Nous attirons l'attention des lecteurs sur l'article
du célèbre théologien grec George Tramboulis, publié dans le journal
"Orthodox Typos".
*
La majorité des Églises orthodoxes exigent un
Concile panorthodoxe.
La tentative du Patriarcat de Constantinople (et du
Patriarche Bartholomée en particulier) de promouvoir et d'imposer des tendances
et des revendications hégémoniques à toute l'Eglise orthodoxe par l’octroi du
tomos d'autocéphalie à l'Eglise schismatique ukrainienne a rencontré une juste opposition
de la majorité des Eglises orthodoxes, partant du fait que la structure de
l'Eglise est établie par la synodalité et par la parité de toutes les Eglises
orthodoxe.
Ainsi, trois mois après l'annonce de la création
anticanonique de cette église qui divise, aucune Église orthodoxe n'a reconnu
sa légitimité, ce qui sape le prestige et les plans du Patriarche de
Constantinople.
Après les déclarations du Patriarche Jean d'Antioche
et du Métropolite de Varsovie et de toute la Pologne Savva, qui dans une
interview et dans des lettres au Patriarche Bartholomée ont annoncé leur refus
de reconnaître l'Eglise schismatique d'Ukraine, les Eglises de Chypre et de
Roumanie par leur décision synodale ont également annoncé que si la question ne
se règle pas dans un avenir proche, le Patriarcat de Constantinople est tenu de
convoquer un Conseil panorthodoxe pour traiter ce problème.
Nous croyons que tous les évêques orthodoxes
devraient être présents à ce Concile panorthodoxe. Il devrait réunir 300
évêques de langue grecque, 700 évêques de langue slave et 700 évêques de langue
arabe, chacun d'entre eux devant participer en exprimant son vote, sa parole, son
point de vue. Non pas comme cela s’est produit à Kolymbari en Crète, où seuls
les Primats des quatorze Églises locales avaient le droit de vote. De cette façon,
les décisions ne pourront pas être
contrôlées ou manipulées par des
centres ecclésiastiques ou extra-ecclésiastiques.
L'Église serbe se prononce uniquement pour
l'observance des canons sacrés.
Dans une interview au journal serbe Politika, le patriarche
serbe Irénée a répondu à la question du journaliste sur le problème ukrainien
et a souligné qu'il était en faveur du respect des canons sacrés.
En particulier, le premier hiérarque serbe a noté ce
qui suit dans son entrevue :
"Je pense qu'il est nécessaire de répéter que
nous ne sommes pas contre les Grecs, ni contre les Russes, ni pour les Grecs ou
pour les Russes. L'Église serbe ne représente que l'observance des canons
sacrés et de l'ordre séculaire que ces canons régissent. Cela signifie que nous
défendons ceux-ci et les autres.
Bien sûr, nous soutenons les Russes et l'Église
orthodoxe russe - des frères du même sang qui nous ont aidés dans des
circonstances difficiles pendant des siècles. Mais, bien sûr, nous soutenons
aussi le Patriarcat de Constantinople, notre Église Mère, qui nous a donné
l'indépendance il y a huit siècles, et depuis lors nous avons été égaux entre
autres, nous sommes comme le reste des églises autocéphales. Le patriarche de
notre Église-Mère est le premier parmi ses égaux. Je suis sûr que ni l'Église
orthodoxe serbe ni les autres Églises locales n'accepteront l'apparition d’un
"Pape orthodoxe". S'ils l'acceptaient, ils cesseraient d'être
orthodoxes.
L'Église serbe n'accepte pas et n'acceptera pas la
légitimité de la scission en Ukraine comme position légitime, et en particulier
elle n'acceptera pas de telles revendications si elles surviennent sur son
territoire canonique. Ce que Constantinople a fait à Kiev, la mère des villes
russes, du point de vue de l'Église serbe, est inexistant. L’Ukraine a sa
propre Église avec le Primat légitime - le métropolite Onuphre. Nous ne
connaissons pas les autres et ne voulons pas les connaître.
Le Phanar sait que l'archevêché autonome d'Ohrid
avec l’évêque Jovan se soumet à l’Église orthodoxe serbe. Du point de vue des canions,
du point de vue de la possibilité de sauver les croyants et d'accomplir les
sacrements, cela ne soulève aucune question. Qui que soit l'homme : Serbe,
Macédonien, Macédonien du Nord, Bulgare, Gitan, Grec, tous peuvent s’approcher
de la Coupe du Salut. C'est pourquoi je ne vois aucun moyen de justifier une
invasion du territoire canonique de l'Eglise serbe, qui deviendrait une version
pseudo-spirituelle de l'"Ange miséricordieux" de l'OTAN (Opération
Alliance Atlantique Nord contre la Yougoslavie en 1999).
Ces déclarations du Patriarche serbe Irinée
indiquent que l‘octroi par le Phanar de l'autocéphalie à l'église schismatique
de Skopje (Macédoine du Nord) est une de ses priorités immédiates.
Patriarche Bartholomée : Le Concile panorthodoxe est
inutile
Dans le numéro précédent du journal Orthodox Typos,
un article détaillé de M. Panagiotis Trakadas posait la question : " Pour
autant que le Patriarche de Constantinople refuse (de convoquer un Concile panorthodoxe),
qui le fera ? Que les Primats de Constantinople, paralysés par le Patriarche de
Constantinople, répondent ! Le 1er mars, le site officiel du Patriarcat de
Moscou a publié un texte dans lequel la réponse du Patriarche Bartholomée à
l'appel lancé par le Patriarche d'Antioche plus tôt cette année, dans lequel il
appelait à un dialogue sur l'état de l'Eglise ukrainienne avec la participation
de tous les Primats orthodoxe. Le Patriarche Bartholomée, dans sa réponse, a
notamment souligné ce qui suit au Patriarche Jean ((sous réserve, puisque le texte original
grec n’a pas été publié) ) :
" En réponse, nous vous informons qu'après que
quatre quatre Églises orthodoxes, dont votre antique Eglise, ont refusé
d'assister au Saint et Grand Concile œcuménique, sans raison valable du point
de vue ecclésial et théologique, ce qui est injustifiable, le Patriarcat
œcuménique se croit sérieusement fondé à s’abstenir de semblable assemblée au
niveau panorthodoxe. Elle serait inutile, et ne parviendrait qu’à un accord sur
le fait que les participants ne sont pas d’accord entre eux.
La Grande et Sainte Église du Christ, ayant regardé
avec charité et abnégation, sans
tenir compte de ses intérêts ni des pressions, n’ayant pour seul but que
l'unité du peuple ukrainien et la cessation des divisions et du schisme dans
une assemblée de millions de fidèles, aspirant à revenir à l'Église canonique, après
avoir été injustement mantenus hors de celle-ci, a, suivant la tradition et les
canons octroiyé l’autocéphalie à l’Egglise d’Ukraine..."
Combien de temps dureront le désordre et la division
dans l'Église orthodoxe ?
La réponse du Patriarche Bartholomée soulève des
questions importantes. Ainsi, Le Phanar observe certains canons sacrés, qui
permettent d'établir l'autocéphalie des dissidents, et le reste des Églises
orthodoxes – elles, " ne soutiennent que l'observance des canons sacrés et
l'ordre établi par les siècles ", sur la base desquels elles n'affirment
pas l'autocéphalie (comme le Patriarche serbe le souligne dans son interview) ?
Combien de temps durera le désordre et la division dans l'Église orthodoxe, si
le Patriarche de Constantinople ne soulève pas la question de la convocation
d'un Concile panorthodoxe ? Et cela se produit lorsque le désaccord a aussi une
dimension politique, parce que la déclaration du Patriarche Irinée selon
laquelle si le Phanar légalise l'Église schismatique de Skopje, "elle
deviendra une version pseudo-spirituelle de l'"Ange miséricordieux"
de l'OTAN", implique implicitement que la politique américaine manipule le
Phanar.
Grossière ingérence du gouvernement ukrainien dans
la vie ecclésiale de l'Église locale.
Bien qu'à ce jour, aucune Église orthodoxe n'ait
reconnu la légitimité de l'Église schismatique et que le Patriarche Bartholomée
déclare que sa décision visait uniquement à unir le peuple ukrainien, il est mentionné
sur le site Web de l'Église orthodoxe russe consacré à la question ukrainienne
que l'ingérence grossière des autorités de l'État d'Ukraine dans la vie
religieuse de l'Église locale constitue une préoccupation majeure. La
publication dit que :
L'anarchie qui a été commise a conduit à une vague
de violence contre le clergé et les croyants [de l’Eglise canonique].
"Le Parlement ukrainien a adopté par vote et
promulgué des lois discriminatoires afin de rejeter le nom de l'Église
orthodoxe ukrainienne et de légaliser la saisie des temples et monastères
sacrés. D'autres droits des croyants de l'Église canonique sont également
violés : son clergé est privé de la possibilité d'exercer correctement son service
pastoral auprès des militaires, des responsables de l'application des lois et
des prisonniers.
L'Église orthodoxe ukrainienne risque d'être privée
de ses plus grands monastères et sanctuaires historiques, à savoir la Laure de
Kiev-Pechersk et la Laure de Pochaïev. Dans la plupart des cas, la confiscation
des temples par les communautés religieuses s'effectue contrairement aux
décisions des communautés de celles-ci de rester dans l'Église canonique.
Cette anarchie a conduit à une vague de violence contre
le clergé et les croyants de l'Église orthodoxe ukrainienne. Malgré les
déclarations des dirigeants ukrainiens et du Patriarcat de Constantinople sur
le caractère pacifique de la soi-disant "unification de l'orthodoxie
ukrainienne", des dizaines de temples sacrés ont été saisis avec la
participation de groupes paramilitaires, avec de nombreux cas de passage à
tabac du clergé et des fidèles de l'Église canonique, qui ont tenté de protéger
leurs lieux sacrés.
Le Révérend Nicodème : « Il n’a que le Christ
qui soit œcuménique. »
Saint Nicodème l’Hagiorite, dans son interprétation du
28ème canon du Quatrième Concile œcuménique, dit dans les notes concernant le
titre "Œcuménique" que "ni le Patriarche de Constantinople, ni
le Patriarche de Rome, ni aucun autre, sauf le Christ seul, est le véritable Patriarche du monde
entier, il Lui a été donné tout pouvoir dans le ciel et sur terre".
Il faut souligner qu'aucun acte intemporel de
l'Église ne reconnaît le Patriarcat de Constantinople comme siège de l'Église
Mère en Orthodoxie, qui a la
responsabilité et la mission principales de préserver l'unité des Églises
locales et l'exactitude de la foi. C'est ce qu'affirment clairement les Pères
de l'Église, et en particulier saint Jean Chrysostome, qui souligne que le
centre de l'unité de l'Église est le Christ comme chef de l'Église, et non une
Église, parce que Dieu le Père " a établi un seul Chef pour tous, le Christ incarné. De plus, comme le
soulignent les Pères, la force de cohésion entre les membres de l'Église
découle principalement de la foi doctrinale commune de ses membres, où l'Esprit
Saint " unit la multitude en un seul corps et fait de leurs âmes la
demeure du Saint Esprit.
Saint Nicodème, dans la même note, souligne que
"l'on l'appelle œcuménique / universel parce qu'il contrôle la plus grande
partie de l'univers, et parce qu'il a fait preuve de diligence et de soin pour
la foi et les traditions conciliaires des Pères..."
Cependant quel zèle et le diligence est-ce là, quand le Phanar piétine
les canons sacrés, enseigne de nouveaux dogmes et considère toutes les autres
Églises locales comme "nos filles spirituelles". Et, comme le divin
Nicodème le conclut en mettant fin à cette question, « ce titre ne vient
ni des canons conciliaires, ou des Pères, mais il a été donné au Patriarche de
Constantinople par habitude ». Par conséquent, la pratique séculaire de l'Église"
est interprétée comme une "habitude de l'Église", qui est révoquée à
chaque fois que de nouveaux enseignements apparaissent.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
(Merci à B.L.C. pour la relecture et les corrections apportées à l'article)
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