"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 2 juillet 2021

Comment les chrétiens devraient utiliser leur temps libre en termes de monde moderne

 



Très probablement, les inventeurs d'Internet qui a modestement commencé comme un petit réseau de partage d'informations‚ n'espéraient pas, même dans leurs rêves les plus fous, qu'en moins de 50 ans, leur invention deviendrait ce qui est aujourd'hui le plus grand échange d'informations qui ait jamais existé. 

La bibliothèque d'Alexandrie ? Jeu d'enfant ! Pensez à tout ce qui passe par Internet aujourd'hui : les sites Web‚ les e-mails les actualités‚ la télévision‚ les réseaux sociaux‚ le divertissement‚ les finances‚ le bricolage‚ les appels téléphoniques‚ les appels vidéo‚ les encyclopédies‚ les livres électroniques‚ les cartes et nous sommes sommes encore à la surface. Tout ce que vous voulez, attend d'être trouvé au simple contact  d'un doigt. Personne ne demande quoi que ce soit à personne avant de « googler » les informations.

Avec une connexion Internet à portée de main, on se sent comme un enfant dans un magasin de jouets, toujours prêt à s'engager et à découvrir. 

Vous vous réveillez le matin et la première chose que vous faites est de vérifier votre téléphone. Ai-je raté quelque chose pendant que je dormais ? Comment va la bourse ? Des urgences au travail ? Comment vont mes amis sur Facebook, des selfies idiots ? 

Est-ce que quelqu'un a aimé mon Instagram ? Combien de likes ai-je eu ? Nous marchons comme des zombies, les yeux rivés sur nos smartphones avant même d'avoir eu la chance de prendre une tasse de café. Et qui a inventé la règle selon laquelle vous ne pouvez pas envoyer de SMS et conduire ? N'était-ce pas suffisant de ne pas pouvoir boire et conduire ? Heureusement, il y a les feux rouges‚ où tout le monde vérifie ce qui s'est passé dans les trois dernières minutes depuis le feu rouge précédent. Vous ne me croyez pas ? Regardez autour de vous la prochaine fois que vous êtes à un feu rouge, c'est-à-dire si vous n'êtes pas sur votre téléphone.

Cette avalanche d'informations sur tout et n'importe quoi nous a tous transformés en drogués de l'information. Nous vérifions constamment nos téléphones en attendant la prochaine nouvelle ou la prochaine conversation. Nous vivons et respirons l'information. Il n'y a qu'un seul inconvénient à cette dépendance‚ nous commençons à avoir de moins en moins de temps. Paradoxalement‚ quand nous pouvons trouver quelque chose plus rapidement que jamais‚ nous finissons par avoir moins de temps que jamais. Le travail ne s'achève pas‚ les conversations‚ à moins d'être virtuelles sont au bord de l'extinction‚ les interactions humaines sont à nu car elles vous éloignent de l'envie de tout savoir maintenant !

Où cette connaissance nous mène-t-elle ? On peut dire que si nous recherchons la bonne information, c'est une bonne chose. Disons que l'on s'intéresse à Dieu ; en utilisant seulement un smartphone, on peut trouver toutes les traductions de la Bible jamais imaginées‚ tous les écrits des Pères‚ on peut demander des conseils spirituels en ligne ou même assister virtuellement à un service dominical en streaming. 

Plusieurs fois cependant nous restons au niveau de la recherche. Hypnotisés par les informations sur la foi, nous n'avons plus le temps de vivre réellement la foi. Avec autant de livres de prières virtuels disponibles, nous ne trouvons pas le temps de prier.

Cependant, avoir la connaissance de Dieu ne signifie pas que l'on connaît Dieu. Dieu n'est pas dans l'information Le concernant. Connaître Dieu, c'est être avec Lui, faire l'expérience de la communion immédiate avec Lui. La connaissance n'est bonne que si elle conduit à l'action‚ la connaissance sans action est inutile ou même carrément dangereuse. 

Adam et Eve savaient qu'ils mourraient s'ils mangeaient de l'arbre, mais ils ont été tentés par la promesse d'encore plus de connaissances. Ils en savaient assez pour les garder en communion avec Dieu‚ pour vivre éternellement dans le bonheur sans rien manquer‚ pourtant ils voulaient plus et dans cette tentation ils ont perdu le Paradis. Parfois, en savoir plus, surtout avant l'heure, peut nous éloigner de la pratique de ce que nous savons déjà.


Il ne faut pas comprendre tout cela comme une rébellion contre le savoir et une invitation à l'obscurantisme‚ mais comme une mise en garde contre le mirage du « tout savoir » qui peut être dévorant. 

Prendre du temps pour la prière personnelle‚ être physiquement à l'église‚ rendre visite à un ami à l'hôpital‚ nourrir ceux qui ont faim là où ils vivent‚ nous aidera davantage à découvrir Dieu grâce à l'accès à des informations brutes sur Lui. 

Connaître les Écritures et la théologie, c'est bien‚ mais Dieu n'est pas un Être théorique‚ Il est une véritable Trinité de Personnes divines qui interagissent les unes avec les autres et avec nous. De cette interaction, nous apprenons qui Il est et qui nous sommes ; en faisant‚ en aimant‚ en étant ensemble‚ maintenant et dans l'éternité.

Une histoire des moines d'Egypte parle de trois frères qui rendaient parfois visite à un staretz. Deux d'entre eux profitaient toujours des visites et avaient beaucoup de questions à poser. Le troisième s'asseyait toujours avec eux, sans rien demander. 

Après quelques visites, le staretz lui demanda directement: 'Tu n'as pas de questions ? Tu ne veux pas en savoir plus ?' Le frère répondit 'Pour moi, il me suffit d'être en ta présence'. 

À l'ère de l'information gratuite mais accablante, nous devrions envisager de suivre les conseils du frère sage et, peut-être, de temps en temps, nous libérer d'Internet et reconnaître la présence de Dieu autour de nous. Partagez une tasse de thé avec un ami‚ regardez un enfant jouer‚ écoutez le chant d'un oiseau‚ et‚ en prenant ce temps pour penser à Dieu‚ vous pourrez peut-être entendre Dieu frapper à la porte de votre cœur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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