"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 3 juillet 2019

Archiprêtre Stephen Pavlenko: COMMENT LES ICÔNES SE RENOUVELLENT ET COMMENT LES PROPHÉTIES S'ACCOMPLISSENT

Père Stephen Pavlenko. 
Photo : wadiocese.org

Le Père Stephen Pavlenko est un Russe né dans l'Europe de l'après-guerre ; quand il était enfant, il s'est retrouvé en Amérique, a étudié au séminaire de la Sainte Trinité à Jordanville, et sert maintenant à l'Église de Tous les Saints Russes en Californie.

Au cours de sa vie, le Père Stephen a rencontré des ascètes remarquables de la piété du 20ème siècle : lke Métropolite Laure, l'archevêque Averky (Taushev), l'archevêque Anthony (Medvedev) et beaucoup d'autres. Il a parlé avec le grand serviteur de Dieu Saint Jean de Changhaï, a reçu sa bénédiction et a été témoin de son don de clairvoyance. Il a également été témoin de la manière dont les icônes se sont renouvelées et dont les prophéties des saints anciens ont été accomplies.

Cependant, disons les choses dans le bon ordre. Voici les histoires que le P. Stephan a racontées à nos lecteurs.

La grandeur des petites choses

J'aimerais partager quelques histoires qui, pourrait-on dire, sont miraculeuses. Comme on pourrait le dire, la grandeur se trouve dans les petites choses.

A San Francisco, il y avait le couvent de Notre-Dame de Vladimir, l'un des premiers couvents orthodoxes d'Amérique. Les moniales qui l'avaient d'abord fondé en Russie, se sont ensuite enfuies des bolcheviks vers Harbin, puis vers Changhaï, et enfin, avec saint Jean de Changhaï, sur l'île tropicale de Tubabao, puis à San Francisco.

Higoumène Rufina (Kokoreva)

La fondatrice du couvent, l'higoumène Rufina (Kokoreva) (1872-1937), était une véritable ascète. En 1925, une icône de la Mère de Dieu de Vladimir  se renouvela juste pendant qu'elle la tenait dans ses mains.

Après que Matouchka Rufina soit née au Ciel à Changhaï, sa fille spirituelle, Matouchka Ariadna (Mouchrina) (1900-1996), est devenue higoumène.

Je suis déjà allé dans ce monastère, j'ai aidé les moniales, servi parfois pendant la semaine, remplacé des prêtres absents ou malades, alors Matouchka Ariadna me connaissait bien.

Les icônes de leur couvent se renouvelaient souvent d'elles-mêmes. Les icônes du Sauveur, de la Mère de Dieu et de l'apôtre Luc ont toutes été renouvelées de cette façon...

Et un jour, elle m'a appelé :

"Père Stephen, s'il vous plaît, venez nous rendre visite, j'ai besoin de vous montrer et de vous parler de quelque chose."

Alors je suis venu et, au lieu de m'accueillir au réfectoire habituel, elle m'a conduit au petit réfectoire monastique du deuxième étage, où je n'étais jamais allé auparavant. Ce n'était pas une très grande pièce. Il y avait une cheminée d'un côté et une fenêtre donnant sur la rue de l'autre côté. Et puis Matouchka a dit : "Père Stephen, j'ai besoin de partager quelque chose avec vous : Notre icône de saint-Nicolas le Thaumaturge se renouvelle."

Je dois dire que j'aime beaucoup la vieille iconographie, celle qui est de style byzantin-russe, comme on pourrait l'appeler. Cependant, cette icône particulière était représentée dans un style occidental, un peu portraitiste. Je l'ai regardée et je n'ai pas été très impressionné, et j'ai répondu à Matouchka sur un ton léthargique, "Vraiment ? Hum..."

Et puis elle a quitté la pièce un moment, je ne me souviens plus pourquoi, peut-être pour me faire une tasse de thé ; mais j'ai continué à regarder et à regarder l'icône... Et puis juste devant mes yeux, en un instant, c'est devenu un ton plus lumineux. Comme si une fine couche d'enduit s'en détachait soudainement. J'étais sous le choc : "Ô Seigneur, que s'est-il passé ?!" En un instant, il est devenu entièrement plus clair ! Je pensais que peut-être un nuage passait et qu'un rayon de soleil entrait dans la pièce ? Je suis allé à la fenêtre, j'ai regardé l'arrière-cour et j'ai vu le fameux brouillard de San Francisco - il n'y avait pas du tout même un peu de soleil.

Higoumène Ariadna (Mouchrina)

Je me suis approché de l'icône, je l'ai regardée et, de nouveau, en un clin d'œil, elle s'est éclaircie de deux nuances. L'higoumène revint dans la pièce et je criais presque :

"Matushka Ariadna, Matushka Ariadna ! L'icône, l'icône ! Elle devient de plus en plus claire, elle devient de plus en plus claire !"

L'higoumène me répondit calmement : "Vous voyez, P. Stephen, c'est pour cela que nous vous avons invité, pour que vous puissiez devenir témoin du fait que nos icônes se renouvellent".

J'ai failli crier à nouveau : "Oui, oui, oui, Matouchka !"

Et c'est ce qui s'est passé...

"Qu'est-ce qu'une sainte relique  ?!"

Un jour, j'ai reçu un appel d'une riche Américaine qui m'a dit qu'elle voulait me montrer sa collection privée d'objets anciens. C'était une vraie collectionneuse. Elle m'a montré de la porcelaine russe ancienne, de belles tasses en argent et sa collection de cuillères en argent. Je lui ai demandé si elle avait des icônes, et elle a dit :

"Juste une seule. Mais je ne sais pas qui est représenté dessus. Personne ne peut me dire ce qu'il y a dessus."

Elle m'a conduit à sa chambre et m'a montré une vieille icône complètement sombre. On pouvait voir deux personnages, mais il était impossible de savoir de qui il s'agissait.

Sts Serge et Germain [Herman], les Thaumaturges  de Valaam


Je lui ai demandé : "Vous savez, vous avezu beaucoup de choses - de belles collections de porcelaine, des tasses. Cependant, n'oubliez pas qu'une icône est quelque chose de spécial, c'est une sainte relique."

"Vraiment ?! Qu'est-ce que vous voulez dire ?! Qu'est-ce qu'une sainte relique ?"

"Les fidèles prient devant les icônes, reçoivent la guérison... Et n'oubliez pas que les icônes se renouvellent parfois. Oui, des icônes sombres comme celle-ci se renouvellent parfois d'elles-mêmes."

"Se renouvellent?!"

"Oui !"

Et puis j'ai commencé à regarder l'icône et j'ai vu clairement qu'elle devenait plus lumineuse ; je veux dire, elle se renouvelait juste devant mes yeux et juste après ce que j'avais dit. Je regardais et je n'arrivais pas à y croire moi-même. J'ai pensé, peut-être que j'hallucinais ? Si je dis à cette Américaine que l'icône se renouvelle, elle pourrait penser que je suis devenu fou! Mais l'icône devenait de plus en plus claire et je pouvais déjà voir deux moines représentés dessus. Je me demandais si je devais le lui dire ou pas ? Mais je n'ai pas pu me retenir plus longtemps et j'ai crié :

"Regardez, il y a deux moines !"

Ses yeux devinrent ronds et larges - elle voyait la même chose, et elle se mit à crier :

"L'icône devient lumineuse !"

J'ai répondu :

"Je vous l'ai dit..."


Et l'icône devint de plus en plus claire, et on pouvait déjà voir que les deux personnages représentés étaient les saints Serge et Germain, les thaumaturges de Valaam.

La dame américaine en état d'étonnement m'a demandé :

"Que dois-je faire maintenant ?!"

"Si vous étiez chrétienne orthodoxe, vous apporteriez cette sainte relique dans une église et un prêtre servirait une paraclèse à ces saints."

"On peut faire ça maintenant ?"

"Bien sûr !"

On est allés à l'église, on a servi la paraclèse, et elle a ramené l'icône chez elle. J'espérais qu'elle laisserait l'icône dans l'église, mais cela ne s'est pas produit.

J'espérais aussi que quelqu'un achèterait sa collection privée pour le monastère de la Sainte-Trinité à Jordanville, car un musée y ouvrait ses portes à l'époque. Cependant, le prix de sa collection était d'environ 3 à 4 millions de dollars et ils n'avaient pas les moyens de payer un tel montant.

Après un an et demi, j'ai reçu un cadeau placé dans une sorte de sac. Quand je l'ai ouvert, j'y ai trouvé la même icône.

La troisième fois

J'étais recteur d'une église, et parmi mes paroissiens se trouvaient deux femmes âgées qui étaient sœurs. Je vivais dans une pièce au-dessus de l'église, et un jour j'ai entendu quelqu'un frapper à la porte. J'ai ouvert la porte et les deux femmes se tenaient là. Je les regardais, alors elles m'ont dit :

"Père Stephen, nous ne savons pas quoi faire, l'une des icônes se renouvelle ! On l'a apporté ici avec nous."

Et elles m'ont tendu une icône de papier complètement noircie, qui avait été collée sur un morceau de bois mince. Je l'ai regardé et cela m'a semblé être une icône de l'entrée de la Mère de Dieu au Temple, parce qu'on pouvait voir de grandes figures de personnes représentées, tandis qu'à côté d'elles se trouvait une petite silhouette.

J'ai répondu : "Très bien! D'accord."

J'ai pris l'icône et je l'ai placée sur un lutrin. C'était l'hiver et il y avait l'obscurité à l'intérieur de l'église. La même nuit, nous avons eu des Vigiles. Je ne sais plus si c'était une Vigile dominicale ou un jour de fête, mais de toute façon, on a allumé la lumière. J'encensai l'église, je me suis approché du lutrin et j'ai regardé l'icône. En effet, l'icône devenait de plus en plus claire. Puis je suis allé encenser pour la troisième fois quand le chœur chantait "Plus honorable que les chérubins..." et j'ai regardé à nouveau : Chaque tache sombre sur l'icône était en train de fondre, juste devant mes yeux, et il devint évident que l'icône représentait l'apparition de la Sainte Mère de Dieu à Saint Serge de Radonezh. Le saint se tenait à genoux, tandis qu'autour de la Mère de Dieu il y avait des anges et des saints. L'obscurité avait disparu de l'icône. Il ne restait plus qu'une tache sombre, comme pour rappeler à quel point l'icône avait été sombre aupavant.

Ma famille

Vous me demandez comment et quand je suis arrivé à la foi... Vous savez, je ne pourrais jamais répondre à cette question - je ne me souviens pas d'un moment de ma vie où je ne croyais pas en Dieu. J'ai été élevé comme chrétien orthodoxe et je ne peux pas imaginer autre chose que cela. Bien sûr, il y a des moments dans la vie qui font réfléchir sur la foi, mais, par la miséricorde de Dieu, je n'ai jamais eu de doutes.

Ma famille allait toujours à l'église. Mon père, Vladimir Stepanovich Pavlenko, fils de prêtre, travailla comme Lecteur d'église toute sa vie dans une église ou une autre. Il travailla également comme secrétaire à la cathédrale Saint-Nicolas de Sophia, en Bulgarie, à l'époque de saint Séraphim (Sobolev), qui a été glorifié comme saint.

St. Jean (Maximovitch) de Changhaï

Ma mère, Maria Dmitrievna, née Chatilova, naquit à Petrograd, en Russie, mais elle grandit à Belgrade, en Serbie. Elle lisait au lutrin des lecteurs dans l'église de la Sainte Trinité à Belgrade et connaissait bien le Métropolite Antoine (Khrapovitsky) et Anastase (Gribanovsky) et connaissait aussi de nombreux autres évêques.

Elle connaissait aussi le futur saint évêque Jean (Maximovitch) de Changhaï, dont les parents avaient immigré en Yougoslavie après la révolution en 1917. A Belgrade, il étudia au département de théologie de l'une des universités de Belgrade. Ma mère le connaissait avant qu'il ne devienne moine. Les familles Maximovitch et Chatilovy étaient amies. Ma mère continua à rester en contact avec lui même quand il était déjà devenu évêque. Elle l'appelait affectueusement "Vladytchka". Puis on l'envoya servir à Changhaï et, pendant un certain temps, ils correspondirent.

Après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, ma mère et mon père immigrèrent en Amérique avec moi, mon frère Paul et ma sœur Marie. Mon autre sœur, Olga, naquit en Amérique. Nous nous sommes installés à Vineland, dans le New Jersey, où, en famille, nous sommes devenus des paroissiens actifs de l'Eglise de la Sainte Trinité (Holy Trinity).

Vladyka Vitaly (Maksimenko)

Je ne me souviens même pas quand j'ai commencé à aider à l'autel parce que j'ai commencé à un très jeune âge. A l'église de la Sainte Trinité, il y a encore un petit sticharion, tout petit, et je l'ai porté en servant dà l'autel et une fois, en le portant, j'ai pu tenir la crosse de l'évêque Vitaly (Maksimenko), l'archevêque d'Amérique orientale.

Il a fondé de nombreuses paroisses dans l'ERHF dans les années 1950, une époque où de nombreux Russes avaient émigré de l'Europe d'après-guerre en Amérique. Grâce à ses efforts, à l'été 1953, il y avait alors environ 110 paroisses orthodoxes en Amérique du Nord et au Canada, dont l'Église de la Sainte Trinité.

La clairvoyance de Saint Jean de Changhaï

Quand j'avais 12 ans, saint Jean de Changhaï est venu à la conférence des évêques de l'ERHF à New York, et il devait servir dans l'église de la ville de Caswell (maintenant connue sous le nom de Jackson), dans le New Jersey. A cette époque, nous vivions à Vineland, à environ 100 km de Caswell. Le recteur de l'église, le Père Nikolai Martsichevsky, m'y a amené parce que ma mère voulait vraiment que j'obtienne la bénédiction de saint Jean de Changhaï. La correspondance entre eux était depuis longtemps terminée et St. Jean ne savait rien du sort de notre famille.

Il se trouve que lorsque le prêtre, le Père Nikolaï, était occupé avec quelque chose, j'ai pris la valise avec ses vêtements afin de l'apporter à l'église. Dans ces années-là, seule l'église inférieure avait été construite, tandis que l'église supérieure, qui est très magnifique, n'existait pas encore. C'était presque le soir et il faisait noir quand je suis descendu. Personne ne m'avait vu avant ce moment. Je suis allé au  sanctuaire pour y mettre la valise, mais j'ai vu saint Jean de Changhaï debout là.

Je dois mentionner que quand ma mère m'a envoyé chercher la bénédiction de saint Jean, je lui ai demandé : "Comment saurai-je lequel des évêques est Vladyka Jean ?"

Et ma mère répondit : "Les cheveux de Vladyka sont un peu sales, son klobouk est incliné d'un côté, il porte des sandales sur ses pieds nus, et parle en grasseyant..."

Bref, ma mère avait donné de lui une description brillante et humoristique. Elle connaissait saint Jean depuis son enfance, et en plus, elle était une personnalité très forte. Elle a ajouté : "Cherche celui qui ressemble le moins à un évêque."

Je me suis souvenu exactement de ces paroles.

Quand je suis entré à l'autel et que j'ai vu la personne qui se tenait là, j'ai su instantanément, d'après la description de ma mère, que c'était Vladyka Jean. Il ne disait jamais rien sans nécessité pendant qu'il était à l'autel, alors il m'a conduit au pupitre de chant et m'a tout de suite appelé par mon nom. Il ne m'avait jamais vu de sa vie, mais il m'appela par mon nom, puis me demanda affectueusement : "Salut, Steve ! Comment va ta mère ? Comment vont ta sœur Marie et ton frère Paul ?

Et je lui ai répondu. Soudain, il m'a regardé très profondément et m'a demandé : "Mais comment as-tu découvert qui je suis ?"

Et à ce moment-là, je suis devenu un peu gêné, après m'être souvenu de la description de ma mère, et j'ai marmonné quelque chose.

Bien des années plus tard, après avoir découvert ce que sont la sainteté et la clairvoyance, j'ai compris que la chose étonnante n'était pas que je reconnaisse Vladyka Jean, mais qu'il savait qui j'étais et m'appelait par mon nom sans m'avoir jamais vu auparavant.

Une leçon d'amour monastique

Mes parents visitaient souvent le monastère de Jordanville et m'y emmenaient avec eux quand j'étais encore petit garçon. Depuis l'âge de neuf ans, j'y passai souvent tout l'été. Le Père Nikolai Martsichevsky, qui était prêtre de paroisse et mon premier père spirituel (j'allais chez lui pour me confesser), m'y emmenait aussi.

Si je devais raconter la vie spirituelle à Jordanville, je me rappellerais l'histoire suivante. Un jour, pendant mes vacances, j'étais au camp d'été du monastère et je suis entré dans la cuisine par accident. C'est à ce moment-là que deux moines, les Pères Nikodim et Guri, ont commencé à se disputer. Ils se disputaient tant qu'à un moment donné, il y avait des récipients de cuisine qui volaient tout autour; et moi, étant un petit garçon, je me blottissais contre le mur.

A ce moment-là, l'intendant du monastère, le Père Serge, qui allait devenir l'archimandrite du monastère à l'avenir, entra dans la cuisine. Il les a retenus tous les deux et leur a dit : "Mes frères, nous n'allons pas nous parler comme ça !"

Et ils se sont calmés. Puis, pendant le repas du soir, ils ont été punis tous les deux et sont restés debout. Après la fin du repas au réfectoire, Vladyka Averky (Tauchev) dit : "Frères, nous connaissons tous la règle monastique : avant le coucher du soleil, chacun doit se demander pardon. Comme vous le voyez, il y a eu un malentendu entre nos deux frères, et maintenant les Pères Nikodim et Guri vont se demander pardon devant tous.

Tous deux tombèrent par terre et se mirent à genoux l'un devant l'autre. Ni l'un ni l'autre ne voulaient se lever, et tous deux se demandaient pardon.

Chaque fois que je me souviens de ça, je ne peux pas retenir mes larmes. C'était un spectacle si gracieux et édifiant, où l'on pouvait voir un véritable coup de foudre monastique. Puis ils se sont levés tous les deux et ont pris le repas ensemble. Et j'ai remarqué qu'après, ils se traitaient tous les deux avec beaucoup d'amour.

Je veux aussi ajouter que le Père Nikodim, outre le fait qu'il avait beaucoup d'obédiences, était aussi bien connu au monastère pour la cuisson du pain. Il est mort dans la boulangerie, après s'être reposé pendant son obédience. Tel était le degré élevé de sa vie monastique.

La principale joie de servir comme prêtre

Après avoir terminé l'école, il était tout à fait naturel que j'entre au séminaire de la Sainte Trinité à Jordanville.

Holy Trinity Monastery

Dans l'école que j'ai fréquentée en Amérique, chaque élève de dernière année recevait un mentor qui devait s'occuper de nos projets pour l'avenir de notre vie. Quand mon mentor m'a demandé ce que je voulais faire après l'école, je lui ai dit que je voulais entrer au séminaire et que j'espérais devenir prêtre. Il ne me comprenait pas et s'est même mis à rire. Je ne sais pas quelle religion il professait, mais il fut très surpris et me demanda pourquoi je ne voulais pas devenir ingénieur, avocat ou médecin.

J'ai terminé mes études secondaires en 1966. En automne, je suis entré au séminaire de la Sainte Trinité. C'était l'année où saint Jean de Changhai naquit au Ciel.

Métropolite Laure

J'ai étudié au séminaire pendant cinq ans. Pendant les deux dernières années de mes études, je suis allé à San Francisco chaque été avec un groupe d'étudiants et j'ai visité l'iconographe le plus connu de l'Eglise à l'étranger, l'archimandrite Cyprien (Pyjov), afin de peindre le plafond et les murs de la cathédrale "Joie de Tous les Affligés".

A la fin de mes études au séminaire, je me suis marié et j'ai été ordonné diacre. Le 30 septembre 1973, Vladyka Laure, évêque de Manhattan (futur premier hiérarque de l'Église orthodoxe russe à l'étranger et Métropolite d'Amérique orientale et de New York), m'a ordonné prêtre à l'âge de vingt-six ans.

Pour moi, la joie principale de servir comme prêtre était que je pouvais toujours être à l'église, vivre une vie d'Eglise, et assister à tous les services divins. Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles je suis allé étudier au séminaire. Je voulais vraiment être à l'église pendant tous les jours de fête ; cependant, c'est impossible si vous avez un emploi séculier. En fait, depuis l'enfance, je n'ai jamais eu d'occupations qui n'étaient pas liées à l'Eglise. Sauf quand j'étais petit, je faisais la vaisselle dans un restaurant non loin de chez nous.

Vous ne pouvez choisir qu'une seule chose

Pour être honnête, pendant les premières années où j'étais diacre et prêtre, il était difficile pour ma famille de vivre de ce que l'Église pouvait me donner, et je devais aussi travailler ailleurs. Cela a continué jusqu'au moment où j'ai senti que je devais choisir une chose : travailler dans un emploi séculier, ou servir comme prêtre.

C'est comme ça que les choses se sont passées. J'étais un jeune prêtre à l'époque et, pour subvenir aux besoins de ma famille, je travaillais à côté pendant la soirée. La famille d'un de mes paroissiens avait donné naissance à une petite fille très malade, avec des complications après la naissance. Je l'ai baptisée, et peu après ce baptême, je travaillais le soir comme d'habitude. J'étais assis seul dans un petit bureau de banque où les voitures passent et où les gens viennent échanger leurs chèques par un guichet.

Et tout à coup, la mère de la fille malade m'appelle au téléphone en pleurant - son enfant était mort. Et j'ai commencé à lui parler, à essayer de la consoler dans son chagrin, alors qu'en même temps il y avait des voitures qui faisaient la queue et que les gens commençaient à s'agiter parce que j'étais occupé au téléphone et ils me menaçaient :

"Combien de temps vas-tu bavarder avec ta copine ?!"

L'Église de Tous les Saints Russes à Burlingame

Et puis je me suis assis par terre pour ne pas être vu à l'intérieur du bureau et j'ai continué à parler avec la malheureuse femme, en essayant de la consoler autant que cela était nécessaire. Quelques-unes des voitures attendaient, tandis que d'autres étaient parties.

Le lendemain matin, ma patronne m'a appelé, et je m'attendais à ce qu'elle me réprimande parce qu'il y avait beaucoup de gens qui avaient appelé pour se plaindre. Mais ma patronne s'est avérée être une femme très religieuse, une catholique, et ayant découvert la raison de ce qui s'était passé, elle dit :

"Ne vous inquiétez pas, nous expliquerons à ceux qui se plaignent que vous êtes prêtre et que vous consoliez une mère en deuil. Nous sommes très heureux qu'une telle personne travaille pour nous."

Mais après cela, personnellement, je ne pouvais plus rester dans un emploi séculier. J'ai commencé à ne servir qu'en tant que prêtre, et le Seigneur m'envoie l'argent nécessaire pour subvenir aux besoins de ma famille. Depuis 1981, je suis recteur de l'Église de Tous les Saints Russes à Burlingame, non loin de San Francisco.

Comment les prophéties s'accomplissent

Avant la glorification de Saint Jean, le thaumaturge de Changhaï et de San Francisco, en 1994, ses reliques furentdéposées dans une tombe sous la cathédrale de la Sainte Vierge "Joie de Tous les Affligés" à San Francisco. Et les gens y venaient pour placer des cierges, servir des Pannikhides (Requiems). Vers 1985, j'y étais avec ma mère.

Elle m'a dit :

"Stephen, je sais que Vladyka Jean est un sainte. Oui, c'est un saint, mais je me souviens aussi de lui comme d'un ami."

Ma mère est morte avant la glorification de saint Jean, mais elle était convaincue que c'était un saint. Ma mère m'a aussi dit que pendant sa jeunesse à Belgrade, elle a aidé à différentes choses à l'église - au refectoire, au lutrin de chant. Un jour, elle aidait à mettre les tables et, en présence du Métropolite Anthony (Khrapovitskiy), elle servait du thé, comme le font habituellement les jeunes femmes pendant les repas à l'église. Et elle a vu comment les gens venaient voir le Métropolite Anthony pour recevoir sa bénédiction.

Ma mère se souvenait qu'à côté d'elle se tenait un staretz, qui était un prêtre du clergé non monastique. Malheureusement, je ne me souvenais pas du nom de ce prêtre, mais je me souviens très bien que ma mère parlait de lui comme d'un staretz clairvoyant. Et pendant que les gens recevaient la bénédiction de Vladyka Anthony, quand une personne montait, le prêtre staretz disait à ma mère : "Regarde cette personne : c'est un grand homme de prière, un homme qui fait la prière de Jésus".

Et cette personne, qui était encore laïs, devint plus tard évêque de l'ERHF. C'était Nikon (Rklitsky), archevêque de Washington et de Floride. Il fut l'un des premiers professeurs du séminaire de la Sainte Trinité à Jordanville, et il écrivit un récit biographique de la vie du Métropolite Antoine, un livre en plusieurs volumes qui fut publié en Russie et à l'étranger.

Puis un autre laïc vint chercher une bénédiction, et le staretz dit à ma mère : "Maintenant cette personne fera beaucoup de mal à l'Église russe.

Et en effet, ce laïc est devenu un ecclésiastique de l'ERHF, et plus tard il a soutenu un groupe de schismatiques qui s'étaient éloignés de l'Église.

Alorss le jeune hiéromoine Jean, le futur thaumaturge de Changhaï et de San Francisco, vint chercher une bénédiction, et le staretz dit à ma mère :

"Il y aura des avions qui voleront dans le monde entier vers la Russie avec les reliques de cette personne."

De nombreuses années plus tard, je faisais partie d'un groupe de prêtres qui escortaient le Métropolite Laure en Russie. Nous y sommes allés pour la réunification entre l'ERHF et le Patriarcat de Moscou. L'iconographe Vladimir Krasovsky avait peint 28 icônes de Saint Jean, le thaumaturge de Changhaï et de San Francisco, et chaque icône avait une portion de ses reliques. Nous avons donné une icône à une église à Saint-Pétersbourg, à Moscou, à Diveyevo, et partout où nous allions nous donnions une icône avec les reliques de saint Jean. J'ai vu toutes ces choses et j'ai réfléchi : Ma mère l'avait su quand le futur saint Jean était encore un simple hiéromoine. Je suis venu voir le Métropolite Laure (il connaissait bien ma mère), je lui ai raconté cette histoire, et il m'a donné sa bénédiction en disant : "Racontez-la à tout le monde !"

Et en présence de Sa Sainteté le Patriarche et des évêques du Patriarcat de Moscou, j'ai tout redit.


Ce sont ces histoires que j'ai voulu partager. Que Dieu aide les lecteurs d'OrthoChristian.com dans toute bonne œuvre !

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

1 commentaire:

Laurence Guillon a dit…

Il y a eu une histoire semblable avec la fondatrice du monastère de Bussy, une icône qui s'est renouvelée, je ne me souviens pas dans quelles circonstances, bien que j'ai traduit sa biographie! J'ai connu à Moscou une iconographe extrêmement pieuse. Elle avait ramassé à la campagne une icône dont on avait raboté la surface, il ne restait plus rien, pas d'enduit, le bois nu. Au bout de quelques temps, elle a vu apparaître la silhouette d'un Christ en majesté bénissant, il se détachait en plus foncé, sur le bois. Je l'ai vu chez elle.