Jean-Claude Larchet, La vie liturgique, Éditions du Cerf, Paris, 2016, 418 pages.
Ce volume achève la série d’études que l’auteur a consacrées à la conception orthodoxe de l’Église (L’Église, corps du Christ, I, Nature et structure, Éditions du Cerf, Paris, 2012 ; L’Église, corps du Christ, II, Les relations entre les Églises, Éditions du Cerf, Paris, 2012 ; La vie sacramentelle, Éditions du Cerf, Paris, 2014).
Après le volume dédié à la vie sacramentelle, il a pour objet un autre aspect essentiel de la vie en Église, complémentaire du précédent et pour une part étroitement associé à lui : la vie liturgique.
Le projet de ce volume est, comme celui des précédents, principalement didactique.
La vie liturgique de l’Église orthodoxe est pour l’essentiel, dans ses prières et ses rites, l’héritière des pratiques des premiers siècles. Porteuse d’une longue et ancienne tradition, elle a néanmoins connu au cours des siècles, en fonction des besoins propres à chaque époque, à chaque Église locale ou aux institutions monastiques, des évolutions, qui sont généralement allées dans le sens d’une accumulation de strates et d’une complexification, concernant en particulier l’ordonnancement des services.
Toute personne qui assiste pour la première fois à un service liturgique orthodoxe est d’abord saisie par sa beauté, liée pour une part à celle de l’environnement, des chants, des gestes et des mouvements liturgiques (qui constituent une sorte de chorégraphie sacrée), des lumières, ainsi que des fresques et des icônes, le tout parcouru par la bonne odeur de l’encens. Elle se sent transportée dans un autre monde, auquel elle s’intègre d’une manière intuitive, avec le cœur plus qu’avec la raison, dans une approche plus contemplative qu’intellective. Les fidèles peuvent, même après une longue habitude, se contenter d’une telle approche et dire simplement, comme les Apôtres, « Seigneur il nous est bon d’être ici ensemble avec Toi » (cf. Mc 9, 5) et aller jusqu’à se sentir bien en entendant des prières dites dans une langue qu’ils ne comprennent pas. Mais comme le dit saint Paul, « si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n’en retire aucun fruit. Que faire donc ? Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence. Je dirai une hymne avec l’esprit, mais je la dirai aussi avec l’intelligence » (1 Co 14, 14-15). Saint Jean Chrysostome, de son côté, n’hésite par à dire : « Il est nécessaire de comprendre le miracle du mystère de la Liturgie : ce qu’il est, pourquoi il a été donné, et quelle est son utilité. »
Les services liturgiques ont non seulement un riche contenu hymnographique, élaboré par des saints et parfois par de très grands Pères de l’Église (comme saint Jean Damascène), mais encore une structure qu’il importe de comprendre pour bien s’engager dans leur mouvement d’ensemble, qui est le plus souvent progressif et pédagogique, et donc pour mieux participer à l’un de leurs principaux buts, qui est de former et d’élever les âmes pour les rapprocher de Dieu et les unir à Lui.
Les textes liturgiques ne sont pas isolés, mais sont chantés en symbiose avec des rites qui ont une forte charge symbolique, dans un environnement qui est lui-même chargé de symboles, qu’il s’agisse de l’architecture de l’église, ou des fresques, icônes, luminaires et parfums qui remplissent son espace.
Les services liturgiques enfin prennent place dans une structure temporelle, annuelle, hebdomadaire ou journalière qui engage les fidèles dans un temps cyclique propre à les faire évoluer spirituellement, à condition toutefois qu’il soit vécu consciemment.
Ce livre veut aider les fidèles de l’Église orthodoxe, mais aussi tous ceux qu’intéresse la richesse de ses services liturgiques – dont le contenu est pour une large part hérité d’un patrimoine antique commun à tous les chrétiens – à en mieux comprendre le cadre spatial, l’organisation temporelle globale, la structure interne, ainsi que le symbolisme complexe ou insoupçonné des prières et des rites.
Il fait voir comment, dans l’espace et dans le temps ordonné de la vie liturgique, l’existence tout entière du fidèle peut s’organiser en un chemin de progrès constant et ascendant, et aller jusqu’à transcender l’espace et le temps dans une expérience anticipée de la vie éternelle dans le Royaume des cieux dont la vie ecclésiale bien menée est la figure.
Son but est aussi de montrer comment la vie liturgique communautaire et la vie spirituelle personnelle se conditionnent et doivent se nourrir et s’enrichir mutuellement, selon un équilibre subtil mais nécessaire.
Le premier chapitre s’intéresse à l’espace liturgique et dégage la signification de la structure de l’église dans son ensemble et dans ses différentes composantes (sanctuaire, nef, narthex, iconostase…), puis des divers éléments du culte (les veilleuses et les bougies, l’encens, les postures et mouvements des fidèles, le chant…).
Le deuxième chapitre s’intéresse au temps liturgique. Il explique la structure et la signification spirituelle des différents cycles (annuel, hebdomadaire, quotidien), avant de dégager le sens spécifique de chaque office du cycle journalier. Il présente ensuite les lectures vétérotestamentaires et néotestamentaires de l’année liturgique, les livres de références pour l’ordonnancement des services (calendrier liturgique, typikon, rubriques), avant de donner quelques aperçus et de formuler quelques remarques sur l’histoire et l’évolution de ces services jusqu’à la pratique actuelle dans les monastères et les paroisses. Une section est enfin consacrée aux temps et aux formes de la prière privée.
Le troisième chapitre est tout entier consacré aux périodes de jeûne et d’abstinence qui occupent dans l’Église orthodoxe plus de la moitié de l’année. Il s’attache à définir leur nature et leurs formes, et propose une réflexion approfondie sur leur signification, leur finalité et leurs effets spirituels. La question est posée de savoir s’il convient de réformer la pratique actuelle, avant qu’une dernière section définisse la relation qui doit s’établir entre le cycle des carêmes et la progressivité de la vie spirituelle.
Le quatrième chapitre présente les caractéristiques générales de la Divine Liturgie, montrant en particulier en quel sens elle est une anamnèse et un sacrifice. Il montre aussi comment, de différents points de vue, son caractère communautaire s’équilibre subtilement avec la position particulière des célébrants et la spiritualité personnelle des fidèles. Une section finale souligne l’importance du symbolisme liturgique et précise la façon de l’aborder.
Les cinquième, sixième et septième chapitres sont consacrés à une analyse détaillée et à un commentaire approfondi de la Divine Liturgie. Suivant pas à pas les paroles et les rites de la Liturgie de saint Jean Chrysostome et des variantes de la Liturgie de saint Basile, et prenant aussi en compte les différences entre les célébrations ordinaires et les célébrations épiscopales ainsi que les variantes entres les différents usages (grec, russe, serbe, roumain), ils cherchent, en s’aidant des grands commentaires patristiques, à dégager le sens (souvent multiforme) des symboles (qui sont omniprésents), avec le but d’aider le lecteur à approfondir à la fois sa compréhension et sa participation.
Le huitième et dernier chapitre montre la façon dont la vie liturgique – dans son ordonnancement général et ses expressions particulières (notamment celles des grandes fêtes) – et la vie spirituelle personnelle se conditionnent réciproquement et doivent s’intégrer l’un à l’autre dans un projet d’ensemble qui doit permettre, tout au long de l’existence, une croissance spirituelle continue.
Ce volume achève la série d’études que l’auteur a consacrées à la conception orthodoxe de l’Église (L’Église, corps du Christ, I, Nature et structure, Éditions du Cerf, Paris, 2012 ; L’Église, corps du Christ, II, Les relations entre les Églises, Éditions du Cerf, Paris, 2012 ; La vie sacramentelle, Éditions du Cerf, Paris, 2014).
Après le volume dédié à la vie sacramentelle, il a pour objet un autre aspect essentiel de la vie en Église, complémentaire du précédent et pour une part étroitement associé à lui : la vie liturgique.
Le projet de ce volume est, comme celui des précédents, principalement didactique.
La vie liturgique de l’Église orthodoxe est pour l’essentiel, dans ses prières et ses rites, l’héritière des pratiques des premiers siècles. Porteuse d’une longue et ancienne tradition, elle a néanmoins connu au cours des siècles, en fonction des besoins propres à chaque époque, à chaque Église locale ou aux institutions monastiques, des évolutions, qui sont généralement allées dans le sens d’une accumulation de strates et d’une complexification, concernant en particulier l’ordonnancement des services.
Toute personne qui assiste pour la première fois à un service liturgique orthodoxe est d’abord saisie par sa beauté, liée pour une part à celle de l’environnement, des chants, des gestes et des mouvements liturgiques (qui constituent une sorte de chorégraphie sacrée), des lumières, ainsi que des fresques et des icônes, le tout parcouru par la bonne odeur de l’encens. Elle se sent transportée dans un autre monde, auquel elle s’intègre d’une manière intuitive, avec le cœur plus qu’avec la raison, dans une approche plus contemplative qu’intellective. Les fidèles peuvent, même après une longue habitude, se contenter d’une telle approche et dire simplement, comme les Apôtres, « Seigneur il nous est bon d’être ici ensemble avec Toi » (cf. Mc 9, 5) et aller jusqu’à se sentir bien en entendant des prières dites dans une langue qu’ils ne comprennent pas. Mais comme le dit saint Paul, « si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n’en retire aucun fruit. Que faire donc ? Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence. Je dirai une hymne avec l’esprit, mais je la dirai aussi avec l’intelligence » (1 Co 14, 14-15). Saint Jean Chrysostome, de son côté, n’hésite par à dire : « Il est nécessaire de comprendre le miracle du mystère de la Liturgie : ce qu’il est, pourquoi il a été donné, et quelle est son utilité. »
Les services liturgiques ont non seulement un riche contenu hymnographique, élaboré par des saints et parfois par de très grands Pères de l’Église (comme saint Jean Damascène), mais encore une structure qu’il importe de comprendre pour bien s’engager dans leur mouvement d’ensemble, qui est le plus souvent progressif et pédagogique, et donc pour mieux participer à l’un de leurs principaux buts, qui est de former et d’élever les âmes pour les rapprocher de Dieu et les unir à Lui.
Les textes liturgiques ne sont pas isolés, mais sont chantés en symbiose avec des rites qui ont une forte charge symbolique, dans un environnement qui est lui-même chargé de symboles, qu’il s’agisse de l’architecture de l’église, ou des fresques, icônes, luminaires et parfums qui remplissent son espace.
Les services liturgiques enfin prennent place dans une structure temporelle, annuelle, hebdomadaire ou journalière qui engage les fidèles dans un temps cyclique propre à les faire évoluer spirituellement, à condition toutefois qu’il soit vécu consciemment.
Ce livre veut aider les fidèles de l’Église orthodoxe, mais aussi tous ceux qu’intéresse la richesse de ses services liturgiques – dont le contenu est pour une large part hérité d’un patrimoine antique commun à tous les chrétiens – à en mieux comprendre le cadre spatial, l’organisation temporelle globale, la structure interne, ainsi que le symbolisme complexe ou insoupçonné des prières et des rites.
Il fait voir comment, dans l’espace et dans le temps ordonné de la vie liturgique, l’existence tout entière du fidèle peut s’organiser en un chemin de progrès constant et ascendant, et aller jusqu’à transcender l’espace et le temps dans une expérience anticipée de la vie éternelle dans le Royaume des cieux dont la vie ecclésiale bien menée est la figure.
Son but est aussi de montrer comment la vie liturgique communautaire et la vie spirituelle personnelle se conditionnent et doivent se nourrir et s’enrichir mutuellement, selon un équilibre subtil mais nécessaire.
Le premier chapitre s’intéresse à l’espace liturgique et dégage la signification de la structure de l’église dans son ensemble et dans ses différentes composantes (sanctuaire, nef, narthex, iconostase…), puis des divers éléments du culte (les veilleuses et les bougies, l’encens, les postures et mouvements des fidèles, le chant…).
Le deuxième chapitre s’intéresse au temps liturgique. Il explique la structure et la signification spirituelle des différents cycles (annuel, hebdomadaire, quotidien), avant de dégager le sens spécifique de chaque office du cycle journalier. Il présente ensuite les lectures vétérotestamentaires et néotestamentaires de l’année liturgique, les livres de références pour l’ordonnancement des services (calendrier liturgique, typikon, rubriques), avant de donner quelques aperçus et de formuler quelques remarques sur l’histoire et l’évolution de ces services jusqu’à la pratique actuelle dans les monastères et les paroisses. Une section est enfin consacrée aux temps et aux formes de la prière privée.
Le troisième chapitre est tout entier consacré aux périodes de jeûne et d’abstinence qui occupent dans l’Église orthodoxe plus de la moitié de l’année. Il s’attache à définir leur nature et leurs formes, et propose une réflexion approfondie sur leur signification, leur finalité et leurs effets spirituels. La question est posée de savoir s’il convient de réformer la pratique actuelle, avant qu’une dernière section définisse la relation qui doit s’établir entre le cycle des carêmes et la progressivité de la vie spirituelle.
Le quatrième chapitre présente les caractéristiques générales de la Divine Liturgie, montrant en particulier en quel sens elle est une anamnèse et un sacrifice. Il montre aussi comment, de différents points de vue, son caractère communautaire s’équilibre subtilement avec la position particulière des célébrants et la spiritualité personnelle des fidèles. Une section finale souligne l’importance du symbolisme liturgique et précise la façon de l’aborder.
Les cinquième, sixième et septième chapitres sont consacrés à une analyse détaillée et à un commentaire approfondi de la Divine Liturgie. Suivant pas à pas les paroles et les rites de la Liturgie de saint Jean Chrysostome et des variantes de la Liturgie de saint Basile, et prenant aussi en compte les différences entre les célébrations ordinaires et les célébrations épiscopales ainsi que les variantes entres les différents usages (grec, russe, serbe, roumain), ils cherchent, en s’aidant des grands commentaires patristiques, à dégager le sens (souvent multiforme) des symboles (qui sont omniprésents), avec le but d’aider le lecteur à approfondir à la fois sa compréhension et sa participation.
Le huitième et dernier chapitre montre la façon dont la vie liturgique – dans son ordonnancement général et ses expressions particulières (notamment celles des grandes fêtes) – et la vie spirituelle personnelle se conditionnent réciproquement et doivent s’intégrer l’un à l’autre dans un projet d’ensemble qui doit permettre, tout au long de l’existence, une croissance spirituelle continue.
(Extrait de l’introduction)
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