"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 20 avril 2024

La prière de Jésus est-elle une "vaine répétition" ?

 

Le Pharisien et le Publicain

La prière de Jésus, "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur", est une profonde expression de la foi parmi de nombreux chrétiens orthodoxes.

Loin d'être une vaine répétition, la prière devient profondément significative lorsque l'on prie avec un cœur sincère, se reconnaissant comme un pécheur ayant besoin de la miséricorde de Dieu - un peu comme le publicain [percepteur d'impôts] dans la parabole du pharisien et du publicain (Luc 18:9114), ou l'aveugle qui rechercha la guérison auprès de Jésus (Marc 10:46-52 ; Luc 18:35-43). 

Cette prière est un appel des profondeurs de son être, en reconnaissance de Dieu en tant que Créateur et Sauveur, et elle exprime un désir d'être purifié du péché, d'être uni avec Dieu et d'atteindre la vie éternelle dans Son Royaume. Il reflète l'humilité et la repentance du Fils prodigue (Luc 15:11-32), reconnaissant sa péché et sa séparation de Dieu et cherchant sa grande miséricorde.

En contraste avec la pratique des mantras dans les religions orientales telles que le bouddhisme et l'hindouisme, où les mantras sont des énoncés sacrés pour la méditation, la concentration et le développement spirituel, il est important de reconnaître les cadres théologiques et philosophiques distincts. Bien que la prière de Jésus et les mantras impliquent la répétition, leurs buts et leurs contextes diffèrent considérablement. 

La prière de Jésus recherche la miséricorde de Dieu, vise la théosis [déification] ou l'union avec Dieu, concept étranger aux objectifs des pratiques du mantra oriental, qui pourrait se concentrer sur la concentration, l'esprit paisible, l'illumination ou les qualités spirituelles.

En répondant aux préoccupations de la vaine répétition, en particulier dans une perspective qui donne la priorité aux Écritures, il est utile d'examiner Matthieu 6:7, où le terme "βατταλογήσητε" souvent traduit par "répétitions vaines" (dans les anciennes traductions) est mieux compris comme "bavardage". De nombreuses traductions contemporaines et la Bible d'étude orthodoxe offrent des idées qui clarifient que l'enseignement de Jésus est contre la répétition insensée, et non contre la répétition elle-même. L'avertissement de Jésus dans Matthieu 6:7 contre le bavardage - prière vide et dénuée de sens - souligne l'importance de l'intention du cœur dans la prière, et non la quantité de mots.

Cette perspective est soutenue par des enseignements orthodoxes qui mettent l'accent sur la prière comme communion intime avec Dieu, menant à la vision de Sa Gloire. 

La prière, pour être authentique, doit être humble, personnelle et sincère, en évitant l'hypocrisie et la prétention de piété. L'utilisation répétée de la prière de Jésus, lorsqu'elle est faite avec la conscience de la nécessité de la miséricorde de Dieu, n'est pas vaine, mais une pratique spirituelle profonde encourageant la communion continue avec Dieu.

Essentiellement, si la prière de Jésus est abordée avec un cœur sincère, reconnaissant son péché et cherchant la miséricorde et la transformation de Dieu, elle transcende la simple répétition et devient une discipline spirituelle vitale. Elle se conforme à l'exhortation de Paul de prier sans cesse [1 Thessaloniciens 5:17], invitant les croyants à une relation plus profonde avec Dieu par une prière constante et sincère.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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