Ce recueil regroupe vingt-cinq textes,
écrits entre 1927 et 1958 par Georges Florovsky (1893-1979), grande
figure de la théologie orthodoxe du siècle dernier. Ils sont précédés d’une
longue étude de Jean-Claude Larchet qui souffre d’un manque de distance
critique.
« En suivant les Pères… ». La vie et
l’œuvre du Père Georges Florovsky,
de Jean-Claude Larchet,
Genève, Éditions des Syrtes, 2019, 500 p., 22 €
de Jean-Claude Larchet,
Genève, Éditions des Syrtes, 2019, 500 p., 22 €
Théologien
orthodoxe né à Odessa (alors dans l’Empire russe) en 1893 et décédé à Princeton
(États-Unis) en 1979, Georges Florovsky, ordonné prêtre sur le tard, en 1932, a
vécu, comme tant d’autres de sa génération, en émigré dans plusieurs pays après
la Révolution russe : à Prague, à Paris, près de New-York puis de Boston, à
Cambridge, enfin à Princeton où il mourut, chaque fois enseignant la théologie.
Il y eut aussi l’épisode de de la Seconde guerre mondiale que son épouse et lui
passèrent en Yougoslavie et Tchécoslovaquie.
Une influence néfaste de l’Occident sur
la théologie russe
En fait, si
Florovsky a écrit de très nombreux articles au cours de sa carrière, repris en
anglais dans les 14 volumes de ses Collecting works, parus entre 1972 et
1989, il n’a laissé que peu de livres entiers, en dehors du plus connu, Les
voies de la théologie russe, publié en russe en 1937 et deux fois traduit
en français : en 1991 par Jean-Claude Roberti (partiellement) et en 2001
par Jean-Louis Palierne. Aussi est-il heureux que Jean-Claude Larchet édite
aujourd’hui ce recueil de vingt-cinq textes, écrits entre 1927 et 1958 par
Florovsky, l’un d’entre eux étant d’ailleurs une synthèse des Voies de la
théologie russe. De toute façon, au risque d’être parfois un peu
répétitifs, tous ces articles, de tailles variables, illustrent bien ce que
J.-C. Larchet, dans une introduction d’environ 130 pages à la vie et l’œuvre de
Florovsky, appelle « les deux axes principaux de la pensée »
de son héros.
Tout d’abord, ce
dernier a fortement critiqué les influences occidentales qu’a subi la théologie
russe depuis le XVIe siècle et qui, dit-il, l’ont fortement
dévitalisée : cela commence avec le protestantisme puis avec le catholicisme
romain (et avec ce dernier cela durait en fait depuis le Moyen-Age et le
thomisme), les Lumières et l’idéalisme allemand et cela va jusqu’à ce que l’on
peut appeler la « Renaissance religieuse russe » plus récente où,
écrit Larchet, « dans la deuxième moitié du XIX° siècle et la première
moitié du XX°, la théologie (russe) a pris la forme d’une philosophie
religieuse qui était en décalage avec la théologie orthodoxe traditionnelle
tant dans sa méthodologie et sa forme que dans son contenu ».
Soloviev, puis
Berdiaev et Boulgakov (ce dernier avec sa fameuse théorie de la Sophia)
sont les représentants de ce courant qui fut majoritaire au jeune Institut
Saint-Serge de Paris que Florovsky, qui y enseignait depuis 1926, dut
finalement quitter en 1948 pour New-York, tels les désaccords étaient forts.
Mais, à nouveau, et pour les mêmes raisons, il devra lâcher dès 1955 son
enseignement au jeune St Vladimir’s Orthodox Theological Seminary.
Revenir aux Pères de l’Église
Dès son ouvrage de
1937, il avait indiqué que, selon lui, la théologie orthodoxe devait amorcer un
retournement complet en abandonnant la voie libérale qu’elle avait prise pour
revenir aux Pères de l’Église. Il ne s’agit pas pour autant de simplement « manier
des citations » de ces derniers « en dehors de la structure
totale de la foi dans lesquelles seulement elles sont vivantes. ‘Suivre’ les
Pères ne signifie pas seulement citer leurs phrases. Cela signifie acquérir
leur ‘esprit’, leur phronema (mentalité) ».
Bref, comme le
résume bien Larchet, « le retour aux Pères n’est donc pas pour
Florovsky une simple démarche intellectuelle. C’est aussi une démarche
spirituelle, qui implique que l’on se soumette humblement à leur enseignement
d’une part et que l’on adopte leur façon de penser, d’autre part ».
Florovsky prône alors fortement à la fois ce qu’il appelle une ‘ré-hellénisation’
de la théologie et une ‘synthèse néo-patristique’.
« Le
deuxième axe de la pensée de Florovsky, écrit J.-C. Larchet, est relatif
à son engagement pendant quarante ans dans le mouvement œcuménique »,
il a participé à de nombreuses rencontres internationales, en particulier au
sein du Conseil œcuménique des Églises à partir de sa fondation en 1948. Mais,
là, il faut prévenir tout de suite un lecteur catholique, la conception de
Florovsky était bien précise et correspondait davantage à la position qu’avait
l’Église catholique, à fronts renversés bien sûr, avant le concile de Vatican
II. En effet, pour notre théologien, et il martèle cela avec force dans les
articles repris ici, par exemple en 1950 : « En tant que membre de et
prêtre de l’Église orthodoxe, je crois que l’Église dans laquelle j’ai été
baptisé et élevé est en tout vérité l’Église et la seule Église véritable » ;
alors, assez logiquement, poursuit-il, « par conséquent, pour moi, la
réunion des chrétiens est simplement une conversion universelle à l’Orthodoxie » !
Un manque de distance critique
Il fait convenir
que, honnêtement, le lecteur catholique de cet ouvrage instructif ne peut pas
éprouver un certain malaise. D’abord sur la forme quand il s’aperçoit que
Jean-Claude Larchet, complètement emporté par l’admiration qu’il porte à son
modèle, ne prend aucune distance critique avec la pensée de ce dernier, ce qui
lui permet des jugements assez durs et qui peuvent parfois nous paraître
faciles ou excessifs sur la société ou les chrétiens d’aujourd’hui. Par
exemple, il va jusqu’à dire que la théologie orthodoxe était « pervertie par
des influences étrangères (catholiques-romaines et protestantes) et, dans sa
forme, sa méthodologie se mélangeait à celle de la philosophie » ou
que, « malheureusement, la plupart des catholiques, dans la ligne du
mouvement de sécularisation promu par le concile Vatican II, rejoignaient les
protestants dans des préoccupations presque exclusivement politiques et
sociales »…
Continuant dans
cette veine d’un anti-catholicisme primaire et finalement un peu ridicule,
Larchet en vient même à critiquer le renouveau patristique qui eut lieu dans
l’Église catholique concomitamment à celui de Florovsky, avec, entre autre la
collection Sources chrétiennes, accusant bassement celui-ci, « avec
(son) côté plus intellectuel, (sa) forme plus scientifique » de ne faire
qu’un retour formel aux Pères de l’Église et pas, comme son grand homme, «
à la pensée même des Pères et à leur esprit » !
Une conception étroite de l’œcuménisme
Plus grave, en
fait, nous semble le malaise du lecteur sur le fond, et, là, au niveau des deux
grands axes de la pensée florovskienne dégagés par Larchet. Tout d’abord, la
perception unilatérale de la théologie dans la perspective véhémentement
défendue par Florovsky rejette complètement l’apport de nombreux théologiens de
l’émigration russe qui ont essayé de présenter l’orthodoxie à un public qui ne
la connaissait pas. On peut penser ici à un Vladimir Lossky, un Alexandre
Schmemann, durement combattus tous les deux par Florovsky qui s’est fâché avec
eux (et son départ de St-Serge et de St-Vladimir est bien dû à cela !) ;
ensuite, sa perception de l’œcuménisme est, il faut le dire, bien différente de
celle aussi bien de l’Église catholique que du C.O.E.
Alors, quand J.-C.
Larchet dit dans ses dernières pages que Florovsky devrait être ou devenir «
une référence majeure pour la pensée orthodoxe au XXIe siècle »,
voudrait-il dire, dans l’excès identitaire qui guette malheureusement toutes
les confessions chrétiennes aujourd’hui, qu’il faudrait déclarer hérétiques et
proscrire donc tous ces auteurs de l’École de Paris qui ont tellement su bien
présenter l’orthodoxie à l’Occident qui l’ignorait presque complètement au
cours du siècle dernier ? Et faudrait-il revenir pour l’œcuménisme à une
théologie du retour (chacun à sa confession, bien sûr !) que l’Église
catholique a explicitement abandonnée à Vatican II ?…
Sur ce dernier
point, on est malheureusement fixé sur l’option personnelle de J.-C. Larchet
puisqu’il indique, dans ses dernières lignes, et sans nuance aucune que « la
conception (de l’œcuménisme) de Florovsky est en réalité la seule acceptable,
parce qu’elle n’implique aucune compromission de la foi et de l’ecclésiologie
orthodoxes »… Oui, décidément, il est bien utile de lire ce livre pour
découvrir, non toutefois sans quelque surprise, certaines tendances
(dérives ?) de l’orthodoxie, y compris francophone, d’aujourd’hui !
David Roure
Réponse de Jean-Claude Larchet :
En tant qu’auteur, il est de mon
devoir de réagir à la présentation biaisée (et particulièrement
agressive !) que le père David Roure fait de mon livre.
- Tout d’abord Florovsky n’est pas
mon « héros » : nous ne sommes pas ici dans l’univers de la
bande dessinée ni des films d’aventure. Je ne suis pas non plus « complètement emporté par l’admiration que [je] porte à
[m]on modèle ». J’ai derrière moi une œuvre riche de 31 ouvrages et près
de 120 article de fond, où Florovsky n’est jamais cité ; je l’ai découvert
tardivement, il ne m’a aucunement influencé et n’est à aucun titre mon modèle,
bien que je me trouve être, sur la plupart des points, en accord avec lui. Le
but de ce livre est de présenter, à travers 25 de ses articles majeurs, la
pensée d’un théologien orthodoxe unanimement considéré (par ses partisans ou
ses adversaires) comme l’un des plus importants du xxe siècle, et qui fait aujourd’hui encore
référence, dans le monde orthodoxe et en dehors. Mon but, dans mon introduction
de 130 pages, est de présenter la thématique de ces textes, et d’expliquer
certaines notions mises en œuvre par l’auteur qui sont difficiles ou ambiguës,
et ont parfois été mal comprises. Avec insistance (dans le chapeau de son
article, dans un sous-titre et dans le corps de son texte) David Roure me
reproche de « manquer de distance critique ». Mais ce reproche est
parfaitement déplacé, car mon but n’est pas de critiquer l’auteur que je
présente, pas plus que quand on présente une personne à une autre personne on
ne s’attache à la critiquer. Ma démarche est ici la même que dans les
introductions que j’ai écrites pour les 31 volumes que j’ai publiés dans la
collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » que je
dirige aux éditions L’Age d’Homme et aux éditions des Syrtes : faire
connaître la vie, la personnalité et la pensée d’un auteur dont les œuvres sont
proposées ensuite.
- Je voudrais en deuxième lieu corriger
dans la présentation de David Roure, un certain nombre d’inexactitudes.
1) Contrairement à ce qu’il affirme,
je ne « critique » absolument pas « le renouveau patristique qui a eu lieu dans l’Église catholique
concomitamment à celui de Florovsky » et je ne « l’accuse » pas
« bassement » ! Je note simplement qu’il a eu surtout un côté
intellectuel et une forme scientifique et n’a pas imprégné la pensée des théologiens
catholiques au même titre que celle des théologiens orthodoxes qui ont fait à
la même époque un retour aux Pères (comme par exemple Vladimir Lossky).
2) Il est faux de m’attribuer l’idée que
Florovsky rejette l’apport de Vladimir Lossky. Il l’admirait au contraire,
voyant dans son œuvre – je le dis en toute lettre – « la
synthèse néo-patristique » qu’il appelait de ses vœux. Il a critiqué
quelques aspects de sa pensée – que d’autres auteurs orthodoxes ont
également critiqués, comme la distinction trop tranchée de l’économie du Fils
et de l’Économie du Saint-Esprit dans sa présentation de l’Église –, mais ne
l’a jamais « durement combattu ». Et cela n’a aucunement causé son
départ de l’Institut Saint-Serge où Lossky n’a jamais enseigné ! En outre,
il ne s’est jamais fâché avec Lossky mais a toujours gardé avec lui de bonnes
relations personnelles. On voit bien là que David Roure, qui confond Lossky et
Boulgakov, n’a pas lu attentivement mon texte.
- Les positions œcuméniques de Florovsky
ne se laissent pas résumer par la formule que cite David Roure, qui est exacte,
mais qu’il convient de situer dans son contexte avec les explications et les
nuances qui s’imposent. Florovsky a participé pendant plusieurs décennies au
mouvement œcuménique et cela au plus haut niveau, car il faisait partie des
instances dirigeantes de la section « Foi et Constitution » du
C.O.E., dialoguait avec les meilleurs théologiens protestants, anglicans, puis
catholiques de l’époque, et faisait des exposés approfondis, dans ce cadre
œcuménique et dans d’autres.
Ses auditeurs et interlocuteurs appréciaient
beaucoup qu’il exprime l’identité orthodoxe (à une époque où l’expression de
l’identité de sa foi n’était pas considérée comme une tare mais comme une
qualité, la globalisation de la civilisation ultra-libérale, qui impose
l’abolition des frontières dans tous les domaines et le relativisme universel,
ne s’était pas encore imposée !). Il est vrai que Florovsky considérait
que la seule voie possible pour réaliser l’unité des chrétiens était de
retrouver la foi commune du premier millénaire.
Beaucoup de catholiques le pensaient aussi et le pensent encore. Il
considérait simplement que l’Église orthodoxe avait gardé cette foi des
origines (ce qui n’est guère contestable), tandis que le catholicisme et le
protestantisme s’en étaient éloignés en plusieurs étapes. Tous les points de
divergence qui sont aujourd’hui des obstacles à l’unité, sont en effet apparus
en Occident progressivement à partir de la fin du premier millénaire : que
ce soit le Filioque ou la conception de la primauté du pape de Rome comme
primauté de droit et de pouvoir (promus par les théologiens francs au IXe
siècle), la doctrines du purgatoire (née aux XIIe-XIIIe
siècles – voir l’étude de l’historien J. Le Goff, La naissance du purgatoire), la doctrine de la grâce créée
(élaborée par la scolastique à la même époque), ou les dogmes de l’Immaculée
conception et de l’infaillibilité du pape (proclamés au XIXe
siècle), le dogme de l’Assomption (proclamé au XXe siècle, que l’Église
orthodoxe n’accepte pas dans sa connexion avec la doctrine catholique du péché
originel). La théologie catholique a justifié ces innovations par la théorie du
progrès du dogme, formalisée au XIXe siècle par le cardinal Newman.
Mais tous les orthodoxes sont en désaccord avec cela, et d’ailleurs un certain
nombre de théologiens catholiques se montrent critiques, à des degrés divers,
vis-à-vis des positions de leur Église sur ces questions. Florovsky considérait
que l’examen de ces divergences exigeait un travail commun approfondi, faisant
retour sur les moments et les raisons des différends pour mieux les comprendre
et tâcher de les surmonter. J’explique tout cela en détail dans mon
introduction, et Florovsky l’explique dans plusieurs des articles publiés.
- Quand j’écris
que « la conception (de l’œcuménisme) de Florovsky est en réalité la seule
acceptable, parce qu’elle n’implique aucune compromission de la foi et de
l’ecclésiologie orthodoxes », cette
affirmation n’a rien de « surprenant », et cela n’exprime pas « certaines
tendances (dérives ?) de l’orthodoxie, y compris francophone,
d’aujourd’hui » comme l’affirme David Roure, mais une position qui est
celle de toutes les Églises orthodoxes d’hier et d’aujourd’hui (voir à ce sujet
le chapitre 4 de mon livre : L’Église,
corps du Christ, tome II, Les
relations entre les Églises, Cerf, 2012, où je cite de nombreux documents
officiels). Les dérives sont celles des minorités qui s’en écartent, [et que
sans doute David Roure – qui se présente lui-même dans son profil Facebook
comme un militant en faveur de l’unité des religions « y compris
l’islam » – a sans doute exclusivement fréquentées. Mais il serait temps
pour lui de revenir à la réalité, et d’ajouter à son œcuménisme militant la
dimension qui lui manque : celle du respect des Orthodoxes soucieux de
préserver l’identité de leur foi et de la partager avec d’autres telle qu’elle
est*].
- Autre point : David Roure me
reproche de noter que « malheureusement,
la plupart des catholiques, dans la ligne du mouvement de sécularisation promu
par le concile Vatican II, [ont rejoint] les protestants dans des
préoccupations presque exclusivement politiques et sociales », mais je
crois que cela est peu contestable, et a
fortement contribué à accélérer la décadence du catholicisme en Europe.
On en trouvera une démonstration, par exemple, dans l’étude très sérieuse,
parue l’an dernier aux éditions du Seuil, de Guillaume Cuchet, professeur
d’histoire moderne à l’université de Paris-Créteil : Comment notre monde a cessé d’être
chrétien. Anatomie d’un effondrement. David Roure, à cause de cette constatation, me qualifie d’
« anti-catholique primaire », mais il faudrait alors, paradoxalement,
appliquer cette formule (dont on notera au passage le caractère agressif,
insultant et méprisant) aux nombreux catholiques qui déplorent depuis longtemps
le même état de fait, parmi lesquels un certain nombre qui se tournent vers
l’Orthodoxie pour se nourrir d’une spiritualité qu’ils ne trouvent plus chez
eux.
— Quelques
mots enfin sur les deux derniers paragraphes de la recension de David Roure.
Je pense en
effet, comme Florovsky, qu’il est préférable, pour les Occidentaux qui
s’intéressent à l’Orthodoxie, qu’ils la découvrent à travers ses sources
authentiques plutôt que par le biais de penseurs qui en présentent une vision
déformée par des influences étrangères (notamment la philosophie idéaliste
allemande du XIXe siècle et l’ésotérisme de Jakob Böhme pour ce qui
concerne Boulgakov).
En ce qui concerne l’œcuménisme, en accord également avec
Florovsky, je dois d’abord dire que je ne suis pas gêné, au sein du
christianisme, par les positions identitaires des uns et des autres. Je pense que ce sont précisément ces
positions identitaires qui, bien posées, peuvent permettre un dialogue à la fois
authentique et efficace, car on ne peut commencer à discuter que lorsque la
pensée des uns et des autres est présentée avec clarté et précision, et à
avancer que lorsqu’on a évité le flou et la confusion. L’œcuménisme
sentimental, qui refuse de voir ou ignore (comme c’est le plus souvent le cas)
les divergences théologiques et ecclésiologiques, et qui consiste à se réunir
autour d’un café en disant des banalités qui donnent l’illusion d’une
unité proche voire déjà réalisée, est certes sympathique sur le plan humain et
dans le cadre du « vivre ensemble » ; mais il est en dehors de
cela parfaitement stérile et ne sert qu’à maintenir le statu quo. L’œcuménisme
qui établit des compromis (c’est-à-dire de mauvais accords, bricolés rapidement
et superficiellement sur des bases fragiles) a toujours – l’histoire le
montre – abouti à des échecs. Seul un dialogue théologique en profondeur est à
même de retrouver une unité de foi qui est la condition indispensable d’un
rétablissement de la communion. L’œuvre de Florovsky, dont mon livre présente
une partie jusque-là inconnue du public francophone, en est une contribution
importante. Il est vraiment dommage que la présentation de David Roure,
emportée pas son obsession de la critique et privilégiant une lecture lacunaire
et uniformément négative, soit passée à côté.
*Le passage entre crochets a été
censuré par le Journal, qui se veut libéral et ouvert, mais ne l’est pas trop
tout de même, surtout lorsque sont mis en évidence certains présupposés de son
journaliste, qui aime beaucoup les orthodoxes, mais seulement quand ils sont
d’accord avec lui.
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