En souvenir de l'archimandrite Kosmas (Aslanidis), apôtre de la République du Zaïre
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Allez donc enseigner à toutes les nations, en les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, et en leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Amen! (Matthieu 28,19-20). Tel était le commandement final que notre Sauveur a donné à Ses apôtres. Tout chrétien véritable est un missionnaire qui témoigne que le Royaume de Dieu est venu dans le monde et il répand la bonne nouvelle à d'autres personnes.
Le hiéromoine Kosmas Grigoriatis (Ioannis Aslanidis dans le monde; 942-1989) est l'un des missionnaires orthodoxes les plus connus de notre temps, grâce auquel la Lumière du Christ a illuminé l'âme de beaucoup de nos frères et sœurs africains en Christ. Cette année, nous commémorons le trentième anniversaire de sa dormition.
Nous aimerions offrir à nos lecteurs quelques mots de réminiscence en l'honneur du Père Kosmas, qui ont été dits par l'higoumène du monastère de Grigoriou du Mont Athos [Geronda George (Kapsanis) de bien heureuse mémoire.
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Après le coucher du soleil le vendredi 7 janvier 1989, le prédicateur zélé de l'Évangile à nos frères africains, le hiéromoine Kosmas, s'est éloigné de cette vie pour se lever dans la lumière toujours brillante du Royaume de Dieu. Sur le chemin de Lubumbashi à Kolwezi, il acheva soudain son voyage terrestre, et marcha sur le chemin menant à l'éternité, à la Cité éternelle, à la patrie tant désirée.
Les premières connaissances qu'il reçut dans son enfance furent celles de ses pieux parents Dimitri et Despina Aslanidis. Encore enfant, il commença à absorber la piété de ses parents, car sa famille vivait et gardait la foi orthodoxe grecque telle qu'elle lui avait été transmise dans la région bénie du Pont.
Enfant, Ioannis fréquenta les écoles du dimanche, puis devint lui-même professeur et collaborateur du métropolite Augoustinos de Florina, une infatigable hiérarque de notre Église. Ioannis reçut également une éducation spirituelle dans un séminaire à Rizarios.
En août 1975, à l'âge de 33 ans, il partit pour le Zaïre où, sous la direction du missionnaire Père Amphilochios (Tsukos), il construisitt 10 églises en 14 mois ! Il était physiquement fort et avait toutes les connaissances et compétences techniques requises, ce qui l'a beaucoup aidé dans son ministère.
En décembre 1977, il vint à notre monastère, sur la recommandation de quelques startsy vénérés du Mont Athos, afin d'y vivre un certain temps et d'être tonsuré; puis, avec la bénédiction, la direction et l'aide du monastère, de retourner à son ministère. Après près d'un an de test et après avoir fait preuve d'une grande ascèse et d'amour envers le mode de vie monastique, Ioannis fut tonsuré dans le Grand Schème et reçut le nom de Kosmas, afin que Saint Kosmas [Côme] d'Aetolie devienne son gardien et guide dans sa vie.
Le Père Kosmas fut ensuite ordonné diacre puis prêtre par l'évêque de Rodostol, Chrysostome, qui aimait Dieu, et il retourna au Zaïre. De nombreux exploits l'y attendent : construction d'églises, catéchèse, sermons, baptêmes (il baptisa plus de 15.000 Africains), organisation d'une grande ferme (60 acres) et d'un complexe d'élevage qui fournira de la nourriture aux prêtres, aux pauvres africains orthodoxes et non-orthodoxes, aux lépreux et aux prisonniers. On ne peut pas compter le nombre de ses innombrables œuvres et exploits dans cet énorme ministère apostolique, pastoral et social !
Lors de son dernier séjour sur le Mont Athos en juin 1988, le Père Kosmas semblait très fatigué. Il venait à la Sainte Montagne une fois tous les 2 ou 3 ans pour reprendre des forces, se confesser, prier et recevoir des instructions pour un travail missionnaire ultérieur.
En 1980, le Père Kosmas fut élevé au rang de confesseur, puis d'archimandrite, par le métropolite d'Afrique centrale Timothée.
Le Père Kosmas n'a pas cherché à obtenir quelque titre que ce soit. Il était préoccupé par le salut du peuple et l'affermissement de l'Orthodoxie au Zaïre. Il enseigna aux Africains la prière de Jésus, la considérant comme une arme efficace contre la " démonocratie " des sorciers africains. Le Père Kosmas croyait que l'une des tâches les plus importantes était l'initiation des Africains nouvellement baptisés à la vie liturgique. Il célébrait souvent les offices et les vigiles nocturnes, enseignait le chant byzantin et les typicons du Mont Athos autant qu'il arrivait à les traduire. Avoir une bonne connaissance du swahili et de l'afrikaans lui a facilité la tâche. Et à la gloire de Dieu, nous voudrions aussi mentionner que des millions en argent sont passés par les mains du Père Kosmas ; cependant, il est mort comme un vrai moine : pauvre et sans possessions.
Lors de sa dernière visite au Mont Athos, le Père Kosmas a rédigé un document de recherche dans lequel il a tiré des conclusions basées sur son expérience missionnaire. Il s'agit d'un ouvrage original, qui fait autorité et qui est très utile pour l'avancement du ministère orthodoxe. Lors d'une assemblée des frères de notre monastère, le Père Kosmas a dit que personne ne pourra commencer un vrai ministère en Afrique s'il n'est pas prêt à y faire enterrer ses propres os.
En 1989, en la fête de la Théophanie de notre Seigneur, le Père Kosmas a baptisé 350 Africains à Kolwezi et a marié 22 couples nouvellement baptisés. Le Père Kosmas a filmé un certain nombre de baptêmes et d'autres œuvres missionnaires et a envoyé l'enregistrement à ses proches. Le film montre un arc-en-ciel à la fin et un enregistrement des humbles paroles du Père Kosmas dans lequel il exprime l'espoir que, ayant apporté tant d'âmes à l'Église, ses péchés lui seront pardonnés.
Il y avait un grand rassemblement de personnes à ses funérailles au Zaïre, servies par le métropolite Timothée d'Afrique centrale, qui est aussi un travailleur infatigable dans le domaine de l'évangélisation en Afrique. Des représentants du gouvernement du Zaïre ont également assisté à l'inhumation, qui ont grandement apprécié les énormes efforts sociologiques du défunt père Kosmas. Avec un sentiment de douleur profonde, Sa Grâce Timothée a remis à la terre les restes de son dévoué collaborateur.
Source: From: Charismas and charismatics. An anthology of the manifestation of the gifts of grace (3 volumes). V. 3. (Oropos: The Holy Monastery of the Paraclete, 2009). [Charismes et charismatiques. Une anthologie de la manifestation des dons de la grâce (3 volumes). V. 3. (Oropos : Le Saint Monastère du Paraclet, 2009).]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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