"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 2 avril 2023

CINQUIÈME DIMANCHE DU GRAND CAREME - STE MARIE D'EGYPTE


La vie de sainte Marie d'Égypte, avec des détails graphiques, est rapportée par saint Sophronios, patriarche de Jérusalem au VIIe siècle. 

La première partie du récit nous parle de saint Zossimas, qui était hiérarque en Palestine au Ve siècle. Enfant, il avait été emmené dans un monastère et y avait passé toute sa vie. Comme il menait une vie ascétique très stricte, faite de prières et de jeûnes, les gens venaient lui demander des conseils spirituels. Ayant passé plus de 50 ans au monastère, il pensait avoir appris tout ce qu'il y avait à savoir sur la vie spirituelle. Le pèlerinage de sa vie le conduisit dans un autre monastère, près du Jourdain. La coutume des moines de ce monastère était d'aller passer tout le Grand Carême dans la solitude du désert, pour ne revenir au monastère que le dimanche des Rameaux.

Il se trouve que Zossimas priait seul dans le désert lorsqu'il aperçut une silhouette humaine à quelque distance. Sa solitude étant envahie, il alla voir par qui. La personne s'enfuit et le moine fit de même. L'inconnue finit par révéler qu'elle était une femme et qu'elle était nue. Elle s'adressa au moine par son nom et lui demanda d'emprunter son manteau par souci de pudeur. Le fait qu'elle connaisse son nom choqua Zossimas plus que son sexe et son état, mais il comprit qu'elle avait dû recevoir de Dieu le don de la vue spirituelle. C'est ainsi qu'ils commencèrent à parler. Elle s'appelait Marie et était née en Égypte. À l'âge de 12 ans, elle avait abandonné ses parents et s'était rendue à Alexandrie. Dans cette ville, pendant 17 ans, elle vécut une vie de dépravation totale. 

Un jour, Marie vit des gens se presser au port pour embarquer. En réponse à ses questions, elle découvrit qu'ils se rendaient à Jérusalem pour la Vénération de la Croix et elle décida de les accompagner. À Jérusalem, elle constata qu'une barrière invisible l'empêchait d'entrer dans l'église. Voyant l'icône de la Mère de Dieu à l'entrée de l'église, Marie pria et promit de se repentir de son ancien mode de vie. Ainsi, elle put entrer dans l'église et vénérer la précieuse Croix du Christ. Conformément à son vœu, Marie se rendit dans le désert au-delà du Jourdain et passa les 47 années suivantes, complètement seule, dans la prière et le jeûne, jusqu'à sa rencontre avec saint Zossima. 

L'Église utilise l'histoire de Sainte Marie d'Égypte pour nous enseigner deux leçons. Dans le cas de Marie, à Alexandrie, elle vécut une vie aussi éloignée que possible de la vertu chrétienne, mais elle s'en repentit et revint sur la voie du salut. Nous nous souvenons donc d'elle comme d'une sainte parce qu'elle nous montre que, même si nous nous éloignons de la vie chrétienne, il n'est jamais trop tard pour se repentir. L'exemple de Zossimas est un avertissement pour nous. Il pensait avoir progressé dans la vie spirituelle, mais cela l'avait rendu orgueilleux. C'est alors qu'il rencontra une personne tout à fait improbable, mais qui était bien plus avancée que lui dans la vie ascétique. Cela lui apprit l'humilité. Si vous n'avez pas lu la vie complète de Sainte Marie d'Égypte, nous vous recommandons de le faire.   

Il y a deux passages de l'Évangile aujourd'hui, l'un pour le dimanche, Marc 10, 32-45, et l'autre pour la sainte, Luc 7, 36-50. 

Dans le passage de saint Marc, le Seigneur commence à préparer les disciples à ce qui va advenir. Il le fait pour atténuer leur angoisse. Il a connu à l'avance Sa passion, il est donc clair qu'il pouvait y échapper, mais il montre qu'il accepte volontiers la souffrance et la mort. La consolation qu'il offre est qu'il ressuscitera le troisième jour.

Nous lisons ensuite la question posée par Jacques et Jean. Dans son récit de cet incident, saint Matthieu dit que les disciples ont emmené leur mère avec eux et qu'elle a posé la question au nom de ses fils. L'implication est qu'ils imaginent que le Royaume est terrestre et qu'ils demandent un statut mondain. 

Le Christ ne les appelait pas à l'honneur et à la gloire, mais à tout sacrifier pour lui, et il leur a dit que c'est ce qui se passerait. Nous voyons que même les disciples sont sujets à la faiblesse humaine. Deux d'entre eux cherchaient à obtenir un avantage et dix étaient contrariés parce qu'ils se sentaient exclus. Il nous est facile d'imaginer que les saints étaient tous et toujours parfaits. Nous voyons ici qu'ils sont très humains et qu'ils souffrent des mêmes tentations et difficultés que le reste d'entre nous. La différence est qu'ils finissent par triompher alors que nous continuons souvent à lutter. Comme le dit Théophylacte : Le Christ les guérit, en les calmant d'abord en les appelant à Lui, puis en leur montrant que la recherche des honneurs et le désir de la première place sont le comportement des Centilss. (Par Gentilss, on entend généralement des païens).

Dans l'Évangile de saint Luc, nous rencontrons un pharisien qui, bien qu'il ait invité le Seigneur dans sa maison, n'a pas été franc et honnête dans ses intentions. Il a démontré son manque de foi lorsqu'il a dit de manière désobligeante du Christ : "S'il était un prophète..." Le Seigneur accepte les services de la femme dont l'offrande venait de son cœur. Il confronte ensuite le pharisien à son manque de courtoisie envers un invité et lui montre qu'Il connaît le cœur de la femme, qu'il compare favorablement à celui du pharisien. Le Christ ne dit pas à la femme : "Je te sauverai", mais il lui dit : "Ta foi t'a sauvée ; va en paix".



Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND


1 commentaire:

Laurence Guillon a dit…

Notre évêque Théoctyste a dit aujourd'hui que cet évangile montrait que même ceux qui étaient à côté du Christ n'écoutaient pas ce qu'il disait. "Si je fais le test de demander à ceux qui sont sortis de l'église de quoi parlait l'évangile du jour, souvent, ils n'en savent plus rien. Il est très difficile de rester concentré, moi-même, quand je lis, j'ai parfois toutes sortes de pensées qui me traversent la tête, mais j'ai souvent songé que si j'avais le Christ en face de moi, ce serait différent. Eh bien voyez, ses disciples qui l'avaient tous les jours avec eux, cet évangile montre qu'ils ne l'avaient jamais vraiment écouté!"