Les grands Pierre et Paul différaient, mais ils ne jetèrent ni l'anathèmes jetés ou excommunièrent l'autre. Au contraire, ils ont tous deux écouté les critiques les uns des autres avec beaucoup d'humilité et ils ont compromis, là où le compromis était nécessaire afin de préserver l'unité de l'Eglise en pleine croissance. Leur souci était de prêcher Jésus-Christ, et non pas leurs propres idées.
Pierre, à qui Jésus a dit: "Tu es Pierre (rock) et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ... Je te donnerai les clés du royaume des cieux" (Matthieu 16: 18-19), n'a pas agi avec orgueil. Au contraire, il a écouté Paul qui dit de lui: "Maintenant, quand Pierre était venu à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était à blâmer." Puis il l'accuse d'hypocrisie et de conduite incorrecte, parce que quand il était loin des Juifs, il mangeait avec les païens, mais quand les Juifs étaient présents, il ne mangeait pas avec eux, craignant ses compatriotes (cf. Galates 2: 11-14). Pierre recula devant Paul, il se retira devant celui qui disait la vérité. Il se repentit de son hypocrisie et de sa lâcheté.
Pierre et Paul sont ensemble le modèle de l'unité de l'Eglise, fondée sur le principe de la diversité et du respect de l'individualité. La condition de l'unité est la diversité et la condition de la diversité est l'unité. Le dogme chrétien est fondé, en principe, sur la foi en la Très Sainte Trinité: Père, Fils et Saint-Esprit: Dieu. Ainsi, il ne peut y avoir aucune théologie correcte sans affirmer la "diversité dans l'unité" et "l'unité dans la diversité". L'unité divine ne supprime pas la particularité qui distingue le Père, Fils et Saint-Esprit. De même, la diversité ne signifie pas l'individualisme, l'exclusivité, ou l'absence de relations créatives.
Dans la mesure où il n'y a pas de valeur à un dogme qui ne se traduit pas dans la vie et dans le comportement du chrétien ici et maintenant (dans le temps présent et le lieu actuel), la théorisation et le fait de faire des abstractions n'a aucune crédibilité, si cela ne se manifeste dans l'histoire. Ainsi les fidèles doivent vivre les dogmes dans les moindres détails de leur vie quotidienne. Tous les dogmes -la Trinité, l'Incarnation, la Croix, la Résurrection... sont des dogmes secs et stériles si les chrétiens ne vivent pas la Trinité comme "la diversité et l'unité", l'incarnation comme "engagement moral et matériel", la Croix comme "l'amour et le sacrifice sans rien en retour ", et de la Résurrection comme "une lutte constante contre le péché. "
Le christianisme, à la racine, est un mode de vie qui a dû formuler des dogmes, non pour l'amour du dogme, mais dans le but de préserver ce qu'on peut appeler "la vie en Christ." Pierre et Paul ne parlaient pas de dogme, dans la mesure où ils le vivaient. Ils ne parlaient pas de la relation entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais ils étaient en mesure d'incarner cette relation dans leur vie et dans leur relation l'un avec l'autre. Tout comme l'unité divine ne supprime pas la caractéristique particulière qui distingue chacune des trois hypostases, la diversité ne signifie pas l'individualisme, l'exclusivité ou l'absence de relations créatives. Ainsi, l'unité entre Pierre et Paul n'a pas éliminé en chacun une caractéristique particulière ...
[Lorsque] l'Eglise célèbre la fête des saints Pierre et Paul, Couronnes des Apôtres, [...] elle a l'intention de nous rappeler l'importance du respect de la diversité, notamment de la diversité des dons. L'Église n'est ni Pierre seul, ni Paul seulement... L'Eglise est le Christ, sa tête, est Pierre, Paul et tous [les autres apôtres] ensemble.
Version française Claude Lopez-Ginisty
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