Des prêtres et moines de l’Église orthodoxe bulgare, soutenus par des laïcs, ont fait part au patriarche de Bulgarie Néophyte de leurs inquiétudes au sujet du document préconciliaire concernant les « Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien »
Dans une
lettre datée du 23 février, des prêtres et moines de l’Église orthodoxe
bulgare, soutenus par des laïcs, ont fait part au patriarche de Bulgarie
Néophyte et au Saint-Synode de ladite Église de leurs inquiétudes au
sujet du document préconciliaire concernant les « Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien
», entériné lors de la synaxe des primats des Églises locales à
Chambésy en janvier de cette année. Parmi les signataires de la lettre
se trouvent l’archimandrite Jean (Filippov), du diocèse de Plovdiv, le
hiéromoine Dimitri de Zographou, du monastère Saint-Jean-de-Ryla à
German, près de Sofia, le hiéromoine Nicanor du monastère
Saints-Côme-et-Damien de Tsarnogorski, le prêtre Stelian Tabakov, de
l’église Saints-Cyrille-et-Méthode de Sofia, le prêtre Cyrille Didov,
confesseur du diocèse de Sofia, l’archiprêtre Jean Koukov de
l’église-rotonde Saint-Georges ; le prêtre Georges Ianykov de l’église
de la Protection-de-la-Mère de Dieu et d’autres. Des centaines de
personnes ont signé cette lettre sur internet : archimandrites,
hiéromoines, prêtres, moines, moniales et laïcs. Nous publions ci-après
le texte complet :
« À Sa Sainteté Néophyte,
métropolite de Sofia et patriarche de Bulgarie, aux membres du
Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare, lettre ouverte des chrétiens
orthodoxes au sujet du Concile panorthodoxe prévu pour juin 2016
Votre Sainteté, Vos Éminences,
En tant que fidèles enfants de la sainte
Église orthodoxe, nous attirons humblement votre attention
archipastorale sur la question doctrinale importante suivante. Nous
référant aux paroles de saint Théodore le Studite, selon lesquelles,
« lorsque la pureté de la foi est menacée par un danger, le commandement
divin ordonne que personne ne se taise, indépendamment de sa modeste
position sociale ou ecclésiastique », nous souhaitons exprimer notre
forte inquiétude et notre désaccord avec le contenu d’un projet de
document, adopté officiellement aux fins d’examen par le Concile
panorthodoxe de juin 2016, intitulé « Relations des Églises orthodoxes
avec l’ensemble du monde chrétien », qui trouble très fortement notre
conscience orthodoxe. Voici, ci-après, ce que nous avons en vue. Tout ce
document produit l’impression d’une utilisation infondée de la
terminologie œcuménique, qui entre en contradiction ouverte avec la
théologie orthodoxe traditionnelle et la langue des saints Pères.
Parfois sont utilisées des expressions à double sens qui visent non pas à
préciser les concepts, à l’instar des Conciles œcuméniques, mais à les
obscurcir et les éroder consciemment. Il y a même certaines formulations
manifestement non orthodoxes. Citons des exemples concrets.
1. Les expressions du genre
« rétablissement de l’unité des chrétiens » ou « la recherche de l’unité
perdue », dont il est souvent question dans les paragraphes 4, 5, 6, 7
et 12, etc., sont exceptionnellement importantes et répétées à plusieurs
reprises. Il en est de même du concept très général de « monde
chrétien », figurant dans le titre même du document qui, à l’instar des
expressions précitées, n’est pas défini dans l’esprit de la théologie
des saints Pères, et, par voie de conséquence, son utilisation porte un
autre caractère. Les saints Pères ne parlaient pas d’un quelque « monde
chrétien » non défini, mais, dans un but absolument précis et de façon
concrète, ils ont défini de tels concepts comme « fidèles », « croyants
orthodoxes » ou « hérétiques », schismatiques », etc. Au contraire, dans
ce projet de document, le concept même « d’hérésie » n’est jamais
mentionné. Cela signifie-t-il qu’il n’y a déjà plus d’hérésies, où que
ce soit, sur la base chrétienne ? S’il y en a de semblables, pourquoi ne
sont-elle pas nettement mentionnées ?
2. Dans le projet de document, on
remarque une inconséquence dogmatique indubitable ainsi qu’une
contradiction, ce que l’on peut clairement constater dans l’utilisation
du concept d’ « Église », lequel revêt une signification primordiale et
fondamentale non seulement pour ce qui concerne le document en question,
mais en général pour tout le Concile panorthodoxe. C’est ainsi que, par
exemple, dans le paragraphe 1, on parle à juste titre de l’Église
orthodoxe comme « l’Église une, sainte, catholique et apostolique »,
mais après, sans que l’on sache pourquoi, on commence à mentionner dans
les paragraphes 6, 16, 17, 18, 19 et 20, d’autres « Églises
chrétiennes », sans donner en général quelle explication que ce soit de
cette absurdité dogmatique. Il s’agit là d’une omission inadmissible
pour un document panorthodoxe de ce haut niveau et d’importance
doctrinale. Parce qu’il y a une grande différence entre une discussion
humaine qui ne mène à aucun engagement, dans laquelle le groupe de mots
« Église catholique-romaine », par exemple, est utilisé pour faciliter
le dialogue, mais sans pour autant qu’un quelconque contenu dogmatique
soit introduit dans cette expression. Or, c’est tout autre chose
lorsqu’il s’agit d’un document ecclésial officiel du Concile
panorthodoxe, qui doit être signé par de nombreux patriarches et
métropolites orthodoxes, représentants de toute l’Église, et dans lequel
le statut unique d’ « Église une, sainte, catholique et apostolique »
acquiert soudain un caractère pluriel et qui commence à être attribué à
des communautés hérétiques. En outre, il est mentionné à plusieurs
reprises « l’unité chrétienne » qui, en fait, constitue le message
fondamental du projet de document. Or, jamais, lors des conciles
œcuméniques, on a parlé du rétablissement de l’unité entre orthodoxes,
ariens, macédoniens, nestoriens, monophysites, origénistes,
monothélites, iconoclastes, et. C’est parce que la présence
d’hérétiques, indépendamment de leur nombre, ne porte pas atteinte à
l’unité interne de l’Église du Christ, étant donné que les hérétiques
ont toujours été considérés comme extérieurs par rapport à l’Église. Au
contraire, les membres fidèles de l’Église se trouvent toujours dans
l’unité chrétienne parce qu’ils sont unis par leur foi orthodoxe
commune, les sacrements et le Christ Lui-même, le chef de l’Église.
C’est pourquoi les saints Pères n’ont jamais parlé de rétablissement de
l’unité entre orthodoxes et hérétiques, mais ont seulement appelé les
hérétiques au repentir et à leur retour, après avoir confessé la foi
orthodoxe, dans l’Église. Or, dans ce projet de document, on ne parle
nulle part du repentir des hérétiques contemporains
(catholiques-romains, protestants, communautés monophysites, etc.) et de
leur retour dans l’Église du Christ. Et, comme on le sait de l’histoire
de l’Église, celle-ci ne s’est jamais unie aux hérétiques qui ne se
repentent pas de leurs erreurs.
3. Comme il ressort du projet de document discuté, par exemple, des paragraphes 10 et 14, le patriarche de Constantinople est appelé à coordonner les efforts œcuméniques des Églises orthodoxes locales qui, de leur côté, sont liées à l’organisme dit « Conseil œcuménique des Églises », considéré sous un éclairage positif. De notre côté, nous voudrions rappeler la position catégorique du saint hiérarque Séraphim (Sobolev), thaumaturge de Sofia, récemment canonisé, à l’égard de l’œcuménisme. Il y a presque 70 ans, dans son rapport à la Conférence panorthodoxe de Moscou de 1948, le hiérarque a mis en garde contre la nuisance spirituelle énorme causée par les dialogues œcuméniques sur la conscience qu’ont d’eux-mêmes les participants orthodoxes, et il les a exhorté à ne pas participer à ce mouvement. Maintenant, après le passage du temps, nous pouvons dire avec certitude que ses paroles ont été confirmées. En ce qui concerne le présent projet de document, nous aimerions attirer votre attention sur la méthode psychologique de substitution qui a été utilisée sous les points 16, 17, 18, 19 et 21, afin de donner une appréciation positive au COE et ses buts non orthodoxes. Même la critique partielle du COE dans les paragraphes 18 et 21 est très bien construite pour qu’en cas de besoin, les défenseurs de l’œcuménisme puissent se référer à une telle critique insignifiante et apaiser la conscience de croyants superficiels que le Seigneur Jésus Christ appelle ni tièdes, ni froids, disant qu’Il les « vomirait de Sa bouche » (cf. Apoc. 3,16). Mais l’amère vérité est celle-ci : justement là où auraient pu être écrites des milliers de pages avec des témoignages théologiques sur les actes gravement anti-canoniques, voire même anti-dogmatiques de nombreux représentants des Églises locales orthodoxes au COE, c’est précisément là que la théologie des saints Pères est remplacée par la psychologie mondaine du syncrétisme religieux. Précisément là où la dogmatique et la sainte Tradition devraient définir la foi, c’est là que commence à résonner l’appel facilement assimilé à « l’unité des chrétiens » au nom de l’amour par lequel les œcuménistes voudraient, en pratique et en théorie, justifier les lourdes transgressions des dogmes et des canons. Mais nous répétons à nouveau les paroles inspirées de St Jean Chrysostome : « N’acceptez aucun faux dogme que ce soit, en vous dissimulant derrière l’amour ». Récemment, nous avons lu avec plaisir et joie spirituelle la déclaration officielle du métropolite de Limassol Athanase de l’Église de Chypre, qui a protesté vigoureusement contre les nombreuses altérations et contradictions dogmatiques se trouvant dans le projet de document examiné. Nous soutenons totalement cette protestation, de même que la critique bien fondée du professeur D. Tselengidis http://orthodoxie.com/remarques-sur-le-texte-preconciliaire-intitule-relations-de-leglise-orthodoxe-avec-le-reste-du-monde-chretien/, et enfin la position de l’archiprêtre Théodore Zisis, exposée dans sa communication à l’occasion de la conférence « Syncrétisme international » à Chișinău les 21 et 22 janvier 2016. Nous voulons tous suivre l’esprit des saints Pères.
3. Comme il ressort du projet de document discuté, par exemple, des paragraphes 10 et 14, le patriarche de Constantinople est appelé à coordonner les efforts œcuméniques des Églises orthodoxes locales qui, de leur côté, sont liées à l’organisme dit « Conseil œcuménique des Églises », considéré sous un éclairage positif. De notre côté, nous voudrions rappeler la position catégorique du saint hiérarque Séraphim (Sobolev), thaumaturge de Sofia, récemment canonisé, à l’égard de l’œcuménisme. Il y a presque 70 ans, dans son rapport à la Conférence panorthodoxe de Moscou de 1948, le hiérarque a mis en garde contre la nuisance spirituelle énorme causée par les dialogues œcuméniques sur la conscience qu’ont d’eux-mêmes les participants orthodoxes, et il les a exhorté à ne pas participer à ce mouvement. Maintenant, après le passage du temps, nous pouvons dire avec certitude que ses paroles ont été confirmées. En ce qui concerne le présent projet de document, nous aimerions attirer votre attention sur la méthode psychologique de substitution qui a été utilisée sous les points 16, 17, 18, 19 et 21, afin de donner une appréciation positive au COE et ses buts non orthodoxes. Même la critique partielle du COE dans les paragraphes 18 et 21 est très bien construite pour qu’en cas de besoin, les défenseurs de l’œcuménisme puissent se référer à une telle critique insignifiante et apaiser la conscience de croyants superficiels que le Seigneur Jésus Christ appelle ni tièdes, ni froids, disant qu’Il les « vomirait de Sa bouche » (cf. Apoc. 3,16). Mais l’amère vérité est celle-ci : justement là où auraient pu être écrites des milliers de pages avec des témoignages théologiques sur les actes gravement anti-canoniques, voire même anti-dogmatiques de nombreux représentants des Églises locales orthodoxes au COE, c’est précisément là que la théologie des saints Pères est remplacée par la psychologie mondaine du syncrétisme religieux. Précisément là où la dogmatique et la sainte Tradition devraient définir la foi, c’est là que commence à résonner l’appel facilement assimilé à « l’unité des chrétiens » au nom de l’amour par lequel les œcuménistes voudraient, en pratique et en théorie, justifier les lourdes transgressions des dogmes et des canons. Mais nous répétons à nouveau les paroles inspirées de St Jean Chrysostome : « N’acceptez aucun faux dogme que ce soit, en vous dissimulant derrière l’amour ». Récemment, nous avons lu avec plaisir et joie spirituelle la déclaration officielle du métropolite de Limassol Athanase de l’Église de Chypre, qui a protesté vigoureusement contre les nombreuses altérations et contradictions dogmatiques se trouvant dans le projet de document examiné. Nous soutenons totalement cette protestation, de même que la critique bien fondée du professeur D. Tselengidis http://orthodoxie.com/remarques-sur-le-texte-preconciliaire-intitule-relations-de-leglise-orthodoxe-avec-le-reste-du-monde-chretien/, et enfin la position de l’archiprêtre Théodore Zisis, exposée dans sa communication à l’occasion de la conférence « Syncrétisme international » à Chișinău les 21 et 22 janvier 2016. Nous voulons tous suivre l’esprit des saints Pères.
4. Il y a d’autres passages qui sont
inexacts et troublants dans le projet de document. Par exemple, le point
22, où il est dit que « L’Église orthodoxe juge condamnable toute
tentative de division de l’unité de l’Église, de la part de personnes ou
de groupes, sous prétexte d’une présumée défense de la pure Orthodoxie.
Comme en témoigne toute la vie de l’Église orthodoxe la préservation de
la foi orthodoxe pure n’est sauvegardée que par le système conciliaire,
qui, depuis toujours au sein de l’Église, constitue le critère désigné
et ultime en matière de foi ». Ce texte donne l’impression d’être
absolument juste mais, malheureusement, il contient une inexactitude
théologique, que nous allons nous efforcer d’expliciter. Cette
inexactitude aboutit, en pratique, à ce que le paragraphe 22 soit
compris de telle façon que les décisions du Concile panorthodoxe de 2016
soient aussi « le critère ultime dans les questions de foi » et, par
voie de conséquence, une menace non dissimulée est proférée à l’égard de
chaque personne qui exprimerait un désaccord argumenté avec des
positions [du futur Concile panorthodoxe] clairement opposées à l’esprit
et à l’enseignement des Conciles œcuméniques, considérant ladite
personne comme condamnable. Cela est fondé sur l’affirmation que « toute
la vie de l’Église » témoignerait soi-disant que seules les décisions
conciliaires constituent le critère désigné et ultime en matière de
foi ». Or, cela n’est pas l’enseignement authentique relatif à cette
question. Les auteurs du document omettent un fait bien connu, à savoir
que même des « Conciles œcuméniques » ont été définis par la suite comme
« brigandages » par le plérôme ecclésial. Et on omet également le fait
qu’il y eut des moments difficiles, lorsque l’enseignement conciliaire
de l’Église était exprimé non par des Conciles auxquels participaient de
nombreuses personnes, mais par des confesseurs individuels, tels saint
Maxime le Confesseur et saint Marc d’Ephèse. Et non seulement eux, mais
aussi de tels grands saints comme Athanase le Grand, Jean Chrysostome,
Flavien de Constantinople, Jean Damascène, Photius de Constantinople,
Grégoire Palamas etc., furent exposés à des condamnations de la part des
autorités ecclésiales officielles, dont des patriarches et des conciles
avec de nombreux évêques. Que cela soit clair, nous croyons et nous
confessons que les Conciles ecclésiaux sont particulièrement importants.
À la seule différence qu’ils sont importants, valables et revêtus
d’autorité à la seule condition immuable : qu’ils doivent
obligatoirement être en accord avec les sept Conciles œcuméniques et les
Conciles locaux canoniques ainsi qu’avec la tradition sacrée de
l’Église en général. C’est pourquoi nous considérons que les décisions
du futur Concile ne pourraient avoir une valeur légale pour tous qu’à la
condition qu’elles soient en accord avec l’esprit et la lettre des
Conciles œcuméniques précédents, inspirés par l’Esprit Saint. C’est
précisément ce que proclame le célèbre texte de l’encyclique des
patriarches orientaux de 1848, qui commence par les mots : « Chez nous,
ni les patriarches, ni les conciles ne pouvaient introduire quelque
chose de nouveau, parce que le gardien de la piété, chez nous, est le
corps même de l’Église, c’est-à-dire le peuple même, qui souhaite
toujours garder sa foi immuable et en accord avec la foi des saints
Pères… »
5. Le contenu des points 20 et 23 est
également inacceptable. Il est dit dans le point 20 : « Les perspectives
des dialogues théologiques de l’Église orthodoxe avec les autres
Églises et confessions chrétiennes sont toujours déterminées sur la base
des critères canoniques de la tradition ecclésiastique déjà constituée
(canon 7 du IIème et 95 du Quinisexte Conciles œcuméniques). Ce texte a
un contenu inexact et peut facilement égarer ceux qui ne connaissent pas
les canons mentionnés, qui décrivent seulement la façon selon laquelle
les différents hérétiques repentants sont acceptés dans l’Église. Ils ne
parlent aucunement d’une quelque tradition ecclésiale ancienne de
dialogues interchrétiens – celle-ci n’existe pas et n’a jamais existé.
En outre, dans le texte susmentionné, on parle, dans un esprit
manifestement œcuménique du dialogue théologique avec « les autres
Églises et Confessions chrétiennes », afin d’éviter le concept
« d’hérétiques » formulé par les saints Pères. Le professeur D.
Tselengidis a écrit plus en détails à ce sujet, et, pour cette raison
nous souhaiterions attirer votre attention sur le point 23. Hormis la
formulation inexacte selon laquelle il y aurait une conscience orthodoxe
commune de la nécessité du dialogue théologique interchrétien et
d’autres expressions semblables (selon lesquelles, le saint apôtre Paul
serait un chrétien insuffisamment conscient, puisqu’il a dit : « Éloigne
de toi, après un premier et un second avertissement, celui qui provoque
des divisions [hairetikon], sachant qu’un homme de cette espèce est
perverti, et qu’il pèche, en se condamnant lui-même » (Tit. 3, 10-11),
le point 23 exclut catégoriquement « tout acte de prosélytisme ou autre
action d’antagonisme confessionnel provocante ». Dans quel sens le mot
« prosélytisme » est-il utilisé ici ? Nous considérons que ce texte pose
un obstacle canonique évident aux chrétiens orthodoxes pour la
prédication de la foi orthodoxe, à quels hérétiques que ce soit.
Rappelons les paroles de saint Cyprien de Carthage que « les hérétiques
ne reviendront jamais à l’Église si nous les renforçons nous-mêmes dans
la conviction qu’ils ont l’Église et les sacrements ». En général,
comment est-il possible de faire concorder l’interdiction du
« prosélytisme » avec la Tradition apostolique et patristique millénaire
qui considère catégoriquement que les hérétiques sont en dehors du
navire de l’Église et, par voie de conséquence, hors du salut, raison
pour laquelle ils ont encore plus besoin de notre service missionnaire
parmi eux ? Ce serait bien si, dans le point 23, était uniquement posée
la question du « prosélytisme non-évangélique », ce qui permettrait de
condamner l’agression, la violence et les méthodes non-ecclésiales de
prédication. Mais le point 23, semble-t-il, est dirigé contre autre
chose. Nous avons des fondements suffisants pour supposer que
l’extensibilité de la formulation citée rend possible également une
interprétation non orthodoxe du concept de « prosélytisme », ce que l’on
peut conclure des paroles du patriarche Bartholomée, prononcées lors de
la fête patronale de Saint André, le 30 novembre 1998, en présence des
représentants de « l’Église » catholique-romaine avec, à leur tête, le
cardinal William H. Keeler, où le thème principal, cela est clair, était
la réunion de l’Église orthodoxe à la communauté hérétique papale :
« Le dialogue qui aspire à rétablir l’unité perdue des Églises suppose
que la pratique se conforme aux principes communément acceptés comme
corrects : étant donné qu’une Église reconnaît que l’autre Église est
détentrice de la grâce divine et guide du salut, la tentative de
détacher des fidèles d’une Église afin qu’ils en joignent une autre est
exclu, comme contrevenant à cette reconnaissance. Car chaque Église
locale n’est pas une compétitrice des autres Églises locales, mais
constitue un seul corps avec elles et souhaite qu’elle vive de cette
unité en Christ, c’est-à-dire le rétablissement de ce qui avait été
troublé dans le passé, et non l’absorption de l’autre. Aussi, certaines
formes de prosélytisme dans l’activité ecclésiale, adoptées en tant
qu’héritage du temps, remontant au passé, mais sujettes au changement,
ne peuvent se développer sous la protection de l’une des Églises en
dialogue aux dépens de l’autre, parce que cela signifie un rejet en
pratique d’un accord théorique que l’on a atteint… ». En bref, il
ressort du texte mentionné, que les Églises orthodoxes locales et la
communauté hérétique papale doivent se considérer comme des Églises
sœurs pareillement salvatrices, et, par voie de conséquence, il ne faut
pas prêcher l’orthodoxie aux catholiques-romains. On peut percevoir ici
la conception du prosélytisme chez le patriarche œcuménique Bartholomée,
et la nuisance qui en découle. C’est pourquoi, en revenant sur le texte
du point 23, nous considérons que la conception de « prosélytisme »,
d’après la manière dont il est formulé, laisse une large possibilité
d’interprétations, qui sont ouvertement non-orthodoxes et contredisent
la volonté Divine qui veut que « tous soient sauvés et parviennent à la
connaissance de la vérité » (1 Tim. 2,4).
–––––
Votre Sainteté,
Vos Éminences,
La conclusion succincte de tout ce qui précède est que, dans tout ce projet de document, il y a beaucoup de choses qui troublent fortement la conscience orthodoxe et qui sont absolument inacceptables pour elle. Il en est de même pour la possibilité offerte dans le point 5a de la deuxième partie du document intitulé « Le mystère du mariage et ses empêchements », d’autoriser le sacrement du mariage d’un orthodoxe avec un hérétique (sous condition que les enfants dudit mariage soient baptisés et éduqués dans l’Église orthodoxe) : si les saints canons leur interdisent même de prier ensemble, comment peut-on appeler le Saint-Esprit à sanctifier leur union (de laquelle il se peut qu’il n’y ait pas d’enfants) ? Cela est manifestement interdit par le 72ème canon du VIème concile œcuménique et si, dans des cas individuels exceptionnels, il a été montré de l’économie envers ce canon (par exemple lors de mariages dynastiques), cela ne signifie pas que l’on puisse légaliser cette exception et la permettre massivement. Comme le souligne le professeur D. Tselengidis, l’idée même que « les enfants issus de ce mariage soient baptisés et élevés dans l’Église orthodoxe » contredit le fondement théologique du mariage comme mystère de l’Église orthodoxe, car la naissance de l’enfant (événement futur incertain) et le baptême orthodoxe des enfants ne peuvent fonder l’accomplissement du mystère du mariage – c’est là quelque chose de nettement interdit par le 72ème canon susmentionné. Le Concile, n’ayant pas le rang d’œcuménique, continue le professeur D. Tselengidis, ne peut mettre en doute ou priver de sa validité la règle absolument claire du VIème concile oecuménique : le mariage mixte n’est pas permis et, s’il est accompli, il est considéré inexistant.
–––––
Votre Sainteté,
Vos Éminences,
La conclusion succincte de tout ce qui précède est que, dans tout ce projet de document, il y a beaucoup de choses qui troublent fortement la conscience orthodoxe et qui sont absolument inacceptables pour elle. Il en est de même pour la possibilité offerte dans le point 5a de la deuxième partie du document intitulé « Le mystère du mariage et ses empêchements », d’autoriser le sacrement du mariage d’un orthodoxe avec un hérétique (sous condition que les enfants dudit mariage soient baptisés et éduqués dans l’Église orthodoxe) : si les saints canons leur interdisent même de prier ensemble, comment peut-on appeler le Saint-Esprit à sanctifier leur union (de laquelle il se peut qu’il n’y ait pas d’enfants) ? Cela est manifestement interdit par le 72ème canon du VIème concile œcuménique et si, dans des cas individuels exceptionnels, il a été montré de l’économie envers ce canon (par exemple lors de mariages dynastiques), cela ne signifie pas que l’on puisse légaliser cette exception et la permettre massivement. Comme le souligne le professeur D. Tselengidis, l’idée même que « les enfants issus de ce mariage soient baptisés et élevés dans l’Église orthodoxe » contredit le fondement théologique du mariage comme mystère de l’Église orthodoxe, car la naissance de l’enfant (événement futur incertain) et le baptême orthodoxe des enfants ne peuvent fonder l’accomplissement du mystère du mariage – c’est là quelque chose de nettement interdit par le 72ème canon susmentionné. Le Concile, n’ayant pas le rang d’œcuménique, continue le professeur D. Tselengidis, ne peut mettre en doute ou priver de sa validité la règle absolument claire du VIème concile oecuménique : le mariage mixte n’est pas permis et, s’il est accompli, il est considéré inexistant.
C’est pourquoi nous vous demandons
humblement à vous, Sainteté, ainsi qu’à vos confrères les métropolites,
auxquels est confiée la direction du peuple orthodoxe bulgare, de
considérer avec bienveillance tout ce qui précède et d’exprimer devant
les autres Églises locales votre désaccord argumenté avec ce projet de
document «Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde
chrétien », lequel est non orthodoxe dans son intégralité, ainsi qu’avec
le point 5a, deuxième proposition, de la deuxième partie du document
« Le mystère du mariage et ses empêchements ». Ainsi, votre position,
fondée sur la sainte tradition millénaire de l’Église orthodoxe,
deviendra une lumière spirituelle véritable, afin que vous acheminiez le
peuple de Dieu sur les traces de nos grands saints Pères et confesseurs
orthodoxes vers le royaume de Dieu. Nous embrassons votre sainte dextre
patriarcale et demeurons, Sainteté et Eminences, vos enfants spirituels
fidèles dans le Christ.
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