1. Une formation approfondie en art classique. Bien éduqués en peinture classique, les iconographes
appartenant à l'ancienne génération (maintenant dans leur cinquantaine ou
soixantaine) ainsi que quelques-uns de la nouvelle génération (dans leur trentaine
ou quarantaine) ont une expérience importante dans la restauration des anciens
monuments religieux (icônes et fresques).
Ce faisant, ils ont acquis une
connaissance fine de la composition et une sensibilité chromatique particulière
qu’ils ont montré plus tard par la création de vastes programmes
iconographiques. La nouvelle génération de peintres (dans leur trentaine et quarantaine) n'a
pas été formée par apprentissage direct avec un maître.
La plupart d'entre eux
ont étudié l'art classique à la Faculté des Beaux-Arts dans le but d'acquérir
une solide formation de ces techniques essentielles telles que le dessin, la
composition, l'anatomie ainsi que leur culture visuelle. En outre, ils ont
étudié les albums et les collections d'art byzantin, voyagé à travers le monde
orthodoxe pour étudier les peintures murales et, tout aussi important pour leur
progrès, ils ont été guidés par leur talent artistique, leur intuition et leur
vie spirituelle. Maintenant, ils sont maîtres accomplis de techniques iconographiques
traditionnelles, ils choisissent et préparent des matériaux très diligemment et
s’abstiennent d'utiliser certains ingrédients populaires aujourd'hui, comme l’acrylique
et les peintures chimiques, qui donnent un effet scintillant vulgaire à
l'image.
La splendeur chromatique ne doit pas être confondue avec les couleurs charnelles
de la télévision. Nous devons mentionner que, grâce à eux, la difficile
technique de la fresque traditionnelle a survécu dans la Roumanie moderne, très
probablement un des rares endroits du monde; et, de plus, elle est devenue un art
majeur.
2. Une vie spirituelle
personnelle. Tout assument, avec la tradition orthodoxe, qu'une dimension
spirituelle est un ingrédient nécessaire à la peinture d'icône. La peinture d’une
icône n’est pas une simple activité artistique mais une facette de la
croissance spirituelle plus large, à la fois personnelle et faisant partie de
la communauté dans laquelle vit l’iconographe.
Peindre une icône, par
conséquent, devient une manière d'exprimer leur créativité, une recherche
spirituelle dans une continuité directe avec leur héritage orthodoxe ancestral
et un mode de vie auquel ils se consacrent entièrement. Ainsi, ils cherchent à
comprendre l'icône d'une manière théologique, comme une image sacrée, et à la traiter
sous un angle spirituel. Il y a quelques cas dans lesquels les artistes ont
même choisi la vie monastique; et la peinture d'icônes est devenue leur
principale obédience dans le monastère.
3. Ils n’imitent pas, mais
innovent en restant dans les canons de la tradition. Probablement que la valeur
la plus intéressante progressivement assumée par les iconographes de la
nouvelle génération est qu'ils chérissent l’originalité et la liberté d'expression
artistique. Ils n’acceptent de créer d'une façon maniériste et de reproduire
les maîtres du passé tout en faisant une concession à un goût populaire commun.
Prêtant attention au moindre détail technique et théologique, ils cherchent à
éviter non seulement le kitsch religieux, mais aussi les clichés religieux.
Après avoir assimilé les compétences, le canon byzantin, une riche
documentation et une connaissance générale de l'art médiéval, certains d'entre
eux ont été en mesure de définir leur propre style. Et ce fait a permis de
repenser l’iconographie classique et d'innover en termes de style, de couleurs
et de composition ainsi que de trouver de nouveaux thèmes et de devenir
"hagiographes".
Tous ces éléments entre eux ont conduit à atteindre
une qualité sans précédent de l'acte iconographique dans lequel ils s’engagent
à l'originalité artistique dans les limites de la tradition iconographique
orthodoxe. De ce point de vue, une scène iconographique peut être réinventée à
la lumière du texte biblique et de l'iconographie traditionnelle.
Comme l’expose
Ioan Popa, "je relis le texte de l'Écriture, puis repense l'iconographie
classique d'une fête." Pour eux, la splendeur des couleurs et des formes
doit rendre transparente l'atmosphère hiératique du royaume spirituel et guider
l'œil, l'esprit et l’âme de celui qui contemple les mystères du monde
invisible. Pour obtenir cet effet, ils remodèlent parfois l’anatomie humaine en
silhouettes filiformes et ondulent les corps humains selon la manière grecque des
Paléologue, ou les allongent eux comme les maîtres russes classiques.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après Orthodox Arts Journal
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