Elle était préparée pour sa mort
depuis longtemps. Elle avait préparé sa robe pour les funérailles, le drap pour
le cercueil et un paquet de cierges. Elle gardait tout cela dans une boite.
Quelques semaines avant sa mort, allant la voir encore une fois, je lui donnai
un paquet de cierge en cire pure, que m’avait offert le père Macaire. Elle les
reçut avec grande joie. Elle les plaça dans sa boite, et c’est à cette occasion
que je m’aperçus ce que celle-ci contenait.
Elle partit vers l’éternité le 4
juillet 1967 après une maladie de quelques mois.
Encore, avant le Carême des saints
Apôtres, qui cette année-là ne durait que trois semaines – elle appela ma sœur
Glykeria : « Appelle le père Joannice pour me confesser et me donner
la Communion ».
Elle jeûna trois jours, se confessa
et communia. Le samedi 1er juillet, elle se lava, se changea et dit
à Glykeria :
-
Prend le drap et couvre-moi, car tu vois, trois femmes
habillées de blanc viennent sur la route.
-
Où sont-elles, maman, lui demanda Glykeria en regardant par
la fenêtre et ne voyant personne…
-
Laisse, elles ont affaire à moi et non à toi…
Une nuit avant la dernière,
elle vit en songe Dimitri, son plus jeune fils, qui mourut le premier parmi
nous, au sujet duquel elle était restée toujours inconsolable… C’était l’enfant
avec la chemise blanche, la tête non couverte, dans une grande prairie et il
recueillait des fleurs.
-
Que fais-tu ici, lui demanda-t-elle.
-
Je recueille des fleurs, lui répondit son fils.
-
Mais pourquoi ta tête est-elle découverte ? Je t’ai
apporté un petit chapeau.
-
Ici, nous n’avons pas besoin de cela, lui répondit, joyeux,
son fils…
Après la sainte Communion,
son visage changea. Elle ne mangeait plus, mais demandait seulement de l’eau
froide pour se rafraîchir, car elle était consumée par la fièvre. Ensuite, elle
montra une grande gaieté, qu’elle n’avait jamais montrée auparavant, et elle
commença à chanter les tropaires qu’elle avait appris à l’église « Le
Christ est ressuscité des morts… », « vous tous qui avez été baptisés
en Christ… » « Ta nativité ô Christ notre Dieu… », le tropaire
de la Pentecôte et encore d’autres. Elle priait encore sans cesse :
« Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu aie pitié de moi pécheur ; Mère
de mon Seigneur, aie pitié de moi, pécheur», « Seigneur ne me reprends pas
dans Ta colère, et ne châtie pas dans ton irritation ». Elle dit encore le
psaume 50 et répétait toujours : « Reçois, Seigneur, ceux qui
viennent à Toi et après reçois-moi ».
Le dernier jour et la nuit
précédant le mardi, elle ne dormit pas du tout, mais priait continuellement en
chuchotant. Elle dit ensuite à Glykeria : « Fais célébrer pour moi
une belle panykhide, avec des colybes, une prosphore, des fleurs… »
Le mardi matin 4 juillet,
lorsque les premiers rayons du soleil traversaient la fenêtre de sa chambre,
elle demanda un cierge à Glykeria, ouvrit ses yeux et chuchota :
« Pardonne-moi !... » Elle se tourna ensuite de l’autre côté et
s’endormit définitivement… Son visage était paisible et un sourire se dessinait
sur ses lèvres…
Ma mère vécut 87 ans, dont
39 ans avec son mari, et 25 comme veuve.
Version Française Bernard Le Caro
d'après
« Εἰκόνες πραότητος »,
Editions
« Orthodoxos Kypseli »,
Thessalonique.
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