"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 2 avril 2018

L'icône miraculeuse du saint Empereur Nicolas II ( Première partie)



L'icône miraculeuse du Saint Tsar-Martyr Nicolas II, dont s'écoule du myrrhon, bénéficie d'un protecteur: le médecin-chirurgien moscovite Oleg Ivanovitch Beltchenko. Il voyage avec elle d'église en monastère, quand son emploi du temps chargé le lui permet. Et lorsqu'il ne peut le faire, d'autres gens prennent soin de la sainte icône. Des donateurs assument le coût de l'impression de petites icônes en papier, et les revenus que la distribution de celles-ci produisent sont consacrés à la peinture1 de nouvelles icônes sur bois. Oleg Ivanovitch offre alors ces nouvelles icônes aux églises, dans l'espoir que, dans un proche avenir, chaque église aura son icône du Saint Souverain. 








Oleg Ivanovitch, racontez-nous s’il vous plaît l’histoire de cette icône du Tsar-Martyr Nicolas II.

Triste paradoxe du XXe siècle: l’icône du dernier Empereur de Russie, le Tsar-Martyr Nicolas II, fut peinte de l’autre côté de l’océan, aux États-Unis d’Amérique, avant que le Souverain ne soit glorifié en Russie. Une histoire surprenante… C’était en 1997. L’émigrée russe Ia Dimitrievna Schmit, Podmochenskaia de son nom de jeune fille, eut un songe dans lequel elle vit une icône, représentant l’Empereur-Martyr Nicolas II en uniforme de Grand Prince. Quelques jours plus tard, cette dame entra en possession d’un petit héritage et décida de le consacrer à une bonne cause. Quant à savoir laquelle, elle n’éprouva aucune difficulté. Sa décision était prise. Elle demanda à l’iconographe Pavel Nikolaevitch Tikhomirov, qui vivait en Californie, de lui peindre l’icône qu’elle avait vue en songe. Ensemble, ils étudièrent les photographies de Nicolas II, recherchant l’expression du sujet vu en songe. Le Tsar devait porter la coiffe du Monomaque, tenir le sceptre et l’orbe.

Du côté gauche de l’icône était représenté le Saint et Juste Job qui endura maintes souffrances, dont on célèbre la mémoire le jour où naquit Nicolas II, et à droite, le céleste protecteur du Souverain, Saint Nicolas le Thaumaturge. En bas, on lit l’inscription: «Cette Sainte Icône fut peinte quelques années avant la Glorification des Martyrs Impériaux». Cette icône a été conservée jusqu’à ce jour dans la maison d’Ia Dimitrievna. Celle-ci commença à vendre des lithographies exécutées à partir de l’original, dans le but de venir en aide aux émigrés russes en difficultés.

Et comment l’icône est-elle arrivée en Russie?

Le frère d’Ia Dimitrievna, Germain Podmochenski, emmena avec lui plusieurs copies. Une de ces lithographies en couleurs finit par arriver à l’Hospice Saint Nicolas de Riazan. Elle fut déposée dans un kiot et accrochée au mur au-dessus de la boîte à cierge. C’est là que je vis cette icône pour la première fois. C’était un jour de printemps et j’aidais un ami à amener à l’hospice une caisse de livres spirituels. Nous leur offrions ces livres, et en échange, on nous remit un exemplaire de la lithographie. C’était le 15 mars 1997, juste quatre-vingts ans après que le Souverain fut forcé d’abdiquer.

Je conservai la lithographie de l’icône du Souverain six mois à la maison. Mais petit à petit, j’observai que des changements s’opéraient en elle. Tout d’abord, sous l’œil droit du Tsar, apparut une tache, on aurait dit du sang. Ensuite, le même genre de tache naquit au-dessus de l’œil gauche. Graduellement, les couleurs changeaient. Je m’adressai au prêtre, qui suggéra de transférer l’icône dans l’église. C’est ce que je fis. Le 6 décembre 1998 je me suis rendu à l’église du Monastère de la Sainte Rencontre dont je suis paroissien, emportant l’icône. Ne pouvant déposer le sac en plastique contenant l’icône sur la table, je le gardai en mains. A cette époque, le Souverain n’avait pas encore été glorifié, toutefois, à mon grand étonnement, le prêtre demanda au chœur de chanter le tropaire du Tsar-Martyr… Dans l’église, tous les gens se tournaient vers moi. Je ne comprenais pas ce qui passait. On aurait dit que lors du chant du tropaire, une sorte de parfum s’était répandu dans l’église. Comme j’étais enrhumé, j’étais le seul à ne rien sentir. Après l’office, je remis la lithographie, et le parfum se fit plus puissant. Les paroissiens déchirèrent le sac en plastique dont ils se partagèrent les morceaux. Aujourd’hui, après tant d’années, ces petits morceaux continuent à dégager ce parfum. Tous nous étions stupéfaits, et Batiouchka dit «Eh bien, nous conserverons cette icône sur l’autel. Par la suite, on verra ce qu’il conviendra de faire». J’étais transporté de joie. L’icône du Souverain devait évidemment se trouver sur l’autel. Mais, je le répète, à cette époque, les Martyrs Impériaux n’avaient pas encore été accueillis officiellement dans le chœur des saints. Au bout de trois semaines, je demandai à Batiouchka: «Elle continue à dégager du parfum?» «Oui, elle continue», répondit-il. «Que va-t-on faire? Peut-être, la déposer sur l’analoï. Ou dois-je la reprendre?» Batiouchka demeura pensif pendant quelques instants et dit: «Reprenez-la».

Et l’icône commença à passer d’église en église, voyageant à travers la Russie?Eh oui. A ce moment-là, le hiéromoine du grand schème Raphaël (Berestov) vint à Moscou. J’allai le trouver et lui demandai: «Batiouchka, décidez du destin de cette icône. Si vous ordonnez qu’elle soit placée dans l’une ou l’autre église, je l’y emmènerai. Si vous dites que je dois la conserver à la maison, je l’y conserverai». Le Père Raphaël observa la lithographie, longuement, et répondit: «C’est une sorte de myrrhon. La goutte n’a pas le temps de se former qu’elle s’évapore, mais l’odeur persiste. Mais ne t’inquiète pas, elle va produire du myrrhon, et ostensiblement». Il ajouta encore: «Ne te presse pas de trouver une église. Le Souverain n’a pas encore été glorifié. Mais le Seigneur va te montrer ce que te devras faire d’elle. Et si tu veux suivre mon conseil, amène-la dans les églises, et là où on acceptera de la placer sur l’analoï, qu’elle y reste quelques temps».Le même conseil, quasiment mot pour mot, me fut répété par l’Archiprêtre Nicolas Goulianov, et par l’Archimandrite Kyrill (Pavlov): «Là où les fidèles vénéreront l’icône, laissez l’y».

Ainsi, par la bénédiction du hiéromoine du grand schème Raphaël, la lithographie miraculeuse de l’icône entama son périple d’églises en monastères. Plus de vingt éparchies accueillirent la lithographie miraculeuse de l’icône du Tsar-Martyr, avant la glorification de celui-ci par le Concile des Hiérarques de l’Église Orthodoxe russe, en 2000. L’icône voyagea d’église en église. Pour commencer, je l’emmenai au Monastère de Novodevitchi, dont la Supérieure était alors Matouchka Seraphima (Tchitchagov). Quand je repartis avec l’icône, j’oubliai le certificat au monastère. Nous marchions vers le métro; un de mes accompagnateurs me dit: «Il se passe quelque chose d’étrange. Tu laisses derrière toi une traînée de parfum». Le gel était vif. Nous fîmes une halte et sortîmes la lithographie de son sac et là nous constatâmes que la housse était imprégnée de myrrhon. A cet instant, une moniale se précipitait vers nous et ses premières paroles furent: «J’ai suivi l’odeur parfumée depuis le monastère». Ensuite seulement, elle me remit le certificat.

Quand le myrrhon commença-t-il à s’écouler visiblement?

Pendant quelques temps, une paroissienne dont nous sommes proches, conserva l’icône chez elle. Le 7 novembre 1998, je me suis rendu chez elle et j’ai vu qu’une goutte de myrrhon de couleur ambrée coulait sur l’icône… L’annonce de l’écoulement ostensible de myrrhon, faite par le Père Raphaël, était devenue réalité. Pour une raison incompréhensible, le myrrhon ne s’écoulait pas verticalement, de haut en bas, à l’encontre de toutes les lois de la gravité. Un moine bien connu du podvorié des Solovki arriva. Il récolta quelques gouttes et annonça: «Ce soir, nous célébrerons les vigiles, je vais mélanger ce myrrhon avec l’huile et j’utiliserai le mélange pour l’onction».

Une semaine plus tard, l’icône était accueillie dans l’église de l’Ascension du Seigneur de Gorokhovo Polié. La lithographie exsudait du myrrhon de façon quasiment quotidienne. On priait des acathistes devant elle. Cela continua quelques mois. Le 28 février 1999, jour de la fête du Triomphe de l’Orthodoxie, l’icône fut transférée à l’église Saint Nicolas le Thaumaturge dans le quartier de Pyjov. L’Archiprêtre Alexandre Chargounov la reçut avec grande joie, au son des cloches, après avoir posé un chemin de tapis depuis la grille d’entrée. Ce jour-là, le myrrhon s’écoula abondement. Toute la paroisse était unie dans la prière ; les âmes chantaient de joie. La deuxième fois que j’apportai l’icône dans cette église, la file de ceux qui voulaient la vénérer s’allongeait jusqu’à la station de métro Tretiakov. Les Moscovites savent que la distance est fameuse.

Avez-vous connaissance de cas de guérison à travers cette icône miraculeuse du Tsar Nicolas II?

Oui, et même de beaucoup de cas. Je connais personnellement un homme qui fut guéri après avoir prié devant l’icône. Les chaînes de radio orthodoxes ont commencé à parler d’elle. J’ai entendu un jour sur l’une d’entre elles le cas d’Alexandre Mikhaïlovitch Vytiagov, colonel à la retraite, ancien titulaire d’une chaire dans l’une des académies militaires de Moscou. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il souffrit de multiples blessures. Avec le temps, il perdit la vue et pendant quinze ans, il ne voyait plus. A sa demande, des membres de sa famille l’emmenèrent dans les églises au passage de l’icône du Tsar Nicolas. Lorsque celle-ci fut accueillie dans l’église de la Trinité Vivificatrice à Khokhli, il demanda qu’on lui fit rencontrer le recteur, l’Archiprêtre Alexis Ouminski, auquel il dit: «Batiouchka, je crois que cette icône me guérira». Le Père Alexis répondit simplement, de but-en-blanc: «Il vous sera donné à la mesure de votre foi». Il amena ensuite Vytiagov devant l’icône et couvrit sa tête avec un linge imprégné de myrrhon. Le militaire tenta de se souvenir: «Je ne me souviens plus qu’elle prière j’ai dite à cet instant». Mais dès le lendemain matin, quand il s’éveilla, il vit sa chambre et s’écria: «Je vois!», tellement fort que toute la maisonnée accourut. C’était la première guérison à travers cette icône, guérison qui s’accomplit par la prière au Souverain. Par la suite, lors d’une rencontre, Vitiagov me dit: «Je crois que très bientôt, je n’aurai même plus besoin de lunettes.» (A suivre)

Traduit du russe


Face à la paire française «écrire»-«peindre» une icône, l'option a été prise, tout en respectant évidemment ceux qui ne la partagent pas, de se ranger à la position argumentée par Vladimir dans les commentaires de cette page : https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Fete-de-l-Ascension-le-chemin-extraordinaire-d-une-icone-rare-par-son-nom-et-exceptionnelle-par-son-histoire_a4298.html?com#comments

1 commentaire:

Laurence Guillon a dit…

En réalité le verbe russe "pisat'" signifie écrire et peindre, et on l'utilise pour une icône comme pour un tableau profane, c'est pourquoi personnellement, je suis un peu réticente devant le pieux parti pris français.