Protopresbytre Anastase Gotsopoulos
Précisions nécessaires :
1. Cet article a été écrit avec crainte et inquiétude devant le danger d'une reconnaissance par les Églises locales de "consécrations" épiscopales sans succession apostolique, qui menace de ternir irréversiblement le corps épiscopal de l'Orthodoxie mondiale.
Je serai sincèrement heureux s'il est confirmé que je me suis trompé dans l'une ou l'autre des informations que j'ai présentées ou si j'en suis arrivé à de fausses conclusions.
2. Pour éviter un scandale, je suis complètement silencieux sur les qualités morales des "évêques" des groupes schismatiques en Ukraine, car ici l'expression de l'apôtre Paul est appropriée : C'est une honte même de parler... Il est étonnant, cependant, de voir à quel point on leur a accordé "l'autocéphalie" de façon imprudente et hâtive et qu'on exige maintenant la reconnaissance des autres Églises orthodoxes, défiant la conscience interorthodoxe de l'Église.
3. J'espère que les circonstances ne nous obligeront pas à publier ce genre d'informations à la honte de ceux qui reconnaissent de telles personnes comme ayant des qualités telles que celles de pasteurs du peuple de Dieu.
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Selon l'annonce du patriarcat œcuménique le 11 octobre 2018, le Saint Synode du trône œcuménique a décidé d'accepter "les pétitions d'appel de Philarète Denisenko et Macaire Maletitch, et de leurs disciples... Ainsi, ces derniers ont été canoniquement rétablis dans leur rang hiérarchique ou sacerdotal, et leurs fidèles ont été rétablis dans la communion avec l'Église.
Quant à l'appel de Philarète nous avons mentionné dans notre publication précédente [1] que le trône oecuménique avait déjà examiné l'appel de Philarète en 1992 et l'avait alors rejeté. On notera aussi que depuis lors, pendant vingt-six années consécutives, Philarète non seulement n'a pas respecté la décision du tribunal ecclésiastique compétent, mais l'a violée, ignorant la reconnaissance panorthodoxe de sa condamnation, ayant commis les crimes les plus graves (avoir effectué des dizaines d'ordinations en étant défroqué, avoir formé un Synode schismatique, avoir déclaré être patriarche, être entré en communion avec les schismatiques des autres Églises, avoir infesté l'Ukraine et les autres régions par leurs autels, etc.), de provoquer un schisme et la confusion du peuple.
Par conséquent, la condamnation du Patriarcat de Moscou, prononcée dans son cas en 1992, n'a pas fait l'objet d'appels conformément au 4e Canon du Concile d'Antioche, au 22e Canon apostolique, au 37e Canon du Concile de Carthage (selon Le Pedalion) en raison du comportement anticanonique et provocateur de Philarète qui dure depuis des décennies.
Quant à Macaire Maletitch, le leader de l'"église orthodoxe Ukrainienne autocéphale [2], son cas est fondamentalement différent et extrêmement grave pour toute l'Orthodoxie.
Notons que le groupe de Malétitch est représenté dans la nouvelle église "autocéphale" par quinze "évêques", alors qu'il y a cinquante évêques en tout (c'est-à-dire que les évêques de Malétitch représentent trente pour cent du nombre total des hiérarques de la nouvelle "église").
Il convient également de noter que ceux qui défendent le choix du Phanar dans la question ukrainienne parlent de Philarète et de sa fameuse "réhabilitation", alors qu'ils sont complètement silencieux sur la situation beaucoup plus grave de Macaire.
Il n'est jamais mentionné. Cela nous préoccupe d'autant plus que si l'Eglise orthodoxe russe a porté avec compétence de graves accusations (dont certaines ont été publiées), les organes compétents tant du Phanar que de la nouvelle église "autocéphale" de Kiev restent silencieux. Ils ne fournissent aucune explication pour réfuter les allégations, ce qui crée un motif de préoccupation grandissante.
Dans l'annonce de l'acte de restauration de Macaire, le patriarche œcuménique parle de l'appel de Macaire Maletitch, qui (comme on le sait) a été soumis dans le but d'annuler le verdict contre cet "évêque".
Cependant, Macaire Maletitch n'avait pas le droit de faire appel car il n'avait pas été condamné comme évêque par un tribunal ecclésiastique.
Il fut protopresbytre de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique (Patriarcat de Moscou), puis quitta sa juridiction pour rejoindre l'église ukrainienne schismatique. L'Église [canonique] d'Ukraine l'a retiré du ministère.
Le 3 novembre 1996, membre de l'église ukrainienne schgismatique, il fut "consacré" comme "évêque" par des hiérarques sans consécration canonique, à savoir Dmitry Yarema, Igor Isichenko, et Methody Kudryakov.
Tous trois qui ont "consacré" Macaire n'ont pas de succession apostolique, car ils ont reçu leurs consécrations d'un charlatan connu, Vincent Tchekalin, auto-consacré. [3]
Cependant, comme Macaire faisait partie d'un groupe schismatique dans lequel il avait été "consacré", l'Église orthodoxe russe ne s'est pas occupée de son cas et, bien sûr, ne l'a jamais jugé en tant qu'"évêque".
Par conséquent, deux questions très importantes se posent...
1. S'il n'existe aucun jugement contre "l'évêque" Macaire Maletitch, quel verdict de culpabilité a-t-il porté devant le patriarche œcuménique [pour être réhabilité]? Et, à la suite de cela, quel verdict de culpabilité a été renversé par la décision patriarcale et synodale du 11 octobre 2018 ?
2. Quand et par quelle consécration canonique Macaire a-t-il reçu le "rang de hiérarque" ? Quand a-t-il été privé du "rang hiérarchique", qu'il avait acquis, pour le ramener maintenant à ce rang par décision du patriarcat [de Constantinople]? Comment le Saint Synode du patriarcat œcuménique a-t-il "rétabli [Macaire] au rang de hiérarque ?" Est-il possible que la décision patriarcale synodale sur l'appel ait compensé l'absence de succession apostolique dans sa consécration épiscopale ? Et depuis quand les "prérogatives canoniques du patriarche de Constantinople d'accepter les appels des hiérarques et autres clercs de toute Église autocéphale" incluent-elles aussi la correction de l'absence de succession apostolique dans une ordination épiscopale ?
Les évêques de l'UAOC (l'église ukrainienne schismatique représentant trente pour cent de la nouvelle église "autocéphale" d'Ukraine) ont été consacrés par deux personnes : une déchue et une auto-consacrée ! L'ancien évêque déchu Jean Bodnartchouk et le charlatan autoproclamé Viktor (Vincent) Tchekalin, dans les années 1990 ont "consacré" les premiers "évêques", établissant un groupe de schismatiques et une hiérarchie non canonique et apostolique sans succession pour les UAOC.
Soyons plus précis.
Jean Bodnartchouk était l'évêque de Jytomyr du Patriarcat de Moscou, au sein duquel il a été canoniquement consacré évêque le 23 octobre 1977 par le Métropolite Philarète (Denisenko) de Kiev et d'autres évêques de l'Église orthodoxe ukrainienne, qui était en communion canonique avec le Patriarcat de Moscou et toutes les églises orthodoxes.
Cependant, il s'est séparé de son Église et a donc été destitué le 14 novembre 1989 par décision du Synode du Patriarcat de Moscou. Il n'a jamais interjeté appel. Il était membre de l'église ukrainienne schismatique et, étant déposé, il a consacré avec Vincent Tchekalin les premiers "évêques" du schisme de l'église orthodoxe ukrainienne [schismatique] autocéphale.
En 1992, il a lancé un appel au Patriarcat de Moscou pour revenir à l'Eglise orthodoxe russe, mais en 1993, il a rejoint l'Eglise orthodoxe ukrainienne schismatique du Patriarcat de Kiev (UOC KP) sous la direction de Philarète (Denisenko).
Viktor (Vincent) Tchekalin était diacre de l'Église orthodoxe russe. Il n'a jamais été ordonné prêtre ou évêque, pas même dans un groupe schismatique. En 1987, il était enseignant dans une école agricole de la province de Kalouga, où il a été condamné à trois ans de prison (sur la base de plaintes de parents d'élèves) pour avoir agressé des mineurs.
Après sa libération anticipée en 1988, il se déclare "évêque de Yasnaya Polyana" de la "véritable église orthodoxe " [sic!]. Il a publié des textes dans lesquels il critiquait la direction de l'Église orthodoxe russe, l'accusant d'œcuménisme et de liens avec d'autres confessions.
En 1990, il s'installe à Jordanville, aux États-Unis, à la recherche du soutien de l'Église orthodoxe russe hors frontières [dite ROCOR aux USA], mais il est expulsé et déporté des États-Unis pour avoir volé des antimensions et des livres liturgiques.
Il est ensuite arrivé en Ukraine et est entré dans l'église orthodoxe ukrainienne autocéphale en tant qu'évêque imaginaire de "l'église des catacombes", où il a fondé avec l'évêque déchu John Bodnarchouk la hiérarchie de "l'église orthodoxe Ukrainienne autocéphale", ayant "consacré" Vasily Bodnartchouk et Andrei Abramtchouk (3/24/1990 et 4/7/1990).
Plus tard, à la fin de 1990, il rejoignit l'Église gréco-catholique ukrainienne (Uniate), et l'Uniate Vladimir Sternyouk, évêque de Lvov, le nomma "premier supérieur de l'Église catholique russe" (Uniate) au nom du pape de Rome, avec le droit de consacrer et recevoir des évêques et de fonder des diocèses, et tous autres droits en matière de gestion, ayant également émis une lettre correspondante. Tchekalin a procédé à la création de communautés gréco-catholiques (Uniates) en Lettonie et en Russie.
En 1991, le Vatican a officiellement reconnu que Vincent Tchekalin n'a pas de consécration hiérarchique canonique, n'est pas évêque et n'est pas soumis à la Métropole Uniate de Lvov, tandis que Mgr Vladimir Sternyouk a été démis de ses fonctions pour sa coopération avec Tchekalin.
Au début des années 1990, Tchekalin a trompé un couple marié parmi ses enfants spirituels et a enlevé leur fils de dix ans et s'est enfui en Australie avec lui. Il y présenta l'enfant comme son fils et reçut une nouvelle carte d'identité portant le nom de Vincent Berg et la citoyenneté australienne.
La mère de l'enfant a ensuite accusé Tchekalin à plusieurs reprises d'enlèvement et d'agression sur un mineur, mais les tentatives de retour de l'enfant dans sa famille ont échoué. En Australie, Tchekalin s'est longtemps présenté comme victime de la répression politique en URSS, comme évêque de l'église anglicane, et comme "psychiatre d'une école secrète du KGB".
En septembre 2018, Tchekalin a été condamné en Australie à quatre ans et trois mois d'emprisonnement pour de nombreux actes de fraude et de falsification, alors qu'il se présentait comme psychiatre, présentant de faux diplômes. Il a également été accusé de crimes sexuels contre des mineurs. Des preuves de ces accusations ont été publiées dans les médias australiens et en ligne.
Malheureusement, la majorité des " hiérarques " de l'église orthodoxe Ukrainienne autocéphale ont reçu leur consécration de ces " hiérarques ", sans aucune succession apostolique.
La "hiérarchie" de l'église orthodoxe ukrainienne autocéphale est apparue le 24 mars 1990, avec la "consécration" de Vasily Bodnartchouk comme "évêque" par l'ancien évêque déchu du Patriarcat de Moscou Jean Bodnartchouk et l'autoconsacré, c'est-à-dire sans consécration à l'épiscopat, le charlatan Vincent Tchekalin. Par la suite, le 7 avril 1990, l'auto-consacré Vincent Tchekalin et Vasily Bodnartchouk ont "consacré" Andrei Abramtchouk comme "évêque".
Après cela, ils ont créé la "hiérarchie" du groupe schismatique sous la direction de Macaire Maletitch, l'"église orthodoxe autocéphale ukrainienne".
Aujourd'hui le Synode de la nouvelle église "autocéphale" d'Ukraine sous la direction du nouveau "métropolite" Epiphane , qui a reçu un tomos d'autocéphalie de Constantinople, se compose de quinze "évêques" de l'UAOC de Macaire Maletich, ayant reçu "consécration" de Jean Bodnartchouk et de l'autoconsacré Vincent Tchekalin. C'est-à-dire que trente pour cent des "hiérarques" de la nouvelle église "autocéphale" d'Ukraine n'ont pas de succession apostolique...
Cependant, la plus grande tragédie se produira s'ils trouvent - Dieu préserve!- des Églises orthodoxes locales qui, désireuses de servir les desseins du monde, reconnaissent ces consécrations comme canoniques et porteuses d'Esprit...
Jusqu'à présent, Dieu merci, cela ne s'est pas produit, mais toutes les Églises orthodoxes font face avec crainte et tremblement au danger de reconnaître les évêques autoproclamés, sans succession apostolique, comme évêques canoniques de l'Église du Christ, ce qui entacherait irrémédiablement le corps épiscopal de l'Église orthodoxe dans son ensemble.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
NOTES:
[1] π. Ἀν. Γκοτσοπούλου. «Μικρὴ συμβολὴ στὸ διάλογο γιὰ τὸ Οὐκρανικὸ “Αὐτοκέφαλο”». Σελ. 22-24 // https://anastasiosk. blogspot.com/2019/02/blog-post_82.html#more, and https:// aktines.blogspot.com/2019/02/blog-post_77.html.
[2] UAOC: «Οὐκρανικὴ Αὐτοκέφαλη Ὀρθόδοξη Ἐκκλησία» (σχισματικὴ ὁμάδα ὑπὸ τὸν Μακάριο (Maletic). Ἐπανίδρυση τῆς «Ἐκκλησίας τῶν αὐτοχειροτονηθέντων-σαμοσφιάτοι» τοῦ Βασιλείου Λιπκόφσκι (1922) βλ. π. Ἀν. Γκοτσοπούλου, «Νὰ χαιρόμαστε τὸν νέον “προκαθήμενον”…», στὸ https://aktines.blogspot.com/2019/02/blog-post_3.html.
[3] Βλ. https://www.romfea.gr/diafora/25366-idrutis-sxismatikon-tis-oukranias-katadikasthike-gia-apati-kai-plastografia.
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