"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 16 janvier 2020

Recension et réaction...ORTHODOXIE : Georges Florovsky, une grande figure théologique du XXe siècle Publié PAR LA CROIXle 17 décembre 2019

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Ce recueil regroupe vingt-cinq textes, écrits entre 1927 et 1958 par Georges Florovsky  (1893-1979), grande figure de la théologie orthodoxe du siècle dernier. Ils sont précédés d’une longue étude de Jean-Claude Larchet qui souffre d’un manque de distance critique. 

« En suivant les Pères… ». La vie et l’œuvre du Père Georges Florovsky,
de Jean-Claude Larchet,
Genève, Éditions des Syrtes, 2019, 500 p., 22 €

Théologien orthodoxe né à Odessa (alors dans l’Empire russe) en 1893 et décédé à Princeton (États-Unis) en 1979, Georges Florovsky, ordonné prêtre sur le tard, en 1932, a vécu, comme tant d’autres de sa génération, en émigré dans plusieurs pays après la Révolution russe : à Prague, à Paris, près de New-York puis de Boston, à Cambridge, enfin à Princeton où il mourut, chaque fois enseignant la théologie. Il y eut aussi l’épisode de de la Seconde guerre mondiale que son épouse et lui passèrent en Yougoslavie et Tchécoslovaquie.

Une influence néfaste de l’Occident sur la théologie russe

En fait, si Florovsky a écrit de très nombreux articles au cours de sa carrière, repris en anglais dans les 14 volumes de ses Collecting works, parus entre 1972 et 1989, il n’a laissé que peu de livres entiers, en dehors du plus connu, Les voies de la théologie russe, publié en russe en 1937 et deux fois traduit en français : en 1991 par Jean-Claude Roberti (partiellement) et en 2001 par Jean-Louis Palierne. Aussi est-il heureux que Jean-Claude Larchet édite aujourd’hui ce recueil de vingt-cinq textes, écrits entre 1927 et 1958 par Florovsky, l’un d’entre eux étant d’ailleurs une synthèse des Voies de la théologie russe. De toute façon, au risque d’être parfois un peu répétitifs, tous ces articles, de tailles variables, illustrent bien ce que J.-C. Larchet, dans une introduction d’environ 130 pages à la vie et l’œuvre de Florovsky, appelle « les deux axes principaux de la pensée » de son héros.

Tout d’abord, ce dernier a fortement critiqué les influences occidentales qu’a subi la théologie russe depuis le XVIe siècle et qui, dit-il, l’ont fortement dévitalisée : cela commence avec le protestantisme puis avec le catholicisme romain (et avec ce dernier cela durait en fait depuis le Moyen-Age et le thomisme), les Lumières et l’idéalisme allemand et cela va jusqu’à ce que l’on peut appeler la « Renaissance religieuse russe » plus récente où, écrit Larchet, « dans la deuxième moitié du XIX° siècle et la première moitié du XX°, la théologie (russe) a pris la forme d’une philosophie religieuse qui était en décalage avec la théologie orthodoxe traditionnelle tant dans sa méthodologie et sa forme que dans son contenu ».

Soloviev, puis Berdiaev et Boulgakov (ce dernier avec sa fameuse théorie de la Sophia) sont les représentants de ce courant qui fut majoritaire au jeune Institut Saint-Serge de Paris que Florovsky, qui y enseignait depuis 1926, dut finalement quitter en 1948 pour New-York, tels les désaccords étaient forts. Mais, à nouveau, et pour les mêmes raisons, il devra lâcher dès 1955 son enseignement au jeune St Vladimir’s Orthodox Theological Seminary.

Revenir aux Pères de l’Église

Dès son ouvrage de 1937, il avait indiqué que, selon lui, la théologie orthodoxe devait amorcer un retournement complet en abandonnant la voie libérale qu’elle avait prise pour revenir aux Pères de l’Église. Il ne s’agit pas pour autant de simplement « manier des citations » de ces derniers « en dehors de la structure totale de la foi dans lesquelles seulement elles sont vivantes. ‘Suivre’ les Pères ne signifie pas seulement citer leurs phrases. Cela signifie acquérir leur ‘esprit’, leur phronema (mentalité) ».

Bref, comme le résume bien Larchet, « le retour aux Pères n’est donc pas pour Florovsky une simple démarche intellectuelle. C’est aussi une démarche spirituelle, qui implique que l’on se soumette humblement à leur enseignement d’une part et que l’on adopte leur façon de penser, d’autre part ». Florovsky prône alors fortement à la fois ce qu’il appelle une ‘ré-hellénisation’ de la théologie et une ‘synthèse néo-patristique’.

« Le deuxième axe de la pensée de Florovsky, écrit J.-C. Larchet, est relatif à son engagement pendant quarante ans dans le mouvement œcuménique »,  il a participé à de nombreuses rencontres internationales, en particulier au sein du Conseil œcuménique des Églises à partir de sa fondation en 1948. Mais, là, il faut prévenir tout de suite un lecteur catholique, la conception de Florovsky était bien précise et correspondait davantage à la position qu’avait l’Église catholique, à fronts renversés bien sûr, avant le concile de Vatican II. En effet, pour notre théologien, et il martèle cela avec force dans les articles repris ici, par exemple en 1950 : « En tant que membre de et prêtre de l’Église orthodoxe, je crois que l’Église dans laquelle j’ai été baptisé et élevé est en tout vérité l’Église et la seule Église véritable » ; alors, assez logiquement, poursuit-il, « par conséquent, pour moi, la réunion des chrétiens est simplement une conversion universelle à l’Orthodoxie » !

Un manque de distance critique

Il fait convenir que, honnêtement, le lecteur catholique de cet ouvrage instructif ne peut pas éprouver un certain malaise. D’abord sur la forme quand il s’aperçoit que Jean-Claude Larchet, complètement emporté par l’admiration qu’il porte à son modèle, ne prend aucune distance critique avec la pensée de ce dernier, ce qui lui permet des jugements assez durs et qui peuvent parfois nous paraître faciles ou excessifs sur la société ou les chrétiens d’aujourd’hui. Par exemple, il va jusqu’à dire que la théologie orthodoxe était « pervertie par des influences étrangères (catholiques-romaines et protestantes) et, dans sa forme, sa méthodologie se mélangeait à celle de la philosophie » ou que, « malheureusement, la plupart des catholiques, dans la ligne du mouvement de sécularisation promu par le concile Vatican II, rejoignaient les protestants dans des préoccupations presque exclusivement politiques et sociales »…

Continuant dans cette veine d’un anti-catholicisme primaire et finalement un peu ridicule, Larchet en vient même à critiquer le renouveau patristique qui eut lieu dans l’Église catholique concomitamment à celui de Florovsky, avec, entre autre la collection Sources chrétiennes, accusant bassement celui-ci, « avec (son) côté plus intellectuel, (sa) forme plus scientifique » de ne faire qu’un retour formel aux Pères de l’Église et pas, comme son grand homme, «  à la pensée même des Pères et à leur esprit » !

Une conception étroite de l’œcuménisme

Plus grave, en fait, nous semble le malaise du lecteur sur le fond, et, là, au niveau des deux grands axes de la pensée florovskienne dégagés par Larchet. Tout d’abord, la perception unilatérale de la théologie dans la perspective véhémentement défendue par Florovsky rejette complètement l’apport de nombreux théologiens de l’émigration russe qui ont essayé de présenter l’orthodoxie à un public qui ne la connaissait pas. On peut penser ici à un Vladimir Lossky, un Alexandre Schmemann, durement combattus tous les deux par Florovsky qui s’est fâché avec eux (et son départ de St-Serge et de St-Vladimir est bien dû à cela !) ; ensuite, sa perception de l’œcuménisme est, il faut le dire, bien différente de celle aussi bien de l’Église catholique que du C.O.E.

Alors, quand J.-C. Larchet dit dans ses dernières pages que Florovsky devrait être ou devenir « une référence majeure pour la pensée orthodoxe au XXIe siècle », voudrait-il dire, dans l’excès identitaire qui guette malheureusement toutes les confessions chrétiennes aujourd’hui, qu’il faudrait déclarer hérétiques et proscrire donc tous ces auteurs de l’École de Paris qui ont tellement su bien présenter l’orthodoxie à l’Occident qui l’ignorait presque complètement au cours du siècle dernier ? Et faudrait-il revenir pour l’œcuménisme  à une théologie du retour (chacun à sa confession, bien sûr !) que l’Église catholique a explicitement abandonnée à Vatican II ?…

Sur ce dernier point, on est malheureusement fixé sur l’option personnelle de J.-C. Larchet puisqu’il indique, dans ses dernières lignes, et sans nuance aucune que « la conception (de l’œcuménisme) de Florovsky est en réalité la seule acceptable, parce qu’elle n’implique aucune compromission de la foi et de l’ecclésiologie orthodoxes »… Oui, décidément, il est bien utile de lire ce livre pour découvrir, non toutefois sans quelque surprise, certaines tendances (dérives ?) de l’orthodoxie, y compris francophone, d’aujourd’hui !
David Roure


Réponse de Jean-Claude Larchet :
En tant qu’auteur, il est de mon devoir de réagir à la présentation biaisée (et particulièrement agressive !) que le père David Roure fait de mon livre.

- Tout d’abord Florovsky n’est pas mon « héros » : nous ne sommes pas ici dans l’univers de la bande dessinée ni des films d’aventure. Je ne suis pas non plus « complètement emporté par l’admiration que [je] porte à [m]on modèle ». J’ai derrière moi une œuvre riche de 31 ouvrages et près de 120 article de fond, où Florovsky n’est jamais cité ; je l’ai découvert tardivement, il ne m’a aucunement influencé et n’est à aucun titre mon modèle, bien que je me trouve être, sur la plupart des points, en accord avec lui. Le but de ce livre est de présenter, à travers 25 de ses articles majeurs, la pensée d’un théologien orthodoxe unanimement considéré (par ses partisans ou ses adversaires) comme l’un des plus importants du xxe siècle, et qui fait aujourd’hui encore référence, dans le monde orthodoxe et en dehors. Mon but, dans mon introduction de 130 pages, est de présenter la thématique de ces textes, et d’expliquer certaines notions mises en œuvre par l’auteur qui sont difficiles ou ambiguës, et ont parfois été mal comprises. Avec insistance (dans le chapeau de son article, dans un sous-titre et dans le corps de son texte) David Roure me reproche de « manquer de distance critique ». Mais ce reproche est parfaitement déplacé, car mon but n’est pas de critiquer l’auteur que je présente, pas plus que quand on présente une personne à une autre personne on ne s’attache à la critiquer. Ma démarche est ici la même que dans les introductions que j’ai écrites pour les 31 volumes que j’ai publiés dans la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » que je dirige aux éditions L’Age d’Homme et aux éditions des Syrtes : faire connaître la vie, la personnalité et la pensée d’un auteur dont les œuvres sont proposées ensuite.

- Je voudrais en deuxième lieu corriger dans la présentation de David Roure, un certain nombre d’inexactitudes.

1) Contrairement à ce qu’il affirme, je ne « critique » absolument pas « le renouveau patristique qui a eu lieu dans l’Église catholique concomitamment à celui de Florovsky » et je ne « l’accuse » pas « bassement » ! Je note simplement qu’il a eu surtout un côté intellectuel et une forme scientifique et n’a pas imprégné la pensée des théologiens catholiques au même titre que celle des théologiens orthodoxes qui ont fait à la même époque un retour aux Pères (comme par exemple Vladimir Lossky).

2) Il est faux de m’attribuer l’idée que Florovsky rejette l’apport de Vladimir Lossky. Il l’admirait au contraire, voyant dans son œuvre – je le dis en toute lettre – « la synthèse néo-patristique » qu’il appelait de ses vœux. Il a critiqué quelques aspects de sa pensée – que d’autres auteurs orthodoxes ont également critiqués, comme la distinction trop tranchée de l’économie du Fils et de l’Économie du Saint-Esprit dans sa présentation de l’Église –, mais ne l’a jamais « durement combattu ». Et cela n’a aucunement causé son départ de l’Institut Saint-Serge où Lossky n’a jamais enseigné ! En outre, il ne s’est jamais fâché avec Lossky mais a toujours gardé avec lui de bonnes relations personnelles. On voit bien là que David Roure, qui confond Lossky et Boulgakov, n’a pas lu attentivement mon texte.

- Les positions œcuméniques de Florovsky ne se laissent pas résumer par la formule que cite David Roure, qui est exacte, mais qu’il convient de situer dans son contexte avec les explications et les nuances qui s’imposent. Florovsky a participé pendant plusieurs décennies au mouvement œcuménique et cela au plus haut niveau, car il faisait partie des instances dirigeantes de la section « Foi et Constitution » du C.O.E., dialoguait avec les meilleurs théologiens protestants, anglicans, puis catholiques de l’époque, et faisait des exposés approfondis, dans ce cadre œcuménique et dans d’autres. 

Ses auditeurs et interlocuteurs appréciaient beaucoup qu’il exprime l’identité orthodoxe (à une époque où l’expression de l’identité de sa foi n’était pas considérée comme une tare mais comme une qualité, la globalisation de la civilisation ultra-libérale, qui impose l’abolition des frontières dans tous les domaines et le relativisme universel, ne s’était pas encore imposée !). Il est vrai que Florovsky considérait que la seule voie possible pour réaliser l’unité des chrétiens était de retrouver la foi commune du premier millénaire.  Beaucoup de catholiques le pensaient aussi et le pensent encore. Il considérait simplement que l’Église orthodoxe avait gardé cette foi des origines (ce qui n’est guère contestable), tandis que le catholicisme et le protestantisme s’en étaient éloignés en plusieurs étapes. Tous les points de divergence qui sont aujourd’hui des obstacles à l’unité, sont en effet apparus en Occident progressivement à partir de la fin du premier millénaire : que ce soit le Filioque ou la conception de la primauté du pape de Rome comme primauté de droit et de pouvoir (promus par les théologiens francs au IXe siècle), la doctrines du purgatoire (née aux XIIe-XIIIe siècles – voir l’étude de l’historien J. Le Goff, La naissance du purgatoire), la doctrine de la grâce créée (élaborée par la scolastique à la même époque), ou les dogmes de l’Immaculée conception et de l’infaillibilité du pape (proclamés au XIXe siècle), le dogme de l’Assomption (proclamé au XXe siècle, que l’Église orthodoxe n’accepte pas dans sa connexion avec la doctrine catholique du péché originel). La théologie catholique a justifié ces innovations par la théorie du progrès du dogme, formalisée au XIXe siècle par le cardinal Newman. Mais tous les orthodoxes sont en désaccord avec cela, et d’ailleurs un certain nombre de théologiens catholiques se montrent critiques, à des degrés divers, vis-à-vis des positions de leur Église sur ces questions. Florovsky considérait que l’examen de ces divergences exigeait un travail commun approfondi, faisant retour sur les moments et les raisons des différends pour mieux les comprendre et tâcher de les surmonter. J’explique tout cela en détail dans mon introduction, et Florovsky l’explique dans plusieurs des articles publiés.

- Quand j’écris que « la conception (de l’œcuménisme) de Florovsky est en réalité la seule acceptable, parce qu’elle n’implique aucune compromission de la foi et de l’ecclésiologie orthodoxes », cette affirmation n’a rien de « surprenant », et cela n’exprime pas « certaines tendances (dérives ?) de l’orthodoxie, y compris francophone, d’aujourd’hui » comme l’affirme David Roure, mais une position qui est celle de toutes les Églises orthodoxes d’hier et d’aujourd’hui (voir à ce sujet le chapitre 4 de mon livre : L’Église, corps du Christ, tome II, Les relations entre les Églises, Cerf, 2012, où je cite de nombreux documents officiels). Les dérives sont celles des minorités qui s’en écartent, [et que sans doute David Roure – qui se présente lui-même dans son profil Facebook comme un militant en faveur de l’unité des religions « y compris l’islam » – a sans doute exclusivement fréquentées. Mais il serait temps pour lui de revenir à la réalité, et d’ajouter à son œcuménisme militant la dimension qui lui manque : celle du respect des Orthodoxes soucieux de préserver l’identité de leur foi et de la partager avec d’autres telle qu’elle est*].

- Autre point : David Roure me reproche de noter que « malheureusement, la plupart des catholiques, dans la ligne du mouvement de sécularisation promu par le concile Vatican II, [ont rejoint] les protestants dans des préoccupations presque exclusivement politiques et sociales », mais je crois que cela est peu contestable, et a  fortement contribué à accélérer la décadence du catholicisme en Europe. On en trouvera une démonstration, par exemple, dans l’étude très sérieuse, parue l’an dernier aux éditions du Seuil, de Guillaume Cuchet, professeur d’histoire moderne à l’université de Paris-Créteil : Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement. David Roure, à cause de cette constatation, me qualifie d’ « anti-catholique primaire », mais il faudrait alors, paradoxalement, appliquer cette formule (dont on notera au passage le caractère agressif, insultant et méprisant) aux nombreux catholiques qui déplorent depuis longtemps le même état de fait, parmi lesquels un certain nombre qui se tournent vers l’Orthodoxie pour se nourrir d’une spiritualité qu’ils ne trouvent plus chez eux.

— Quelques mots enfin sur les deux derniers paragraphes de la recension de David Roure.

Je pense en effet, comme Florovsky, qu’il est préférable, pour les Occidentaux qui s’intéressent à l’Orthodoxie, qu’ils la découvrent à travers ses sources authentiques plutôt que par le biais de penseurs qui en présentent une vision déformée par des influences étrangères (notamment la philosophie idéaliste allemande du XIXe siècle et l’ésotérisme de Jakob Böhme pour ce qui concerne Boulgakov).

En ce qui concerne l’œcuménisme, en accord également avec Florovsky, je dois d’abord dire que je ne suis pas gêné, au sein du christianisme, par les positions identitaires des uns et des autres. Je pense que ce sont précisément ces positions identitaires qui, bien posées, peuvent permettre un dialogue à la fois authentique et efficace, car on ne peut commencer à discuter que lorsque la pensée des uns et des autres est présentée avec clarté et précision, et à avancer que lorsqu’on a évité le flou et la confusion. L’œcuménisme sentimental, qui refuse de voir ou ignore (comme c’est le plus souvent le cas) les divergences théologiques et ecclésiologiques, et qui consiste à se réunir autour d’un café en disant des banalités qui donnent l’illusion d’une unité proche voire déjà réalisée, est certes sympathique sur le plan humain et dans le cadre du « vivre ensemble » ; mais il est en dehors de cela parfaitement stérile et ne sert qu’à maintenir le statu quo. L’œcuménisme qui établit des compromis (c’est-à-dire de mauvais accords, bricolés rapidement et superficiellement sur des bases fragiles) a toujours – l’histoire le montre – abouti à des échecs. Seul un dialogue théologique en profondeur est à même de retrouver une unité de foi qui est la condition indispensable d’un rétablissement de la communion. L’œuvre de Florovsky, dont mon livre présente une partie jusque-là inconnue du public francophone, en est une contribution importante. Il est vraiment dommage que la présentation de David Roure, emportée pas son obsession de la critique et privilégiant une lecture lacunaire et uniformément négative, soit passée à côté.


*Le passage entre crochets a été censuré par le Journal, qui se veut libéral et ouvert, mais ne l’est pas trop tout de même, surtout lorsque sont mis en évidence certains présupposés de son journaliste, qui aime beaucoup les orthodoxes, mais seulement quand ils sont d’accord avec lui.


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