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Moine Constantin [Cavarnos]
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Interview réalisée par
Divine Ascent (DA), Vol. 3/4, avec le Dr Constantin Cavarnos, (qui a reposé en
Christ le 3 Mars 2011, comme moine mégaloschème au monastère de
Saint-Antoine à Florence, Arizona/USA), sur l’œuvre de sa vie, et en particulier
son intérêt pour Photios Kontoglou, l'iconographe grec, peintre, et écrivain du
siècle dernier.
Photios Kontoglou:Autoportrait avec son épouse et sa fille
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-Depuis
de nombreuses années, les chrétiens orthodoxes d'Amérique du Nord et de Grèce
ont appris à vous connaître à travers vos nombreux livres et articles. Quand
vous avez commencé à écrire, aviez-vous envisagé de devenir un écrivain
prolifique?
-Alors que j'étais encore
étudiant à Harvard, j'ai développé une forte aspiration à devenir éducateur et écrivain
prolifique. Cette aspiration a été occasionnée par ma prise de conscience croissante
de la grande ignorance, des faux enseignements, de la méchanceté, de la
violence et de la souffrance dans le monde. J'ai vu la sortie de tout ceci comme
une illumination par le mot écrit et parlé.
-Combien
De livres avez-vous écrit?
-Environ Soixante, dont 70%
sont en anglais, le reste en grec. Après avoir remporté le Prix Bowdoin à
Harvard en 1947 pour mon travail un dialogue entre Bergson, Aristote et Philologos,
je fus nommé Fellow Voyager en
philosophie pour l'année scolaire 1947-1948 pour étudier les tendances
philosophiques de la Grèce, de la France et de l'Angleterre. Pendant ce temps,
je travaillais sur ma dissertation de doctorat sur La Théorie classique des Relations, bénéficiant à ce sujet de mes
conférences avec les plus grands philosophes dans ces pays. En Grèce, j'ai eu
des discussions privées avec les plus grands philosophes: Voreas et
Theodorakopoulos de l'Université d'Athènes; Bachelard, Schuhl et Souriau de la
Sorbonne en France; Bertrand Russell, G. E. Moore, Gilbert Ryle de l'Université
de Cambridge et de l'Université d'Oxford. J'ai également assisté à certaines de
leurs classes et séminaires. Quand je suis revenu aux États-Unis, ma thèse a été
acceptée par le département de philosophie à Harvard. Puis, en 1949, j’ai
publié mon Dialogue. Ce fut mon
premier livre publié. Huit ans plus tard, je publiais mon deuxième livre, sur
lequel j’avais commencé à travailler en 1952, quand j'ai rencontré Photios
Kontoglou: L’Art Sacré Byzantin.
-Qui
a été édité à plusieurs reprises?
-Trois fois. Il a été
publié l’année dernière en grec pour la première fois, trente ans après la mort
de Kontoglou, une sorte de mémorial à Kontoglou. La maison d'édition était Astir
Publishing Company, d'Alexandre et Evangelos Papademitrou. C’est une société
d'édition très prestigieuse. Le livre a une cinquantaine de planches en
couleurs de grands chefs-d'œuvre de l'iconographie byzantine et deux douzaines
en noir et blanc. C’est un in-folio de 270 pages, magnifiquement imprimé, dans
un coffret. C’est mon livre le plus impressionnant. Son titre est [en grec] He Hierà Byzantiné Techne.
-Cette
relation avec Kontoglou fut vraiment une source d'inspiration pour une grande
partie de votre œuvre plus tard, n’est-ce pas?
-Oui, Diogène, le
philosophe athénien, se promenait avec une lanterne, de jour ou à tout moment.
Les gens disaient, que fais-tu? Il disait je suis à la recherche d'un homme, d’un
véritable être humain. Je suis allé comme Sheldon
Traveling Fellow en Grèce, en France et en Angleterre, et je n’ai pas
trouvé l'homme que je cherchais avec la lanterne. Je l'ai trouvé en 1952, sur
la recommandation d'un de mes amis grecs que j'avais rencontré à Oxford :
le philologue Basile Laourdas. À la fin de 1948, j'ai écrit à propos de
Kontoglou avec beaucoup d'enthousiasme, en grec, dans le périodique
L’Hellénique à l’Etranger. Kontoglou vu cela et a écrit une très belle lettre à
l'éditeur. Cet article a aidé Kontoglou être reconnu comme écrivain remarquable
et peintre remarquables.
-Pourquoi
Kontoglou était-il «l'homme» que vous recherchiez dans vos voyages?
-Eh bien, Ce que je croyais
et ce que je ressentais fut trouvé en Kontoglou écrit en grandes lettres, pour
ainsi dire.
-Il
personnifiait vos idéaux?
-Nos idées, nos idéaux et
nos perspectives, tout coïncidait. Avec beaucoup de force. Ce que je trouvais
chez Kontoglou, c’était la Grèce, l'ensemble de la tradition grecque: la Paradosis. La tradition nationale, la
tradition grecque, l’Orthodoxie. Toutes celles-ci chez Kontoglou, grand maître
de l’iconographie, passionné de musique byzantine, toutes les choses que je prisais
tant ont été trouvées incarnées dans l'œuvre de Kontoglou et dans ses croyances
et sa pensée. Si je devais isoler un être humain : maîtres que j'ai eus à
l'école secondaire, au collège, les gens que j'ai rencontrés dans les
différents pays que j’ai visités, Kontoglou se détacherait pour moi comme la
figure la plus importante.
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