"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 26 octobre 2018

Vladimir Moss: La morsure du Serpent


     Le serpent de Moïse est peut-être la préfiguration la plus contre-intuitive de la Passion salvatrice du Christ dans l'Ancien Testament. Quand les Israélites furent dans le désert d'Édom, ils commencèrent à murmurer "contre Dieu et contre Moïse" (Nombres 21,5). Des serpents mortels commencèrent à les mordre, et beaucoup moururent. En réponse à l'appel au secours du peuple, Dieu dit à Moïse de façonner un serpent de feu et de le mettre sur un "poteau", qui, selon la tradition de l'Église, avait la forme d'une croix. "Et il arriva que si un serpent avait mordu quelqu'un, quand il regardait le serpent d'airain, il vivait" (Nombres 21.9).

     Le sens prophétique de cette histoire est clair. À cause de notre désobéissance à Dieu et à Sa Sainte Église, nous sommes infectés par le poison du Diable, qui est la cause de notre mort, tant physique que spirituelle. Le seul remède à cette maladie mortelle est de regarder avec foi et une espérance sincère l'image du Christ crucifié ; seule cette foi peut nous délivrer de la maladie du péché qui, si elle n'est pas guérie, conduit à la mort éternelle (Jean 3.14-15).

     C'est clair comme de l'eau de roche. Mais pourquoi le Christ est-il apparemment dépeint comme un serpent ? Le serpent n'est-il pas plutôt l'image du Diable que le Conquérant du Diable ?

     Cependant, il s'agit d'un malentendu. Le serpent élevé sur la croix dans le désert est en effet une image du Diable - mais du Diable détruit par la crucifixion du Christ. Comme le dit saint Grégoire le Théologien : "[Le serpent d'airain] sauva ceux qui le regardaient, non pas parce qu'il vivait, mais parce qu'il était tué, et il tuait avec lui les pouvoirs qui lui étaient soumis, étant détruit comme il détruisait. Et quelle est l'épitaphe appropriée de notre part ? Ô mort, où est ton aiguillon ? Ô tombeau, où est ta victoire ? Tu es renversé par la Croix, tu es tué par Celui Qui donne la vie, tu es sans souffle, sans mouvement, même si tu gardes la forme du serpent élevé haut sur un poteau."

     En général, le Christ nous a sauvés du péché d'Adam en imitant la situation d'Adam - mais avec cette différence : Il n'a pas péché. Ainsi Adam est né comme un homme de terre vierge et du souffle de l'Esprit, et le Christ est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie. Adam a été tenté par le Diable : le Christ l'a été aussi.  Adam est mort de l'assaut du Diable : le Christ aussi. Mais puisque le Christ, contrairement à Adam, n'a jamais succombé une seule fois à la volonté du Diable, Sa mort est devenue vivifiante ; et elle donne vie à tous ceux qui Le regardent avec foi. Ce fut par le second Adam inversant la chute d'Adam, et faisant dans l'obéissance à Dieu tout ce qu'Adam fit dans la désobéissance, que l'aiguillon de la mort fut détruit.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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