"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 16 août 2019

HIÉRARQUE SERBE JOVAN: APRÈS CE QUE CONSTANTINOPLE A FAIT EN UKRAINE, ON PEUT S'ATTENDRE À N'IMPORTE QUOI DE SA PART

Archevêque Jovan
Photo : poa-info.org

Ohrid, Macédoine du Nord, 14 août 2019

Lors de sa session de mai, le Concile des évêques de l'Église orthodoxe serbe a décidé de rouvrir le dialogue avec « l’église orthodoxe macédonienne, » organisme autrefois autonome au sein de l'Église serbe qui est parti dans le schisme et s'est déclaré autocéphale en 1967. L’«église orthodoxe macédonienne, » n'est reconnue par aucune Église orthodoxe locale. 

Cependant, comme l'a déclaré Son Éminence l’archevêque Jovan d'Ohrid, hiérarque canonique de l'Église serbe en poste en Macédoine du Nord, dans une récente interview accordée à Politika, les pourparlers sont dans l'impasse, sans que l'Église serbe en soit responsable. Il n'y a actuellement aucun contact direct avec les membres du synode des évêques de « l’église orthodoxe macédonienne, », a dit l’archevêque Jovan. 

Les négociations ont été ajournées après que « l’église orthodoxe macédonienne, » n'ait pas accepté l'accord Nis de 2002 qui aurait « l’église orthodoxe macédonienne, » avec son Église mère. L'archevêque Jovan, ancien évêque de « l’église orthodoxe macédonienne, », était le seul hiérarque devenu canonique à l'époque. "A cette époque, « l’église orthodoxe macédonienne, » a fait tout ce qui était en son pouvoir pour neutraliser l'existence de l'archidiocèse orthodoxe d'Ohrid, et a même coupé toute communication avec l'Eglise orthodoxe serbe, " a expliqué l’archevêque Jovan. 

Puis l'Etat s'est impliqué, ce qui n'a fait qu'empirer les choses, a expliqué le hiérarque de l'Eglise serbe. L’archevêque Jovan lui-même est devenu un objet de persécution et a été emprisonné plusieurs fois pour sa position canonique. Il a finalement été libéré en 2015, bien que les procédures judiciaires contre lui se soient poursuivies. Mais malgré tout, explique l’archevêque Jovan, l’Eglise orthodoxe serbe s'est montrée prête à relancer les dialogues pour finalement résoudre le problème du statut non canonique de « l’église orthodoxe macédonienne, ». 

En plus de ce qui précède, il y a un autre obstacle aujourd'hui, selon l’archevêque Jovan : « L’église orthodoxe macédonienne, » s'est d'abord tournée vers l'Église bulgare pour devenir son Église Mère et l'aider à résoudre son statut, puis elle s'est tournée vers Constantinople elle-même, cherchant l'autocéphalie. "Tout cela, bien sûr, retarde le début des négociations, car tant qu'il n'est pas clair que les évêques de « l’église orthodoxe macédonienne, » ne siégeront pas sur deux sièges, il est impossible d'entamer des négociations." 

De plus, l'appel à Constantinople n'a pas de sens, estime l’archevêque. Jovan, car le Patriarcat n'a aucune compétence pour résoudre les conflits entre Eglises. 

"Même si le Patriarcat œcuménique se voyait accorder le droit d'appel dans une certaine mesure, cela ne pourrait se faire qu'au niveau individuel, par exemple, si une personne, avec ou sans un acte de l'Église, se sentait privée de ses droits dans l'Église locale où elle était jugée. Le patriarcat œcuménique n'est pas compétent pour résoudre les conflits entre Eglises", a expliqué le hiérarque d'Ohrid. 

"Seul un Grand Concile de l'Église en est responsable", a-t-il poursuivi, et si le Concile décide d'une manière qui ne plaît pas aux évêques de « l’église orthodoxe macédonienne, », ils resteront schismatiques, pendant de nombreuses décennies. 

Quant à savoir qui a le droit de s'impliquer dans les affaires d'une Église locale, l’archevêque Jovan note que bien que « l’église orthodoxe macédonienne, » a essayé d'impliquer l'Église bulgare dans ses affaires, elle n'a pas accepté le rôle d’Église Mère précisément parce que ce rôle appartient à l'Église serbe, et aucune autre Église locale ne peut intervenir. L'Etat macédonien pensait que l'amélioration de ses relations avec l'Etat bulgare contribuerait à résoudre le problème de l'Eglise, "mais cela ne s'est pas concrétisé parce que les relations de l'Eglise sont indépendantes de l'Etat", affirme l’archevêque Jovan. 

Quant à la possibilité d'ingérence de Constantinople en Macédoine du Nord, l’archevêque Jovan note que c'est Constantinople qui a donné à l'Eglise serbe la juridiction sur l'actuelle Macédoine du Nord, et il ne croit donc pas que le Patriarcat va essayer de reproduire le scénario ukrainien là-bas. 

Cependant, "après ce qui s'est passé en Ukraine, on peut s'attendre à tout", a-t-il ajouté. Constantinople lui-même a envoyé des signaux contradictoires, annonçant parfois qu'il résoudrait la question macédonienne, parfois qu'il la laisserait à l'Église serbe. 

De plus, toute notion de primauté du pouvoir est inacceptable en Orthodoxie, même si le Patriarcat de Constantinople détient légitimement une primauté de l'honneur, affirme le hiérarque d'Ohrid. 

"Il est inacceptable qu'au 21ème siècle il n'y ait qu'une seule Eglise, même si elle était la première née, pour décider par elle-même des questions qui intéressent les autres Eglises orthodoxes", a conclu l’archevêque Jovan. 

L'archevêque Jovan avait précédemment appelé à un Concile pan-orthodoxe pour résoudre le problème des schismatiques dans l'Église. 

Version française Claude Lopez-Ginisty 

D’après 


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