"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 7 juin 2009

Le miracle de l'icône Joie Inattendue


Икона Божией Матери ''Нечаянная Радость''

C'était l'année 1921. Nadia et moi vivions dans une chambre sombre à Constantinople, dont la fenêtre donnait sur un cabinet de toilette. Nous étions des immigrées, qui s'étaient enfuies de Russie. Nadia avait un  fils petit, qu'elle avait réussi à placer dans un orphelinat, et je n'avais personne: mon mari avait été tué sur un train blindé, et j'étais seule dans le monde. 

Tous les biens avaient été vendus, en fait, je n'en avais pas, je vivais sur l'argent de Nadia , mais maintenant, elle n'avait rien, et nous n'avions pas mangé depuis trois jours. Nous trempions simplement un doigt dans du sel, le portions à notre bouche et restions étendus sur notre lit. 

Que devions-nous faire? Nadia trouva un emploi, car elle connaissait les langues étrangères, mais moi pas, et personne ne m'embauchait. Mais beaucoup essayèrent de nous "acheter", et nous avions  tellement peur de l'impudence des gens qui nous entouraient, que nous avions peur de tout le monde et nous avions demandé à notre propriétaire, une vieille femme turque grasse, de ne pas laisser entrer personne. 

Nous n'avons donné notre adresse à personne, car nous avions très peur. Ainsi, tout récemment, nous avions failli été vendues à une maison close par nos propres compatriotes. Nous avions été sauvées fortuitement par un officier français. 

Comme je voulais mourir! 

Nadia croyait en Dieu, et pensait que notre vie allait changer pour le mieux. Moi aussi, je croyais en Dieu, mais je pensais qu'il nous avait oublié... J'étais malade, confinée au lit, malade de la saleté des murs, et même si j'avais peur de tout à Constantinople, je me suis levée et, j'ai revêtu mon seul habit, et je suis sortie. Je me suis promenée, vacillant de faiblesse, mais je me sentais mieux à l'air frais. Soudain, quelqu'un m'a attrapé par la main. C'était Kolya, qui avait été camarade de mon mari sur le train blindé. 

Nous nous sommes salués, nous nous sommes raconté nos peines. Il a offert de me présenter à un marchand N., qui avait ouvert un restaurant pour les émigrés, et de lui demander de m'employer. 

- Oh, Nadia et moi allons mourir de faim avant de me trouver un emploi, en fait, nous n'avons pas mangé depuis 3 jours, ai-je dit. 

- Maria Nikolaevna! Et tu ne dis rien! Tiens, prends ceci, s'est exclamé Kolya, inquiet, me remettant une pièce de monnaie.

- En as-tu encore? 

Kolya a hésité. 

- Eh bien, non. 

- Alors je ne vais pas prendre cette pièce. 

Nous avons discuté longtemps et enfin nous avons décidé la chose suivante: Kolya et moi avons acheté du pain avec tout l'argent, il en a pris un tiers pour lui-même, et j'ai couru à la maison avec les deux autres tiers. 

- Nadia! ai-je crié directement à partir de la porte. Du pain! 

Nous avons mangé le pain doux et  parfumé, et nous en aurions mangé encore. 

C'est le pain des anges, a dit Nadia, en remplissant sa bouche. 

Elle était heureuse et déjà pleine d'énergie, tandis que mon cœur était lourd de nouveau, et je ne voulais pas aller voir le marchand de Kolya: J'avais toujours eu si peu de chance dans la vie, que j'étais sûre que ce serait un échec. 

Pourtant, Nadia a réussi à me convaincre, je suis allé voir N. mais il a refusé froidement: 

- Il n'y a pas de poste vacant... 

Ah, pourquoi me donner de la peine à m'humilier? Je me suis allongée et j'ai pleuré... Nadia avait eu la chance de trouver un emploi, et j'ai de nouveau eu à vivre à ses dépens. Combien de temps une telle existence pouvait-elle durer? J'en avais assez, mais il n'y avait qu'un seul moyen d'en sortir:le Bosphore. Il y en avait beaucoup, comme moi, au fond de la mer... 

Pour une raison quelconque, j'ai très bien dormi cette nuit et au lever du jour, j'ai eu un rêve: il y avait une pièce sombre, dans le coin - il y avait un  icône lumineuse de la Reine des Cieux, et j'ai entendu une voix venant d'Elle: 

-Va à l'église ce vendredi ... 

Je me suis réveillée avec un sentiment de joie, de piété ... 

Pendant longtemps, je suis restée étendue et j'ai repassé en mémoire ce que j'avais vu, alors j'ai commencé à réveiller Nadia: 

- Ecoute un peu quel rêve inhabituel, j'ai eu. Réveille-toi, je te le demande. 

Nadia s'est frotté les yeux, et n'a pas compris de quoi il s'agissait. Mais mon histoire l'a rapidement ramenée à la réalité. 

- Quel merveilleux rêve! a-t-elle murmuré avec ravissement. La Reine des Cieux t'annonce quelque chose de bien. Attends, y a-t-il une fête de l'Eglise ce vendredi? 

Nadia a attrapé le seul livre de la maison, La vie de la Sainte Mère de Dieu, et a commencé à le feuilleter. 

- Aujourd'hui c'est mardi, ce qui signifie que le vendredi il y aura une fête en l'honneur de l'icône Joie Inattendue, le premier de Mai (Calendrier des Pères). 

J'ai passé toute cette journée, animée par l'espoir, mais vers le soir, je suis devenue mélancolique à nouveau. Qu'est-ce qu'un rêve, et comment peut-on lui faire confiance? Je suis allée à l'église de notre ambassade, le vendredi uniquement dans le but de ne pas perturber Nadia 

La Liturgie a pris fin ... Où était le miracle? Il n'y avait pas de miracle ... 

Je suis rentrée à la maison, aveuglée par les larmes. Soudain, j'ai entendu la voix de Kolya à mes oreilles: 

- Maria Nikolaevna, je t''ai cherchée pdans toute la ville. Quel genre de comportement est-ce là, de ne donner ton adresse à personne! En fait, j'ai demandé à tous les Russes, j'ai mal aux pieds à force de marcher, et je suis venu ici, aujourd'hui, en pensant que peut-être tu viendrais à l'église? Allons voir N. - il m'a envoyé te chercher... 

- Encore une fois, ce grigou? Jamais! 

- Mais il avait eu un changement dans son coeur, il est venu me voir lui-même, et m'a prié de te trouver. 

Enfin, j'ai accepté, même si je savais que rien n'en résulterait... 

N. nous a accueillis comme des invités précieux, il nous a invités à faire connaissance avec son épouse, puis il a dit: 

- Écoutez-moi, très estimée Maria Nikolaevna, et puis jugez, comme vous l'entendrez. J'ai refusé de vous donner du travail, parce que toutes les places de serveuses étaient prises, et je n'avais pas d'autre travail à proposer. J'ai refusé et cela ne m'a pas troublé: formellement j'avais raison. La nuit vint, et j'ai rêvé que je me tenais devant l'icône de la Reine des Cieux et j'ai entendu Sa voix, dsi terrible, que je tremblais de tout mon être. «Tu n'as pas donné d'emploi, - ai-je entendu, à la femme qui est venue à toi, il se peut qu'elle meure, et Tu en seras coupable." Je me suis réveillé pétrifié. La Reine des Cieux Elle-même, est venue pour vous protéger! Je pouvais à peine attendre jusqu'au matin, quand je suis allé vers Nikolai Petrovitch: je lui ai demandé de vous faire venir, et il a refusé, - il ne savait pas quand et où vous chercher. Je ne peux pas décrire la façon dont mon épouse et moi étions inquiets. Dieu merci, vous êtes venue. Et j'ai déjà tout prévu, les tables peuvent être déplacées et mises plus proches les unes des autres dans la salle à manger, pour en ajouter un de plus, tandis que deux d'entre elles, nous les mettrons à l'extérieur près de l'entrée, il y aura de travail pour vous, et je vous demande de commencer demain, je ferai de vous la serveuse en chef. 

J'écoutais et ne pouvais pas comprendre, et quelque chose de merveilleux, de puissant, d'inaccessible à l'esprit, grandissait de plus en plus en mon âme - le sentiment de joie inattendue.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://www.fatheralexander.org/booklets/english/chudesa_e.htm#_Toc75662146

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