Nous assistons actuellement à une aggravation du problème
ecclésiastique interne, que l’on peut appeler « l’auto-proclamation » du
patriarcat de Constantinople en tant que chef imaginaire de l’Église orthodoxe universelle.
En fait, ce n’est pas depuis une décennie que ce problème existe, mais il remonte
au plus profond de l'histoire de l'Église. Bien sûr, il est associé à la
tendance générale de l'homme au péché d'orgueil, dont la lutte est incessante
et s'intensifie parfois lorsque l’homme reçoit la prêtrise. La terrible
expérience de Judas qui a partagé la dernière Cène, comme de nombreux autres
repas avec le Christ, est un exemple frappant pour tous les temps et toutes les
nations. Selon le témoignage de nombreux saints Pères, le péché d'orgueil est
la racine de toute chute. Et ce péché fait le plus de tort au corps de
l'Église, à tout le peuple de Dieu, dont le Chef est en réalité, le très humble
et très doux Seigneur notre Seigneur Jésus-Christ.
L'idée théologique spéculative moderne du patriarcat de
Constantinople sur le patriarche de Constantinople en tant que "chef de
tous les orthodoxes" est dénoncée par les anciens grands saints - primats
de la chaire de Constantinople. Oui, tout patriarche est le «primat» et non pas
le «chef» de l'Église. Les saints Grégoire le théologien et Jean Chrysostome
témoignent, se fondant sur les Saintes Écritures, que nous avons un seul Chef
de l'Église - le Christ [1] . “Nous formons une seule Église, composée
harmonieusement de membres d'une même Tête” - le Seigneur Jésus-Christ [2] .
La renaissance de l'idée de néo-papisme oriental dans
l'Église de Constantinople a lieu au 20ème siècle. Dès 1950, il y a près de 70
ans, l'archimandrite Sofrony (Sakharov) a témoigné ce qui suit au sujet des tendances dangereuses prenant de
l'ampleur dans le patriarcat de Constantinople:
«À l'heure actuelle, au sein de notre Sainte Église, il y a
un grand danger d’altération de sa doctrine dogmatique, donc un danger
d’altération de son être, parce que la conscience dogmatique est organiquement
liée au cours entier de la vie spirituelle intérieure. Changez quelque chose
dans la conscience dogmatique – et la forme de votre être spirituel changera dans
la même mesure. Inversement: dévier dans la vérité dans le domaine de la vie
spirituelle intérieure conduit à un changement dans la conscience dogmatique.
La perte de la vérité dogmatique aura pour conséquence irréparable la perte de
la possibilité de la véritable connaissance de Dieu, dont la plénitude est
donnée à l'Église... L’altération en quoi que ce soit d’une partie affectera
nécessairement l'ensemble. Si nous altérons maintenant la doctrine sur l'Église,
et donc... la forme de son être,
de son existence, comment peut-elle servir de chemin de la vérité pour ses fils
? Vous demandez, en quoi cette altération est-elle visible maintenant? Nous
répondons: dans le néo-Papisme constantinopolitain, qui d'une phase théorique tente
de passer à une phase pratique »[3]...
NOTES
[1] St Grégoire théologien, Discours 37. Sur les paroles évangéliques : «Lorsque Jésus eut achevé ces discours...» // Edition russe SPB
1912. Tome I, pp. 510–522, ici, p.
514.
SPB, 1898–1906. Тome.
9, 1. pp. 226–235, ici, p. 234.
[3] Hiérom. Sofrony (Sakharov) Единство Церкви по образу Единства Святой Троицы (Православная Триадология как основа Православной Экклезиологии) [L’unité de l’Église à l’image de l’unité de la
Sainte Trinité – Triadologie orthodoxe comme fondement de l’ecclésiologie
orthodoxe]. Messager de l’Exarchat patriarcal russe d’Europe occidentale,
1950. № 2–3. pp. 8–32, ici: pp. 18–19.
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