"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 4 août 2024

6ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE

Saint Wandrille

Tropaire Ton 2

Renonçant à ta position et fuyant le luxe, tu obéis à l'ordre du Christ de Le suivre, ô père Wandrille, pasteur des âmes et gloire de Fontenelle ; prie toujours pour nous, afin qu'imitant ta vraie piété, nous puissions trouver le salut. 

Dans notre église, nous avons une très belle icône de saint Wandrille, fondateur de l'abbaye de Fontenelle en Normandie au VIIe siècle, dont c'est aujourd'hui la fête. Cette icône, réalisé par Efrem Carrasco, a été offert à l'église par Mary McCabe en mémoire de notre fondatrice. La question qui se pose est la suivante : pourquoi cette icône présente-t-elle un intérêt particulier pour nous, ici à Mettingham ? Il faut commencer par le commencement.

Saint Ouen de Rouen
(icône contemporaine russe )


Vers l'an 600, Wandrille est né dans la région de Verdun. De naissance noble, il reçut une bonne éducation et trouva plus tard un poste dans la haute administration séculière, où il servit avec distinction. Sa piété innée lui fit désirer une vie au service de Dieu, mais son statut social l'obligea à se marier. Il fut donc fiancé à une aristocrate. Lorsqu'il révéla son désir de mener une vie monastique, il découvrit miraculeusement que sa femme avait le même désir. Par la miséricorde de Dieu, ils purent tous deux réaliser leur désir.  En raison de son ascétisme rigoureux, le saint eut la chance d'être guidé par un ange qui lui montra le grand monastère de Bobbio, fondé en 614 par saint Colomban. Les moines irlandais, connus pour la sévérité de leur règle monastique, s'étaient installés dans diverses régions d'Europe et y avaient fondé des monastères. Les détails de leur mode de vie séduisirent fortement Wandrille et il se rendit à Bobbio où il fut formé à la vie monastique par les moines irlandais. S'étant imprégné de l'esprit ascétique du monachisme irlandais, il conçut le souhait de se rendre en Irlande, bien qu'il n'y parvint pas. Il partit avec l'intention d'aller en Irlande, mais en Normandie, il accepta l'hospitalité d'un monastère où la règle était très stricte, un peu comme la discipline de Bobbio. Ce monastère se trouvait près de la ville de Rouen, dont l'évêque était alors saint Ouen. Le saint évêque reconnut les vertus du moine. C'est ainsi que Wandregesilius fut ordonné et s'installa dans la région, à Fontenelle, où il fonda le monastère et un établissement d'enseignement de très haut niveau. Le saint abbé passa le reste de sa vie à Fontenelle et s'endormit dans le Seigneur, en ce jour de l'an 668. 

Abbaye de Fontenelle


Ce très bref résumé ne rend aucunement justice à la merveilleuse vie du saint, mais nous disposons de beaucoup plus de détails. La Vita Prima fut rédigée en latin, une trentaine d'années seulement après la mort de l'abbé. L'auteur nous dit qu'elle s'inspire largement des souvenirs personnels de ceux qui l'avaient connu. Nous pensons donc que cette Vie est non seulement détaillée, mais aussi très précise. Bien que nous n'ayons pas eu accès à l'original latin, la traduction anglaise publiée par le Mettingham Orthodox Trust en 2012 fut réalisée à partir de la traduction française publiée précédemment. L'autorisation de publication fut accordée à condition que le livret ne soit pas vendu mais distribué gratuitement. Des exemplaires sont disponibles dans le narthex ou peuvent être envoyés par la poste sur demande.   

En France, la version du nom du saint est rendu par Wandrille [en Angleterre il est appelé Wandregesilius]. Ici, c'est la version latinisée qui est utilisée, bien qu'elle soit parfois anglicisée en Wandrede. Le lien avec Mettingham remonte au 14e siècle. En 1343, Sir John de Norwich, membre de la famille Bigod, fonda un collège de chantres dédié à la Sainte Vierge Marie. Il était à l'origine basé à Raveningham dans le Norfolk, mais en 1393, il fut transféré au château de Mettingham. Il s'agissait d'un manoir fortifié appartenant à la famille des Bigod qui, à l'époque, étaient comtes de Norfolk.  Il s'agissait d'un collège de prêtres et d'étudiants, un peu comme un séminaire. Le collège comptait deux principaux centres de dévotion : la Mère de Dieu et saint Wandrille. Nous ne pouvons que spéculer sur la raison de ce dernier. Peut-être s'agissait-il d'inciter les étudiants à atteindre un niveau académique élevé, comme à Fontenelle. Les archives historiques nous apprennent qu'une relique du saint se trouvait dans la cathédrale de Canterbury. À Bixley, un village situé juste au sud de Norwich, il y avait un sanctuaire dans l'église, qui est uniquement dédié à saint Wandrille. C'était un lieu de pèlerinage et les membres du collège de Mettingham s'y rendaient chaque année. Malheureusement, l'église de Bixley fut détruite par un incendie en mai 2004. Le collège de Mettingham lui-même, bien que n'étant pas un monastère, fut dissous par Henri VIII parce qu'il était riche et qu'il voulait confisquer les terres et les dotations.  

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Guérison du Paralytique par le Christ

Aujourd'hui, la lecture de l'Évangile du dimanche (Matthieu 9 : 1 - 8) raconte l'histoire de la guérison de l'homme paralytique. Dans le premier verset, il nous est dit que le Seigneur vint dans sa propre ville. Bien qu'elle ne soit pas nommée dans ce cas, il s'agit de Capharnaüm. Le Christ est né à Bethléem et a grandi à Nazareth, mais sa maison terrestre se trouvait à Capharnaüm. Les Évangiles synoptiques mentionnent tous la guérison du paralytique, mais saint Marc et saint Luc rapportent également les détails concernant l'homme descendu par le toit, alors que saint Matthieu ne mentionne pas ce détail.

Nous voyons une fois de plus comment le Christ répond à ceux qui ont la foi. Ici, il s'adresse également à ceux qui ont porté le malade, montrant ainsi qu'ils croient que le Christ peut guérir leur collègue. Le Seigneur exhorte le malade à prendre courage et lui dit que ses péchés sont pardonnés. Nous pouvons ici supposer qu'il y a une relation de cause à effet, bien qu'aucun détail ne soit consigné. Cependant, il est clair que les actes de l'homme ont eu une influence sur son état pitoyable. Les scribes, gardiens des lois et des disciplines, n'ont rien manqué. 

Le Seigneur démontre qu'en tant que Dieu, Il peut lire les pensées des hommes et il les confronte à leur amertume mesquine en cherchant à l'accuser de blasphème. Le Christ savait que la plupart des gens ne voyaient en Lui qu'un homme, même s'Il était spécial. Saint Irénée explique "...en remettant les péchés, Il a effectivement guéri l'homme tout en se manifestant Lui-même, en montrant qui Il était. En effet, si personne ne peut pardonner les péchés à part Dieu seul, alors que le Seigneur les remettait et guérissait les hommes, il est évident qu'Il était Lui-même le Verbe de Dieu fait fils d'homme".

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND

Note:

Ce dimanche, 22 juillet selon le calendrier julien, est le jour de l'année 688 où saint Wandrille, fondateur de l'abbaye de Fontenelle en Normandie, a reçu sa récompense céleste. Bien que la dévotion à l'égard du saint ait été très répandue, il semble qu'il n'y ait eu que deux dédicaces d'églises en son honneur dans ce pays. L'une se trouvait à Londres, près de la cathédrale Saint-Paul, mais cette dédicace a été remplacée par celle de Sainte-Marie-Madeleine à la fin du XIIe siècle. L'autre se trouvait à Bixley, à 3 km au sud de Norwich, mais cette église a été détruite par un incendie en 2004. Le toit s'est effondré, laissant l'édifice à l'état de ruine. Le statut de monument classé a empêché les propriétaires, le diocèse anglican de Norwich, de démolir les ruines au motif que les murs étaient jugés instables et menaçaient de s'effondrer. Cependant, malgré l'effondrement d'une partie d'un mur sur le côté nord de l'église, rien d'autre ne s'est écroulé. Un certain nombre de personnes influentes ont soulevé la question de la restauration de l'église, mais a) pour un usage anglican, et b) en utilisant l'argent de l'assurance pour payer cette restauration. Les autorités diocésaines ont refusé parce qu'elles ont déjà beaucoup plus d'édifices religieux qu'elles n'en ont besoin et que l'argent de l'assurance était destiné à d'autres projets. Partant du principe qu'ils ont trop de bâtiments et que nous n'en avons pas assez, nous avons demandé s'il était possible d'acquérir l'église de Bixley pour en faire un lieu de culte orthodoxe. Les responsables anglicans ont insisté pour nous considérer comme des promoteurs immobiliers !  Il n'y a manifestement pas eu d'entente. Nous avons découvert par la suite que quelqu'un, que nous supposions avoir acheté la propriété, avait déposé une demande de permis de construire pour refaire la toiture de l'église et la transformer en maison.

Le thème familier de l'amélioration du profil de l'orthodoxie par la fondation d'un plus grand nombre d'églises est une fois de plus présent. Il ressort de ce qui précède que toutes les idées ne se concrétisent pas, mais cela ne doit pas nous empêcher d'être attentifs aux nouvelles possibilités. Chaque fois qu'une idée susceptible d'avoir un potentiel est portée à notre attention, nous devons l'examiner. Poser des questions et s'informer le plus possible. Rien n'est perdu en faisant un peu de recherche, et si Dieu le veut, quelque chose de positif peut se développer.

Si vous allez sur le site NORFOLK CHURCHES SITE de Simon Knott et que vous cliquez sur INDEX, vous trouverez la page de l'église de Bixley, avec de nombreuses photos du bâtiment endommagé par le feu. L'aspect est sinistre mais, pour nous, les associations historiques faisaient de la restauration une option intéressante à envisager, mais cela n'a pas été le cas. Cependant, cela ne nous empêche pas de maintenir une dévotion active à St Wandrille.

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