fin du 19ème siècle, c'est-à-dire, 39 ans après sa mort, Amin Kairala mentionna dans son livre: La Fragrante Odeur que les personnes âgées répétaient encore certains de ses sermons. L'écho de ses sermons étaient encore sensible jusques au début du 20e siècle; Habib Al-Zaiat, écrivain melkite, mentionna qu'il était connu chez les orthodoxes arabes par sa connaissance et sa prédication.
Dans ses sermons, il s'est distingué par ses preuves et ses réponses convaincantes et irréfutables. Selon Issa Al-Iskander Maloouf, il avait une voix calme qui pouvait être entendue de loin. Les gens écoutaient ses paroles, avec avidité et joie et mettaient en pratique ses conseils et gardaient ses commandements.
Parallèlement à ses sermons, il agissait avec diligence, réconfortant les cœurs brisés, consolant ceux qui étaient frappés par l'épreuve, aidant les plus démunis et donnant de la force aux faibles. En 1848, lors de la propagation de la fièvre jaune à Damas, le père Joseph manifesta une grande ferveur dans le ministère auprès des malades et pour enterrer les morts, sans être troublé par la possibilité de contracter cette fièvre contagieuse, parce qu'il avait une foi profonde en Dieu. Bien qu'il ait perdu l'un de ses enfants par cette maladie contagieuse, il était infatigable à faire son devoir pastoral. Sa ferveur, sa fermeté et sa compassion augmentèrent. Il était très respecté par le peuple de Damas, qui voyait en lui l'image de saint Paul qui dit: "Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité; dans la détresse, mais non dans le désespoir; persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps." (2 Corinthiens 4:8-10).
Parmi ses multiples efforts, il réussit à détourner le peuple loin de nombreuses traditions non-orthodoxes concernant les fiançailles, les mariages et les enterrements. De même qu'il était compétent dans la construction des âmes, il était compétent dans la construction d'églises. En 1845, il restaura l'église de Saint-Nicolas, qui était à côté de la cathédrale patriarcale, mais elle fut incendiée par le feu pendant les événements horribles de 1860.
L'école patriarcale
Nous ne savons pas exactement qui a créé l'école patriarcale de Damas, ni quand elle a été établie. Il est confirmé que l'école a été associée au XIXe siècle avec le nom du père Joseph, jusqu'à ce qu'elle devienne connue comme son école.
Quand il a pris en charge l'école en 1836, il a réuni ses élèves avec ses propres étudiants. Puis, il n'a ménagé aucun effort pour la développer, par la nomination d'un conseil d'administration et il a donné aux enseignants des salaires réguliers, jusqu'à ce qu'il attire des étudiants de toute la Syrie et du Liban.
La préoccupation du Père Joseph était d'éduquer l'esprit des jeunes hommes orthodoxes, et de "les préparer au sacerdoce et à servir le troupeau d'une manière utile." Les frais de scolarité étaient couverts par les fidèles et par le Patriarcat.
Sa vision était de faire croître l'intérêt pour les études théologiques. En 1852, au cours du Patriarcat de Hiérotheos (de 1850 à 1885), le père Joseph prit l'initiative d'ouvrir un département d'études théologiques, cherchant à l'élever au niveau d'autres séminaires théologiques du monde orthodoxe. Douze étudiants y étaient inscrits, et tous devinrent évêques dans l'Église. Son martyre en 1860 mit fin à son rêve, qui visait à établir le département sur des bases solides.
Il insufflait à ses étudiants l'esprit de paix et d'heureuse réussite, qui peut être trouvée parmi les saints, jusqu'à ce que cet esprit divin se déploie comme une chaîne au-delà de ses étudiants et diplômés pour parvenir à toutes leurs connaissances, collègues et amis. Ainsi, son enseignement s'est répandu, et son éducation porta le fruit de la justice. Il est mentionné que le père Joseph a été pour une période de temps l'un des professeurs du séminaire de Balamand, entre 1833 et 1840.
Caractéristiques d'un homme de Dieu
Une des principales caractéristiques de cet archiprêtre et professeur était sa pauvreté. Certaines sources mentionnent que son ministère à l'Église n'était pas rétribué. L'un des chercheurs de Russie a dit qu'il n'avait pas de revenu pour l'enseignement à l'école, il gagnait sa vie par le travail de ses enfants. L'argent ne le tenta jamais.
En raison de sa réputation immaculée, Cyril II, Patriarche de Jérusalem (1845-1872), lui demanda d'enseigner l'arabe à l'école cléricale de Jérusalem (Al-Mousalabah). Quand il a refusé, le patriarche lui a offert un salaire tentant - vingt-cinq livres - en plus de l'appartement, et du salaire sacerdotal. Il a refusé en dépit de son indigence. Il a dit "J'ai été appelé à desservir la paroisse de Damas; Celui qui m'a appelé me donnera satisfaction."
Il fut un véritable adorateur, fervent dans sa foi, très patient, juste, doux, calme, humble, compatissant, et une personne sympathique, il détestait parler de lui, il se sentait gêné par les éloges des autres, ne sachant pas comment leur répondre. Il était sage et patient dans sa sollicitude pastorale, il réfutait les érudits en parlant leur langue et avait l'habitude de convaincre les gens simples en utilisant leur langage. Quand quelques personnes simples d'esprit quittèrent l'Eglise pour une raison insignifiante, le Patriarche Methodios lui a demandé de les y ramener. Après qu'il les ait rencontré, il n'a manifesté aucun ressentiment pour leur comportement, mais il les a traité avec bonté, leur montrant quelques petites icônes, ils revinrent repenti après qu'il ait touché leur cœur.
En tant qu'universitaire, il a professeur parmi les enseignants, l'étoile de l'Orient, et l'intellectuel du travail. Beaucoup d'hétérodoxes contemporains attestent qu'il fut l'un des grands érudits chrétiens de son époque. "Dans l'Église orthodoxe, c'était une personne très originale par sa connaissance, il n'y avait personne comme lui, à l'exception de George Lian.
En tant qu'homme d'Église, il était considéré comme un grand théologien, comme la fierté de l'orthodoxie, un hieromartyr et un exemple de droiture et de piété. Telles sont les caractéristiques de l'archiprêtre Joseph Damascène: Il est un membre du peuple de Dieu.
Sa bibliothèque et ses écrits
Nous n'avons pas connaissance de la taille de sa bibliothèque, car elle s'est soit envolée (sic) en flammes ou a été pillée pendant les calamités de 1860, quand il reçut la couronne du martyre. Son neveu, Joseph Abraham Al-Haddad a indiqué que le père Joseph possédait vers 1827 livres (ou probablement 2827 livres) en l'an 1840.
Ses écrits sont nombreux: il a comparé le livre des Psaumes, le bréviaire, le Liturgikon, et le livre des Epîtres avec leur original grec. Il a traduit en arabe le livre catéchétique de Philarète, métropolite de Moscou. En copiant les manuscrits, il avait l'habitude de les comparer avec d'autres manuscrits et de les corriger; ses versions étaient exactes comme "une pièce d'argent authentique." Il a dirigé la traduction du diacre Abdallah Al-Fadel Al-Antaki du livre de Saint Basile sur la Genèse, ainsi que 30 sermons de saint Grégoire le Théologien. Il avit l'habitude de terminer ces manuscrits avec le colophon suivant: "Ce livre a été copié à partir d'un ancien manuscrit, et complètement vérifié par rapport à celui-ci." Et avec son sceau et sa signature, il avait l'habitude de graver cette formule. Tous les bureaux d'éditions orthodoxes, comme Saint-Georges à Beyrouth, le Saint-Sépulcre à Jérusalem, les maisons d'édition en arabe de Russie. . . comptaient sur le Père Joseph dans l'édition, la comparaison et la relecture des épreuves de leurs livres. En théologie, littérature et érudition son sceau était un gage de confiance. Dans la traduction du grec en arabe, et de l'arabe au grec, il joignit ses efforts à ceux de Yannis Papadopoulos. Il a fait une grande contribution à l'édition de la traduction en arabe de la Bible, qui est connue comme l'édition de Londres. Tous les projets, préparé par M. Fares Al-Shidiak et M. Lee, ont dû être corrigés par le Père Joseph, en les comparant aux originaux en langues grecque et hébraïque.
Dans sa contribution littéraire, il a montré sa fidélité dans l'endurance et de la régularité, il se plaignait toujours de la mauvaise interprétation des maisons d'édition. Nous n'avons pas connaissance de ses propres écrits, à l'exception de quelques articles. Apparemment, il ne se croyait pas digne de rester en phase avec les grands Pères de l'Église, il se bornait à traduire, à publier, et à présenter leurs écrits aux fidèles comme un pur héritage intact et sans tache.
Le Père Joseph contre les Melkites
A l'époque du père Joseph, le problème pour traiter avec les Melkites - ils faisaient récemment partie de l'Eglise orthodoxe - était l'obstacle le plus difficile et le plus douloureux auquel devaient faire face les enfants de la foi orthodoxe. À cette époque, tous les efforts étaient dirigés vers les schismatiques pour qu'ils reviennent à l'église. En traitant de cette question, certains ont suivi la voie de la pression politique et administrative, d'autres ont suivi la voie consistant à chercher un accord mutuel. Le Père Joseph appartient au second groupe.
Il haïssait la violence, il ne cèda pas à l'idée d'avoir des liens avec l'Empire ottoman pour battre et opprimer les Melkites. C'était un agissement non profitable, cela renforçait la séparation, et affaiblissaitt l'unité.
La mesure de son succès nous est inconnue, mais ce qui s'est passé en 1857, et les années suivantes, montre que sa vision était plus correcte que les autres. Cette année-là, lorsque le patriarche melkite Clément a imposé le calendrier occidental à son Eglise, de nombreux fidèles prirentt ombrage de cette procédure, et décidèrent de revenir à l'Église Mère. Un groupe d'entre eux, sous la direction d'Al-Chibli Demachki, George Anjouri, Joseph Fouraeig, Moïse Al-Bahri, Sarkis Dibanah et Peter Al Jahel contactèrent le père Joseph, qui les accueillit à bras ouverts, les affermit et lutta pour les éclairer pendant 3 années consécutives. Il préfaça un livre écrit par Al-Chibli Demachki à propos des protestations de ce groupe. Le titre du livre était: La loi chrétienne est au-dessus des considérations astrologiques, il fut imprimé dans la maison d'édition du Saint-Sépulcre en 1858. La taille du groupe a commencé à croître rapidement, jusqu'à ce qu'il soit dit que s'il n'y n'avait pas eu le martyre du Père Joseph lors du massacre de 1860, il aurait réussi à ramener le reste des Melkites à la foi orthodoxe.
Les missionnaires protestants contre le père Joseph
Le Père Joseph eut plus d'une confrontation avec les protestants. Les plus importantes ont été dans les villes de Hasbaia et Rachaia, puis dans la ville de Damas. Dans la ville de Hasbaia, les missionnaires protestants américains eurent beaucoup de succès grâce à leur école qu'ils avaient établie dans cette ville. Plus de 150 personnes se convertirent au protestantisme, à la suite d'un conflit entre le peuple orthodoxe dans ces deux villes. Comme envoyé du patriarche Methodios, le Père Joseph fut en mesure de ramener quelques-unes des brebis égarées au bercail orthodoxe. Après avoir réfuté les missionnaires à plusieurs reprises, il réussit à les contenir. A Damas, il s'efforça par sa sollicitude pastorale, et sa prédication, de guider son peuple vers l'illumination et à le prémunir contre les sectes et les hérésies qui circulaient alors.
Il est mentionné qu'un missionnaire anglais du nom de Grame avait l'habitude de rencontrer le Père Joseph et de discuter de questions bibliques avec lui. Réalisant que ce missionnaire dénaturait les réponses données par le Père Joseph sur les questions soulevées, il lui demanda d'envoyer les questions sous une forme écrite. Au début, ils pensaient l'avoir confondu, lorsqu'il négligea de leur répondre. Quand ils vinrent au début du Grand Carême, il répondit à toutes leurs questions avec précision, jusqu'à ce qu'ils partent surpris par l'exactitude de ses connaissances et sa recherche. On dit qu'à la suite de cet incident, ils mirent fin à leur campagne missionnaire dans la congrégation orthodoxe.
Un grand homme de la Renaissance
Au 19e siècle, le Père Joseph a été, sans aucun doute, le plus grand homme de la Renaissance de l'Église d'Antioche. À cette époque, Antioche était dans une situation pathétique: le schisme des Melkites conduisitt à des répercussions très critiques à différents niveaux, en particulier sur le plan pastoral. Les missionnaires protestants furent très actifs et dynamiques, tandis que l'Eglise était impuissante et faible, ignorante et pauvre. A partir de 1724, les hiérarques étaient étrangers à la terre et à la lutte de son peuple. Antioche vécut sous bonne garde, sous prétexte qu'elle allait se désintégrer progressivement et devenir catholique. Au nom de l'Orthodoxie, à la fois Constantinople et Jérusalem s'arrogeaient entre eux l'autorité de nommer les évêques d'Antioche, en essayant de déterminer son destin. A cette époque il n'y avait pas de prêtres compétents, pas de souci pastoral. L'Eglise d'Antioche pourrait être décrite comme un navire frappé par les vagues, et prêt à couler... Au milieu de ces défis et dangers, le père Joseph a fleuri comme une branche nouvelle de piété, ayant une grande ferveur envers Dieu et l'Eglise du Christ sur terre...
Ensuite, la Renaissance a commencé... La vie du Père Joseph, la ferveur, la piété, la pauvreté, l'amour de la connaissance, la persistance de la pastorale, la prédication, l'orientation, des écrits, les traductions, l'école et la vigilance ont créé une atmosphère de renaissance, motivé les esprits, touché le coeur, et renforcé la détermination. Une nouvelle génération, une nouvelle pensée, et une nouvelle orientation ont fleuri. "et les os s'approchèrent les uns des autres. Je regardai, et voici, il leur vint des nerfs, la chair crût, et la peau les couvrit par-dessus; mais il n'y avait point en eux d'esprit. Il me dit: Prophétise, et parle à l'esprit! prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit: Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent! Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds: c'était une armée nombreuse, très nombreuse." (Ezéchiel 37:7-10).
Plus de 50 dirigeants de l'église étudièrent sous lui, et devinrent aussi attentif que lui: le Patriarche Meletios Al-Doumani (1906), premier patriarche autochtone depuis 1724, Gabriel Chatila, les régions métropolitaines de Beyrouth et du Liban (1901), le grand érudit Garasimos Yared (1899), les régions métropolitaines de Zahlé, Saidnaia et Maloula, et ses élèves dont plus de dix ont été évêques, ainsi qu'un grand nombre de prêtres, parmi lesquels l'archimandrite Athanase Kaseer (1863), fondateur du séminaire de Balamand, le Père Spyridon Sarouf ( 1858), doyen de la faculté cléricale de Jérusalem et rédacteur en chef des publications du Saint-Sépulcre; l'archiprêtre Jean Doumai (1904), fondateur de la maison d'édition arabe à Damas, auxquels il faut ajouter quelques laïcs de renom comme Dimitiri Chahadeh, pilier de la renaissance ; Michael Klaila, administrateur de l'école patriarcale de Damas, et le docteur Michael Machakah (1888). Ce qu'il désirait a été accompli durant sa vie et après sa mort; souvent il répéta: "J'ai planté la graine de la vigne véritable du Christ, et je suis en attente de la récolte." Toutes ces choses peuvent être expliquées par la déclaration du Métropolite Gabriel Chatila: "Les étoiles de Damas sont trois: L'apôtre Paul, Jean de Damas, et Joseph Mouhana Al-Haddad."
Sa vie devait être couronnée par une fin égale à sa piété et à son grand amour, par lequel il glorifia Dieu à travers son martyre.
Son martyre
Le 9 Juillet 1860, lorsque le massacre a commencé à Damas, de nombreux chrétiens se sont réfugiés dans la cathédrale patriarcale (Al-Mariamieh), certains venus des villes libanaises de Hasbaia et Rachaia, où le massacre a commencé et où la tuerie avait eu lieu. D'autres sont venus des villages aux alentours de Damas.
Suivant la tradition des prêtres à Damas, le père Joseph avait l'abitude garder le nécessaire de communion chez lui. Pendant le massacre de 1860, il cacha son nécessaire de communion sous ses manches, et alla en sautant d'un toit à un autre vers la cathédrale. Il y passa toute la nuit à encourager et donner de la force aux chrétiens pour faire face à la situation, car les attaquants peuvaient tuer le corps mais ne peuvaient tuer l'âme (Matthieu 10:28), les couronnes de gloire ont été préparées pour ceux qui se sont engagés envers Dieu par Jésus Christ. En leur relatant le martyre de quelques saints, il les a appelés à imiter leur vie.
Au matin du mardi 10 Juillet, les persécuteurs belliqueux attaquèrent la cathédrale, volant, tuant et brûlant tout. De nombreux martyrs furent massacrés, d'autres sont allés dans les rues et ruelles, l'un d'eux était le père Joseph. Comme il marchait dans la rue, un religieux érudit, qui était l'un des assaillants, a reconnu Joseph, parce que ce dernier l'avait réfuté dans un débat entre eux. En le voyant, il cria: "C'est le chef de file des chrétiens. Si nous le tuons, nous allons tuer tous les chrétiens!" Quand il entendit ces paroles, le père Joseph savait que sa fin était venue. Il sortit son nécessaire de communion, et communia au Corps et au Sang de Jésus-Christ. Les persécuteurs l'attaquèrent à la hache, comme s'ils étaient bûcherons, et défigurèrent son corps. Liant ses jambes avec des cordes, ils le traînèrent dans les rues jusqu'à ce qu'il se brise en morceaux.
Bien qu'il soit mort comme un martyr, sa vie, sa vigilance, et ses souffrances ont été un témoin de sa sainteté. En "devenant semblable à Lui dans Sa mort» (Phil. 3:10), il a été couronné de Sa gloire. Il est devenu un exemple à imiter, et une bénédiction, et un intercesseur devant notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, à Lui soit la gloire à jamais. Amen!
Par les prières du hiéromartyr Jean Damascène et de ses compagnons,
Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous. Amen!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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