Une
traduction anglaise des réflexions du célèbre écrivain contemporain de l'Église orthodoxe grecque, le Métropolite Hiérothée [Vlachos] de Nafpaktos a récemment été mise en ligne concernant l'institution de l'autocéphalie dans l'Église orthodoxe. Son texte
mérite un examen attentif.
Malheureusement,
il commence par une fausse prémisse, à savoir que la question centrale de la
controverse actuelle concernant la vie de l'Église en Ukraine tourne autour de
la question de l'autocéphalie : Qu'est-ce que c'est, par qui est-elle accordée
et comment une église autocéphale est-elle reliée au Corps plus large de
Christ. Autant de questions importantes auxquelles l'Église dans son ensemble
n'a pas encore pu trouver de réponses définitives. Mais elles ne sont pas la
cause première de l'approfondissement du schisme qui s'ouvre dans la vie de
notre Église bien-aimée. L'origine de notre désunion actuelle est plutôt double
: l'unilatéralisme flagrant du Patriarcat de Constantinople dans son
intervention en Ukraine sans tenir compte de la voix de l'Église orthodoxe
universellement reconnue en Ukraine sous Sa Béatitude le Métropolite Onuphre,
combiné à la reconnaissance des églises schismatiques sans aucune exigence de
repentance pour les actions qui ont entraîné leur séparation de l'Église dans
le premier cas.
Malgré ce
manque apparent de compréhension, le Métropolite Hiérothée attire rapidement
l'attention sur la question qui nous interpelle tous et qui a peut-être rendu
cette crise inévitable. C'est le manque d'interdépendance dans l'Église que
nous appelons souvent une "famille d'Églises autonomes".
L'autocéphalie, quelle qu'en soit la signification et la manière dont elle est
donnée, ne peut signifier l'indépendance. Dans le Corps du Christ qu'est
l'Église, aucun membre ne peut dire d'un autre "je n'ai pas besoin de toi".
Plus
problématique encore, le Métropolite Hiérothée avance le Patriarcat œcuménique,
"la première église du trône", comme le garant ultime de l'équilibre
correct entre hiérarchie et conciliarité dans la vie de l'Église qui l'empêche
de tomber dans les extrêmes de l'ecclésiologie catholique romaine ou
protestante. Tout en reconnaissant que le premier trône a appartenu à Rome, il
n'aborde pas la question de savoir pourquoi ce ministère unique ne pourrait pas
passer de Constantinople à un autre Siège. Cette omission signifie qu'il
n'évalue pas les raisons pour lesquelles Constantinople a été élevé au deuxième
rang des diptyques après Rome. Il n'évalue pas non plus si le changement
radical de l'importance de Constantinople en tant que centre de la vie actuelle
de l'Église orthodoxe l'a rendue non qualifiée pour accomplir le ministère de
"la première église du trône" dans le monde contemporain. Au
contraire, il ne semble pas voir de changement venir dans la première église du
trône, mais plutôt qu'un certain niveau de dépendance vis-à-vis du Siège de
Constantinople est et continuera à être le garant d'une véritable
interdépendance dans l'Église.
Il y a sans
aucun doute un besoin d'un Protos, un premier parmi ses pairs, dans la vie de
l'Église. Cet auteur est entièrement d'accord avec le Métropolite Hiérothée sur
cette question. Mais la capacité du Patriarche œcuménique à remplir ce ministère
a été gravement compromise par ses actions à l'égard de l'Ukraine, et c'est
avec une profonde tristesse que nous assistons peut-être à la chute finale de
Constantinople. Prions et espérons qu'il y a encore une occasion de repentir et
de restauration de l'amour.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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