"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 7 juillet 2019

Métropolite Athanase de Limassol (Chypre) :J'ADMIRE LA FAÇON DONT LE MÉTROPOLITE ONUPHRE A GÉRÉ CETTE CRISE.


Son Eminence le Métropolite Athanase de Limassol est quelqu'un qui n'a pas besoin d'être présenté dans le monde orthodoxe. Il jouit de l'autorité en vertu de sa haute vie spirituelle et il est connu comme un homme de prière et un strict défenseur de l'Orthodoxie. C'est pourquoi il était important pour nous de connaître son point de vue personnel sur la situation en Ukraine.
En entrant dans la salle où devait avoir lieu l'entretien, nos yeux se sont posés sur les nombreuses images d'ascètes, de saints et de hiérarques chypriotes. Les quatre coins de la pièce il y avait des croix. Tout cela a créé une certaine atmosphère, où le spirituel devient central. "Allons-nous faire toute l'interview sur l'Ukraine ?" demanda Vladyka.


***
Bon après-midi, Vladyka. Je vous suis reconnaissant de m'avoir donné l'occasion de mener l'entrevue d'aujourd'hui. En effet, la situation en Ukraine est peut-être devenue le sujet le plus discuté dans tout le monde orthodoxe, c'est pourquoi nous avons voulu précisément en parler. Chypre a été l'un des premiers pays à accepter le christianisme, et l'Église chypriote a une histoire riche et une grande expérience de la vie chrétienne. Par conséquent, la proposition de l'Église chypriote de créer une plate-forme pour les négociations interorthodoxes ici à Chypre est tout à fait naturelle, et nous voyons qu'elle a déjà porté ses premiers fruits - les Églises de Jérusalem et d'Antioche sont prêtes au dialogue et entendent surmonter la crise dans leurs relations. L'Église chypriote a-t-elle une vision sur la manière de sortir de la crise qui s'est développée dans la sphère ecclésiastique en Ukraine ?
-Comme vous le savez, l'archevêque de Chypre a déjà rendu visite au Patriarcat de Bulgarie, au Patriarcat de Serbie et à l'Église de Grèce, et a rencontré les Patriarches des Églises d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem, et il maintient la communication avec Mgr Anastase de l'Église albanaise. Il fait tout son possible pour surmonter cette crise. Je ne sais pas s'ils ont déjà réussi à obtenir des résultats, mais l'Archevêque et le Synode de notre Église mettent tout en œuvre pour aider à résoudre cette crise.  
-Avant l'octroi du tomos d'autocéphalie pour l'Église ukrainienne, le président de l'Ukraine Petro Porochenko et le patriarche Bartholomée ont signé un accord selon lequel le patriarcat de Constantinople s'est engagé à travailler auprès des autres Églises locales pour la reconnaissance de l'autocéphalie ukrainienne, et Petro Porochenko était censé transférer de la propriété et des bâtiments en Ukraine au Patriarche Bartholomée. Cela ressemble à un contrat de vente d'autocéphalie et cela a semé la tentation et l'indignation parmi la population.
Comment la procédure d'octroi de l'autocéphalie devrait-elle se dérouler, et dans quelle mesure un tel accord est-il approprié du point de vue des traditions de l'Église ?

-Pour ce qui est de la première partie de votre question sur l'accord que vous avez mentionné, je n'ai pas d'information à ce sujet et je ne peux donc rien en dire. C'est peut-être parce que je ne connais pas la langue. Quant à la deuxième partie de votre question sur la procédure d'octroi de l'autocéphalie, pour autant que je sache, lors des réunions précédant le Concile des Églises orthodoxes (sur la Crète), il y a eu de nombreuses conversations sur ce sujet de la manière dont l'autocéphalie devrait être accordée à une Église. Je n'ai jamais assisté à ces réunions, mais, pour autant que je sache, toutes les Églises sont allées jusqu'à la dernière étape de la discussion sur cette question, mais n'ont pas trouvé de solution commune.
Considérant toutes ces questions, il faut comprendre que toute décision de l'Église doit conduire à l'unité et à l'amour. Je ne veux pas croire que le patriarche œcuménique, l'Église d'Ukraine ou l'Église russe voulaient créer un problème, mais un problème existe vraiment maintenant, et donc nous devrions tous trouver un moyen de résoudre ce problème ensemble, trouver un chemin pour guérir cette blessure. Sur ce chemin, les responsables de l'Église doivent être très attentifs, partir des intérêts communs de l'Église et faire preuve d'humilité. Tout cela devrait être inhérent aux primats des Églises, du clergé et de tous les chrétiens.
- Il y a environ 100 évêques dans l'Église ukrainienne [canonique] sous la direction du métropolite Onuphre. Seuls deux de ces évêques ont rejoint la nouvelle structure ecclésiale en Ukraine. Etant donné le manque de volonté des hiérarques de l'Eglise canonique d'aller vers la nouvelle structure en Ukraine, les gens ont tendance à penser que le tomos a été donné aux structures schismatiques (« patriarcat de Kiev » et église orthodoxe ukrainienne schismatique), légalisant ainsi le schisme. Quelle est l'attitude des Églises locales orthodoxes à cet égard ?
- Je vous lis un passage du sixième point de la déclaration du Saint Synode de l'Église orthodoxe chypriote, où il est précisé que le Saint Synode hésite à reconnaître le sacerdoce des personnes qui n'ont pas été ordonnées canoniquement. Le sixième point dit : "Les 2.000 ans d'histoire de l'Église de Chypre, et de toute l'Église orthodoxe, jettent le doute sur la possibilité de légaliser les sacrements célébrés par des hiérarques qui ont été défroqués, excommuniés de l'Église et anathématisés.
Leur punition a été reconnue par toutes les Églises orthodoxes. Nous avons reconnu l'anathème de Philarète et, par conséquent, le Synode de l'Église chypriote doute qu'il soit possible de reconnaître l'efficacité des consécrations et autres sacrements qu'ils ont célébrés. C'est pourquoi nous - l'Eglise de Chypre - n'avons pas encore officiellement reconnu Epiphane comme chef de la nouvelle église ukrainienne.
- Il a été rapporté dans les médias que vous n'aviez pas signé le communiqué de l'Église chypriote sur la situation en Ukraine. Quelle en était la raison ?
- C'est vrai. Je n'ai pas signé la déclaration du Synode de l'Église chypriote parce que je n'étais pas d'accord avec certains points du texte. Bien sûr, la majorité des membres du Synode ont adopté ce texte, qui est devenu le reflet de la position de l'Église de Chypre. Ce texte visait à maintenir l'ordre dans l'Église, mais j'ai personnellement quelques doutes sur certains points de ce texte.
- Plusieurs représentants de la nouvelle église ukrainienne sous la direction d'Epiphane Doumenko ont interprété votre décision comme voulant prétendument les soutenir.
- [Il rit] C’est exactement le contraire. Je voulais que le texte soit plus clair et plus précis et qu'il soutienne expressément le Métropolite Onuphre et d'autres points. Bien sûr, j'accepte respectueusement l'opinion de l'Archevêque et des autres membres du Synode sur la façon dont nous devrions avoir une position neutre pour la possibilité de devenir médiateurs entre Constantinople et Moscou. De ce point de vue, il est acceptable pour moi dans une certaine mesure, mais je préférerais que le Synode de l'Église chypriote exprime une position claire et sans ambiguïté, puisque chacun peut interpréter ce texte publié par l'Église chypriote selon son propre jugement : "pour" ou "contre".
Et c'est donc ce qui se passe. Je vais vous donner un exemple pour mieux comprendre. Le premier paragraphe dit que chaque nation a le droit de revendiquer l'autocéphalie de l'Église en même temps que l'indépendance nationale. Si nous prenons cela comme règle, alors chaque pays va créer son Église autocéphale. Je vais vous donner un exemple simple : Le Patriarcat d'Antioche nourrit spirituellement plusieurs pays : les Emirats Arabes Unis, le Liban, la Syrie et d'autres. Selon cette logique, le Liban devrait avoir l'autocéphalie, et d'autres pays recevraient également l'autocéphalie de l'Église.
C'est la même chose avec le Patriarcat d'Alexandrie : Il y a de nombreux pays africains sous sa direction. Selon cette logique, le Kenya devrait être autocéphale, le Mozambique et la Tanzanie aussi. Ce sont tous des pays et des nationalités distincts. Si nous appliquons cette logique à tout le monde, ce serait une mosaïque d'autocéphalie. Ce n'est pas logique. Quand nous faisons quelque chose, nous devons d'abord penser aux conséquences, en reconnaissant les forces et les faiblesses de chaque Église individuelle. Ne voyons-nous vraiment pas que nos frères russes considèrent Kiev comme les fonts baptismaux de la Rus' ?
- Et bien sûr, cette logique conduit aussi à l'idée qu'avec la fin de l'existence d'un État séparé, l'Église concernée devrait se liquider elle-même.
- Ça aussi, et je vais vous donner un exemple : Skopje, ou Macédoine du Nord comme on l'appelle maintenant, que nous ne reconnaissons pas. Selon cette logique, ils devraient avoir une Église autocéphale ; et le Monténégro aussi. Comprenez-vous que c'est un chemin vers la catastrophe avec beaucoup de problèmes ? C'est pourquoi le texte de la déclaration était inacceptable pour moi personnellement. Je respecte la décision de l'Église, j'obéis à l'Église, mais en exprimant mon opinion personnelle sur cette question, je peux dire que je ne suis pas d'accord.
- Le patriarche Bartholomée a dit que l’octroi du tomos d'autocéphalie avait pour but de guérir les divisions en Ukraine. Cependant, le Métropolite Antoine de Boryspil a récemment déclaré que moins d'un pour cent des paroisses de l'Eglise canonique sous le Métropolite Onuphre est parti vers la nouvelle église. Et dans une de ses interviews il y a quelques jours, Philarète Denisenko a dit que le tomos a conduit à la division et à l'opposition même parmi les rangs de ceux qu'il est accepté d'appeler les schismatiques en Ukraine. Il s'avère que le tomos s'unit pas, mais divise encore plus la société ukrainienne. Peut-être l'émission du tomos sans tenir compte de l'opinion de l'Eglise ukrainienne canonique et des Eglises locales était-elle une erreur ?
-À mon av is, il s'agissait d'une décision un peu hâtive. Il fallait attendre que les Primats de toutes les autres Églises locales expriment aussi leur consentement. Nous voyons maintenant que les Synodes des Églises locales sont appelés (par Constantinople) à reconnaître la nouvelle structure ecclésiale post factum, ce qui crée de nombreux problèmes.
Dans le cas de l'Ukraine, un certain nombre de questions se posent :
° excommunié, anathématisé, défroqué, comme Philarète ;
° les "prêtres" de Macaire n'ayant pas d'ordination valide ;
° et aussi le fait qu'une hiérarchie existait déjà-100 hiérarques avec leur Primat canonique le Métropolite Onuphre, avec lequel nous avons tous concélébré, selon les canons.
Et tout cela a chaviré en une journée. Bien sûr, ce n'est pas la décision d'un seul homme, ce n'est pas la décision du patriarche Bartholomée - c'est la décision du Synode du patriarcat de Constantinople sous la présidence du patriarche Bartholomée.
- Beaucoup d'Églises se demandent maintenant comment les consécrations dans la structure nouvellement créée sont invalides. Les représentants de plusieurs Églises ont dit explicitement qu'il s'agit d'un rassemblement de laïcs, car il ne peut y avoir de sacerdoce chez les schismatiques.
- Le Synode de l'Église chypriote le dit : Il ne peut y avoir de sacerdoce parmi ceux qui ont été privés du sacerdoce, excommuniés ou soumis à l'anathème.
- En même temps, les représentants du Patriarcat de Constantinople déclarent que cette nouvelle structure a encore un sacerdoce complet. Le premier canon de saint Basile le Grand dit explicitement que quiconque entre dans le schisme perd immédiatement la succession apostolique et le sacerdoce, et ne peut plus célébrer les sacrements ou transmettre la grâce du sacerdoce, dans la mesure où il est lui-même tombé loin de la Grâce de l'Esprit Saint et est laïc.
La position du Patriarcat de Constantinople signifie-t-elle que son attitude à l'égard de ce canon d'un Concile œcuménique a été révisée et qu'il existe des voies menant à des conclusions directement opposées à celles dont il a parlé ?
- Si les canons sacrés le disent, personne ne peut le remettre en question, mais on doit l'accepter. Dans le cas de l'Ukraine, plusieurs personnes n'ont pas reçu la dignité épiscopale - le groupe des soi-disant évêques qui se sont ordonnés eux-mêmes - les "évêques" de Macaire. Il y avait Philarète, et il y avait un groupe de gens sous Macaire, qui sont en fait auto-consacrés - ils n'ont pas été ordonnés. S'il n'y avait eu qu'un seul groupe qui avait été défroqué, mais qui avait eu auparavant des ordinations d'évêques canoniques, le Synode aurait pu les recevoir comme ordonnés par économie. Naturellement, cela pourrait être dans le cas où ils se seraient repentis de leur péché avant cela, et auraient demandé pardon à l'Église. Malheureusement, ce n'est pas ce que nous voyons, et nous ne voyons pas qu'ils aient reçu une quelconque ordination légitime maintenant.
- Les représentants de la nouvelle église sont en train de créer des problèmes pour l'Eglise canonique. Le patriarche de Constantinople, ayant, selon le tomos, l'autorité compétente dans la nouvelle église, devrait-il faire des déclarations et influencer ces gens qui ne cachent même pas leur lutte pour le pouvoir ? Le patriarche Bartholomée devrait-il y mettre fin ?
- Je ne peux pas savoir à quoi pense le Patriarche œcuménique. Ce n'est pas facile à nous de parler du patriarche Bartholomée, parce qu'il est notre père, et que nous le respectons et l'aimons. En même temps, nous considérons le Métropolite Onuphre comme notre frère. Nous ne faisons pas de division entre les Ukrainiens et les Grecs, car nous sommes frères et chrétiens orthodoxes. Et vous devez comprendre que ce qui se passe maintenant est douloureux pour nous - nous sommes peinés pour l'un et l'autre Patriarcat, et pour l'Église d'Ukraine.
- Il y a l'opinion que les tentatives de déclarer les actions des schismatiques comme sacrements bénis et de reconnaître leurs consécrations conduiront à une confusion des concepts du bien et du mal au fil du temps. Il s'avère que pas plus tard qu'hier, l'Église a reconnu quelque chose comme un péché (par exemple, lorsque le patriarche Bartholomée a reconnu la justesse de l'anathème contre Philarète dans une lettre à l'Eglise orthodoxe russe), et aujourd'hui il s'avère que le péché a cessé d'être un péché. Derrière la tentative de réexaminer le passé de cette structure, non seulement les questions de son statut et des limites territoriales de l'Église canonique sont examinées, mais aussi les questions du péché et de la vertu. Les concepts du bien et du mal seraient effacés dans l'Église : D'un trait de plume, les pécheurs d'hier peuvent être déclarés prêtres pieux, et les pieux prêtres -pécheurs. Qu'est-ce que vous en pensez ?
- Ecoutez. Tout péché et toute mauvaise action sont pardonnés par la repentance. S'il y a repentance, l'Église reçoit tout le monde. Personne n'en est exclu. Il y a des exemples dans l'histoire de l'Église où notre Église, pour des raisons économiques, a accueilli des communautés de schismatiques dans son sein par décision synodale. Cependant, ceci devrait être précédé par la repentance et une reconnaissance du péché. Alors l'Église, en tant que mère aimante, embrasse tous ses enfants. Mais malheureusement, nous ne voyons pas cela dans le cas de Philarète.
- Le métropolite Emmanuel du patriarcat de Constantinople s'est récemment rendu en Ukraine et a, entre autres, rencontré Philarète Denisenko. Des photos communes ont été prises après la réunion où le koukol patriarcal de Denisenko (chapeau en dôme) se trouvait à l'arrière-plan. Ces photos ont été publiées sur le site officiel du Phanar. Dans ses discours, Denisenko souligne que puisque le Patriarche Bartholomée a déjà reconnu la nouvelle église, alors il fera toutes les concessions, même si elles brisent les conditions du tomos, pour ne pas perdre autorité aux yeux des autres églises. Si Denisenko était reconnu comme patriarche par le patriarche Bartholomée, comment serait-il traité dans le monde orthodoxe ? 

- Je pense que ce n'est pas sérieux, parce que Denisenko est une personne assez âgée, et nous ne devrions pas concentrer notre attention sur une personne en particulier. À un moment donné, il quittera ce monde, comme nous tous. La question importante est de savoir qui est le chef canonique et légitime de l'Église d'Ukraine, avec qui nous pouvons célébrer les offices et avec qui on ne le peut pas. Le problème n'est pas dans une personne en particulier - Philarète, Epiphane, ou qui que ce soit d'autre. Il s'agit des canons sacrés, qui servent de garants de l'ordre dans l'Église.
- Philarète Denisenko et Macaire Maletitch - les anciens chefs des structures schismatiques du « patriarcat de Kiev » et de « l'église orthodoxe ukrainienne » [schismatique]- ont déclaré publiquement que malgré la création de la nouvelle église, ils n'ont toujours pas soumis les documents pour liquider leurs structures, et jusqu'ici ils n'en ont pas l'intention. De plus, même les sites officiels de ces schismes fonctionnent encore sous leurs anciens noms, et sur le site du « patriarcat de Kiev » Philarète Denisenko est toujours appelé patriarche et chef de cette structure. Cela signifie qu'une seule et même personne est à la fois membre de la nouvelle église et membre des schismes.
- Bien sûr, tout cela fait partie de la triste réalité liée à l'Eglise ukrainienne. Peut-être diront-ils eux-mêmes qu'ils ont besoin de temps pour tout mettre en ordre, mais je répète ce que j'ai dit plus tôt - la question principale n'est pas dans les détails de leurs actions, mais dans le chemin canonique qu'ils auraient dû suivre.
-Le "métropolite" Joasaph de Belgorod, clerc de l'église nouvellement créée, a récemment dit qu'il y a une grande confrontation entre Philarète Denisenko et le chef de la nouvelle église Epiphane, et aussi entre leurs adhérents, et cette situation pourrait donner lieu à un schisme dans la structure. Si la situation s'aggrave, le patriarcat de Constantinople doit-il rendre compte de tout ce qui s'est passé à son initiative, et y a-t-il vraiment une menace de schisme dans l'orthodoxie mondiale en raison de l'octroi d'un tomos d'autocéphalie à la nouvelle « église » en Ukraine ?
- Je ne pense pas que le problème se concentre sur une personne, même si cette personne est Denisenko. En ce qui concerne la possibilité que de plus grands problèmes surgissent dans l'Église orthodoxe, malheureusement, il y a un tel danger. Mais nous espérons d'abord dans la miséricorde de Dieu qui ne permet aucune tentation dépassant la force de Son Église, et dans le consentement et les bonnes intentions des responsables de toutes les Églises locales : Le patriarche œcuménique Bartholomée, le Patriarche Cyrille de Moscou et le Métropolite Onuphre de Kiev, parce qu'ils veulent tous quelque chose de bien pour l'Église. Je pense qu'ils ont tous de bonnes intentions. Je crois que le Seigneur enverra une solution au problème et donc nous devrions beaucoup prier. Le Christ a dit que les tentations sont vaincues par une grande foi et de nombreuses prières.

- Selon les canons, chaque ville ne peut avoir qu'un seul évêque orthodoxe. Quand le patriarche Bartholomée dit qu'Epiphane est maintenant le métropolite de Kiev, cela ne signifie-t-il pas qu'il déclare le métropolite Onuphre presque schismatique et qu'il n'a pas le droit d'être hiérarque de Kiev ?
- Non, il n'a pas dit ça. Nous devons être honnêtes. Il a écrit dans sa lettre : "Quand un nouveau métropolite de Kiev sera élu après le tomos, alors Onuphre ne pourra pas être appelé Métropolite de Kiev, mais il n'a pas dit qu'il deviendra schismatique. J'ai déjà dit que, malheureusement, ce sont là les conséquences d'une décision hâtive.
- Le métropolite Onuphre est-il donc privé de la possibilité de servir en Ukraine ?
- Je ne le crois pas, non. Peut-être qu'à Constantinople ils pensaient que tout le monde voudrait entrer dans la nouvelle église, et cela a dicté une telle décision, mais je ne peux pas dire à leur place ce qu'ils en pensent.
Voilà un des nouveaux "évêques" du Tomos octroyé par Bartholomée! 

- L'octroi du tomos aux schismatiques ukrainiens a donné naissance à de sérieux problèmes. Par exemple, en 2014, « l'évêque » schismatique du « patriarcat de Kiev » Kirill s'est délibérément rendu dans la zone de guerre pour apporter de l’aide aux soldats et tirer sur les séparatistes, et après cela il a montré des photos de lui, arme à la main. Dans une interview, il a déclaré qu'il avait tiré sur les séparatistes, bien qu'il n'était pas sûr d’avoir tué quelqu'un. Il a été suspendu de servir dans le soi-disant patriarcat de Kiev, mais est entré dans le schisme dans l'église orthodoxe ukrainienne [schismatique de Macaire], qui l'a reçu comme évêque. Maintenant cette « église «  a reçu le tomos, et cet homme y est compté parmi les évêques.
- Le problème n'est pas chez certaines personnes qui se comportent mal. Les gens qui se comportent mal peuvent être n'importe où. Notre tâche est de suivre les canons sacrés et les actions appropriées, mais les gens qui font de mauvaises actions sont partout.
- Je voudrais poser cette dernière question sur la situation en Ukraine avec les catholiques : On sait que tous les participants au mouvement d'autocéphalie en Ukraine ont convenu d'une manière ou d'une autre d'un rapprochement avec les uniates. J'étudie le rôle de l'Église catholique dans les mouvements de protestation et les révolutions d'État sous le règne du pape François de Rome. Je connais donc de nombreux faits sur la façon dont les uniates ont souvent promu les idées d'autocéphalie pour les orthodoxes en Ukraine.
La nouvelle église se compose essentiellement de trois parties :
1) Les schismatiques de l'ancien patriarcat dit de Kiev
2) Ceux qui étaient soumis à Macaire
3) Deux évêques qui ont quitté l'Église canonique [du Métropolite Onuphre]

Si l'on considère le premier groupe, Philareète Denisenko a annoncé la possibilité de s'unir avec les uniates en 2014 et 2016.

Dans le deuxième groupe, Macaire Maletitch a signé un mémorandum avec quatre évêques d'autres églises en 2014, dont des évêques uniates, sur la création d'une église au niveau des diocèses dessinés individuellement. Deux évêques de l'Église canonique ont également signé, à l'insu du métropolite Onuphre, et quelques jours plus tard ils ont retiré leur signature. Mais cela montrait que Macaire était prêt à créer une seule église avec les uniates sans que les uniates ne renoncent à leurs erreurs.
Si nous attirons notre attention sur le troisième groupe, les partisans de l'ancien métropolite Alexandre Drabinko ont appelé à une prière commune avec les catholiques.
Et maintenant, le chef de cette structure, Epiphane, rapporte que la nouvelle église tout entière pourrait s'unir avec les uniates à l'avenir. Pourquoi soulever la question du statut de cette structure, s'il y a des déclarations à tous les niveaux sur une éventuelle unification avec les uniates ?
- Vraisemblablement qu'ils ont dit cela avant de recevoir le tomos ?

- La majorité, oui, bien que le responsable de la nouvelle structure Epiphane ait fait cette déclaration il y a quelques semaines seulement.
- S'ils font des déclarations sur des choses qui ne sont pas orthodoxes dans leur essence, alors les Primats de toutes les Églises orthodoxes devraient en tenir sérieusement compte et leur montrer que de telles déclarations sont fausses.
Écoutez, en guise d'épilogue à tout ce dont nous avons discuté ici, je vais vous dire mon opinion personnelle. Je le ressens et je le crois... mais je pourrais me tromper.

Je crois que le Métropolite Onuphre de Kiev est le Primat canonique de l'Église orthodoxe ukrainienne. Je veux demander à tous les frères orthodoxes d'Ukraine d'être sous l'omophore du Métropolite Onuphre, de soutenir son Église, de rester fidèles à la foi orthodoxe. Je comprends qu'ils vivent de grandes tentations. Nous sommes vraiment désolés, et nous demandons pardon que chacun d'entre nous soit en quelque sorte la cause de ces tentations, mais nous prions que le Seigneur les aide à passer à travers ces tentations.
Je peux également dire ce qui suit. Je suis très impressionné et j'admire beaucoup la façon dont le Métropolite Onuphre de Kiev a géré cette crise : avec beaucoup de calme, beaucoup de dignité, peu de mots, peu de déclarations et beaucoup de prières. Nous ne voulons blâmer personne. Nous respectons et aimons notre patriarcat œcuménique. Nous ne voulons pas contrarier le patriarche Bartholomée. Nous respectons et aimons aussi le Patriarche Cyrille de Moscou. Nous sommes tous frères, nous sommes tous un seul corps de chrétiens orthodoxes. C'est une tentation. Nous devons élever des prières et cela passera. C'est l'essence même de cette question. On ne sera pas victorieux si on se tire dessus. Nous serons victorieux si nous élevons des prières dans l'humilité et demandons à Dieu d'accomplir Sa sainte volonté.
- C'est-à-dire, que la solution à ce problème serait dans un esprit d'amour.
- Exactement.  Chaque jour, nous disons au Christ : "Que Ta volonté soit faite." Nous devons la chercher et elle devrait être le but de notre vie. Et cette approche devrait encore plus être vue au niveau des Primats des Églises.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Remarque: Cette interview a eu lieu avant certains événements récents, dont la résurgence du "patriarcat de Kiev" et l'ordination par M. Denisenko de 2 nouveaux "évêques, et son rejet du Tomos!

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