Le 8/21 octobre, l'Église Orthodoxe honore la mémoire de sainte Pélagie († 457). Cette femme, qui fut courtisane et meneuse des danseuses d'Antioche la palestinienne, mais qui fut convertie à la foi en Dieu après avoir entendu un sermon de saint Nonnos, devint moniale au cours du cinquième siècle. Le Métropolite Joseph ( [Tchernov] † 4 septembre 1975) fut un grand hiérarque de l'Eglise orthodoxe russe qui passa plus de vingt ans dans les camps de concentration soviétiques pour sa foi. C'était un staretz et un homme de prière clairvoyant qui entreprit le labeur ascétique de la folie-en-Christ, et qui fut presque notre contemporain. Raïssa Semenovna Taboranskaya, Fille spirituelle du Métropolite Joseph, parle de la relation entre ces deux personnes saintes, sainte Pélagie et le Métropolite Joseph, qui vécurent à 1500 années d'intervalle.
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Alors qu'il était dans les camps de Tchelyabinsk et Karaganda, Vladyka Joseph correspondait avec nous. Notre famille, avec l'aide des gentilles personnes, lui envoya des colis mensuels de nourriture pendant les douze années de son emprisonnement. L'un de ces paquets est parvenu à Vladyka à la veille de la fête de sainte Pélagie ( 8/21 octobre). D'autres prisonniers du camp lui ont volé le paquet, mais un prisonnier a vu cela et leur a repris le paquet et l'a donné à Vladyka.
J'avais fait ce paquet moi-même, et quand j'ai vu qu'il y avait une espace libre, par la Providence de Dieu, j'y ai mis une pomme. Quand Vladyka a vu la pomme, il a écrit avec joie et exultation de l'âme:
Chère petite-fille, Raïsssa Semenovna !
Tout d'abord je m'incline devant toi et je te remercie pour la belle pomme que tu m'as envoyée dans la boîte pour la veille du jour de saints Pélagie. J'ai reçu ce paquet la veille de sa fête. Bien sûr, si ce paquet n'avait pas été envoyé par vous intentionnellement pour le 8 octobre, ce n'est toujours pas un accident, mais c'est providentiel. Oui, oui, ma chère. Surtout une pomme, oui, oui, c'est l'œuvre de Dieu. Si ces mots au sujet de la pomme t'ont intéressé ou te rendent perplexe, et que tu l'as envoyée seulement parce qu'elle est arrivée par hasard dans tes mains, et que ton amour l'envoyée à grand-père, alors laisse-moi te dire ceci: Lorsque l'acathiste [1] a été écrit à Azov au début de 1942 et terminé en été, en juin, ce jeune homme, un moine, qui l'a écrit et l'a terminé le jour de sa glorification, c'est-à-dire le premier jour où il serait lu et béni, il était très anxieux: la sainte accepterait-elle son petit travail, le Seigneur rejetterait-Il cette louange de son ascèse comme insuffisante et indigne?
Lui, le jeune homme, ce moine, fut très épuisé en esprit et il pria le Seigneur de lui donner un signe. Il pria la sainte de l'accepter ou de le rejeter. Dans la soirée avant le jour lorsque l'acathiste serait lu dans les offices divins de la matinée, cet humble et créateur auteur de l'acathiste fit un rêve. Oui, oui, c'est vrai, je t'écris ces lignes en accord avec la conscience de ma vocation!
Il se voyait dans un très grand, beau, beau jardin (plus beau que la belle et magique Sofievka [Parc aux environs d'Ouman]); il y avait de nombreux pavillons de différentes formes et styles. Cet auteur, comme s'il était toujours encore un garçon en culottes courtes et chemise, fut surpris par la beauté du jardin et de ses pavillons. Il eut peur, et il n'y avait pas de gens là-bas, le jardin était un reflet de la beauté céleste sur la terre, et les pavillons étaient faits de métaux précieux et de verre épais. Il y avait des stands et des étagères merveilleuses, et sur les étagères, qui atteignaient le plafond en environ quatre rangées, se tenaient plusieurs belles, belles corbeilles de fruits différents, de beaux fruits qu'il n'avait jamais vu auparavant.
Le jeune garçon, cet auteur, regardait sans voix avec de grands yeux et un coeur qui battait toute cette beauté, et tout à coup une blanche, colombe, blanche avec une crête rouge sur sa tête entra en volant. Volant en cercles plusieurs fois autour de cette personne solitaire, elle se posa sur le haut des étagères, sur le bord de l'un des paniers tressé d'or, qui était plein des plus belles pommes dorées rouges, et, frappant l'une des pommes avec son bec, elle la jeta à ce garçon, l'auteur qui l'attrapa là la volée et s'écria en extase, " Quelle merveilleuse pomme pour un seul kopeck!" Il se réveilla les yeux pleins de larmes et le cœur battant.
Bien sûr, l'auteur compris que ses travaux, bien que ne valant qu'un kopeck, avaient néanmoins été acceptés par la sainte, et lui-même n'était encore qu'un petit, petit homme...
Le saint hiérarque, saint Nonnos, qui convertit Margarite (ancien nom de Pélagie) au christianisme, vit en songe qu'il servait la Liturgie et qu'un pigeon noir, nauséabond volait autour de la sainte table, et quand il sortit de l'église après la Liturgie, il vola autour de sa tête. Quand il approcha de la porte, il y avait un baptistère vers la droite où ils baptisaient les adultes, et il saisit ce pigeon et le plongea trois fois dans les fonts baptismaux, après quoi il devint une blanche, blanche colombe, et un parfum remplit toute l'Église, et il disparut dans les hauteurs bleues du ciel…
Nonnos alla à Antioche, où il baptisa Margarite sous le nom de Pélagie. C'est pourquoi sainte Pélagie est appelée "petite colombe" dans le refrain de l'Ikos ["Réjouis-toi, ô Pélagie, très merveilleuse petite colombe du Christ."] Et aujourd'hui, une pomme [me parvient]... pas par hasard! Je n'en ai jamais mangé une aussi belle et aussi avoureuse de ma vie, même si j'ai été en Crimée, même si j'ai vécu dans le Caucase, et que j'ai mangé d'autres pommes! Voilà! Gloire, gloire à Dieu!
Grandpère
Ma main a un peu mal et tremble. Oui, bientôt, peut-être, nous nous verrons. Puisse Dieu l'accorder. Un enclin devant toi, et merci.
Mâchant [la pomme], je la mange avec plaisir.
C'est ainsi que le Seigneur consola Vladyka en prison, et en le consolant, Il l'a récompensé avec une pomme céleste du jardin de sainte Pélagie. Alors, à Ouman, Vladyka a donné à mon père une icône de sainte Pélagie et a dit: "Je laisse cette icône dans votre église, car elle contient une particule des saintes reliques de la sainte. Gardez-la, fêtez toujours cette journée, et priez sainte Pélagie."
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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