"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 3 décembre 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

20 novembre / 3 décembre
26ème dimanche après la Pentecôte

Avant-Fête de la Présentation au Temple de la Très-Sainte Mère de Dieu et toujours vierge Marie ; Saint Grégoire le Décapolite, moine (816) ; saints Eustache, Thespèse et Anatole, martyrs à Nicée (vers 235) ; saint Narsès, saint Joseph son disciple, saints Jean, Sapor, Isaac et Hypatios, évêques de Perse, l'eunuque saint Azaz, saint Sasan, saintes Thècle et Anne, et leurs nombreux compagnons, tous martyrs en Perse (343) ; saint Proclus, archevêque de Constantinople (447) ; saint Diodore, moine à Youregorsk (1633) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Alexis, Alexandre, Vladimir, Jean, Alexis, Basile, Nicolas, Jean, Émilien, Nicolas, prêtres, Arsène, moine, Eutychius et Hilarion, moines, Joannicie, higoumène, (1937); Tatienne, moniale (après 1937).
Lectures : Eph. V, 8–19. Lc. XII, 16–21 ; St.  Gal. V, 22 – VI, 2. Мatth. XI, 27–30.

SAINT GRÉGOIRE LE DÉCAPOLITE




S
aint Grégoire vit le jour à la fin du VIIIe siècle dans une des villes de la Décapole d’Isaurie, appelée Irènopolis. Grâce à la piété et aux soins de sa mère, le jeune garçon reçut une éducation élémentaire suffisante et, dès l’âge de huit ans, il manifesta nettement sa préférence pour l’étude des saintes Lettres et la fréquentation de l’église. Il s’appliquait avec assiduité au jeûne et à la pratique de toutes les vertus pour reproduire fidèlement en lui-même l’image du Christ. Parvenu au seuil de l’âge adulte, ses parents cherchèrent à le marier, mais, désirant préserver sa virginité pour l’offrir au Seigneur, Grégoire s’enfuit en secret de la maison familiale et se rendit dans un monastère à la tête duquel se trouvait un évêque exilé à cause de la persécution iconoclaste. 

Quelques années passèrent et, après la mort de son père, sa mère finit par le retrouver. Elle ne s’opposa pas à sa vocation, toutefois elle lui demanda de rejoindre son frère, qui était moine dans un monastère voisin. Grégoire obéit, mais il ne put rester dans cet établissement, car l’higoumène était hérétique. Il se rendit alors dans un autre monastère, dirigé par son oncle Syméon. Il y demeura quatorze ans et y brilla dans toutes les vertus de la vie commune, en particulier l’obéissance et l’humilité. 

Comme Grégoire était avide d’une vie plus solitaire, il obtint de son supérieur l’autorisation de se retirer dans une grotte des environs pour s’y consacrer sans interruption à la prière, seul devant Dieu (vers 830). Il y affronta de nombreuses et terribles épreuves suscitées par les démons, jaloux de sa familiarité avec Dieu, mais le saint se riait de toutes leurs machinations et ne se laissait aucunement troubler dans sa prière. Ensuite, les démons l’attaquèrent au moyen des traits embrasés du désir charnel. Grégoire résista par d’ardentes supplications, mêlées de larmes, et fut finalement délivré de toute tentation charnelle à la suite d’une vision. Il put dès lors progresser de jour en jour vers l’impassibilité plus parfaite encore, qui est imitation de la perfection divine. Un jour qu’il était assis dans sa grotte, il entra en extase et une lumière éclatante venue du ciel, accompagnée d’une suave odeur, remplit l’endroit et persista pendant plusieurs jours. 

Transporté au Paradis, dans l’état que connaîtront les élus lors de la résurrection générale, le saint avait perdu toute notion du temps et quand, après quatre jours, son disciple vint le servir, il lui sembla qu’il ne s’était pas écoulé plus d’une heure depuis l’apparition de cette lumière. Toutefois, instruit par l’expérience des Pères sur les ruses du démon qui sait se transformer en ange de lumière, Grégoire demanda conseil à l’higoumène du monastère pour savoir si cette vision venait réellement de Dieu. Celui-ci le rassura et l’engagea à poursuivre ses combats ascétiques, pour rendre dignement grâce à Dieu. Ainsi illuminé par la grâce divine, Grégoire fut bientôt envoyé par le Seigneur dans le monde, afin que resplendissent aux yeux des hommes l’éclat de ses vertus et la fermeté de son enseignement orthodoxe. Il se rendit d’abord à Éphèse et y passa l’hiver dans un monastère. Le printemps venu, il embarqua sur un bateau en partance pour Constantinople, où il voulait se rendre pour confondre les hérétiques iconoclastes. Mais il ne put atteindre que l’île de Proconnèse, dans l’archipel des Princes, où, malgré l’interdiction formelle, prononcée par l’empereur Théophile, de recevoir les moines confesseurs des saintes icônes, il fut accueilli dans la maison d’un pauvre homme. 

En échange de son hospitalité, ce dernier connut une rapide prospérité. Ne pouvant entrer dans la capitale, le saint partit pour la ville d’Énos (Thrace) et de là parvint à Thessalonique, après avoir échappé à une bande de brigands slaves à proximité de Christoupolis (l’actuelle Kavala). Se joignant à un moine qui était en partance pour Rome, il parvint à Corinthe par voie de terre. De là, il s’embarqua pour l’Italie et atteignit Reggio, en Calabre. Des fidèles voulurent lui donner de l’argent mais, discernant qu’il avait été mal acquis, le saint le refusa et continua son chemin vers Rome. Il y resta trois mois, inconnu de tous, dans une cellule isolée. Cependant, après avoir chassé un démon d’un possédé, il fut assailli par la foule qui le vénérait comme un saint. Il s’enfuit alors à nouveau vers Syracuse, où il s’enferma dans une tour abandonnée pour y trouver l’hésychia. 

Là encore les démons l’assaillirent par de nombreuses tentations, mais Grégoire les repoussait toujours par son ardente prière. Il convertit même une prostituée qui exerçait sa triste profession à proximité, et la convainquit de devenir moniale et de transformer sa maison de débauche en monastère. Il accomplit d’autres miracles, en particulier contre les démons, et attira à nouveau les foules à lui malgré son désir de solitude. C’est pourquoi il prit une nouvelle fois la route de l’exil volontaire pour fuir la gloire des hommes. Il ne put rester à Otrante, car l’évêque y était gagné à l’hérésie, aussi s’embarqua-t-il pour Thessalonique. Il s’installa dans l’église abandonnée de Saint-Ménas, sans aucun souci pour les choses terrestres. Lorsqu’il avait faim, il sortait et recevait l’hospitalité de quelque voisin. 

C’est alors que saint Joseph l’Hymnographe fit sa connaissance et réussit à le convaincre de partager sa vie ascétique. D’autres disciples vinrent se joindre à eux, et le monastère devint un centre de rayonnement de la vraie foi et de la grâce de Dieu, par le grand nombre de miracles que saint Grégoire y accomplissait, grâce au don de clairvoyance que Dieu lui avait accordé. Vers la fin de sa vie, il fut atteint gravement de la maladie de la pierre. Il supplia Dieu de lui accorder plutôt la maladie de l’hydropisie et fut exaucé. Défiguré par la maladie mais heureux de souffrir pour le Seigneur, le serviteur de Dieu put enfin se rendre à Constantinople et séjourner quelque temps au Mont Olympe de Bithynie, ce haut lieu de la vie monastique et de la défense de l’Orthodoxie. 

De retour à Byzance, il s’installa avec Joseph dans l’église de Saint-Antipas, et rendit visite dans sa prison à saint Syméon, son père spirituel, qui avait subi de nombreuses persécutions pour la défense des saintes icônes. Tourmenté encore pendant une année par la maladie, saint Grégoire prédit, douze jours à l’avance, le moment de son trépas. Il s’endormit dans la paix en 842. Vers 1490, un riche boyard valaque racheta les reliques de saint Grégoire aux Turcs, pour en faire don au monastère de Bistriţa dans la province d’Olténie en Roumanie, où elles sont depuis une source de miracles pour les habitants de la région et les foules de pèlerins qui viennent la vénérer.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

Tropaire du dimanche du 1er ton
Кмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче : сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́ ; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́ ; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.
La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton Corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la Vie  au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!
Tropaire de l’avant-fête, ton 4
Ра́дость предобруча́етъ всѣ́мъ Анна ны́нѣ, печа́ли сопроти́вный пло́дъ прозя́бши, еди́ну Приснодѣ́ву, Юже и приво́дитъ, моли́твы исполня́ющи, дне́сь веселя́щися, въ хра́мъ Госпо́день, я́ко су́щій хра́мъ Бо́га Сло́ва и Ма́терь чи́стую.
Anne nous annonce aujourd’hui la joie, portant dans ses bras le fruit qui dissipe toute tristesse, celle qui, seule, fut toujours Vierge. Accomplissant son vœu, elle présente aujourd’hui dans la joie au Temple du Seigneur Celle qui est le vrai temple du Verbe de Dieu et Sa Mère sans tache.
Tropaire de saint Grégoire le Décapolite*, ton 4
О́бразъ бы́лъ еси́ воздержа́нiя, Божéственнымъ Ду́хомъ вся́ просвѣти́въ: правовѣ́рiя течéнiе соверши́лъ еси́, учéнiемъ мiръ просвѣ́тилъ еси́ и зловѣ́рныхъ обличи́лъ еси́ смы́слы, О́тче преподо́бне Григо́рiе, Христа́ Бо́га моли́ дарова́ти на́мъ вéлiю ми́лость.
Tu fus un exemple de tempérance, illuminant tout par l’Esprit divin : tu as cheminé dans la foi droite, éclairé le monde par ton enseignement, et as dénoncé les idées hérétiques, Père vénérable Grégoire, prie le Christ Dieu de nous accorder la grande miséricorde.
(* Selon les livres slaves)

Kondakion du dimanche du 1er ton
Воскpécлъ ecи́́ я́ко Бо́гъ изъ гро́ба вo сла́вѣ и мípъ coвоскpecи́лъ ecи́, и eстество́ человѣ́ческое я́ко Бо́гa воспѣва́ет Tя́, и сме́рть изчезе́ : Aда́мъ же лику́ет, Влады́ко, Éва ны́нѣ отъ у́зъ избавля́ема ра́дуется зову́щи : Ты́ ecи́ и́же вcѣ́мъ подая́, Xpисте́ Bocкреcéніe.
Ô Dieu, Tu es ressuscité du Tombeau dans la gloire, ressuscitant le monde avec Toi ! La nature humaine Te chante comme son Dieu et la mort s’évanouit. Adam jubile, ô Maître, et Ève, désormais libérée de ses liens, Te crie dans sa joie : « C’est Toi, ô Christ, qui accordes à tous la Résurrection ! »
Kondakion de saint Grégoire le Décapolite*, ton 3
Свѣ́тлое тя́ со́лнце Це́рковь познава́етъ, добродѣ́телей красота́ми и исцѣле́нiй луча́ми всѣ́хъ просвѣща́я, Христо́въ уго́дниче: тѣ́мже пра́зднуемъ честну́ю па́мять твою́ и почита́емъ по́двиги твоя́, всеблаже́нне о́тче прему́дре Григо́рiе.
L’Église te reconnaît comme un soleil resplendissant, qui nous illumine tous par la splendeur de tes bonnes œuvres et par l’éclat de tes guérisons, ô serviteur du Christ ; c’est pourquoi nous glorifions ta mémoire toute digne de louanges, et glorifions tes labeurs spirituels, bienheureux et très-sage père Grégoire.           (* Selon les livres slaves)
Kondakion de l’avant-fête, ton 4
Весе́лія дне́сь вселе́нная испо́лнися вся́ въ благознамени́томъ пра́здницѣ Богоро́дицы, зову́щи: Та́ е́сть сѣ́нь небе́сная.
Aujourd’hui l’univers entier, plein d’allégresse en l’heureuse fête de la Mère de Dieu, s’écrie : Voici le tabernacle céleste.

SUR LE CARÊME DE LA NATIVITÉ
Le jeûne de la Nativité est le dernier carême de l’année. Il commence le 15/28 novembre et se termine le jour de Noël. Il dure quarante jours et, pour cette raison, il est appelé dans le Typicon « Quarantaine », à l’instar du Grand Carême. Le jeûne de la Nativité a été institué pour que nous arrivions au jour de Noël purifiés par le repentir, la prière et le jeûne, et que nous puissions, le cœur, l’âme et le corps purifiés, aller à la rencontre du Fils de Dieu venu en ce monde. Ce carême, de jour en jour, approfondit dans l’âme du fidèle l’attente de la fête, oriente continuellement ses pensées et ses sentiments dans sa direction, et lui fait vivre cet événement de toute sa vie corporelle et spirituelle. Durant ce carême, le typicon concède l’usage de poisson le samedi et le dimanche jusqu’au 20 décembre (le 2 janvier selon le nouveau calendrier), ainsi que le jour de l’Entrée au temple de la Très Sainte Mère de Dieu, et aussi le mardi et le jeudi si l’on fête un saint en l’honneur duquel on chante la grande doxologie à matines. S’il n’y a aucune fête, le lundi, le mercredi et le vendredi, il y a jeûne strict, tandis qu’il y a dispense d’huile et de vin le mardi et le jeudi. En tout état de cause, chacun doit jeûner avec discernement, en se souvenant que, selon les Pères de l’Église, le jeûne a pour but de tuer les passions et non point le corps. 

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