"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 18 août 2015

"La seule voix avec laquelle un chrétien orthodoxe a le droit de parole est la voix de l'Eglise:" (3)




Archimandrite Irenei


- J'ai vu que certaines questions se posent à partir de ceci [la réception des convertis]. Si nous pouvons recevoir des personnes de telle ou telle église par chrismation, que disons-nous sur les limites de l'Église orthodoxe? Les lignes sont-elles un peu plus fluides que nous le pensons? Comment avons-nous ces différentes pratiques, tout en maintenant notre ecclésiologie stricte?

- C'est une question à laquelle vous trouverez des réponses différentes de personnes différentes. Et cela est bien sûr un domaine où l'Eglise a besoin de parler clairement au monde moderne. 

Oui, il est vrai, Dieu ne nous donne pas le droit de parler de limites fermes pour Sa Grâce, et nous savons que Dieu aime et prend soin, et œuvre pour sauver même ceux qui sont en dehors de l'Eglise. Cependant, au sein de l'Église, nous savons ce que Dieu nous a donné en tant qu’Eglise. Dieu nous a donné le saint baptême comme un moyen d'entrée dans l'Église. Par économie, nous voyons la vie de la Grâce au-delà de nos frontières; mais Dieu ne nous appelle pas non plus à juger ou à fonder notre vie sur ce qui se passe ailleurs. 

Le Christ nous a commandé d'aller baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28:19). Ce doit être notre objectif constant. Notre amour pour ceux qui sont en dehors de l'Eglise, et notre reconnaissance de l’œuvre de Dieu en dehors de l'Eglise, ne peut pas changer Son commandement pour nous, qui est d'aller baptiser. Maintenant, s’il y a des circonstances où, par économie, l'Eglise dit "dans ce cas, nous recevons par la chrismation," dans des circonstances spécifiques à cette personne et non comme une règle globale- c'est très bien. 

Il est du ressort de la hiérarchie d’exercer cette grâce, cette économie. Mais la mission de l'Église est de baptiser toutes les nations, et il faut se garder d'édulcorer cette mission en étant trop préoccupés par la définition des "frontières de l'Eglise," de définir qui est un vrai chrétien, qui ne l’est pas; qui est véritablement croyant, qui ne l’est pas. Ce que nous savons, c’est que l'Eglise a l'impératif de baptiser, l'impératif d'attirer les gens dans sa vie, et cela devrait être notre objectif, cela devrait être notre mission, comme elle l'a été pour la première communauté.

- Une question connexe, à nouveau en particulier en Amérique où il y a si peu d’orthodoxes, beaucoup de nos gens se marient avec des chrétiens non-orthodoxes et parfois même avec des non-chrétiens. Évidemment, l'idéal est que deux personnes orthodoxes se marient. Comment communiquez-vous à nos jeunes la gravité du mariage, et le caractère sérieux du choix du conjoint?

Je pense que vous exprimez bien la question, dans le sens que son début n’est pas vraiment la question du mariage orthodoxe et du mariage non orthodoxe. Le début est dans une compréhension tout à fait avilie du mariage. Le mariage en est venu à être compris simplement comme le lien affectif entre deux personnes. 

"Cette personne me rend heureux." "Je ressens ce que je définis comme de l'amour pour cette personne." Et si c’est tout ce qu'est le mariage, un lien émotionnel, il devient difficile de dire "vous devriez épouser cette personne, mais pas cette personne." Si le mariage n’est rien d'autre qu'un sentiment d'attirance ou de bonheur entre les gens, pourquoi devrait-il pas être possible entre un orthodoxe et une personne non-orthodoxe, ou un orthodoxe et un non-chrétien? Quelle est la justification, si c’est tout ce que recouvre le terme de mariage? 

Nos gens ont perdu de vue le fait que le mariage est beaucoup plus: la co-souffrance d'une vie commune en Christ, dont le but est d'atteindre le Royaume de Dieu. La joie émotionnelle qui vient et qui arrive entre un mari et une femme est un fruit de ce travail commun. C’est un fruit puissant, mais il n'est pas un fruit cohérent et persistant. Parfois, il y a une grande tristesse entre un mari et une femme. Parfois, il y a une angoisse partagée, parfois est partagé le chagrin, et parfois, oui, il y a un partage de joie profonde. Mais ce qui est toujours partagé est la lutte pour le Royaume de Dieu. Telle est la vision orthodoxe du mariage: deux vies réunies, afin qu'ensemble, elles puissent lutter plus délibérément pour le Royaume de Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



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