Nous sommes aujourd'hui au dimanche de la Samaritaine, car la lecture de l'Évangile à la liturgie nous raconte sa rencontre avec le Christ au puits de Jacob, en Samarie. Bien que le récit de l'Évangile ne la nomme pas, la tradition grecque l'appelle Photina et la tradition russe la connaît sous le nom de Svetlana [deux termes qui indiquent une notion de Lumière].
Nous commémorons également aujourd'hui le roi martyr Aethelberht II d'East Anglie. Son nom est souvent rendu phonétiquement par Ethelbert. Nous sommes au VIIIe siècle. Auparavant, les Anglo-Saxons du sud de l'Angleterre s'étaient livrés à de nombreuses luttes de pouvoir et s'étaient divisés, mais à la fin du VIIIe siècle, les principaux royaumes étaient le Wessex, la Mercie et l'East Anglia. Malheureusement, cette période tumultueuse n'est pas aussi bien documentée que nous le souhaiterions. En effet, le premier rapport d'un chroniqueur date de 1080, soit pratiquement trois siècles après le martyre du roi. Il donne l'année de son martyre en 794 et précise que ses parents étaient le roi Aethelred Ier d'East Anglia et Leofrana de Mercia. Le royaume d'East Anglia couvrait ce qui est aujourd'hui le Norfolk et le Suffolk. Aethelberht est né vers 774 et, grâce à sa sagesse et à sa piété, a été élu roi à la fin de son adolescence. Pressé de se marier, il choisit Eadburh, la fille du roi Offa de Mercie.
Le jeune roi se rendit dans le Herefordshire pour rencontrer sa future épouse, où il connut une fin prématurée par décapitation en ce jour de l'année 794. Offa en serait responsable, bien que la raison n'en soit pas tout à fait claire. Sa reine, Cynethryth, est considérée comme complice de cet acte ignoble. D'autres détails proviennent de sources ultérieures et peuvent, ou non, être fiables d'un point de vue historique. Quoi qu'il en soit, tant en East Anglia qu'à Hereford (où ses reliques sont conservées dans la cathédrale), Aethelberht fut vénéré comme martyr. Il existe des dédicaces d'églises médiévales à ce saint. Onze d'entre elles se trouvent dans le Norfolk et le Suffolk. Les autres sont la cathédrale de Hereford (conjointement avec la Mère de Dieu), et quelques-unes se trouvent dans le Wiltshire et le Gloucestershire. L'une des entrées de la cathédrale de Norwich, la porte Ethelbert, est également nommée en son honneur.
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Dans la lecture d'aujourd'hui des Actes des Apôtres (Actes 11, 19-26, 29-30), saint Luc poursuit son récit de la formation initiale de l'Église.
Au départ, l'Église avait tendance à se replier sur elle-même, mais deux événements ont provoqué un changement. Le chapitre 10 relate l'histoire de la conversion de Corneille le centurion, un païen, qui suscita une certaine controverse à l'époque. Selon la tradition, il devint évêque et termina sa vie en martyr. Le deuxième facteur est la persécution des disciples du Christ, qui, comme l'observe saint Jean Chrysostome, « s'est avérée très bénéfique » pour la prédication de l'Évangile. Les apôtres et leurs disciples étaient dispersés dans toute la Méditerranée orientale grecque, ce qui les mettait en contact quotidien avec les païens de Chypre, d'Antioche et de nombreux autres endroits. Ces contacts aboutirent à la conversion de nombreux païens à la foi en Christ. En effet, la grande ville d'Antioche devint un centre important de la foi. À tel point que, comme le dit saint Luc au verset 26, c'est d'abord à Antioche que les disciples furent appelés chrétiens. Ensuite, lorsque les fidèles de Judée étaient dans le besoin, les chrétiens d'Antioche leur envoyaient de l'aide matérielle.
La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui (Jean 4, 5-42) est le récit long et complexe de la rencontre du Christ avec la Samaritaine au puits de Jacob. Le nom actuel de l'endroit où se trouve le puits de Jacob est Naplouse (bien qu'à l'époque on l'appelait Sychar) et il peut encore être visité par des pèlerins [ Il est le lieu du martyre de saint Philouménos il y a quelques années].
La femme fut surprise par sa rencontre avec le Christ car, comme elle l'a dit, les Juifs n'avaient pas de relations avec les Samaritains. Ce facteur est essentiel pour comprendre le sens de l'histoire. La région où vivaient les Samaritains était à l'origine une colonie juive. Cependant, Dieu a permis que ce peuple soit attaqué par les Assyriens et emmené en captivité. Les souverains assyriens ont réinstallé la région avec d'autres personnes, des sujets de leur empire qui étaient païens et non juifs. À l'époque, on croyait à tort qu'il existait des dieux locaux exclusivement attachés à divers lieux. Les choses n'allaient pas bien pour les colons et ils demandèrent au roi assyrien de leur envoyer un prêtre juif pour les instruire dans la religion, telle qu'ils la concevaient, du dieu local. Ils n'acceptèrent que le contenu des cinq livres de Moïse, à savoir la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Telle était la base de la religion samaritaine. Du point de vue du Temple de Jérusalem, c'était insuffisant et inacceptable. Les Juifs refusèrent donc d'accepter les Samaritains pour des raisons doctrinales et ethniques.
Cependant, le lieu de cette histoire est le puits de Jacob. Les Samaritains se considéraient comme les descendants d'Abraham et de Jacob parce qu'ils partageaient les mêmes origines géographiques. Rappelons qu'Abraham était originaire de la ville chaldéenne d'Ur.
Lors de la conversation entre le Christ et la femme, celle-ci indiqua clairement qu'elle connaissait les prophéties concernant la venue du Messie. Le Christ orienta doucement la conversation de manière à pouvoir révéler sa véritable identité. Il ne l'alarma pas en lui parlant trop vite. Pour commencer, il lui demanda simplement de l'eau à boire. Ensuite, il utilisa une métaphore pour le Saint-Esprit en parlant d'eau vive. Au début, elle comprit mal la référence et pensa que le Christ parlait d'une sorte d'eau magique qui lui épargnerait le travail quotidien de puiser de l'eau dans ce puits très profond. Malgré cela, elle fut impressionnée et demanda si le Christ était plus grand que le très honoré et très respecté Jacob qui leur avait donné le puits. Lorsque le Christ regarda dans son cœur et dans son âme, lui disant qu'il connaissait l'histoire de sa vie, la femme réalisa qu'elle était en présence de quelqu'un d'extrêmement spécial.
La Samaritaine a vite appris et compris. Ainsi, le Christ ne parla plus par métaphores, mais avec précision. Les Samaritains étaient obsédés par leur « montagne sacrée » [le Mont Garizim], qu'ils considéraient comme le seul véritable lieu d'adoration de Dieu. Or, les Juifs n'étaient pas meilleurs puisqu'ils pensaient de la même manière au Temple, à Jérusalem. Ainsi, le Christ explique que la vraie foi ne dépend ni de l'identité ethnique ni d'un lieu particulier et que, par conséquent, les Juifs et les Samaritains se trompent à cet égard.
La vraie foi est dans nos cœurs, de sorte que Dieu est véritablement honoré et adoré en esprit et en vérité. Enfin, le Christ permit à la femme d'aller dans la ville, en tant que missionnaire, pour répandre la bonne nouvelle. Ce faisant, elle amena de nombreuses âmes au Christ.
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