"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 7 juin 2014

Jean-Claude LARCHET/ Recension: Messager de l’Église orthodoxe russe, n° 24, janvier-mars 2014, 67 p.

Messager 24

Après plusieurs années d’interruption, le Messager de l’Église orthodoxe russe paraît de nouveau, avec le projet de devenir une publication trimestrielle.
Malgré une présentation qui ressemble un peu trop à celle d’une revue de luxe avec ses pages ultra-glacées au fond entièrement marbré, cette nouvelle version du Messager affiche des ambitions prometteuses puisque ce numéro 24, qui vient de paraître, propose, après une première partie relative à la vie du diocèse, un dossier assez fourni sur une question très actuelle de bioéthique : celle des « mères porteuses ».

Ce dossier est inauguré par un exposé du métropolite Hilarion Alfeyev sur « la pastorale orthodoxe face à la gestation pour autrui », qui rappelle les réflexions sur ce thème du document officiel intitulé Fondements de la doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe (un document important en matière d’éthique, qui a été publié en traduction française par les éditions du Cerf en 2007) et les conclusions d’une réunion récente de la Société orthodoxe des médecins [russes].

Il reproduit ensuite la Déclaration du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe datée du 25 décembre 2013, intitulée « Du baptême des enfants nés de mères porteuses » (dont orthodoxie.com avait donné, lors de sa parution, une traduction française en la munissant de sous-titres qui en éclairaient le sens).Puis vient un article de l’archiprêtre Maxime Kozlov (vice-président du Comité pédagogique du Patriarcat de Moscou) intitulé « Le marché de la GPA ne doit pas se répandre dans notre pays » (la loi en effet, autorise en Russie le recours aux mères-porteuses, et la Russie comme l’Ukraine est devenue le lieu d’un marché lucratif pour de nombreuses officines occidentales qui proposent leurs services aux couples européens ou américains (notamment homosexuels) en quête de cette forme de procréation, qui reste interdite dans de nombreux pays ou moins abordable financièrement.

La réflexion se poursuit par un court article de Vladimir Legoïa, président du Département synodal d’information de l’Église orthodoxe russe, qui commente l’attitude de l’Église russe et rappelle que d’autres Églises locales (de Roumanie, de Serbie, de Bulgarie et de Géorgie en particulier, sont en accord avec elle sur ce point).

Le dossier se clôt par un article de synthèse du Dr Marc Andronikof, chef du service des urgences à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart, qui rappelle notamment les contributions de plusieurs théologiens orthodoxes français à la réflexion sur diverses questions actuelles de bioéthique, réflexion à laquelle il a lui-même apporté de nombreuses contributions.

La revue publie ensuite un entretien avec l’évêque Panteleïmon d’Orekhovo-Zouïevo intitulé « Y a-t-il une place pour Dieu dans le monde de la souffrance ? » Sa perspective est intéressante, car au lieu d’aborder la question de la souffrance du point de vue de ceux qui souffrent, comme c’est presque toujours le cas, il évoque ici les devoirs de ceux qui sont épargnés par la souffrance, notamment ceux de mettre l’énergie et les moyens sociaux ou financiers dont ils disposent au service des plus défavorisés. Il rappelle que dans la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare, le riche a été condamné non pour ses richesses, mais pour son refus d’aider Lazare et de lui laisser les miettes qui tombaient de sa table. La question du sens de la souffrance dans le monde trouve une réponse aussi dans l’appel, qu’elle constitue, à la compassion et à l’aide – matérielle, psychologique et spirituelle – du prochain.

Le numéro se clôt avec une belle homélie du saint évêque Hilarion (Troitsky) de Véréia, un nouveau martyr du XXe siècle, qui fut un grand évêque et un grand théologien (connu notamment pour ses travaux d’ecclésiologie). Cette homélie rejoint l’actualité parce qu’elle a été prononcée, en 1913, à l’occasion du 1600e anniversaire de l’édit de Milan dont nous avons célébré l’an dernier le 1700e anniversaire, et que préserver son existence et sa liberté reste pour l’Église une tâche essentielle dans un monde qui devient de plus en plus tolérant à l’égard de toutes les déviations et de plus en plus intolérant vis-à-vis du christianisme.

Pour recevoir ce numéro, on peut s’adresser aux Éditions Sainte-Geneviève, 4, rue Sainte-Geneviève, 91860 Épinay-sur-Sénard (email : editions@seminaria.fr). 

Jean-Claude Larchet

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