"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 29 janvier 2023

DIMANCHE DE ZACHEE



Aujourd'hui, nous rencontrons Zachée dans l'Évangile de ce dimanche (Luc 19, 1-10). Son nom implique innocent, pur dans son sens littéral. À première vue, cela semble ironique, car il est devenu riche par des moyens malhonnêtes. Le calendrier prévoit également aujourd'hui la vénération des chaînes du saint apôtre Pierre. Parmi la liste des saints d'aujourd'hui, nous commémorons saint Sigebert, roi des Angles orientaux, et saint Fursey de Burgh Castle, qui ont tous deux contribué à l'établissement de la foi en East Anglia au VIIe siècle. Le thème qui les relie tous est la dévotion au Christ.

Les chaînes de saint Pierre 

L'histoire de la libération de saint Pierre de sa prison, par la visite d'un ange, est lue à l'église dans l'épître de la liturgie (Actes 12:1-11). La tradition veut que les fidèles aient conservé les chaînes avec lesquelles l'apôtre était enchaîné. 

En effet, pendant les siècles de persécution, elles ont été gardées cachées, mais au début du IVe siècle, tout a changé. Les chrétiens n'étaient plus persécutés, des églises étaient construites, les temples païens étaint détruits ou transformés en églises, et les reliques des saints étaient ouvertement vénérées. 

Saint Juvénal devint évêque de Jérusalem vers 420 et fut l'archipasteur de la ville sainte pendant les quatre décennies suivantes. Lorsque le quatrième concile œcuménique accorda le statut de patriarche à Jérusalem, saint Juvénal devint le premier patriarche. Ce hiérarque dynamique et clairvoyant donna les chaînes de saint Pierre à l'impératrice Eudocie, qui les divisa, en envoyant la moitié à Constantinople et l'autre moitié à Rome, où sa fille Eudoxie était l'épouse de l'empereur Valentinien. À Rome, les chaînes utilisées pour retenir saint Pierre avant son martyre étaient conservées dans un reliquaire dans une église dédiée à son honneur (San Pietro in Vincoli). 

Les chaînes de Jérusalem furent été ajoutées à ce reliquaire. Cette église existe toujours, mais au fil des siècles, elle a subi de nombreuses modifications structurelles. La partie des chaînes qui se trouvait à Constantinople était enchâssée dans une église dédiée à saint Pierre. Cette église a été complètement détruite en 1453 lorsque la ville a été prise par les Turcs. Le sort des reliques est inconnu.

La lecture de l'Évangile est tirée de la toute fin de l'Évangile de saint Jean (Jean 21, 15-25). Le Christ y interroge Pierre. M'aimes-tu ? Et il pose la question trois fois. Le Seigneur, le bon berger, exprime sa grande préoccupation pour son troupeau. En outre, il purge Pierre de son triple reniement par une triple affirmation de dévotion. Cette idée se reflète dans la triple question posée lors d'un baptême : "T'es-tu uni au Christ ? Dans son commentaire, Théophylacte observe que, dans son Évangile, Jean parle constamment d'amour, car c'est l'amour qui l'a poussé à écrire. Et le Christ a confié cette œuvre au disciple qu'il aimait le plus. La dernière phrase du dernier verset de l'Évangile de saint Jean est profondément significative. Combien de fois avons-nous entendu le mantra "la Bible et seulement la Bible ; si ce n'est pas dans la Bible, ce n'est pas vrai". Saint Jean était proche du Christ et il vécut une longue vie consacrée au Seigneur. Cette expérience éclaira son esprit et inspiré son cœur pour écrire un Évangile d'une grande profondeur théologique, ce qui lui valut le titre de "théologien". Ainsi, il nous laisse avec la déclaration alléchante qu'il y a beaucoup plus de choses qui devraient être écrites. Une partie, issue de la tradition orale, a heureusement été préservée dans les textes des services religieux. 

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Zachée et sa conversion

Jéricho était une ville prospère et les collecteurs d'impôts (publicains)  purent en profiter pour s'enrichir. Les publicains étaient détestés parce qu'ils travaillaient pour les suzerains romains, plutôt que pour leur propre nation, et qu'ils étaient malhonnêtes. Il y avait des rangs parmi eux, comme dans toute catégorie de fonctionnaires, et Zachée était au premier rang. Ni l'Évangile, ni le commentaire ne nous disent quelle était sa motivation précise pour voir le Christ, mais il était inspiré par le besoin de le faire. On nous dit que, étant de petite taille, il ne pouvait pas voir à cause de la foule, alors il grimpa sur un arbre pour avoir une meilleure vue. Le symbolisme est que, étant corrompu, Zachée était entouré d'une foule de passions et de tentations, d'où sa stature spirituelle très limitée. Le Seigneur, qui connaît toutes choses, était conscient de cela et il leva les yeux, appelant Zachée. La foule était choquée qu'un "prophète" et un "maître" se propose de rendre visite à un si vil pécheur. 

On nous dit que Zachée n'hésita pas. Il obéit à l'ordre [du Christ] et reçut le Seigneur avec joie. Nous voyons ici le contraste avec l'autre homme riche, qui refusa de renoncer à sa richesse même lorsque le Christ le lui suggéra. Démontrant sa repentance, Zachée offrit sa richesse. Il en donna librement la moitié et utilisa le reste pour indemniser quatre fois ses victimes. Pourquoi quatre fois ? Cette restitution quadruple par un voleur était un vieux principe de la loi (Exode 22:1). Le Seigneur ne félicita pas seulement  Zachée pour son repentir, il nous rappelle à tous que son but est de chercher et de sauver ceux qui sont perdus.

Zachée figure parmi les septante apôtres et il devint un collaborateur de l'apôtre Pierre. La tradition nous dit que le lieu de son labeur apostolique était Césarée en Palestine, où il est identifié comme le premier évêque. Il œuvra sans relâche pour amener tout le monde à la plénitude de la foi. Il n'est pas mentionné qu'il ait souffert le martyre, comme tant d'apôtres, mais il est mort de mort naturelle. Dans le calendrier de l'Église, il est commémoré le 20 avril.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND



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