"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 14 avril 2019

George Trumboulis: "Seul le Christ est Œcuménique"




Mosaïque de l'Église de la Trinité 
qui donne la vie à Reutov. 
Photo : artsvod.ru
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Nous attirons l'attention des lecteurs sur l'article du célèbre théologien grec George Tramboulis, publié dans le journal "Orthodox Typos".
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La majorité des Églises orthodoxes exigent un Concile panorthodoxe.
La tentative du Patriarcat de Constantinople (et du Patriarche Bartholomée en particulier) de promouvoir et d'imposer des tendances et des revendications hégémoniques à toute l'Eglise orthodoxe par l’octroi du tomos d'autocéphalie à l'Eglise schismatique ukrainienne a rencontré une juste opposition de la majorité des Eglises orthodoxes, partant du fait que la structure de l'Eglise est établie par la synodalité et par la parité de toutes les Eglises orthodoxe.
Ainsi, trois mois après l'annonce de la création anticanonique de cette église qui divise, aucune Église orthodoxe n'a reconnu sa légitimité, ce qui sape le prestige et les plans du Patriarche de Constantinople.
Après les déclarations du Patriarche Jean d'Antioche et du Métropolite de Varsovie et de toute la Pologne Savva, qui dans une interview et dans des lettres au Patriarche Bartholomée ont annoncé leur refus de reconnaître l'Eglise schismatique d'Ukraine, les Eglises de Chypre et de Roumanie par leur décision synodale ont également annoncé que si la question ne se règle pas dans un avenir proche, le Patriarcat de Constantinople est tenu de convoquer un Conseil panorthodoxe pour traiter ce problème.
Nous croyons que tous les évêques orthodoxes devraient être présents à ce Concile panorthodoxe. Il devrait réunir 300 évêques de langue grecque, 700 évêques de langue slave et 700 évêques de langue arabe, chacun d'entre eux devant participer en exprimant son vote, sa parole, son point de vue. Non pas comme cela s’est produit à Kolymbari en Crète, où seuls les Primats des quatorze Églises locales avaient le droit de vote. De cette façon, les décisions  ne pourront pas être contrôlées  ou manipulées par des centres ecclésiastiques ou extra-ecclésiastiques.
L'Église serbe se prononce uniquement pour l'observance des canons sacrés.
Dans une interview au journal serbe Politika, le patriarche serbe Irénée a répondu à la question du journaliste sur le problème ukrainien et a souligné qu'il était en faveur du respect des canons sacrés.
En particulier, le premier hiérarque serbe a noté ce qui suit dans son entrevue :
"Je pense qu'il est nécessaire de répéter que nous ne sommes pas contre les Grecs, ni contre les Russes, ni pour les Grecs ou pour les Russes. L'Église serbe ne représente que l'observance des canons sacrés et de l'ordre séculaire que ces canons régissent. Cela signifie que nous défendons ceux-ci et les autres.
Bien sûr, nous soutenons les Russes et l'Église orthodoxe russe - des frères du même sang qui nous ont aidés dans des circonstances difficiles pendant des siècles. Mais, bien sûr, nous soutenons aussi le Patriarcat de Constantinople, notre Église Mère, qui nous a donné l'indépendance il y a huit siècles, et depuis lors nous avons été égaux entre autres, nous sommes comme le reste des églises autocéphales. Le patriarche de notre Église-Mère est le premier parmi ses égaux. Je suis sûr que ni l'Église orthodoxe serbe ni les autres Églises locales n'accepteront l'apparition d’un "Pape orthodoxe". S'ils l'acceptaient, ils cesseraient d'être orthodoxes.
L'Église serbe n'accepte pas et n'acceptera pas la légitimité de la scission en Ukraine comme position légitime, et en particulier elle n'acceptera pas de telles revendications si elles surviennent sur son territoire canonique. Ce que Constantinople a fait à Kiev, la mère des villes russes, du point de vue de l'Église serbe, est inexistant. L’Ukraine a sa propre Église avec le Primat légitime - le métropolite Onuphre. Nous ne connaissons pas les autres et ne voulons pas les connaître.
Le Phanar sait que l'archevêché autonome d'Ohrid avec l’évêque Jovan se soumet à l’Église orthodoxe serbe. Du point de vue des canions, du point de vue de la possibilité de sauver les croyants et d'accomplir les sacrements, cela ne soulève aucune question. Qui que soit l'homme : Serbe, Macédonien, Macédonien du Nord, Bulgare, Gitan, Grec, tous peuvent s’approcher de la Coupe du Salut. C'est pourquoi je ne vois aucun moyen de justifier une invasion du territoire canonique de l'Eglise serbe, qui deviendrait une version pseudo-spirituelle de l'"Ange miséricordieux" de l'OTAN (Opération Alliance Atlantique Nord contre la Yougoslavie en 1999).
Ces déclarations du Patriarche serbe Irinée indiquent que l‘octroi par le Phanar de l'autocéphalie à l'église schismatique de Skopje (Macédoine du Nord) est une de ses priorités immédiates.
Patriarche Bartholomée : Le Concile panorthodoxe est inutile
Dans le numéro précédent du journal Orthodox Typos, un article détaillé de M. Panagiotis Trakadas posait la question : " Pour autant que le Patriarche de Constantinople refuse (de convoquer un Concile panorthodoxe), qui le fera ? Que les Primats de Constantinople, paralysés par le Patriarche de Constantinople, répondent ! Le 1er mars, le site officiel du Patriarcat de Moscou a publié un texte dans lequel la réponse du Patriarche Bartholomée à l'appel lancé par le Patriarche d'Antioche plus tôt cette année, dans lequel il appelait à un dialogue sur l'état de l'Eglise ukrainienne avec la participation de tous les Primats orthodoxe. Le Patriarche Bartholomée, dans sa réponse, a notamment souligné ce qui suit au Patriarche Jean ((sous réserve, puisque le texte original grec n’a pas été publié) ) :
" En réponse, nous vous informons qu'après que quatre quatre Églises orthodoxes, dont votre antique Eglise, ont refusé d'assister au Saint et Grand Concile œcuménique, sans raison valable du point de vue ecclésial et théologique, ce qui est injustifiable, le Patriarcat œcuménique se croit sérieusement fondé à s’abstenir de semblable assemblée au niveau panorthodoxe. Elle serait inutile, et ne parviendrait qu’à un accord sur le fait que les participants ne sont pas d’accord entre eux.
La Grande et Sainte Église du Christ, ayant regardé avec charité et abnégation, sans  tenir compte de ses intérêts ni des pressions, n’ayant pour seul but que l'unité du peuple ukrainien et la cessation des divisions et du schisme dans une assemblée de millions de fidèles, aspirant à revenir à l'Église canonique, après avoir été injustement mantenus hors de celle-ci, a, suivant la tradition et les canons octroiyé l’autocéphalie à l’Egglise d’Ukraine..."
Combien de temps dureront le désordre et la division dans l'Église orthodoxe ?
La réponse du Patriarche Bartholomée soulève des questions importantes. Ainsi, Le Phanar observe certains canons sacrés, qui permettent d'établir l'autocéphalie des dissidents, et le reste des Églises orthodoxes – elles, " ne soutiennent que l'observance des canons sacrés et l'ordre établi par les siècles ", sur la base desquels elles n'affirment pas l'autocéphalie (comme le Patriarche serbe le souligne dans son interview) ? Combien de temps durera le désordre et la division dans l'Église orthodoxe, si le Patriarche de Constantinople ne soulève pas la question de la convocation d'un Concile panorthodoxe ? Et cela se produit lorsque le désaccord a aussi une dimension politique, parce que la déclaration du Patriarche Irinée selon laquelle si le Phanar légalise l'Église schismatique de Skopje, "elle deviendra une version pseudo-spirituelle de l'"Ange miséricordieux" de l'OTAN", implique implicitement que la politique américaine manipule le Phanar.
Grossière ingérence du gouvernement ukrainien dans la vie ecclésiale de l'Église locale.
Bien qu'à ce jour, aucune Église orthodoxe n'ait reconnu la légitimité de l'Église schismatique et que le Patriarche Bartholomée déclare que sa décision visait uniquement à unir le peuple ukrainien, il est mentionné sur le site Web de l'Église orthodoxe russe consacré à la question ukrainienne que l'ingérence grossière des autorités de l'État d'Ukraine dans la vie religieuse de l'Église locale constitue une préoccupation majeure. La publication dit que :
L'anarchie qui a été commise a conduit à une vague de violence contre le clergé et les croyants [de l’Eglise canonique].
"Le Parlement ukrainien a adopté par vote et promulgué des lois discriminatoires afin de rejeter le nom de l'Église orthodoxe ukrainienne et de légaliser la saisie des temples et monastères sacrés. D'autres droits des croyants de l'Église canonique sont également violés : son clergé est privé de la possibilité d'exercer correctement son service pastoral auprès des militaires, des responsables de l'application des lois et des prisonniers.
L'Église orthodoxe ukrainienne risque d'être privée de ses plus grands monastères et sanctuaires historiques, à savoir la Laure de Kiev-Pechersk et la Laure de Pochaïev. Dans la plupart des cas, la confiscation des temples par les communautés religieuses s'effectue contrairement aux décisions des communautés de celles-ci de rester dans l'Église canonique.
Cette anarchie a conduit à une vague de violence contre le clergé et les croyants de l'Église orthodoxe ukrainienne. Malgré les déclarations des dirigeants ukrainiens et du Patriarcat de Constantinople sur le caractère pacifique de la soi-disant "unification de l'orthodoxie ukrainienne", des dizaines de temples sacrés ont été saisis avec la participation de groupes paramilitaires, avec de nombreux cas de passage à tabac du clergé et des fidèles de l'Église canonique, qui ont tenté de protéger leurs lieux sacrés.
Le Révérend Nicodème : « Il n’a que le Christ qui soit  œcuménique. »
Saint Nicodème l’Hagiorite, dans son interprétation du 28ème canon du Quatrième Concile œcuménique, dit dans les notes concernant le titre "Œcuménique" que "ni le Patriarche de Constantinople, ni le Patriarche de Rome, ni aucun autre, sauf le Christ seul,  est le véritable Patriarche du monde entier, il Lui a été donné tout pouvoir dans le ciel et sur terre".
Il faut souligner qu'aucun acte intemporel de l'Église ne reconnaît le Patriarcat de Constantinople comme siège de l'Église Mère  en Orthodoxie, qui a la responsabilité et la mission principales de préserver l'unité des Églises locales et l'exactitude de la foi. C'est ce qu'affirment clairement les Pères de l'Église, et en particulier saint Jean Chrysostome, qui souligne que le centre de l'unité de l'Église est le Christ comme chef de l'Église, et non une Église, parce que Dieu le Père " a établi un seul Chef pour tous,  le Christ incarné. De plus, comme le soulignent les Pères, la force de cohésion entre les membres de l'Église découle principalement de la foi doctrinale commune de ses membres, où l'Esprit Saint " unit la multitude en un seul corps et fait de leurs âmes la demeure du Saint  Esprit.
Saint Nicodème, dans la même note, souligne que "l'on l'appelle œcuménique / universel parce qu'il contrôle la plus grande partie de l'univers, et parce qu'il a fait preuve de diligence et de soin pour la foi et les traditions conciliaires des Pères..."
Cependant  quel zèle et le diligence est-ce là, quand le Phanar piétine les canons sacrés, enseigne de nouveaux dogmes et considère toutes les autres Églises locales comme "nos filles spirituelles". Et, comme le divin Nicodème le conclut en mettant fin à cette question, « ce titre ne vient ni des canons conciliaires, ou des Pères, mais il a été donné au Patriarche de Constantinople par habitude ». Par conséquent, la pratique séculaire de l'Église" est interprétée comme une "habitude de l'Église", qui est révoquée à chaque fois que de nouveaux enseignements apparaissent.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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(Merci à B.L.C. pour la relecture et les corrections apportées à l'article)


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