22 février / 6 mars
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier
Invention des reliques des saints apôtres et martyrs
au quartier d’Eugène à Constantinople (VIIème s.) ; saint martyr Maurice
d’Apamée et ses 70 compagnons : Photin, Théodore, Philippe, et les autres
(vers 305) ; saint Paschase, évêque de Vienne (310) ; saints Thalasse,
Limnée et Baradate ermites en Syrie (Vème s.) ; saint Athanase, confesseur en
Bithynie (821) ; saints Gouram, Adarnassé, Bakhar, Vatché, Bardzim, Datchi,
Djvanchère, Ramaz et Pharrsam, les 9 enfants lapidés par les païens dans le
village de Kola (Géorgie, VIème s.) ; saints néomartyrs de Russie :
hiéromartyrs Joseph (Smirnov) et Vladimir (Ilinsky), prêtres, Jean (Kastorsky),
diacre et Jean (Perebaskine), martyr (1918) ; hiéromartyrs Michel
(Gorbounov), Jean (Orlov), Victor (Moriguerovsky), Jean (Parousnikov), Serge
(Belokourov), André (Yasenev), Paul (Smirnov), prêtres, Serge (Voukachine) et
Antipe (Kirillov), moines, Parascève (Makarov), moniale, Étienne (Frantov) et
Nicolas (Nekrassov), Élisabeth (Timokhine), Irène (Smirnov) et Barbara (Lossev)
(1938), André (Gnevychev) (1941), Philarète (Priakhine), moine (1942.
Lectures : I Cor.
VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46
LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU JUGEMENT
DERNIER
L
|
a première
appellation de ce dimanche s’explique par le fait que commence, dès le
lendemain, l’abstinence de viande, et la seconde, par la lecture évangélique du
Jugement redoutable universel des vivants et des morts, qui est mentionné dans
tout l’office liturgique. Par la mémoire du Jugement, la sainte Église incite
plus fortement les pécheurs au repentir et indique le véritable sens de
l’espoir même en la miséricorde Divine. Dieu est miséricordieux, mais Il est
également le juste Juge, qui rend à chacun selon ses œuvres. Pour cette raison,
les pécheurs ne doivent pas se méprendre quant à leur responsabilité pour leur
condition morale et faire mauvais usage de la longanimité de Dieu. En nous
rappelant le Jugement et en dirigeant nos regards vers « l’examen
impartial », la sainte Église nous inspire la pensée de la nécessité
impérative du repentir et du redressement de sa vie : « Renonçant
en ce jour aux aliments, travaillons avec ardeur à réparer nos fautes dignement ».
Tout particulièrement, elle nous appelle au œuvres de charité : « Connaissant
les commandements du Seigneur, vivons ainsi : nourrissons les affamés,
abreuvons ceux qui sont assoiffés, vêtons ceux qui sont nus, accueillons les
étrangers, visitons les malades et les prisonniers, afin que Celui qui viendra
juger la terre nous dise : venez les bénis de Mon Père, héritez du Royaume
qui vous est préparé depuis la fondation du monde ». A partir de ce
jour, nous franchissons « le seuil » du saint carême, selon
l’expression liturgique désignant
la semaine qui
vient. L’Église, qui mène graduellement les fidèles à l’ascèse du jeûne, les
place sur la dernière marche de l’abstinence les préparant au carême par
l’interdiction de manger de la viande et la permission de consommer les œufs et
le fromage. Ainsi, le passage au jeûne est-il facilité. Dans les hymnes
liturgiques de cette semaine, l’Église nous invite à « ne point
souiller, par le mal de l’intempérance et de l’ivresse, l’entrée et le seuil du
carême ». Il est clair que, selon l’enseignement de l’Église, la
semaine des laitages ne doit pas donner lieu à des excès de nourriture et des
réjouissances effrénées. St Tykhon de Zadonsk (†1783) dit que « durant la semaine des laitages, les
véritables enfants de l’Église doivent agir avec bien plus de tempérance que
durant les jours précédents ».
Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́
Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ
пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко
воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
|
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au
larron, Tu as transformé le
pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es
ressuscité, Christ Dieu,
accordant au monde la grande miséricorde.
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Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́
пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же
о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются;
тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́
ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
|
O
Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront
toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront
ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi
digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.
|
AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER
Dans l’image de Dieu que l’être humain porte
en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et
divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette
vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu
le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque
homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette
raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun
de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une
importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin
éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque
homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces
« frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit
cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude
envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout
l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le
prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris
l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à
celui qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur,
encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé
dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé.
Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre
sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement
avec le Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut
n’est rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints
Mystères et les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié
LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE
Le
premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts,
est celui qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit
« universel » parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts
depuis Adam jusqu’à nos jours. Dans les livres liturgiques, il est mentionné
« que l’on fait mémoire de tous les
chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les
siècles ». Il est écrit dans le synaxaire (commentaire
du jour ou de la fête, figurant dans les livres liturgiques après le kondakion)
: « Les saints Pères ont disposé
qu’il convenait de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante.
Nombreux sont ceux qui meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple
lors d’un voyage en mer, ou encore sur des montagnes infranchissables, dans des
gorges ou précipices ; il arrive encore que certains meurent de faim, du
fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel. Et qui énumérerait toutes les sortes
et tous les genres de mort soudaine et inattendue ? Tous ceux qui entrent
dans lesdites catégories sont privés des chants et des prières funèbres. C’est
la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour des hommes, ont
décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique, d’accomplir cette
commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie terrestre de
quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît privé
des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à la
veille du dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition ancienne,
confirmée par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette tradition résulte de la
coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se rassembler dans les
cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font allusion des témoignages
écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a retenu le samedi
précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que nous demandons au
Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous les défunts,
dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette
commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans
une union plus étroite avec les vivants et les morts.
VIE DES NEUF SAINTS ENFANTS
MARTYRS DE KOLA (GÉORGIE)[1]
Au VIème siècle, la région de
Kola, près des sources de la rivière Mtkvari, au sud-ouest de la Géorgie, était
encore en grande partie païenne, et les enfants chrétiens jouaient avec les
païens. Comme, le soir venu, lorsque retentissait le signal, les petits
chrétiens quittaient leurs camarades pour se rendre à l’église, neuf enfants
païens : Gouram, Adarnèse, Baqar, Vache, Bardzim, Dachi, Juansher, Ramaz
et Parsman, qui étaient âgés entre sept et neuf ans, voulurent les suivre.
Mais, les fidèles les repoussèrent, en leur disant que s’ils voulaient entrer
dans l’église, ils devaient croire au Christ et être baptisés. Avec grande
joie, les enfants répondirent qu’ils désiraient recevoir le saint baptême. Le
prêtre ayant été averti, il les emmena de nuit au bord de la rivière gelée et
lorsqu’il les plongea dans l’eau, celle-ci devint chaude et des anges
apparurent aux jeunes néophytes en chantant l’Alléluia. Ils décidèrent de
rester auprès des chrétiens, mais lorsque leurs parents apprirent la nouvelle,
ils les traînèrent de force en dehors de l’église en les frappant. Restant sept
jours sans nourriture ni boisson et endurant les mauvais traitements de leurs
parents, les saints enfants ne
cessaient de déclarer : « Nous sommes chrétiens, et nous ne mangerons
ni ne boirons rien de ce qui a été offert aux idoles ! » Comme aucun
argument ne pouvait les faire fléchir, après avoir reçu du prince licence de
faire subir à leurs enfants ce que bon leur semblerait, leurs parents
creusèrent une fosse profonde à l’endroit du baptême. Ils y jetèrent leurs
enfants, leur fracassèrent le crâne à coups de pierres, puis, aidés du reste de
la population, ils recouvrirent la fosse. Quant au prêtre qui avait célébré le
baptême, ils le frappèrent à la tête et le chassèrent de l’endroit après s’être
emparé de tous ses biens.
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