"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 17 décembre 2018

Heureux l'homme qui ne va pas au conseil des impies!

L'Eglise qui ne va pas au conseil/ concile des impies!

Hier, aucun d'entre nous ne pensait que cette phrase des Psaumes [Heureux l'homme qui ne va pas au conseil des impies] deviendrait soudainement si pertinente. Le 15 décembre, ce même conseil devrait se tenir dans la cathédrale Sainte-Sophie, comme nous met en garde le psalmiste David. Mais pourquoi définissons-nous le conseil des impies comme le "conseil de l'unification", appelé à créer une Église locale ukrainienne orthodoxe unie ? Et y a-t-il une incitation à la haine religieuse ici ?

Le 11 octobre 2018, le Synode de Constantinople a pris la décision de "légaliser" les dirigeants des schismes ukrainiens, Philarète et Macaire. Cela devrait être une joie, un honneur, un honneur que le Patriarcat du Phanar ait pris une décision sur la "légitimité" de ces citoyens et leur introduction dans l'Eglise.

Cependant, il n'y a pas de joie parmi les orthodoxes. Mais pourquoi ? Après tout, c'est ici : l'union, à portée de main.

L'Église a une règle claire selon laquelle les schismatiques peuvent être ramenés [dans l'Eglise]. Et cette règle est une - un changement spirituel intérieur ou littéralement - un "changement d'esprit", qui est aussi appelé repentance. Et ici la question ne consiste pas seulement dans la lettre de la loi ecclésiastique, dans la canonicité ou la non canonicité. Les Pères de l'Eglise nous disent qu'un schisme conduit à une maladie spirituelle qui doit être guérie. Le Phanar a-t-il guéri les schismatiques ukrainiens ? Non. Peut-être y eut-il une sorte de tribunal ecclésiastique qui a écouté les accusations contre Philarète et Macaire et qui a ensuite acquitté ces personnes ? Non, il n'y eut rien. Ils ont appelés simplement les schismatiques non schismatiques, les malades - en bonne santé.

Si un médecin, sans aucun traitement, libère un patient infecté de la quarantaine et invite tout le monde à être avec lui, cela nous paraîtra sûrement étrange. Un certificat de santé ne rend pas automatiquement une personne en bonne santé. Il en va de même dans l'Église.

Les Pères nous disent qu'"à la fin, tout schisme se transforme en hérésie", c'est-à-dire en maladie spirituelle. Par conséquent, l'union avec les schismatiques n'est pas une fin en soi. C'est un désir de ne pas tomber malade nous-mêmes. Les schismatiques sont-ils vraiment malades ? C'est peut-être de la propagande pro-Moscou ?

Le Christ nous dit : "Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous insultent" (Luc 6:27,28). C'est le chemin du chrétien qui nous conduit au Royaume des Cieux.

"Gloire à la nation et mort aux ennemis" - ce slogan résonne dans chaque procession du "Patriarcat" [non canonique] de Kiev. Ces cris sont parfaitement audibles tant pour Philarètenque pour les autres dirigeants du "Patriarcat" de Kiev. Mais nous n'avons jamais vu un seul commentaire pastoral de leur part en direction de ceux qui hurlent. En d'autres termes, il est tout à fait clair que les dirigeants du "Patriarcat" de Kiev sont d'accord avec ces cris.

Les cris de "mort à l'ennemi" et l'appel à pendre les prêtres de Moscou sont maintenant entendus par les partisans du Tomos, qui se présentent devant les administrations diocésaines de l'Église orthodoxe ukrainienne pour demander l'unification. Comme c'était, par exemple, à Zaporoje.

En d'autres termes, les partisans de "l'église locale" du "Patriarcat" de Kiev demandent aux prêtres de les rejoindre dans une seule église pour les pendre ensuite.

Dans l'Église unie, il est inévitable que les processions de la Croix soient aussi unies. C'est-à-dire, selon la logique des unificateurs, la prière "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de nous, pécheurs" sera entendue dans une colonne, et ensemble nous entendrons les cris : "Gloire à la nation - mort aux ennemis". De plus, connaissant la rhétorique des partisans du "Patriarcat" de Kiev, nous pouvons dire sans crainte que les "ennemis" seront précisément les gens à leurs côtés.

On va à l'église pour prier Dieu et demander l'intercession des saints de l'Église. Les saints sont des personnes qui ont atteint le sommet de la vie spirituelle, vers laquelle nous devons tendre et que nous devons imiter. Si l'Église orthodoxe ukrainienne rejoint les schismatiques, elle doit prier leurs saints. Par exemple, les soldats de l'UPA qui ont participé aux massacres de Volynie - un crime dans lequel des dizaines de milliers de Polonais, des femmes, des personnes âgées et des enfants ont été tués.

Le Christ nous a dit : "Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras Lui seul..." (Matthieu 4:10). Nous savons que l'Église est le Corps du Christ et qu'elle a été fondée par le Sauveur lui-même. Lorsque l'Église devient une plate-forme pour le culte de la nation et de l'État, il y a inévitablement une substitution - la place de Dieu est prise par des symboles absolument terrestres, en fait - des idoles modernes. Le Christ et les saints nous conduisent au Ciel, les symboles de la nation et les héros nationaux nous attirent sur la terre.

Quand une personne a une maladie infectieuse, on la met en quarantaine, on ne reste pas avec elle. Ça ne veut pas dire qu'elle n'est pas aimée ou détestée. Mais être avec elle n'aide pas.

Lorsqu'une personne est malade, elle ne peut même pas prendre des mesures qui lui sont manifestement bénéfiques. Le "Patriarcat" de Kiev et l'Église orthodoxe autocéphale ukrainienne, qui s'intéressent de près à l'union, n'ont pas pu le faire seuls. Pas en 2015, pas maintenant. L'orgueil, la suspicion et la colère se dressent sur le chemin. Et cette attitude règne tant au niveau de la gestion qu'au niveau des paroisses ordinaires.

Le 6 décembre, dans le village de Vinjatintsy près de Ternopol, une grande bataille a eu lieu, à laquelle ont participé Mgr Tikhon, évêque de l'Église orthodoxe autocéphale ukrainienne, le prêtre et les paroissiens du Patriarcat de Kiev [tous non canoniques!]. Et cela se produisit littéralement à la veille de leur union en une seule structure.

Même lorsque le Phanar est intervenu dans l'unification des deux structures schismatiques, l'ambition, la fierté et l'intrigue ne manquent pas ici non plus. Philarète ne veut pas suivre les instructions de Constantinople et insiste pour promouvoir ses conditions.

Si l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] s'était donnée pour tâche de dominer les schismatiques, elle l'aurait facilement réalisée. Elle compte deux fois plus d'évêques que le Patriarcat de Kiev et d'autocéphalistes combinés.

Mais l'Église pense avec d'autres catégories. Elle ne joue pas à des jeux politiques. Sa tâche est d'amener les croyants dans le royaume de Dieu. Par conséquent, l'Église ne se joint pas à ceux qui en sont victimes. Non pas parce que vous n'aimez pas et parce que vous méprisez vos frères perdus, mais parce qu'il n'y a qu'un seul chemin vers le Ciel, et le Seigneur, par la bouche du psalmiste David, nous dit que ce chemin ne peut passer par le conseil des impies.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
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