Pat. Theodoros (à gauche), Pat. Porfirije (à droite)
À la fin du mois dernier, Son Sainteté le Patriarche Porfirije, primat de l'Église orthodoxe serbe, s'est adressé à ses collègues primats orthodoxes et à d'autres dirigeants religieux et mondiaux, les appelant à faire tout ce qui était en leur pouvoir pour travailler à la libération de l'higoumène des grottes de la Laure de Kiev, qui à l'époque était détenu dans un centre de détention provisoire à Kiev.
Heureusement, l'higoumène, Son Éminence le Métropolite Pavel de Vyshgorod, a depuis été libéré du centre de détention, bien que l'État poursuive son procès contre lui et qu'il reste assigné à résidence.
Le patriarche Théodoros d'Alexandrie a rapidement répondu au Patriarche Porfirije. Cependant, le primat d'Alexandrie, qui était autrefois un défenseur de l'orthodoxie ukrainienne canonique, mais qui est maintenant en communion avec les schismatiques, a choisi de se concentrer sur les problèmes au sein de sa propre Église plutôt que sur la souffrance des fidèles orthodoxes ukrainiens.
Le patrtiarche Theodoros « observe avec tristesse » que le Patriarche Porfirije est venu à la défense du Métropolite Pavel, mais pas à la défense du Patriarcat d'Alexandrie contre l'Exarchat africain de l'Église russe.
Aujourd'hui, l'Église orthodoxe serbe a publié un essai examinant la position du primat alexandrin.
« Il est difficile de croire qu'un primat orthodoxe d'un rang aussi élevé que le patriarche d'Alexandrie s'abaisserait à [un tel] niveau », écrit l'auteur.
Voici le texte dans son intégralité :
Et moi ?
Le patriarche d'Alexandrie Théodoros a répondu par une lettre à l'appel de Sa Sainteté le Patriarche serbe Porfirije, dans lequel Sa Sainteté le Patriarche Porfirije intercède pour le Métropolite de Vyshgorod et de Tchernobyl Pavel d'Ukraine, qui est injustement emprisonné alors que les fidèles en Ukraine sont persécutés et que leurs droits humains sont violés quotidiennement. Ce noble geste, profondément chrétien et en effet humain, de Sa Sainteté Porfirije, de faire appel à la conscience des chefs religieux mondiaux au nom de ceux qui sont persécutés sur la base de leur foi chrétienne et de leur appartenance à la seule Église orthodoxe canonique en Ukraine résonne dans tous les cœurs fidèles. Mais cela ne semble pas tant le faire avec celui du patriarche d'Alexandrie.
Il est tout simplement étonnant que le patriarche d'Alexandrie ait profité d'une telle occasion, un appel relatif à la souffrance du peuple fidèle d'Ukraine, seulement pour attirer l'attention sur lui-même et se lamenter de la prétendue invasion de sa juridiction par les Russes. Il compare la souffrance des fidèles en Ukraine à la souffrance présumée de son troupeau, dont certains, entre parenthèses, ont déménagé dans la juridiction russe complètement volontairement et de leur propre initiative. Le patriarche d'Alexandrie a été le premier à violer la juridiction territoriale de l'Église russe avec sa reconnaissance d'une organisation ecclésiastique illégitime pour l'Église légitime en Ukraine. Pour cette raison, certains membres de son troupeau ont jugé cette action non canonique, ont été dissidents et ont demandé à être acceptés dans l'Église russe à la place. Les Russes ont attendu deux ans avant de recevoir le clergé et les personnes qui ont quitté la juridiction du Patriarcat d'Alexandrie pour ladite raison.
Il est difficile de croire qu'un primat orthodoxe d'un rang aussi élevé que le patriarche d'Alexandrie s'abaisserait à un niveau de tentative bon marché d'impliquer la Très Sainte Église orthodoxe serbe dans un différend qu'il a personnellement avec l'Église orthodoxe russe. Un différend causé, il faut ajouter, par ses propres actions seules. Et en outre, de tenter tout cela sur une question aussi peu controversée que l'intercession du patriarche serbe pour un frère évêque qui est emprisonné en violation de toutes les normes civilisées.
On ne peut que se demander si l'orthodoxie institutionnelle est vraiment altérée à un point tel qu'elle peut tolérer un égoïsme de cette ampleur couplé à une absence totale de tout sens de la justice, où des énoncés tels que ceux du patriarche d'Alexandrie peuvent être écrits et dispersés dans le monde entier sans aucune trace de honte ? Comment le pillage et l'incendie de temples, le passage à tabac et la terreur du clergé et des fidèles, la privation des droits civils et humains et même de la citoyenneté, les déportations, les raids, les emprisonnements, et autres, peuvent-ils jamais être comparés à un transfert volontaire d'un certain nombre de membres du clergé dans une autre juridiction ?
Si le patriarche d'Alexandrie souhaite parler de la souffrance de son troupeau, il pourrait peut-être citer des exemples de la façon dont il a interdit à « son troupeau » d'accéder au seul puits d'eau potable comme punition pour avoir déménagé dans une autre juridiction. Ou, peut-être, comment certains ont volé des antimensions russes uniquement pour prendre des photos et s'en moquer, ou comment ses évêques ont riposté contre le clergé dissident de diverses manières, et de nombreuses violations similaires de leurs droits et même de la dignité humaine fondamentale.
Mais non, le patriarche d'Alexandrie a plutôt choisi d'appeler publiquement et de presque condamner Sa Sainteté le Patriarche serbe pour son appel à respecter les droits de l'homme d'un frère injustement condamné en Christ, d'autres membres du clergé et de fidèles, le Corps souffrant du Christ en Ukraine. Le patriarche d'Alexandrie a utilisé cette occasion très solennelle de la manière la plus honteuse et la plus improproprochante pour simplement dire : "et moi?".
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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