"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 22 janvier 2023

DIMANCHE APRÈS LA THÉOPHANIE


Tropaire de la Théophanie - Ton 1

Dans Ton Baptême au Jourdain, Seigneur, fut manifestée l'adoration à la Trinité. Car la voix du Père Te rendait témoignage, en Te nommant "Fils Bien-aimé" et l'Esprit, sous forme de colombe, confirmait l'inébranlable cette parole inébranlable. 
Christ-Dieu, Qui es apparu, et as illuminé l'univers, 
gloire à Toi ! 

En progressant dans l'année liturgique, nous sommes arrivés jeudi à la Théophanie, commémoration du baptême du Christ dans le Jourdain. Le trait distinctif de cette fête est la grande bénédiction de l'eau. Une coutume, largement observée, consiste à bénir une rivière locale ou, si le lieu est situé sur la côte, la mer. Le point culminant du rituel est la plongée d'une croix dans l'eau à trois reprises, symbolisant le baptême. Dans les notes introductives du Menaion Festif, nous lisons : Le baptême du Christ dans le Jourdain est la manifestation de Dieu au monde, en premier lieu parce qu'il constitue le début du ministère public de Notre Seigneur ; mais en second lieu, et dans un sens plus profond, parce que lors de ce baptême, une révélation de la Sainte Trinité a été accordée au monde...

Saint hiéromartyr Philippe, Métropolite de Moscou

Aujourd'hui, dans le calendrier des saints, nous trouvons le saint hiéromartyr Philippe de Moscou. Il est né le 11 février 1507 dans la ville de Galitch et a été baptisé Théodore. Son père, Stephane Ivanovich Kolitchev, était un riche et éminent boyard, qui forma son fils au service du gouvernement. La pieuse mère de Théodore enseigna la foi à son fils et il s'appliqua à étudier les Écritures et les écrits des Saints Pères. Suivant la tradition familiale, il servit dans l'armée mais son cœur était ailleurs. Entendant l'admonition "Nul ne peut servir deux maîtres" (Matthieu 2:24) lue à l'église, Théodore décida de suivre le désir de son cœur. Il quitta l'armée et se retira dans la vie privée, vivant comme un paysan. Puis il entra au monastère de Solovki en tant que novice. Il ne révéla pas sa véritable identité et ne reçut aucun privilège particulier. Au contraire, il travailla avec diligence à toutes les obédiences qui lui furent confiées, quelle que soit la nature rude et subalterne du travail. Après un an et demi d'épreuves, l'higoumène Alexis tonsura le novice en lui donnant le nom monastique de Philippe. Onze ans plus tard, Philippe fut élu higoumène du monastère. Pendant son mandat, deux autres églises furent construites. Une briqueterie fut également créée, des moulins à eau, des canaux et des entrepôts furent construits. L'higoumène Philippe travailla avec les moines à tous ces projets. Ce fut une période de renouveau spirituel pour Solovki.

Né dans une famille éminente, Philippe avait connu Ivan IV dès son enfance. Devenu tsar, Ivan (le Terrible) se souvint de son ami d'enfance et, apprenant sa réputation, il demanda à Philippe de se rendre à Moscou pour occuper le poste vacant de Métropolite de Moscou. Il convient de rappeler que, malgré sa cruauté et sa paranoïa, Ivan était obsédé par la religion, ce qui en fait un personnage très complexe. L'higoumène fut réticent à l'idée de prendre la responsabilité de gouverner l'ensemble de l'Église russe. Il n'avait aucune affinité particulière avec Ivan et trouvait certainement la vie de cour à Moscou peu attrayante. Finalement, il accepta à la condition que le tsar abolisse l'Opritchnina (police secrète). Le 25 juin 1566, Philippe fut installé comme Métropolite de Moscou et de toute la Russie. 

Le tsar Ivan n'abolit pas l'Opritchnina, bien au contraire ; ses activités impitoyables se poursuivirent contre tous ceux qui étaient considérés comme une menace pour le tsar. Ainsi, Ivan considérait qu'ils servaient Dieu en le servant à la fois lui et l'État. Bizarrement, Ivan les fit habiller en vêtements monastiques, bien qu'il ne soit pas clair si cela faisait partie de son délire paranoïaque ou d'une moquerie intentionnelle. Le Métropolite Philippe fut très peiné car il considèrait qu'il est impossible de mêler ainsi les choses terrestres et célestes. Le règne de terreur d'Ivan s'intensifie en 1567. Le dimanche de la Croix, 2 mars 1568, le tsar entra dans la cathédrale de la Dormition accompagné de son Opritchnina en rvêtements monastiques. Le Métropolite refusa non seulement de les bénir, mais dénonça Ivan pour son inconduite. Ivan répliqua : " Veux-tu t'opposer à nous ? Nous allons voir ta fermeté ! J'ai été trop doux avec toi."

Le règne meurtrier d'Ivan se poursuivit. Tous ceux qui s'opposaient à lui furent exécutés. Il força les boyards à traduire Philippe en justice. Ils obéirent par peur. De faux témoins  témoignèrent. A leur grande honte, certains étaient des moines de Solovki, anciens novices de Philippe, qui l'accusèrent de nombreuses transgressions dont la sorcellerie. Le saint Métropolite fut déclaré coupable et condamné à la prison à vie. Il fut maltraité, humilié et maintenu enchaîné dans divers endroits de Moscou. Par la suite, il fut transféré à Tver où, le 23 décembre 1569, il fut assassiné par les mains du sous-fifre du tsar, Maliuta Skuratov. Saint Philippe fut enterré à Tver, mais en 1591, ses reliques sacrées furent transférées à Solovki, puis, en 1652, à Moscou. Dans un premier temps, l'Église russe célébra la mémoire du hiéromartyr Philippe le 23 décembre, jour de son martyre, mais la commémoration fut déplacée à ce jour en 1660.

+

La lecture de l'Évangile de ce dimanche est Matthieu 4, 12 - 17.  Le commentaire nous dit que Jésus est parti en Galilée, où la population païenne était majoritaire. Zabulon signifie nocturne et Naphtalim un élargissement. Dans leurs ténèbres spirituelles, les païens, étant diversement païens, idolâtres et autres, ne suivaient pas le chemin étroit de la Vérité, mais le chemin large, embrassant de nombreuses erreurs, menant à la destruction. La voie de la mer fait simplement référence à leur situation géographique, mais la grande lumière est l'Évangile. L'ancienne loi était une lumière, mais une lumière faible comparée à la plénitude de l'Évangile. L'ombre de la mort est le péché. La mort domine le corps, tout comme le péché domine l'âme. Le Christ avait attendu que Jean termine sa mission prophétique. Ainsi, après l'arrestation de Jean, le Christ a commencé à prêcher, reprenant le message de repentance qui avait été prêché par le Précurseur. En conclusion du commentaire de ce passage, Théophylacte dit : Le royaume des cieux, c'est le Christ et c'est aussi la vie de vertu. Car lorsque quelqu'un vit comme un ange sur la terre, n'est-il pas céleste ? Ainsi, le royaume des cieux est en chacun de nous lorsque nous vivons comme des anges.

Cette lecture de l'Évangile peut, à première vue, sembler être un passage aléatoire et sans intérêt, mais il faut le voir dans son contexte. Dimanche dernier, nous avons entendu parler de saint Jean le Précurseur. Le jour de la Théophanie, nous avons lu le baptême du Christ (Matthieu 3, 13-17). L'événement qui suit immédiatement est la Tentation du Christ dans le désert, au début du chapitre 4, juste avant le passage que nous venons de lire. Il poursuit ainsi le récit. Nous nous souvenons que l'évangile de saint Matthieu était le premier des évangiles synoptiques, mais nous avons les paroles gracieuses de saint Jean le Théologien, dans le quatrième évangile, pour nous aider à comprendre le rôle du Précurseur. Il écrit : Il y eut un homme envoyé par Dieu, dont le nom était Jean. Celui-ci vint comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous les hommes croient par lui. Il n'était pas cette Lumière, mais il fut envoyé pour rendre témoignage de cette Lumière. C'était la vraie Lumière, celle qui éclaire tout homme qui vient dans le monde. Elle était dans le monde, et le monde fut fait par elle, et le monde ne l'a pas connue. (Jean 1, 6-10)


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND

Aucun commentaire: